Tu devras ouvrir ta main à ton frère, au malheureux et au pauvre dans ton pays.
Prolongeons le chapitre précédent.
Avec les lois sociales, les secours aux sinistrés et les diverses allocations accordées par l’Etat, des sommes importantes sont versées à des personnes qui, jadis, auraient été dans le dénuement… Si bien que dans nos pays dits riches, la détresse matérielle, quand elle existe, a généralement pour cause le péché, qui s’appelle paresse, dolce vita, passion du jeu ou ivrognerie (1). Toutefois, s’il y a moins de nécessiteux chez nous, il en existe encore, pourvu qu’on sache les voir… Ces pauvres sevrés d’affection sont les malades, les vieillards, les étrangers, les handicapés, bref les solitaires de tout bord. L’amour témoigné pratiquement soulage toujours et produit à terme des miracles.
(1) Proverbes 6.9-11 ; 21.23 ; 22.7, 26, 27 ; 23.21 ; 28.19…
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Personne n’ignore la parabole de Lazare et du mauvais riche (Luc 16). L’homme « vêtu de fin lin » pouvait avoir la conscience tranquille : il n’avait jamais fait de mal à Lazare, n’ayant jamais ordonné à ses serviteurs de chasser ce pouilleux couché à sa porte et couvert d’ulcères. Cependant, et c’était là sa faute, il ne lui avait jamais fait du bien ni accordé la moindre miette, péchant ainsi par omission : Si quelqu’un est en mesure de faire le bien et ne le fait pas, il commet un péché (Jacques 4.17).
Puisque le malheureux était constamment devant ses yeux, à sa porte même, le riche se devait de lui venir en aide. Cette mission était, à lui, confiée. Elle ne concernait ni l’Etat, ni l’Eglise ou la synagogue, ni telle œuvre de bienfaisance dont il était peut-être le président. Puisqu’il en avait les moyens, son devoir était d’assister lui-même le pauvre homme. Hélas ! Il n’en fit rien et les conséquences de son égoïsme furent éternelles (2).
(2) On ne mérite pas le ciel par des actes de charité, pas plus que la pauvreté nous rend digne d’y entrer. Mais la dureté de cœur fait obstacle au salut gratuit de Dieu. Elle prouve tout simplement qu’un tel homme n’est pas « né de nouveau ». Si quelqu’un possède les biens du monde, qu’il voie son frère dans le besoin et qu’il lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu demeurera-t-il en lui ? (1 Jean 3.17).
Des hommes au cœur généreux militent dans des partis politiques pour réclamer plus de justice et une meilleure répartition des richesses. Qui les blâmera ? En montrant leur souci du pauvre et de l’exploité, ils sont en exemple à trop de croyants installés dans leur confort. Cependant, la plupart de ces militants se trompent en affirmant qu’il incombe aux pouvoirs publics seuls, d’arranger les choses. En quelque sorte, une générosité par Etat interposé qui pourrait les dispenser d’être eux-mêmes généreux. Une certaine façon – élégante – d’échapper à leur devoir et de prêcher, sans en avoir l’air, pour… eux-mêmes, car on se range volontiers parmi les exploités à secourir. Non ! Dieu me rend responsable – moi – de venir en aide à l’indigent installé à ma porte, dans ma rue ou ma cité et dont je peux mesurer la détresse. Il y a, avons-nous dit, une charité que doit exercer la collectivité. Il en est une autre qui concerne l’individu. Sans doute est-il bon de travailler pour une meilleure répartition des richesses et plus de justice parmi les hommes d’une nation, même en étant sans trop d’illusions, car le cœur humain est foncièrement égoïste. Si je m’engage dans ce combat, je veillerai scrupuleusement à affecter une portion de mes biens aux autres, me montrant équitable à l’égard du prochain. Selon le Seigneur, bien entendu.
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En terminant ce chapitre, il n’est pas inutile de formuler quelques conseils afin d’éviter certaines erreurs que tout croyant est tenté de commettre :
1. – Première erreur – la pire sans doute – c’est de démissionner, de rester indifférent aux problèmes humains sous prétexte qu’ils nous dépassent. Ou de se faire une règle de n’assister que les pauvres de la communauté. Non ! Quoique la Judée fut bien loin de Corinthe, l’apôtre jugeait nécessaire d’intéresser les chrétiens de Macédoine ou de Grèce aux difficultés de frères qu’ils ne connaissaient pas.
2. – Deuxième erreur. A cause d’une surabondance d’informations fournies par les mass medias (radio – T.V. – Journaux...) il m’est impossible de répondre si peu que ce soit à ces dizaines d’appels de détresse venant de tous les coins du globe, en particulier des Pays de l’Est et du Tiers-monde. Impuissant, démuni devant tant de besoins, je puis éprouver un sentiment de culpabilité dont l’origine n’est pas céleste. Est-il raisonnable de se laisser abattre ? Dieu demanderait-il à ses enfants, cette petite minorité parmi les hommes, de porter tout le poids de la détresse humaine ? Je crois fermement que nous ne sommes appelés ni à secourir tous les déshérités de la terre… ni à soutenir financièrement tout se qui se fait de bien sur notre planète. Aussi dois-je m’apaiser afin d’être en mesure, grâce à Dieu, de distinguer la détresse qu’il m’incombe de secourir.
3. – Troisième erreur. Certains responsables d’œuvres ont l’art d’émouvoir leurs auditeurs, de les intéresser à leur action et de récolter des fonds en abondance lors de tournées d’information dans les églises. Et parce qu’ils sont convaincants et donnent à leur action un caractère prioritaire, la plupart des auditeurs se font un devoir de répondre sur le champ à leur appel. Pas de précipitation. Je les écouterai avec sérieux (on oublie vite) et prendrai une décision. chez moi, c’est-à-dire en toute sérénité et hors de toute influence, hormis celle du Seigneur. C’est important !
4. – Quatrième erreur. Ai-je entendu parler d’un cataclysme ou d’incidents graves dans telle partie du monde ? Récolte-t-on des fonds pour venir en aide à des populations éprouvées ? Confier mon offrande au premier organisme venu serait une erreur. Au contraire, je chercherai un canal sûr pour faire parvenir un don, en priorité à des chrétiens sinistrés (Galates 6.10). Lors du dernier tremblement de terre sur le sol italien, vêtements, vivres et argent furent envoyés directement aux responsables de diverses communautés de la région éprouvée, lesquels furent chargés de distribuer ces biens aux familles dans le besoin.
Que Dieu élargisse mon horizon et m’accorde de discerner toute détresse que je dois secourir !
Alors le Seigneur dira à ceux qui seront à sa droite : Venez vous qui êtes bénis de mon Père ; recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus vers moi. En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. (Matthieu 25.34-40).
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