Joas eut à cœur de rénover la maison de l’Eternel.
Rien n’est plus triste qu’un lieu de culte délabré ! Murs gris et sales, bancs inconfortables et poussiéreux, portes grinçantes, salle mal éclairée et acoustique déplorable, tout cela n’honore pas le Seigneur de gloire.
Je crois avoir annoncé l’Evangile dans un millier d’édifices de toutes dimensions, les uns chaleureux et avenants, les autres lugubres et peu propices à la communion fraternelle. Ici, le sanctuaire était dans un tel état de vétusté que les rares paroissiens éparpillés sur les bancs pouvaient à loisir, en levant les yeux, contempler le ciel à travers un plafond percé en plusieurs endroits. Là, la tribune servait littéralement de dépotoir. Ailleurs, le chauffage ne fonctionnait pas, ou si mal que je dus parler dans une salle empestée, les auditeurs du fond disparaissant presque dans un léger brouillard de fumée âcre. L’acoustique était telle dans ce vaste édifice qu’il me fut recommandé de ne pas détourner les yeux d’une certaine colonne si je tenais à être compris de mes auditeurs… Heureusement, depuis une vingtaine d’années, beaucoup de temples ont été rénovés en France, voire embellis, souvent à la faveur d’un centenaire dignement fêté. On est certainement plus soucieux de confort et de lumière aujourd’hui que par le passé. Et c’est heureux !
LE TEMPLE DANS L’ANCIENNE ALLIANCE
L’Ancien Testament signale à plusieurs reprises des élans de générosité peu communs inspirés par l’Esprit lorsqu’il s’est agi de construire ou de réparer le sanctuaire. Ces élans correspondaient toujours à des périodes de réveil spirituel : un peuple préoccupé de la gloire de son Dieu ne peut souffrir que tombe en ruine la maison où on l’adore. (S’adressant à tout homme dont le cœur est généreux (Exode 35.5), Moïse invite les enfants d’Israël à apporter à l’Eternel de riches offrandes destinées à édifier et à meubler le Tabernacle. Et c’est avec un rare empressement que le patriarche reçoit beaucoup plus qu’il ne faut pour exécuter l’ouvrage que l’Eternel a commandé de faire. (Exode 36.5). Il doit même, chose unique dans les annales, faire passer dans le camp une proclamation en ces termes : Que personne ne travaille plus en vue de l’offrande, ordonnant même qu’on empêche le peuple d’en apporter (Exode 36.6, 7).
Plus tard, le roi David suggère à ses sujets de prendre une part active à la construction d’un temple à Jérusalem : Qui se porte volontaire aujourd’hui pour s’engager envers l’Eternel (1 Chroniques 29.5) ? L’appel est entendu et c’est avec un cœur sans partage qu’ils acceptent d’apporter leur contribution à cette entreprise. Il est vrai que le roi a prêché d’exemple en tirant de ses propres trésors de l’or et de l’argent en grande quantité (1 Chroniques 29.3-5).
Après le triste règne d’Athalie, Joas eut à cœur de rénover la maison de l’Eternel. Pour financer les travaux, il fait installer à la porte du Temple un coffre (2 Chroniques 24.8), qui ne cesse de se remplir tant le peuple prend au sérieux cette rénovation.
Plus tard, et après le règne interminable de Manassé, Josias entreprend de réparer le Temple longtemps abandonné. Pour mener à bonne fin cette restauration, des lévites zélés s’empressent d’aller collecter de l’argent dans différentes tribus. Ils en recueillent partout en abondance car le peuple s’associe de tout cœur à ce projet.
Lorsqu’Israël revient de l’exil sous Esdras, sa première tâche est de reconstruire le sanctuaire dévasté. Et pour en fournir les moyens, les offrandes affluent malgré la pauvreté qui règne dans le pays (Esdras 1.68, 69).
C’est bien vrai ! La générosité se manifeste toujours lorsque Dieu visite les siens, et à l’inverse, quand le zèle fait défaut dans la communauté, le sanctuaire, mal entretenu, délaissé, s’empoussière et parfois menace ruine.
L’ÉGLISE DANS LA NOUVELLE ALLIANCE
Comme nous l’enseigne l’histoire, et conformément aux paroles du Christ (Matthieu 24.2), le Temple, orgueil d’Israël, fut détruit par les Romains en l’an 70 de notre ère. Or, dans l’économie de la grâce, il n’est plus question de « Temple ». Le seul que reconnaisse le croyant est le temple spirituel dont parle l’apôtre Paul (1 Corinthiens 3.16-17). Quiconque est né de nouveau est un temple du Seigneur : Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
Puisque le Créateur n’habite pas dans un sanctuaire fait par la main de l’homme (Hébreux 9.11, 24), les chrétiens ne devraient-ils pas s’abstenir de bâtir des lieux de culte ? Certainement pas, bien que le Nouveau Testament ne mentionne nulle part l’existence de tels édifices. Jadis, la présence du Temple n’empêcha pas la construction de synagogues destinées à abriter les communautés juives locales. Et c’est dans un but analogue qu’ont été érigées au fil des siècles des églises et des chapelles, lieux de rencontre des croyants venus pour célébrer ensemble le Dieu de Jésus-Christ.
Mais alors, pourquoi dans le livre des Actes ou les épîtres, n’est-il jamais question de construction ou de restauration d’édifices consacrés à Dieu et au rassemblement des chrétiens ? La raison est simple : En ces temps de persécution, l’Eglise était clandestine et ses membres se réunissaient dans les maisons, souvent en cachette (Actes 12.12 ; 16.40 ; 19.10 ; 8.3 ; Romains 16. 5, 10, 11…). Les lieux de culte furent édifiés plus tard lorsque faiblirent ces persécutions.
REMARQUES
En terminant ce chapitre, deux remarques s’imposent :
1. – Lorsqu’il s’agit de construction ou de restauration d’édifices religieux, les croyants se montrent en général très motivés et particulièrement généreux. Hélas ! Ils le sont beaucoup moins quand ils sont appelés à soutenir un évangéliste ou une œuvre en terre lointaine. En 1970 par exemple, il devint impérieux de refaire la toiture vaste et compliquée de l’imposante bâtisse abritant la Ligue pour la lecture de la Bible à Guebwiller (1). En un temps relativement court, la somme très importante nécessaire à cette indispensable réparation fut non seulement recueillie mais encore dépassée. Il n’y eut pas le même engouement lorsqu’il fut suggéré en d’autres circonstances de prendre en charge un ouvrier de plus en France et en Afrique. C’est dommage !
(1) L’auteur du présent livre a été agent de la Ligue de 1945 à 1973.
2. – Comme le firent jadis les constructeurs du tabernacle ou du Temple de Jérusalem, les chrétiens devraient non seulement donner leur argent mais aussi leur temps et leurs talents pour le service de Dieu. Ce temps consacré est une offrande précieuse. Ici, je pense à telle assemblée aux moyens fort modestes qui fut en mesure d’édifier une belle chapelle, en partie grâce au dévouement de ses membres qui mirent la main à la pâte et retroussèrent les manches pour manipuler la pelle ou le marteau. Dans cette action commune, ils apprirent à mieux se connaître et à travailler ensemble avec joie pour leur Seigneur, ce qui n’est pas négligeable. Une tâche accomplie en commun rapproche et unit.
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