Travailler à ta gloire, Créateur des cieux et de la terre, travailler à ta gloire, quelle œuvre immense, magnifique, douce, et, pour moi-même, glorieuse ! Et que pourrai-je faire de mieux, Seigneur ? Rien ! non, rien, je le sens, aussi bien quand je tourne mes regard désabusés vers le monde que lorsque j’élève mon cœur vers toi. Travailler à la gloire des hommes me répugne ; travailler à la mienne propre est mesquin ; mais travailler à ta gloire remplit toutes les désirs de mon âme, et, grâce à ta condescendance, je puis m’en occuper à toutes heures, dans toutes les positions, devant tous les hommes, monarques et mendiants ! Oui, je puis contribuer à ta gloire, en racontant le bien que tu m’as fait et que tu me fais chaque jour. Je puis y concourir en soulageant des souffrances, dépensant mon temps et mes ressources, et montrant ainsi aux hommes ce que peut la grâce dans une âme. Partout et toujours, dans un mot, dans un geste, en montrant la patience, la douceur, la charité que tu inspires, je puis te gagner les cœurs. Oui, Seigneur, cette tâche est belle ; elle est douce ; c’est avec sincérité que je te le confesse… et cependant, cette tâche, je ne l’accomplis pas ! Dès que je me lève pour agir, dès que j’ouvre la bouche pour parler, mes beaux sentiments se dissipent, la plaie mal cicatrisée du péché se rouvre dans mon cœur ; le plus léger contact du monde suffit pour l’irriter ; une paille sur ma route me fait trébucher ; mon Dieu, mon Dieu, quel étonnant assemblage suis-je donc, que je puisse, à la fois aimer ta gloire et la mienne, faire un instant ta volonté sainte, et l’instant d’après accomplir la mienne souillée ! Mon Dieu, assez d’épreuves ! Je n’en puis supporter davantage ; viens à mon secours, donne-moi de me donner à toi ; fais-moi sortir enfin de ce bourbier d’égoïsme et de vanité, pour m’élever, soutenu par ton Esprit, dans les pures régions de l’amour et de la gloire de mon Sauveur. Mon Dieu, mon Dieu, que cette prière ne soit pas encore un tissu de vains mots, mais une vivante réalité !