Or, il arriva un jour qu’Elisée passait par Sunem, où il y’ avait une femme qui avait de grands biens, elle le retint avec grande instance à manger du pain ; et toutes les fois qu’il passait, il s’y retirait pour manger du pain. Et elle dit à son mari : Voilà, je connais maintenant que cet homme qui passe souvent chez nous, est un saint homme de Dieu. Faisons-lui, je te prie, une petite chambre haute, et mettons-lui là un lit, une table, un siège et un chandelier, afin que quand il viendra chez nous, il se retire là. Étant donc un jour venu là, il se retira dans cette chambre haute, et y reposa. Puis il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Sunamite, et il l’appela, et elle se présenta devant lui. Et il dit à Guéhazi : Dis maintenant à cette femme : Voici, tu as pris tous ces soins pour nous ; que pourrions-nous faire pour toi ? as-tu à parler au roi, ou au chef de l’armée ? Et elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple. Et il dit à Guéhazi : Que faudrait-il faire pour elle ? Et Guéhazi répondit : Certes, elle n’a point de fils, et son mari est vieux. Et Elisée lui dit : Appelle-la, et il l’appela, et elle se présenta à la porte. Et il lui dit : L’année qui vient, et en cette même saison, tu embrasseras un fils. Et elle répondit : Mon Seigneur, homme de Dieu, ne mens point, ne mens point à ta servante ! Cette femme-là donc conçut, et enfanta un fils un an après, en la même saison, comme Elisée lui avait dit. Et l’enfant étant devenu grand, il sortit un jour pour aller trouver son père, vers les moissonneurs. Et il dit à son père : Ma tête ! ma tête ! et le père dit au serviteur : Porte-le à sa mère. Il le porta donc et l’amena à sa mère, et il demeura sur ses genoux jusqu’à midi, puis il mourut. Et elle monta, et le coucha sur le lit de homme de Dieu ; et, ayant fermé la porte sur lui, elle sortit. Puis elle cria à son mari, et dit : Je te prie, envoie-moi un des serviteurs et une ânesse, et je m’en irai jusqu’à l’homme de Dieu, puis je retournerai. Et il dit : Pourquoi vas-tu vers lui aujourd’hui ? ce n’est point la nouvelle lune, ni le sabbat. Et elle répondit : Tout va bien. Elle fit donc seller l’ânesse, et dit à son serviteur ; Mène-moi, et marche, et ne me retarde pas d’avancer en chemin sur l’ânesse, si je ne te le dis. Ainsi elle s’en alla, et vint vers l’homme de Dieu en la montagne de Carmel ; et, sitôt que l’homme de Dieu l’eut vue, venant vers lui, il dit a Guéhazi son serviteur : Voilà la Sunamite. Va, cours au-devant d’elle, et lui dis : Te portes -tu bien ? ton mari se porte-t-il bien ? l’enfant se porte-t-il bien ? Et elle répondit : Bien. Puis elle vint vers l’homme de Dieu en la montagne, et empoigna ses pieds ; et Guéhazi s’approcha pour la repousser ; mais l’homme de Dieu lui dit : Laisse-la, car elle a son cœur angoissé, et l’Eternel me l’a caché et ne me l’a point déclaré. Alors elle dit : Avais-je demandé un fils à mon Seigneur ? et ne te dis-je pas : Ne fais point que je sois trompée ? Et il dit à Guéhazi : Trousse tes reins, prends mon bâton en ta main, et t’en va ; si tu trouves quelqu’un, ne le salue point ; et si quelqu’un te salue, ne lui réponds point ; puis tu mettras mon bâton sur le visage de l’enfant. Mais la mère de l’enfant dit : L’Éternel est vivant et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ; il se leva donc et s’en alla après elle. Or, Guéhazi était passé devant eux, et avait mis son bâton sur le visage de l’enfant ; mais il n’y eut en cet enfant ni voix, ni apparence qu’il eût entendu ; ainsi Guéhazi s’en retourna au-devant d’Elisée, et lui en fit le rapport, en disant : L’enfant ne s’est point réveillé. Elisée donc entra dans la maison, et voilà, l’enfant mort était couché sur son lit. Et étant entré, il ferma la porte sur eux deux, et fit sa prière à l’Éternel. Puis il monta et se coucha sur l’enfant, et mit sa bouche sur la bouche de l’enfant, et ses yeux sur ses yeux, et ses paumes sur ses paumes, et se pencha sur lui ; et la chair de l’enfant fut échauffée. Puis il se retirait et allait par la maison, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, et il remontait, et se penchait encore sur lui ; enfin l’enfant éternua par sept fois, et ouvrit ses yeux. Alors Elisée appela Guéhazi, et lui dit : Appelle cette Sunamite ; et il l’appela, et elle vint à lui. Et il lui dit : Prends ton fils. Elle s’en vint donc, se jeta à ses pieds, et se prosterna en terre ; puis elle prit son fils et sortit.
Voici un tableau qui pourrait faire à quelques égards, le pendant de celui que nous avons contemplé dimanche dernier. Seulement dans la résurrection de Lazare, la lumière tombait sur la figure de Jésus-Christ accomplissant le miracle ; ici elle tombe sur la figure de cette femme en faveur de laquelle est accompli le miracle. Nous reconnaissions l’autre jour Celui sur qui nous pouvons compter en tout temps ; la Sunamite est la douce et vivante image d’une âme en tout temps fidèle au Seigneur, fidèle dans la prospérité, fidèle dans l’épreuve, et en tout temps éprouvant combien cette parole est vraie : La piété est utile à toutes choses, elle a les promesses de la vie présente comme de celle qui est à venir.
Avant même qu’elle eût fait la rencontre du prophète, la Sunamite jouissait d’une condition heureuse. Elle avait de grands biens, nous est-il dit, elle vivait dans l’aisance, son mari cultivait ses terres, elle avait des domestiques pour la servir, elle n’avait jamais connu ni la gêne ni le besoin, et ce qui est mieux, elle savait dépenser son bien avec largeur et générosité, en faire comme on dit un noble usage. Grande faveur, que celle de l’aisance quand le Seigneur nous l’accorde. Ne convoitons pas les richesses, sans doute, mais ne les méprisons pas non plus, et rappelons-nous qu’à considérer les choses d’un point de vue éclairé et élevé, il y a là aussi bien souvent une de ces promesses de la vie présente qui sont faites à la piété. Il sera toujours vrai que la main du diligent l’enrichit, et que celle du paresseux l’appauvrit ; toujours vrai que le péché a des pentes vers la misère, au lieu que la foi et la fidélité relèvent la vie présente elle-même et l’élargissent. Cela pouvait être d’autant mieux le cas chez les juifs, que les promesses de la loi se rapportaient presque uniquement à ce genre de bénédictions. Il est du reste dans ce qui nous est rapporté de l’intérieur de la Sunamite, un autre trait qui frappe plus encore à ce point de vue que sa richesse. Vous avez pu oublier ce détail mentionné à la fin du récit, qu’elle avait de grands biens ; mais vous ne pouvez pas n’avoir pas gardé l’impression que chez elle régnait une atmosphère de paix et autour d’elle une atmosphère d’estime et d’affection. Elle ne prend aucune détermination sans consulter son mari, qui de son côté paraît lui accorder une confiance entière ; ils s’aiment, se respectent, n’ont qu’une pensée et qu’une volonté. D’autre part, cette réponse qu’elle fait à Guéhazi, quand celui-ci vient lui demander de la part de son maître, si elle n’aurait pas quelque souhait que le prophète pût accomplir par son influence auprès du roi ou du général, cette réponse : J’habite au milieu de mon peuple, qui exprime tant de serein contentement, et qui vient couronner d’une manière si heureuse ce que nous savons déjà de sa condition, ne marque-t-elle pas une nouvelle conséquence de sa fidélité, une nouvelle preuve du regard propice dont l’Éternel se plaisait à la couvrir et à l’envelopper ?
J’ai tenu à relever ces détails préliminaires, parce qu’ils me paraissent encadrer tout naturellement le récit de mon texte. C’est un miracle, sans doute, mais un miracle si harmonieusement d’accord avec tout ce que nous connaissons du caractère et de la vie de celle qui en est l’objet, un miracle dont la convenance morale est telle, qu’il ne sert qu’à donner plus d’éclat à la leçon qui ressortirait déjà sans lui de l’histoire de la Sunamite. C’est elle qui nous est en exemple, et la circonstance surnaturelle dans laquelle elle est appelée à déployer sa fidélité, n’en est que la surnaturelle illustration.
La ville de Sunem était située à peu près à égale distance de Samarie, la résidence du roi et du Carmel, la demeure du prophète. Il arrivait donc souvent à Elisée, quand il se rendait de l’un de ces endroits à l’autre, de s’y arrêter en passant. C’est dans une de ces occasions, que la femme de mon texte le retint et le pressa fort d’entrer dans sa maison pour y prendre un repas, heureuse de recevoir chez elle et à sa table, l’homme connu et vénéré de tous comme le prophète. C’est ainsi qu’en exerçant l’hospitalité, plusieurs se sont trouvés loger des anges sans le savoir. Vous vous souvenez d’Abraham — Heureuse femme ! En obéissant à ce mouvement de bienveillance si simple en apparence, elle ne se doutait guère de toute la chaîne de dispensations providentielles et de bénédictions, dont il allait être pour elle le premier anneau.
Au reste, j’ai hâte de le dire, il faut voir ici plus qu’un simple mouvement de bienveillance, mais avant tout un mouvement de piété, une pensée de fidélité. Ce n’est pas un homme ordinaire qu’elle recevait, c’est le prophète, l’envoyé du Seigneur, et c’est bien au nom et à cause du Seigneur qu’elle lui ouvrait ainsi sa maison. Elle témoignait par là hautement et aux yeux de tous de son respect et de sa vénération pour le Dieu dont Elisée, était en quelque sorte le représentant visible au milieu de la nation. Loger, ne fût-ce que pour quelques instants, le serviteur de l’Éternel, le voir, l’entendre, profiter de ses entretiens, avoir son exemple devant les yeux, le proposer à ceux qui l’entouraient ; recevoir une place dans ses affections, dans sa sollicitude, en échange de celle qu’elle lui offrait dans sa demeure, un peu de la nourriture spirituelle dont il était le dispensateur, en place du pain qu’elle se félicitait de partager avec lui ; appeler sur elle et sur les siens les prières du prophète ; sanctifier en quelque sorte sa maison par la présence du saint homme de Dieu : voilà ce qu’elle désirait, voilà ce qu’elle considérait comme une bénédiction.
Nous ne saurions trop nous rapprocher, nous entourer, faire notre société habituelle, de ceux dont la vie est vraiment, saintement, humblement consacrée au Seigneur. Recevoir dans notre maison un homme de Dieu, un de ces petits peut-être que le monde méprise, lui donner l’hospitalité, conquérir son amitié, c’est un acte de fidélité, qui ne peut qu’être béni ; c’est un privilège, qui peut devenir pour nous le gage des grâces les plus précieuses : Celui qui vous reçoit me reçoit, a dit Jésus à ses disciples, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d’un prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra la récompense d’un juste, et quiconque aura donné à boire, ne fût-ce qu’un verre d’eau froide, à un de ces petits en qualité de disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense.
Ce qui prouverait au besoin que c’est bien en qualité de prophète que la Sunamite offrait l’hospitalité de sa demeure à Elisée, c’est que mieux elle le connut comme tel, plus elle s’efforça de le retenir. non seulement toutes les fois qu’il repassa par la ville de Sunem, elle l’engagea de nouveau à se reposer dans sa maison, de façon à lui en faire prendre insensiblement l’habitude, mais encore elle désira qu’il apprît à la considérer comme la sienne propre. Elle forma le projet d’y disposer un appartement dans lequel Elisée pût se retirer quand il lui conviendrait et se sentir réellement chez lui. Dans ce but, elle dit à son mari : — Voilà, je connais maintenant que cet homme qui passe souvent chez nous, est un saint homme de Dieu, faisons-lui donc, je te prie, une petite chambre haute, et mettons-lui là un lit, une table, un siège et un chandelier, afin que quand il viendra chez nous, il se retire là. Ainsi fut dit, ainsi fut fait ! et toutes les fois qu’Elisée passait dans la ville, c’est là qu’il avait sa demeure, et là qu’il se reposait.
Elisée était un homme pauvre, vêtu de vêtements grossiers, sans apparence, la Sunamite était une grande dame ; et pourtant lequel des deux faisait le plus grand honneur à l’autre ? Le nom même de la Sunamite nous serait-il parvenu, sans l’hospitalité qu’elle eut le privilège d’accorder au prophète ? Lequel des deux devait rester en définitive le débiteur de l’autre ? C’est ce que la suite du récit va nous montrer. Tant de prévenance et d’amabilité toucha le cœur d’Elisée non seulement son amitié et ses prières furent acquises à la femme de Sunem (et nous verrons bientôt ce que valaient l’affection et les prières du prophète), mais encore il désira reconnaître par quelque service la bienveillance dont elle l’entourait avec tant de courtoisie. Il envoya donc son serviteur Guéhazi vers elle pour lui dire : — Voici, tu as pris tous ces soins pour nous, que pourrait-on faire pour toi ? As-tu à parler au roi ou au général de l’armée ? As-tu quelque grâce à demander, pour laquelle mon maître puisse intercéder en ta faveur ?
Mais elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple, c’est-à-dire : Je remercie le prophète, mais je suis satisfaite de mon sort et ne désire rien. Dieu m’a fait une vie heureuse et tranquille, je ne recherche ni gloire ni honneur, ni pour moi, ni pour les miens. — Quant, à la récompense de sa bonne action, elle la trouvait largement dans sa bonne action elle-même. Ce qu’elle avait voulu, c’était de témoigner son respect et son dévouement à l’homme de Dieu et par là au Seigneur lui-même. Il en était résulté pour elle le privilège de voir de près et souvent le prophète, d’avoir sa large part aux grâces spirituelles dont il était le distributeur, et de sentir sa maison placée sous la sauvegarde bénie d’une sainte et invisible protection. Elle aurait eu bonté d’attendre ou d’espérer autre chose. Des régions où s’était élevée son âme, elle dominait la vie matérielle et n’en apercevait plus même les ombres. J’habite au milieu de mon peuple ! Que ce contentement est une belle chose, mes frères, un précieux fruit de la foi et de la fidélité !
J’ai appris, dit saint Paul, à être content de l’état où je me trouve. Elle aussi, elle avait appris. Car si le contentement est un fruit de la fidélité, ne croyez pas que ce soit par cela même un fruit naturel ; c’est bien plutôt et dans le plus grand nombre des cas, le fruit lentement acquis d’une longue suite d’efforts cachés et de victoires intérieures. En voulez-vous la preuve ?
Cette femme a qui rien ne vous semble manquer de ce qui peut rendre une vie matériellement heureuse ici-bas, n’en portait pas moins dans le fond de son cœur une de ces blessures dont nul ne peut sonder l’amertume, et qui suffisent quelquefois à elles seules pour empoisonner l’existence : Elle n’avait pas d’enfant, et son mari était vieux. Riche, elle avait dû renoncer à l’espérance de laisser ses biens entre les mains d’un fils qu’elle aurait nourri de son lait et élevé par ses soins. Et comme chez les Juifs la stérilité était considérée comme une sorte de malédiction, à l’amertume du regret, elle avait vu s’ajouter l’amertume de l’opprobre qu’il lui avait fallu peut-être longtemps dévorer en secret. Qui sait les longs désirs par lesquels elle avait passé ? qui sait les soupirs qu’elle avait étouffés ? qui sait les larmes qu’elle avait versées en secret avant d’en venir où nous la montre mon texte ? Mais enfin, cette épreuve, l’épreuve dont Hanna se lamentait si amèrement au tabernacle de Silo, et qui arrachait à Rachel ce cri : Que je meure, si tu ne me donne un fils ! Cette épreuve elle l’avait acceptée, elle la portait silencieusement sans murmurer ni se plaindre. Elle avait appris à être contente, malgré le vide rongeant de ce qu’elle avait tant et si longtemps et si ardemment désiré. Ne recevant pas de réponse de la Sunamite, et n’en désirant pas moins lui témoigner sa reconnaissance par un bienfait, Elisée consulta son serviteur Guéhazi : Que faudrait-il faire pour elle ? lui dit-il. Et Guéhazi répondit : Certes, elle n’a point de fils, et son mari est vieux ! Elisée lui dit : Appelle-la. Il l’appela. Elle se présenta à la porte. Alors le prophète lui dit : L’année qui vient, en cette même saison, tu embrasseras un fils.
Il avait touché une corde si sensible, réveillé tant de secrets désirs, remis en chair vive tant de plaies à peine fermées, que la pauvre femme tout ébranlée, après une si longue attente craignant une nouvelle déception, supplia l’homme de Dieu de ne point la tromper si ce qu’il lui annonçait n’était pas certain. Elle s’écria : Mon Seigneur, homme de Dieu, ne mens point, ne mens point à la servante ! Mais la promesse avait été ratifiée par le Dieu qui ne peut mentir, et qui Lui aussi avait résolu de reconnaître par une grâce la fidélité de sa servante. L’année suivante, en effet, cette femme avait mis au monde un fils, et le serrait, contre son sein.
Elle avait reçu un prophète en sa qualité de prophète, elle pouvait bien se dire qu’elle avait reçu en retour la récompense d’un prophète… Quelle grâce ! Quel complément inespéré de bonheur ! Quel couronnement de tous les bienfaits de l’Éternel ! Quel regard jeté sur son passé ! Quel regard dans son avenir ! Quelles larmes de bonheur et de reconnaissance succédant a tant de larmes de tristesse et d’amertume ! Quelle vie désormais remplie, après une vie relativement vide et dépouillée ! Quel rayon de soleil dans cette demeure jusqu’à ce moment heureuse sans doute, mais d’un bonheur relativement terne et décoloré ! Quel sujet de s’écrier : Mon âme, bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits !… Mais surtout, quelle augmentation de foi et d’enfantine confiance eu Celui dont la pure grâce accorde davantage à ceux qui ont déjà !. Quelle expérience de la fidélité de cette promesse : Prends ton ; plaisir en l’Eternel, et il t’accordera le souhait de ton i cœur ! Quels motifs nouveaux de reconnaître qu’elle avait choisi la bonne part ! Et quel encouragement à persévérer !
Il faut renoncer à décrire tous les sentiments qui durent se presser dans le coeur de cette mère quand cette faveur inespérée devint pour elle non plus une promesse, mais une réalité. Il y a des moments où le cœur déborde, éclate, et ne sait plus que faire du bonheur qui l’inonde. Mais surtout quel tableau tracer des années qui suivirent, durant lesquelles l’enfant grandit sous le regard de sa mère, apportant chaque jour de nouvelles joies par son développement et ses progrès de chaque jour, à celle qui l’aimait non seulement comme son fils unique, mais comme le fils de tant de prières, le monument de tant de faveurs, le gage de tant de bénédictions ! — Il est plus que vraisemblable qu’Elisée revint à son ordinaire dans la maison de la Sunamite, et continua comme par le passé à en faire sa demeure lorsqu’il traversait la ville. Il connut l’enfant. Vous comprenez, si l’on mit du prix à ce qu’une sainte familiarité s’établît entre eux. Et je vois d’ici une mère heureuse contemplant de loin avec attendrissement le gracieux tableau du petit ange écoutant les histoires de l’homme de Dieu. — Le temps passait cependant, les années commençaient à compter, le prophète prenait une place déplus en plus grande, de plus en plus intime, dans l’intérieur de la Sunamite, et ses conseils, ses instructions, son influence et son esprit surtout, fortifièrent de plus en plus la foi de cette femme, mûrirent sa piété,… la préparèrent enfin graduellement à la catastrophe qui devait un jour mettre à l’épreuve tous ses sentiments. — Après avoir vu sa fidélité récompensée, en effet, après avoir éprouvé que la piété utile à toutes choses l’est premièrement à embellir la prospérité, il lui restait à faire l’expérience qu’elle l’est bien davantage encore à consoler et à soutenir dans les temps d’affliction.
Il y a souvent quelque chose de bien mystérieux, mes frères, dans la manière dont Dieu nous châtie. Quand la droite du souverain change, ce n’est jamais sans un art de flétrir lui-même ses grâces les plus signalées, et de frapper dans notre cœur la place précisément, qu’il semble s’être étudié de longue main à rendre la plus sensible ; ce n’est jamais sans une apparence de contradiction dans ses voies en un mot qui bouleverserait toutes nos pensées, si nous ne savions pas que le but même de l’épreuve est de nous détacher du don pour nous gagner au Donateur et de nous sevrer en quelque sorte de tout ce qui n’est pas Dieu, pour nous contraindre à chercher en Lui et en Lui seulement cette vie de l’âme que Lui seul en définitive communique à ses élus. — Vraiment si Dieu n’a pas en lui-même des trésors de consolation, des rassasiements au-dessus de tout ce que l’univers peut donner, et si, par conséquent, ce n’est pas la plus haute et la plus profitable leçon de l’existence que de nous amener a répéter avec le psalmiste : Quel autre ai-je au ciel que toi ? je n’ai pris plaisir sur la terre qu’en toi seul ! on serait tenté quelquefois en considérant la tactique du Seigneur dans la guerre qu’il nous fait, de se demander si l’homme n’est pas le jouet d’un ennemi qui se complaît à le traquer et à le torturer avec une prévoyance et des raffinements infinis. Ne me parlez pas d’aveugle fatalité : il y a de l’intelligence dans l’épreuve, il y en a la hauteur des cieux ou la profondeur de l’abîme, suivant le point de vue où vous vous placerez. Quel coup imprévu ! dites-vous, quel renversement inattendu ! quel éclat de tonnerre dans un ciel serein ! Regardez mieux !…. quelle lointaine prévision ! quel acheminement calculé ! quel ensemble dans les dispositions prises ! quelle patience à préparer le coup ! quelle sûreté de main à le frapper !
Quelle longue suite d’années Dieu n’avait-il pas employées à consacrer Abraham, son ami, pour le jour de l’épreuve ! et de quel entassement de contradictions, toutes plus poignantes les unes que les autres, n’avait-il pas entouré à l’avance cet ordre mystérieux : Prends maintenant ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et t’en vas au pays de Morijah, et là tu me l’offriras en holocauste sur une montagne que je te montrerai !
Il y eut quelque chose de tout semblable et de non moins mystérieux dans l’épreuve qu’il réservait à la Sunamite. Voulant l’affliger, c’est cet enfant qui était venu combler tous ses désirs, cet enfant inattendu, inespéré, gratuitement accordé, par pure grâce, au moment où elle ne le demandait plus ;… c’est cet enfant que Dieu va lui redemander, comme s’il ne le lui avait fait attendre si longtemps, comme s’il ne le lui avait accordé contre toute espérance, comme s’il ne lui avait donné le temps de s’y attacher par des années de tendresse, de dévouement, d’ineffables joies, que pour rendre plus ineffablement cruel le coup dont il se disposait à la frapper.
Un jour donc, que l’enfant était allé avec son père aux champs, tout à coup il est saisi d’une violente douleur, il se met à crier : Ma tête ! ma tête ! Le père le confie à l’un de ses serviteurs, qui le porte à la maison. Sa mère le prend sur ses genoux, le soigne, l’endort, s’efforce de le soulager, avec, cette intensité de sollicitude et de dévouement dont le cœur d’une mère est capable en de tels moments… Tout est inutile ! l’enfant perd connaissance. Il se débat quelques instants encore, puis vers l’heure de midi, il expire !
Pauvre mère ! quand elle reconnaît qu’il a cessé de vivre et qu’elle n’a plus qu’un petit cadavre entre les bras… quel nuage devant ses yeux ! Nous renoncions tout à l’heure à peindre sa joie ; a combien plus forte raison nous sentirons-nous obligés de tirer un voile sur sa douleur ! Que va-t-elle devenir ? Que va-t-elle faire ? — Cette foi qui s’est lentement formée et mûrie en elle pendant ses années de prospérité, voici le moment de la montrer ! Mais soyez tranquilles ; elle n’y faillira pas. Fille d’Abraham selon la chair, elle va s’en montrer la digne fille aussi selon l’esprit.
L’enfant qui lui a été accordé par un miracle et contre toute espérance, pourquoi ne lui serait-il pas rendu par un second miracle et contre toute espérance aussi ? Celui qui le lui a accordé une première fois sans qu’elle le demandât, n’est-il pas assez puissant pour le lui accorder une seconde fois quand elle le lui demandera avec toutes les larmes de son cœur brisé ? Elle estima enfin que Dieu pouvait le ressusciter des morts. Et c’est ainsi que par la foi, dit l’auteur de l’épître aux Hébreux en parlant d’elle vraisemblablement, c’est ainsi que par la foi des. femmes ont obtenu la résurrection de leurs morts !
Chose admirable ! La voyez-vous à l’œuvre ?… Une autre à sa place aurait commencé par se lamenter, appeler son mari, ses domestiques, faire avertir ses amis, prendre le deuil, faire en un mot tous les préparatifs d’une sépulture. Elle, ce sont les préparatifs de la résurrection de son enfant qu’elle poursuit.
Avant que personne soit averti dans la maison, elle le monte dans la chambre du prophète, elle l’étend sur son lit, elle ferme soigneusement la porte sur lui, elle redescend ; puis composant son visage, évitant avec soin de donner l’alarme, elle se dispose à partir pour aller chercher Elisée. Elle cria à son mari : Je te prie, envoie-moi un des serviteurs et une ânesse, et je m’en irai jusqu’à l’homme de Dieu et je retournerai. — Son mari ignorant encore la mort de l’enfant, s’étonne de cette prompte décision. Sans s’expliquer, sans perdre de temps, ne voulant mettre personne dans sa confidence, de peur qu’on ne cherche à l’ébranler, n’ayant qu’une pensée, elle se débarrasse des questions de son mari en lui répondant : Tout va bien !… Elle part !
Elle marche et ne souffre pas que personne l’arrête en chemin. Ah ! quand une véritable angoisse vous domine, quand une lueur d’espoir vous conduit, quelle netteté de décision ! quelle suite ! quelle énergie ! quelle persévérance on apporte à l’accomplissement de ses desseins !
Au moment où elle approche, et du plus loin qu’il l’aperçoit, Elisée dit à son serviteur : Voilà la Sunamite. Va, cours au-devant d’elle et lui dis : portes-tu bien ? Ton mari, se porte-t-il bien ? L’enfant se porte-t-il bien ? Que de tendre sollicitude dans ces questions répétées ! Guéhazi fait suivant l’ordre de son maître… Elle, sans doute encore par une impatience que nous ne nous permettrons pas de juger, répond : Bien ! Elle voulait que le prophète fût le premier qui apprît d’elle et après elle la mort de l’enfant.
Enfin elle arrive !… Et cette femme jusque-là si maîtresse d’elle-même et si étonnante d’énergie, tombe, le cœur étouffé, aux pieds du prophète qu’elle serre convulsivement, incapable de proférer une parole. Guéhazi veut la repousser ; mais Elisée qui l’a comprise lui dit : Laisse-la faire, car elle a le cœur angoissé, mais l’Eternel me l’a caché et ne me l’a point déclaré. — A ces mots elle s’écrie : Avais-je demandé un fils à mon Seigneur ? Ne te dis-je pas : Ne fais pas que je sois trompée ? — Elisée a tout deviné (le cœur a des intuitions pour lesquelles un mot est un éclair). Sans en attendre davantage, il dit à son serviteur : Trousse tes reins, prends mon bâton en ta main et t’en vas, et si tu trouves quelqu’un, ne le salue point, et si quelqu’un te salue, ne lui réponds point, puis tu mettras mon bâton sur le visage de l’enfant.
La voilà satisfaite, cette fois !… Elisée a parlé, il a donné un ordre qui doit la remplir de joie et d’espérance. Mais non ! Elle demeure aux pieds du prophète, elle le presse encore, et lui dit : L’Éternel est vivant et ton âme est vivante que je ne te laisserai point aller ! — Il y a des requêtes qui ne se peuvent refuser, il y a des importunités qui triomphent de tout. Il fallut donc que lui aussi, il se levât et se mît en route avec elle. — Voilà comment on supplie, comment on insiste et comment on l’emporte quand on veut être exaucé ! Voilà la prière de la foi, la prière qui obtient des miracles. C’est la prière de Jacob : Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni ! C’est la foi toute-puissante de la Cananéenne, qui sans se laisser ébranler, ni par la dureté des apôtres, ni par le silence de Jésus, ni par la parole méprisante qu’il laisse dédaigneusement tomber sur elle pour l’éprouver, le contraint en quelque sorte de lui céder un miracle et lui arrache ce témoignage ! O femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu souhaites ! Elisée arrive avec la Sunamite à la maison. Il rencontre son serviteur Guéhazi, et apprend de lui qu’il n’a pas réussi en appliquant le bâton sur le visage de l’enfant. Il monte alors dans-la chambre où le corps avait été déposé ; il le trouve déjà froid. Comme Élie l’avait déjà fait dans une semblable occasion, il s’étend sur le corps de l’enfant, bouche, contre bouche, main contre main, en priant l’Éternel : Eternel je te prie, que l’âme de cet enfant rentre en lui !… Peine inutile ! Il quitte le lit, il quitte la chambre, il parcourt la maison dans une extrême agitation, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, priant et suppliant l’Éternel. Il remonte auprès de l’enfant, s’étend de nouveau sur lui, fait de même à plusieurs reprises, si bien que la chair du mort commence a se réchauffer. Elisée redouble d’instances, les signes de vie vont en augmentant ;… l’enfant fait un mouvement, il éternue,… une première… puis une seconde fois,… puis jusqu’à sept fois ; il ouvre les yeux, il se lève… Elisée le prend par la main et le conduit à sa mère.
Celle-ci attendait dans l’angoisse. Elle apercevait les mouvements du prophète, ses allées et ses venues. A chaque bruit son cœur battait plus fort !… Enfin la voilà exaucée ! — Je dis elle, car c’est bien elle, qui a arraché l’enfant à la mort. Qui a conçu la pensée d’appeler le prophète ? Qui l’a été chercher ? Qui ne lui a laissé ni trêve, ni repos qu’il ne soit venu ? Qui a cru depuis le moment où elle a déposé le corps glacé de son fils sur le lit d’Elisée, jusqu’au moment où elle l’a reçu, plein de vie des mains d’Elisée ? Qui a triomphé par la foi, si ce n’est elle ? Elisée n’a été que l’instrument, lui !
Elle se jette à ses pieds pour lui exprimer sa reconnaissance, mais c’est à Dieu au fond que remonte cette reconnaissance, comme c’est de Dieu, elle ne l’oublie pas ! qu’elle tient le bienfait. A lui seul appartiennent le règne, la puissance, la gloire ! A lui seul soient honneur, louange et actions de grâces aux siècles des siècles !
Nous disions tout à l’heure que sa foi lui avait été en bénédiction dans la prospérité : ne pensez-vous pas qu’elle le fut bien davantage encore dans l’épreuve ? Ne pensez-vous pas que son fils lui fut bien plus précieux, rendu par un second miracle, que donné par un premier ? Ne croyez-vous pas que ses actions de grâces furent bien plus vives, bien plus senties, bien plus profondes, quand elle eut fait cette nouvelle expérience de la bonté de Dieu ? et que si, dans des circonstances antérieures, elle s’était félicitée d’avoir choisi la bonne part, elle sentit bien davantage encore son privilège lorsqu’elle eut si magnifiquement reconnu que tout est possible à celui qui croit ? — C’est ainsi, comme le dit saint Paul, que toutes choses concourent ensemble au plus grand bien de ceux qui aiment Dieu !
En terminant, je m’adresse à vous, frères, pour lesquels brille encore le soleil du bonheur et de la prospérité. — Feriez-vous en vous-mêmes ce triste raisonnement : Laissons l’Éternel aux affligés ! pour nous, jouissons de la vie tandis qu’elle nous est favorable ! Il sera temps plus tard quand la coupe des satisfactions de la terre aura été épuisée, ou qu’une catastrophe imprévue sera venue la renverser pour nous, comme pour tant d’autres, il sera temps alors d’invoquer le Seigneur et de lui demander ces consolations dont on parle ; mettons en réserve cette ressource pour les jours malheureux ! puisqu’elle est toujours offerte, assure-t-on, à ceux qui la réclament, attendons pour la réclamer de nous y voir contraints ?
Langage odieux, dont je ne pourrais assez faire honte à ceux qui le tiennent dans le secret de leur cœur, langage d’ingrat et d’égoïste, langage outrageux et méprisant pour Celui à qui d’avance vous ne voulez faire ainsi dans votre vie qu’une place de rebut ! — Mais langage plein d’illusions, surtout, et gros de menaces pour l’avenir ! Vous trouverez l’Éternel pensez-vous quand ses voies auront changé à votre égard, quand aux eaux de Siloé qui coulent doucement, auront succédé les eaux débordées du grand fleuve ; vous trouverez l’Éternel dans la détresse et dans l’angoisse quand vous lui aurez refusé votre cœur dans la paix et l’abondance !… Vous le trouverez, c’est possible ! — L’Éternel se trouve toujours, quand on le cherche en vérité. — Mais savez-vous à travers quels combats, quels déchirements, quels doutes, quels murmures peut-être ? Trouver l’Éternel, c’est trouver l’amour, la paix, la confiance. Croyez-vous donc qu’il soit naturellement plus aisé de trouver l’Éternel quand il vous châtie que quand il vous bénit ? quand il brise votre existence que quand il prend plaisir a l’enrichir de toutes ses grâces ? quand il s’enveloppe de nuages, enfin, et fait rouler les éclats de son tonnerre, quand il fait trembler la terre et se fait précéder du feu consumant, que quand il s’approche de vous comme un son doux et subtil ? Croyez-vous donc que si l’indifférence et l’ingratitude sont les tentations de la prospérité, l’adversité n’ait pas aussi les siennes, qui sont la révolte et l’endurcissement ? Non, non ! C’est à vous que s’adresse cette parole : Cherchez l’Eternel pendant qu’il se trouve. Invoquez-le tandis qu’il est temps ! Et si vous voulez comme la Sunamite trouver en lui un ami déjà éprouvé, un ami prêt à vous entendre et à vous exaucer dans les jours mauvais, commencez par vous en faire, comme elle, un ami dans les jours heureux qui vous sont, encore maintenant dispensés ! Elle montre son attachement à l’Éternel et son désir de s’en faire un ami dans les jours heureux en préparant au prophète de l’Éternel une demeure dans sa maison, en se faisant un ami, un hôte familier, de celui qui était à ses yeux le représentant de l’Éternel. Il n’y a pas ici pour vous de prophète à loger, mais je vous dis en vérité qu’il y a plus qu’un prophète : il y a ce Sauveur, cet Emmanuel, ce Dieu avec nous, que vous connaissez, ce Jésus. que nous vous montrions dimanche dernier dans l’intimité d’une autre famille. Comme Marthe, Marie et Lazare appelez-le au milieu de vous ! Faites lui sa place à votre foyer ; faites-lui sa place dans vos cœurs ! — Voici, dit-il, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai aime lui et lui avec moi.
Nous n’avons pas non plus de miracles à vous offrir comme Elisée à la Sunamite. Mais je vous dis en vérité qu’avec Christ il y a plus que des miracles, plus que des résurrections de mort, plus que des enrichissements merveilleux apportés aux conditions de la vie présente. Il y a les paroles de la vie éternelle. N’est-ce pas lui qui nous met en évidence la vie et l’immortalité ? N’est-ce pas lui qui a vaincu la mort à jamais pour tous ceux qui croient en lui ? — Je suis la résurrection et la vie, nous dit-il, celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours. Lui aussi vous rendra vos morts, mieux qu’Elisée qui ne put rendre que pour un temps son fils à la femme de Sunem. Il vous les rendra en vous réunissant à eux pour une éternité bienheureuse, dans ces demeures célestes où il est remonté nous préparer des places. — Ouvrons-lui nos maisons, mes frères, et il nous ouvre la sienne ; faisons-lui sa place dans nos familles, et il nous fait la nôtre dans la sienne, dans cette famille qui est dans les cieux et sur la terre, dans cette famille qui se forme en son nom sur la terre et qui a son rendez-vous autour de lui dans les cieux. Nous y sommes tous invités aujourd’hui. Puissions-nous tous nous y rencontrer demain !
Amen.