Oh ! Seigneur, si je pouvais avoir toujours devant les yeux l’exemple vivant de ton Fils ! si je pouvais le voir marcher devant moi, comme jadis dans les rues de Jérusalem ; si je pouvais entendre résonner sa voix divine, contempler sa face paisible, comme ce modèle me ferait du bien ! Je trouverais là un fil conducteur pour ma vie incertaine, et des inspirations dans toutes mes difficultés. Mais, hélas ! ce modèle que j’admire, je suis loin de l’imiter ; je ne vais pas même le contempler dans l’Évangile. Je pourrais vivre en compagnie de Jésus, et j’aime mieux vivre dans la société des hommes, comme moi pécheurs. Rarement je songe à comparer ma conduite à celle de mon Maître ; j’aime mieux chercher mon modèle parmi mes semblables. Si du moins je me mettais en présence des plus saints pour les imiter, mais non ; j’aime mieux me mesurer aux pires, afin de m’excuser. Chaque fois que je pèche, je me plais à en chercher un plus coupable que moi ; mes comparaisons n’ont pas pour but de me faire avancer en m’humiliant, mais de me retenir où je suis, en me justifiant. Je dis volontiers, avec le pharisien, montrant du doigt le péager : « Je ne suis pas cet homme-là ! » Si du moins mes pensées orgueilleuses se traduisaient naïvement en paroles entendues de mes frères, peut-être aurais-je la chance d’en rougir et d’être repris par eux. Mais non ; ma vanité, plus habile, reste silencieuse et se contente de me parler tout bas. Pour n’être pas empêchée, elle m’encense en secret, et si tu la laisses faire, Seigneur, je deviendrai cent fois pire en me croyant encore meilleur ! Mon Dieu, mets donc devant mes yeux la vie sainte de Jésus ; mets dans mon cœur le désir de la reproduire, et me donne la force d’accomplir ce saint désir.