Propos sur le temps

EN MÊME TEMPS

Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute circonstance, rendez grâces.

1 Thessaloniciens 5.16-18

Je déambule dans une artère populeuse d’une grande cité. Devant moi, le large trottoir est obstrué par un attroupement d’où jaillit une musique rythmée et bien nourrie. Intrigué, je hâte le pas. Une vingtaine de personnes font cercle autour d’un homme orchestre qui vaut bien, à lui tout seul, quatre à cinq exécutants. Au moyen d’une pédale, il actionne du pied gauche une baguette qui frappe un tambour, tandis que ses genoux entrechoquent des cymbales. Les joues gonflées, le torse proéminent, il embouche un cornet à pistons manipulé d’une main, alors que les doigts de l’autre circulent sur les touches d’un petit harmonium. Enfin, une série de grelots fixés au coude ou au sommet de la tête, agités nerveusement, ajoutent quelques décibels au tintamarre qui se veut harmonieux. Les badauds émerveillés ne lésinent pas : les pièces pleuvent dans la sébile de l’artiste.

Chacun, dit-on, a le temps de vivre quatre vies. Hélas ! Beaucoup se contentent de « vivoter » une fraction de la leur. Et pourtant, à l’instar de ce virtuose, certaines gens sont capables de mener de front plusieurs occupations à la fois. Peut-être moins les messieurs que les dames ; aux dires des psychologues, les premiers éprouvent le besoin de s’octroyer une halte et de se concentrer avant de changer d’activité. La femme est nettement plus apte à passer d’une tâche à une autre ou, mieux encore, de les accomplir simultanément. Et cela le plus naturellement du monde. La ménagère n’est-elle pas à même, tout à la fois, de « tourner » de temps à autre un plat qui mijote, de mettre en route la machine à laver, de repasser une chemise ou de donner le biberon à son bébé ? Pour elle, pas de problème ! Elle peut aller, sans difficulté apparente, de la pâtisserie au repassage, de la surveillance des devoirs au rangement, du bouquet de fleurs au tricotage, sans paraître affectée en quoi que ce soit. Reconnaissons-lui cette capacité.

Alors, pourquoi les chrétiens, dans le domaine spirituel, n’imiteraient-ils pas ces maîtresses de maison actives et efficaces ? En effet, considérez les impératifs bibliques contenant les expressions : sans cesse – continuellement – jour et nuit – en tout temps… Il devrait être à la portée de chacun de réaliser simultanément tout ce que Dieu ordonne de faire « sans cesse ». Ne donne-t-il pas ce qu’il ordonne ? Donc, je dois être en mesure de :

Autant d’actions qui peuvent se « chevaucher » pour la gloire de Dieu sans que je « plane » dans les nuages ou néglige mon activité journalière. Après tout, lorsque son cœur est « pris », le jeune homme est capable de réaliser beaucoup. Il peut fort bien penser à sa fiancée et réfléchir au contenu de sa dernière lettre tout en se donnant à sa tâche. De même, le chrétien peut à la fois…

1. Méditer la Parole. Au fil des heures, même sur son lieu de travail – et sans pour autant sortir de la réalité, car il ne s’agit pas de rêver – il lui est vivement recommandé de repasser dans son cœur les paroles de l’Écriture : Ce livre de la loi (la Bible) ne s’éloignera pas de ta bouche ; tu y MÉDITERAS JOUR ET NUIT… (Josué 1.8 ; Psaumes 1.2). Si je suis « branché » avec le Seigneur, le verset ou l’expression biblique qui s’est imposé à moi, durant mon culte personnel par exemple, me reviendra certainement à la mémoire, m’amenant peut-être à reconsidérer ma conduite, à donner plus de place à l’adoration, à sortir de ma susceptibilité… que sais-je ? Il est nécessaire et bénéfique de lire et d’étudier le Saint-Livre. Il est mieux encore de le méditer pour en vivre.

Un jeune professeur à la recherche d’une vie chrétienne authentique raconte comment il découvrit la valeur de la Parole de Dieu : « Un jour de congé, je pris avec moi une édition de poche de l’épître aux Éphésiens et me rendis à la campagne. Je m’allongeai sur l’herbe et lus d’une traite les six chapitres de cette lettre. Mon intérêt pour cet écrit fut tel que je le relus en entier une deuxième fois. Littéralement accroché par ce texte, je le parcourus au moins une quinzaine de fois d’affilée. Je buvais littéralement ces lignes inspirées. Lorsque je me levai pour rentrer à la maison, j’étais un autre homme. Je possédais « Éphésiens » ou plutôt, c’était « Éphésiens » qui me possédait. J’avais l’impression d’être assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ. Ce fut pour moi une merveilleuse expérience. Inoubliable. » (Tiré de Notre pain quotidien)

Puissant est le Livre de Dieu, hélas trop négligé. Lisons, lisons, méditons sans nous lasser les Saintes Écritures. Elles ne nous laisseront ni stériles, ni oublieux. Combien j’aime ta loi ! Elle est tout le jour l’objet de ma méditation (Psaumes 119.97).

2. Prier sans cesse (1 Thessaloniciens 5.17). Méditation et prière sont deux actions possibles en même temps. Une maman de huit enfants, fort occupée naturellement, consacrait, semaine après semaine, beaucoup de temps au raccommodage. « Ce travail fastidieux, me disait-elle, ne m’éprouve pas, car je peux parler à Dieu et méditer sa Parole tout en tirant l’aiguille. » Le chrétien ne devrait-il pas vivre ses journées dans la compagnie du Seigneur et dans une atmosphère de louange ? La chose est possible si je sais mettre du temps à part pour le rencontrer. Dieu m’en rendra capable pourvu que j’y sois déterminé. (Le sujet de la prière sera développé plus longuement dans le chapitre 27.)

Rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père (Éphésiens 5.20).

3. Veiller, méditer la Bible et prier peuvent être des actions simultanées puisqu’il m’est recommandé de veiller… en tout temps (Luc 21.36). D’ailleurs, notez-le, dans les évangiles, vigilance et prière sont placées côte à côte, ce qui semble aller de soi (Marc 13.33 ; Luc 21.36). En effet, celui qui fréquente assidûment le Seigneur et sa Parole ne manquera pas de veiller. Mais vigilance pourquoi ? Parce que le diable ne chôme pas ; il s’acharne à entraver l’œuvre de Dieu en moi et autour de moi. Comme nous l’avons déjà dit, nous vivons sans aucun doute dans les « temps de la fin », époque particulièrement difficile selon les prophéties (2 Timothée 3.1). Les mass média font insidieusement un travail de sape qui commande la vigilance.

Le lavage de cerveau est tel que l’homme d’aujourd’hui exalte le mal et l’appelle bien. C’est pourquoi, soyons « sur nos gardes » (Marc 13.5). Dans tous les domaines. Non au mensonge, à la jalousie, à l’impureté, à la paresse. Non à l’égoïsme, au repliement sur soi-même. Vigilance toujours pour aller au-devant du frère éprouvé, du voisin à consoler, du malade à visiter, du malheureux à secourir… Vigilance encore pour détecter la fausse doctrine et ne pas céder aux sentiments. Vigilance surtout afin de marcher dans la lumière du Seigneur. Il peut me garder et me purifier par son sang (1 Jean 1.5-9).

4. Aimer en tout temps (selon Proverbes 17.17). Aimer, c’est se donner. A Dieu d’abord pour répondre à son amour sans borne. Au prochain aussi pour le « bénir », même s’il m’éprouve (1 Pierre 3.9). Sept jours sur sept, je veux servir le Seigneur auprès des autres. Jette ton pain à la surface des eaux, dit l’Ecclésiaste. Dès le matin, sème ta semence, et le soir ne laisse pas reposer ta main (Ecclésiaste 11.1, 6). Autrement dit, exerce la bienfaisance avec désintéressement, proclame aussi en temps et hors de temps la Bonne Nouvelle de Jésus, le « pain de vie ». Ne devrions-nous pas inaugurer chaque journée en demandant à Dieu d’avoir les yeux ouverts sur toute action bonne visant sa gloire et la joie du prochain ?

5. Exhorter. C’est l’épître aux Hébreux qui nous y encourage : EXHORTEZ-VOUS CHAQUE JOUR, aussi longtemps qu’on peut dire : Aujourd’hui (Hébreux 3.13). Au lieu de parler longuement de la pluie et du beau temps, des impôts ou de la politique, de vêtement ou de voiture, entretenons-nous surtout des choses essentielles : Qu’il… sorte de votre bouche... s’il y a lieu, quelque bonne parole qui serve à l’édification nécessaire et communique une grâce à ceux qui l’entendent (Éphésiens 4.29). Encourager, avertir avec douceur et humilité, s’intéresser aux besoins des autres, quel beau ministère à la portée de chacun ! Ne le négligeons pas.

Il y a du pain sur la planche. Mais attention, les bonnes intentions sont vite oubliées ! Aussi, déterminé à obéir à de telles injonctions, m’’abandonnerai-je à celui qui peut faire en moi tout ce qui lui est agréable pour l’accomplissement de sa volonté (Hébreux 13.21).

QUESTIONS

  1. Dans la liste des choses que nous devrions faire « sans cesse », quelle est celle que j’ai le plus négligée ? Cette constatation m’amènera-t-elle à l’obéissance dans ce domaine ?
  2. Avez-vous appris à méditer l’Écriture ? Vous en nourrissez-vous quotidiennement ? Comment la lisez-vous ? Hâtivement ou avec réflexion ?
  3. Quel est le contenu de vos conversations ? Avez-vous le souci d’édifier, de consoler, d’avertir ? D’encourager ?

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