Maintenant que nous avons montré comment l’œuvre de la Rédemption s’est poursuivie depuis la chute de l’homme jusques au temps présent, avant d’aller plus loin, je ferai quelques applications.
De ce qui a été dit, nous pouvons conclure que la religion chrétienne est la vérité, et que les saintes Écritures sont la Parole de Dieu. On peut surtout présenter trois arguments :
1° On peut argumenter de l’opposition violente et invétérée que ce monde mauvais a toujours faite à cette religion ! La religion que l’Église de Dieu a professée dès le commencement, bien que les dispensations aient changé, a toujours été la même pour l’essentiel. L’Église de Dieu, dès le commencement, n’a formé qu’une seule société ; l’Église chrétienne est évidemment la continuation de la même société qui existait avant la venue de Christ. Elle a été entée sur le même tronc, posée sur le même fondement. La révélation dont elles dépendent toutes les deux est essentiellement la même ; car, si l’Église chrétienne est fondée sur les saintes Écritures, l’Église juive l’était aussi. Bien que les saintes Écritures aient été augmentées par l’addition du Nouveau Testament, c’est cependant toujours la même révélation qui avait été faite dans l’Ancien Testament ; seulement, les choses sur lesquelles porte la révélation ont été plus clairement révélées dans le Nouveau qu’elles ne l’avaient été dans l’Ancien. Le sommaire des deux Testaments, de l’Ancien comme du Nouveau, c’est Christ et sa Rédemption. L’œuvre fondamentale de la religion de l’Église de Dieu avant et depuis l’apparition de Christ, est le même grand plan de rédemption par le Fils de Dieu. L’Église antérieure à celle d’Israël était encore la même : elle professait et pratiquait essentiellement la même religion. Il en fut ainsi de Noé à Abraham, de même qu’avant le déluge ; car l’Église était alors édifiée sur le fondement des révélations de Christ faites à Adam et à Enoch. De sorte que l’Église de Dieu a toujours été fondée sur ces révélations divines, qui ont été toujours les mêmes pour l’essentiel et qui sont contenues d’une manière sommaire dans les saintes Écritures. Depuis le temps de Moïse, l’Église a toujours été fondée sur les Écritures.
De sorte que l’opposition qui a été faite à l’Église de Dieu dans tous les âges, a toujours été contre la même religion et leur même révélation ; ce qui est une forte preuve de la vérité : les contraires peuvent très bien se conclure des contraires. Nous pouvons conclure avec confiance qu’une chose est plus ou moins bonne d’après le degré d’opposition qu’elle fait au mal, ou d’après le degré d’opposition d’hostilité du mal à son égard. Or, il est évident, d’après ce que nous avons vu, au sujet de l’Église de Christ et de la sainte religion qu’elle a professée, que le monde méchant les a toujours haïes et leur a fait une opposition violente.
Personne ne peut nier que l’Église de Dieu n’ait toujours rencontré une grande opposition dans le monde. On le voit clairement dans l’histoire profane, aussi loin qu’elle remonte, et, pour les temps antérieurs, l’histoire sacrée atteste la même chose. L’Église de Dieu, sa religion et son culte, commencèrent à rencontrer de l’opposition du temps de Caïn et d’Abel ; il en fut de même quand la terre se trouva pleine de violence du temps de Noé. Après cela, qu’elle opposition ne rencontra-t-elle pas en Egypte, et comme Israël fut toujours haï par les nations environnantes : « Mon héritage me sera-t-il donc comme l’oiseau peint ? Les oiseaux ne sont-ils pas autour de lui ? Venez, assemblez-vous, vous tous les animaux des champs, venez pour le dévorer (Jérémie 12.9). » Et, après la captivité de Babylone, comme cette Église fut persécutée par Antiochus Epiphane et d’autres ! et Christ, pendant qu’il a été sur la terre, qu’elles persécutions n’a-t-il pas rencontrées ; et comme les apôtres et d’autres chrétiens eurent à souffrir de la part des Juifs avant la destruction de Jérusalem par les Romains ! de quelles violences ce peuple n’usa-t-il pas envers l’Église ! Puis, jusqu’à Constantin, combien terrible fut l’opposition du monde païen contre l’Église chrétienne ! combien grande fut leur haine contre la vraie religion, et, depuis lors, combien plus violente, haineuse et cruelle a été l’opposition de l’Antéchrist contre l’Église !
Il n’y a pas d’exemple d’une opposition semblable. L’histoire ne fait pas mention d’hommes qui aient été si haïs, poursuivis ainsi sans relâche, ni de rien de semblable. Il n’y a pas d’autre religion qui ait ainsi été mal vue d’âge en âge. Les nations qui avaient d’autres croyances ont pu professer leur religion en repos et en tranquillité, tout en différant de leurs voisins. Une nation a adoré certains dieux, d’autres certains autres, sans qu’elles se soient persécutées les unes les autres à ce sujet. Toute la haine et l’opposition ont été réservées pour la religion professée par l’Église de Christ ; toutes les autres religions ont déployé envers elle une inimitié implacable, et, d’âge en âge, les hommes ont ressenti une telle haine contre elle, qu’il a semblé qu’ils ne pourraient jamais satisfaire leur cruauté. Ils se sont torturé l’esprit, afin de découvrir des tourments assez cruels ; et pourtant, après tout, ils n’ont jamais eu l’air d’être satisfaits, ils n’ont jamais été désaltérés de sang.
Que cette religion et ces écritures aient toujours rencontré dans le monde une grande opposition, c’est ce que personne ne mettra en doute. Il ne reste plus qu’une question : D’où est venue cette opposition ? est-elle provenue de la méchanceté et de la corruption du monde, ou non ? On ne peut pas non plus entretenir le moindre doute à cet égard, si nous considérons que cette cruauté a toujours été sans cause, si nous songeons à ce qu’ont été les opposants et le genre de leur opposition. L’opposition est venue principalement de la part du paganisme et de la papauté, qui sont, comme les déistes eux-mêmes le reconnaissent, les fruits de l’ignorance et de la corruption humaines. La lumière naturelle montre que la religion des païens, qui consiste dans le culte des idoles, le sacrifice des enfants, et dans des cérémonies et des rites obscènes, est une abomination ; et les superstitions, les idolâtries, les usurpations de l’Église de Rome, ne sont pas moins contraires à la lumière naturelle. Tout cela montre que cette opposition contre l’Église de Dieu a procédé d’hommes méchants. Pour ce qui est de l’opposition des Juifs, du temps de Christ et des apôtres, elle eut lieu à une époque où cette nation était très corrompue, alors que le peuple, en général, était devenu très méchant, comme plusieurs auteurs juifs, et même Josèphe et autres qui vivaient alors, le déclarent expressément. Et que cette opposition ait été dictée exclusivement par la méchanceté, c’est ce que l’on voit clairement par la manière dont elle s’est manifestée : la violence extrême, l’injustice et les cruautés avec lesquelles l’Église de Dieu a été traitée, tout cela semble indiquer l’action des esprits infernaux.
Or, comment expliquer cette haine implacable d’un monde corrompu et méchant contre la religion de Jésus-Christ et les Écritures, autrement que par la circonstance qu’elles sont contraires à la méchanceté, et par conséquent bonnes et saintes ?
Pourquoi les ennemis de Christ, pendant un millier d’années, auraient-ils montré une haine mortelle contre cette religion, si ce n’est parce que c’est la cause de Dieu ? Si les Écritures ne sont pas la Parole de Dieu, si la religion de l’Église chrétienne n’est pas la vraie religion, il s’en suit que c’est une très mauvaise religion : rien d’autres que des mensonges et des fraudes abominables inventées par les ennemis de Dieu ; et s’il en était ainsi, il n’est pas probable que les ennemis de Dieu et le monde méchant eussent ainsi nourri contre elle une inimitié constante et implacable.
2° Un grand argument pour montrer que l’Église chrétienne et sa religion sont bien de Dieu, c’est le fait de sa préservation jusqu’à aujourd’hui malgré l’opposition et les dangers. Le fait que l’Église de Dieu et la vraie religion ont rencontré une opposition si permanente et si violente, qu’on a si souvent essayé de les détruire, et que pendant plus de six mille ans menacées de ruine, elles ont été préservées, montre d’une manière remarquable que le doigt de Dieu est intervenu en leur faveur. Si on considère ce fait comme il convient, on verra que c’est un miracle des plus remarquables. On n’a jamais vu rien de semblable sur la face de la terre, on n’a vu aucune autre société humaine qui se soit maintenue comme l’Église. Le monde avant le déluge fut détruit par les eaux, mais l’Église de Dieu fut préservée. Le royaume visible de Satan sur la terre a été aussi une première fois renversé ; mais le royaume visible de Christ ne le fut jamais. Tous les anciens royaumes, les monarchies, dont il est parlé dans l’histoire, ont disparu depuis longtemps : les Moabites, les Ammonites, les Edomites, etc Le grand empire de la glorieuse Babylone fut renversé parles Perses, celui des Perses à son tour par les Grecs, après quoi l’empire Romain supplanta celui des Grecs pour succomber lui-même aux attaques des diverses nations barbares. Nous voyons un remarquable accomplissement du texte : « Car la teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les dévorera comme la laine ; mais ma justice demeurera toujours et mon salut dans tous les âges (Ésaïe 51.8). L’Église de Dieu subsiste toujours.
On ne fit jamais des efforts si puissants et si nombreux pour détruire quoi que ce soit que pour détruire l’Église. Des royaumes et des sociétés humaines qui paraissaient avoir dix fois autant de force que l’Église ont été détruits par un centième de l’opposition que l’Église de Dieu a rencontrée. Cela montre que c’est Dieu qui a été son protecteur ; car il est très clair qu’elle ne s’est pas maintenue par sa propre force. En général elle a été une société très faible. Les Israélites n’étaient qu’une poignée d’hommes comparés aux multitudes qui ont cherché souvent à les détruire. Aussi du temps de Christ et au commencement de son Église les disciples n’étaient qu’un résidu, l’immense majorité des Juifs était contre eux. De même au commencement de l’Église des Gentils ils n’étaient qu’un tout petit nombre comparés aux païens qui cherchaient à les détruire. Dans les époques ténébreuses qui ont précédé la Réformation, ils n’étaient qu’une poignée d’hommes ; toutefois leurs ennemis ne purent les détruire. En général les ennemis de l’Église n’ont pas eu seulement la majorité, mais ils ont eu pour eux aussi la force. Presque toujours ils ont eu l’autorité civile de leur côté. Ainsi en Egypte l’autorité civile était pour les Egyptiens, et les membres de l’Église n’étaient que leurs esclaves ; et toutefois ils ne purent les détruire. Il en fut de même du temps d’Antiochus Epiphane et de Julien l’Apostat ; l’autorité était du côté des persécuteurs, l’Église était en leur pouvoir, et pourtant, malgré toutes leurs cruautés, ils ne réussirent pas à la détruire. Et pendant plusieurs siècles l’autorité civile fut du côté de l’Antéchrist, et l’Église semblait être en son pouvoir.
Non seulement la force des ennemis de l’Église a été plus grande que la sienne ; mais, en général, celle-ci n’a pas eu recours pour se défendre à la force qu’elle avait. Au contraire, elle s’en est remise complètement à Dieu. Du temps des persécutions juives, avant la destruction de Jérusalem par les Romains, et du temps des persécutions païennes, avant Constantin, les chrétiens ne firent aucune résistance. Il en a été de même dans les persécutions catholiques romaines, et pourtant on n’a jamais réussi à détruire l’Église de Dieu, elle existe jusqu’à ce jour.
Et cela paraît d’autant plus admirable, si nous nous rappelons combien souvent l’Église de Dieu a été sur le penchant de sa ruine, que de fois sa position a semblé désespérée. Du temps de l’ancien monde, alors que la méchanceté prévalait au point qu’il n’y avait plus qu’une famille laissée de reste, Dieu agit d’une manière miraculeuse, bouleversa le monde par un déluge et préserva son Église. Près de la mer Rouge, alors, que Pharaon et son armée se croyaient sûrs de leur proie, Dieu apparut, les détruisit et délivra son Église. Sous la dixième et dernière persécution païenne, ses ennemis se flattèrent d’avoir achevé l’œuvre et d’en avoir fini avec l’Église chrétienne, et pourtant au milieu de leur triomphe elle se releva, se raffermit, et l’empire païen tomba en ruine devant elle. De même quand l’Église chrétienne semblait sur le point d’être engloutie par l’hérésie arienne, quand l’Antéchrist se fut manifesté et que le monde entier allait après la bête ; quand l’Église, pendant plusieurs siècles, fut réduite à un très petit nombre et que les pouvoirs du monde avaient entrepris de détruire ce petit résidu, ils ne purent jamais y réussir, et Dieu finit par revivifier son Église d’une manière admirable au moyen de la Réformation ; il l’a rétablit en face de ses ennemis et la plaça hors de leurs atteintes. Et lorsque les pouvoirs soumis à la papauté complotèrent la ruine de l’Église réformée, et qu’ils semblaient sur le point d’atteindre leur but, Dieu apparut d’une manière admirable pour la délivrance de son Église, comme cela eut lieu lors de la révolution d’Angleterre sous Guillaume III. Dieu fit surtout fleurir son Église après les temps les plus ténébreux.
Si une pareille conservation de l’Église de Dieu depuis le commencement du monde jusqu’à aujourd’hui, accompagnée de telles circonstances, ne suffit pas pour montrer l’intervention de Dieu en sa faveur, qu’est-ce qui suffira ? mais si ce secours est venu de Dieu, alors il témoigne que l’Église, la révélation et les saintes Écritures sont de lui ; d’où il résulte que la religion chrétienne est la vraie religion, la religion de Dieu et que les Écritures sont sa Parole.
3° Nous pouvons dire encore en faveur des saintes Écritures que Dieu a accompli les choses qu’elles prédisent. J’ai déjà fait observer d’une manière générale dans le cours de cet ouvrage, comment les prophéties de l’Écriture se sont accomplies. J’en citerai maintenant deux exemples.
a) Je viens de montrer quelle preuve ce fait de la préservation de l’Église considéré en lui-même nous fournit de l’autorité des Écritures. Je le montre maintenant comme un accomplissement des prophéties. Ce fait est abondamment prédit et promis dans les Écritures et particulièrement dans notre texte. Il y est annoncé que d’autres choses tomberont en ruine, que des royaumes, que des monarchies qui s’y opposeront seront réduites à rien : « La teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les dévorera comme la laine. » Il est prédit ici que l’alliance de grâce de Dieu avec son Église durerait à jamais, et il en a toujours été ainsi jusqu’à nos jours, bien que l’Église ait eu à passer par beaucoup de dangers. La même promesse est faite, Ésaïe 54.17 : « Nulles armes formées contre toi ne prospèreront ; et tu convaincras de malice toute langue qui se sera élevée contre toi en jugement, » et encore, Ésaïe 49.14-16 : « Mais Sion a dit : L’Éternel m’a délaissée et le Seigneur m’a oubliée. La femme peut-elle oublier son enfant qu’elle allaite, en sorte qu’elle n’ait point pitié du fils de son ventre ? Mais quand les femmes les auraient oubliés, encore ne t’oublierai-je pas, moi. Voici, je t’ai gravée sur la paume de mes mains ; tes murs sont continuellement devant moi. » La même chose est de nouveau promise (Ésaïe 59.21 ; 63.1-2 ; Zacharie 12.2-3). Christ a fait aussi la même promesse quand il a dit : sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Or, si cela ne vient pas de Dieu, si les saintes Écritures ne sont pas sa Parole, et si l’Église bâtie sur le fondement de cette Parole n’est pas de Dieu, comment les personnes qui ont prédit ces choses ont-elles pu les connaître ? Car si l’Église n’est pas de Dieu c’était une chose très improbable. Ils annoncèrent une grande opposition et des dangers, que d’autres royaumes seraient réduits à rien et que l’Église en viendrait sur le point d’être presque entièrement détruite et que pourtant elle subsisterait toujours. Comment pouvaient-ils prévoir une chose si peu vraisemblable, si ce n’est par l’inspiration divine ?
b) L’autre exemple remarquable est l’accomplissement des prophéties de l’Écriture concernant l’Antéchrist. Elle prédit le mode de son apparition. Il ne viendra ni de parmi les païens ni de parmi les nations qui n’ont jamais professé le christianisme ; mais il sortira de l’Église chrétienne, qui s’adonnera à la corruption. « Car ce jour-là ne viendra point que la révolte ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché, le fils de perdition, ne soit révélé (2 Thessaloniciens 2.3). » Et il est prophétisé que cet homme de péché s’établira dans le temple ou église visible de Dieu, prétendant être revêtu du pouvoir divin, en qualité de chef de l’Église (2 Thessaloniciens 2.4). Il est aussi dit que l’apparition de l’Antéchrist serait graduelle (2 Thessaloniciens 2.7). « Car déjà le mystère d’iniquité se met en train, seulement celui qui obtient maintenant obtiendra jusqu’à ce qu’il soit aboli. » De plus il est prédit de ce grand ennemi de l’Église chrétienne qu’il serait un grand prince, un monarque de l’empire romain : aussi est-il représenté dans Daniel comme une corne de la quatrième bête ou quatrième monarchie, comme l’ange l’explique (Daniel ch. 7). Il est même parlé d’une ville qui devait être le siège de ce pouvoir. Il est dit expressément que la prostituée spirituelle ou fausse Église aura son siège sur sept montagnes ou collines. « Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise (Apocalypse 17.9). » « La femme que tu as vue, c’est la grande cité qui a son règne sur les rois de la terre (Apocalypse 17.18). »
De plus, il est dit que cet Antéchrist régnerait sur les peuples, les multitudes, les nations et les langues (Apocalypse 17.15), et que toute la terre étant dans l’admiration irait après la bête. Il fut prédit qu’il se ferait remarquer par son orgueil, qu’il se vanterait de grandes choses et élèverait de très hautes prétentions, « lequel s’oppose et s’élève contre tout ce qui est nommé Dieu, ou qu’on adore, jusqu’à être assis comme Dieu au temple de Dieu, voulant se faire passer pour un Dieu (2 Thessaloniciens 2.4). » « Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes, et il lui fut donné aussi le pouvoir d’accomplir quarante-deux mois (Apocalypse 13.5). » « Il est dit de la petite corne qu’elle a une bouche disant de grandes choses, et que son apparence est plus grande que celle de ses compagnes (Daniel 7.8,20). » Il fut aussi prophétisé que l’Antéchrist serait un grand persécuteur. « Cette même corne a fait la guerre aux saints et a été victorieuse, et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre (Daniel 7.21). » « Et je vis la femme enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus (Apocalypse 17.6). » Il est dit de plus : « Et voici, il y avait en cette corne des yeux semblables aux yeux d’un homme (Daniel 7.8), » « et cette corne-là avait des yeux (Daniel 7.20). » Il fut annoncé que les rois de la chrétienté seraient soumis à l’Antéchrist. « Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore commencé à régner ; mais ils prendront puissance comme rois avec la bête. Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur puissance et leur autorité à la bête (Apocalypse 17.12-13). » Il fut annoncé qu’elle ferait de prétendus miracles ; « et quant à l’avènement du méchant, il est, selon l’efficace de Satan, en toute-puissance, en prodiges et en miracles de mensonge (2 Thessaloniciens 2.9). » « Et elle faisait de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel devant les hommes sur la terre ; et elle séduisait les habitants de la terre à cause des prodiges qu’il lui était donné de faire devant la bête, commandant aux habitants de la terre de faire une image de la bête qui avait reçu le coup mortel de l’épée et qui néanmoins était vivante (Apocalypse 13.14). »
Il fut prédit qu’elle défendrait de se marier et ordonnerait de s’abstenir des viandes. « Défendant de se marier, commandant de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour les fidèles et pour ceux qui ont connu la vérité, afin d’en user avec des actions de grâces (1 Timothée 4.3). »
Il fut prédit qu’elle serait très riche et qu’elle atteindrait un haut degré de splendeur et de gloire terrestres. « Et la femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles, et elle tenait à la main une coupe d’or (Apocalypse 17.4 ; 18.7,12,13,16). » Il fut prédit qu’elle défendrait d’acheter ou de vendre à ceux qui n’auraient pas son signe. « Et qu’aucun ne pouvait acheter ni vendre, s’il n’avait la marque ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom (Apocalypse 13.17). » Il fut prédit qu’elle trafiquerait d’âmes d’hommes (Apocalypse 13.13) ; et en énumérant ces articles de commerce, la parole mentionne des âmes d’hommes. Il fut prédit que l’Antéchrist ne permettrait pas qu’on enterrât les corps du peuple de Dieu. « Et leurs corps morts seront étendus dans la place de la grande cité, etc et ils ne permettront pas que leurs corps morts soient mis dans les sépulcres (Apocalypse 11.8-9). » Je pourrais mentionner plusieurs autres choses, et montrer par l’histoire leur exact accomplissement. Quelle forte preuve que les saintes Écritures sont la Parole de Dieu !
D’après ce qui a été dit, nous pouvons apprendre ce qu’est l’esprit du vrai christianisme : un esprit de souffrance. En voyant que Dieu, dans sa providence, a déterminé que l’Église serait pendant si longtemps dans un état de souffrance, souvent si extrême, nous pouvons conclure que l’esprit de la vraie Église est un esprit de souffrance, autrement Dieu ne lui aurait jamais assigné tant de douleurs en partage ; car il est hors de doute que Dieu détermine pour l’Église des circonstances en accord avec l’esprit de souffrance qu’il lui a donné. Il n’y a donc rien de surprenant que Christ ait si souvent inculqué à ses disciples le devoir de renoncer à eux-mêmes et de se charger de sa croix s’ils voulaient le suivre.
Et quelles dispositions l’Église a-t-elle manifestées au milieu de ses souffrances ? Elle a préféré, au milieu de ces terribles persécutions par lesquelles elle a dû passer, se soumettre à des tourments cruels, et renoncer à tout pour conserver la perle de grand prix ; souffrir tout ce que ses ennemis les plus cruels pourraient lui faire, plutôt que de renier Christ et sa religion. L’histoire nous offre un grand nombre de cas remarquables et nous présente une nuée de témoins. Cela prouve surabondamment qu’il est nécessaire d’être prêt à tout abandonner pour Christ, à renoncer à notre tranquillité, à nos intérêts terrestres, à notre honneur, à tout, pour lui et pour l’Évangile.
Demandons-nous si nous sommes animés de cet esprit-là. Qu’arrive-t-il quand nous sommes mis à l’épreuve ? nous montrons-nous disposés à renoncer à nous-mêmes et à nos avantages terrestres, et à passer par les tribulations auxquelles nous sommes providentiellement appelés ? Hélas ! que nos épreuves sont peu de choses comparées à celles de plusieurs de nos frères dans les siècles passés ! C’est le cas de dire, avec Jérémie 12.5 : « Si tu as couru avec les gens de pied, et qu’ils t’aient lassé, comment te mêleras-tu parmi les chevaux ? Et si tu t’es cru en sûreté dans une terre de paix, que feras-tu quand le Jourdain sera enflé ? » Si vous n’avez pas été en état de supporter les légères épreuves auxquelles vous avez été appelés, comment auriez-vous été en état d’endurer les épreuves bien autrement grandes que l’Église a eu à supporter dans les siècles passés ? Tout vrai chrétien a l’esprit d’un martyr, et il souffrirait comme un martyr, s’il se trouvait providentiellement placé dans des circonstances qui l’y appelassent.
Cela nous enseigne quelles grandes raisons nous avons d’attendre avec confiance l’accomplissement des choses qui sont annoncées dans l’Écriture et qui ne sont pas encore accomplies. L’Écriture annonce plusieurs grandes choses qui doivent avoir leur accomplissement avant la fin du monde ; mais quelles grandes difficultés semblent devoir l’empêcher ? On dirait que nous sommes maintenant bien loin de l’état de choses prédit dans l’Écriture ; toutefois, nous avons tout lieu de croire que, malgré les difficultés apparentes, ces choses s’accompliront dans leur temps. Nous voyons que, jusqu’à présent, Dieu a fidèlement rempli ses promesses, qu’il a été fidèle envers son Église et qu’il s’est souvenu de sa miséricorde de génération en génération. A l’égard de ce que Dieu a fait jusqu’à présent pour son Église, nous pouvons dire comme Josué aux enfants d’Israël : « Or, voici, je m’en vais aujourd’hui par le chemin de toute la terre, et vous connaîtrez dans tout votre cœur et dans toute votre âme qu’il n’est point tombé un seul mot de toutes les bonnes paroles que l’Éternel votre Dieu a dites de vous ; tout vous est arrivé, il n’en est pas tombé un seul mot. » Mais toutes les choses ont eu lieu jusqu’ici conformément à la prédiction divine. Cela devrait fortifier notre foi en ses promesses, nous encourager et nous pousser à prier Dieu pour l’accomplissement des grandes et belles choses qui n’ont pas été encore accomplies.