« Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé. »
Que penseriez-vous d’un coureur cycliste du Tour de France – chrétien de surcroît – qui, littéralement épuisé au moment d’entreprendre l’ascension du Galibier, laisserait son vélo pour s’agenouiller au bord de la route en énonçant la promesse du Fils de Dieu : « Montagne, ôte-toi de là et jette-toi dans la mer. » ? Certainement cet homme étrange se couvrirait de ridicule et n’atteindrait jamais le col. Pour lui, la course s’achèverait au pied d’une montagne… toujours là.
Et pourtant, Jésus n’a-t-il pas dit expressément : « Quand vous diriez à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait ? » Et en renchérissant : « Ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez » (Matthieu 21.21-22) ?
Alors une question se pose : Est-il suffisant de croire à une promesse pour la voir se réaliser sur-le-champ ? Doit-on, comme d’aucuns le disent : « S’emparer des promesses de Dieu » par la foi ? Le terme « s’emparer » convient-il vraiment lorsqu’on invoque le Seigneur des seigneurs ?
D’abord, soyons d’accord pour affirmer que le Dieu fidèle tient parfaitement ses promesses. Sur ce point, personne ne le prendra en défaut. Elles sont « oui et amen » (2 Corinthiens 2.20) et il « n’est pas homme pour mentir » (Nombres 23.19), pour trahir ses engagements. En douter serait lui faire injure. Mais ceci étant clairement affirmé et accepté, a-t-on raison pour autant d’user de l’expression « s’emparer par la foi des promesses de Dieu » ? Le Christ, la Bible, l’expérience… et le bon sens autorisent à répondre par un « OUI mais. » à cette question. Le terme « s’emparer » est bien prétentieux qui fait fi de la souveraineté de Dieu. Il serait préférable de le bannir de votre vocabulaire.
Lors de la tentation dans le désert, placé sur le sommet du Temple, Jésus fut justement invité par Satan à s’emparer d’une promesse de l’Écriture tirée du Psaume 91 : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; et ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre » (Matthieu 4.6). Le Fils de Dieu n’’eut pas de peine à discerner le piège. Il refusa de « s’emparer » d’une promesse que lui suggérait le diable et qui ne le concernait pas dans sa situation présente. « Tenter » Dieu, c’est agir ou se placer dans une situation qui l’oblige à intervenir miraculeusement alors que ce n’est pas nécessaire. Ici, Jésus pouvait fort bien emprunter l’escalier.
J’ai connu un frère très zélé qui devait se conformer à une médication précise. Des amis convaincus, après avoir prié pour sa guérison, lui déclarèrent avec autorité : « Tu es guéri. » Et sur leurs conseils, ce jeune homme « s’empara » aussitôt de la parole de Jésus : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé » (Marc 11.24), donnant la preuve de « sa foi » en jetant tous ses médicaments. Hélas ! Le lendemain ses amis le trouvèrent mort dans son lit. Il avait oublié, d’une part, que le Tout-Puissant a « son heure et sa manière », et d’autre part, qu’on hérite des promesses non seulement par la foi mais aussi par « l’attente patiente » (dans la foi — Hébreux 6.12). Ayons les regards sur Celui qui guérit et non sur la guérison elle-même et nous serons gardés de tout faux pas. J’ai encore en mémoire les confidences de ce jeune pionnier œuvrant sur un terrain bien aride. Vivant par la foi, il fut un jour contraint de régler une facture importante dont l’échéance arrivait à terme. Ne disposant pas à cette date de la totalité de la somme exigée, et sur les encouragements de ses frères chrétiens qui auraient pu le secourir, il crut bon de mettre Dieu à l’épreuve. Et c’est en toute bonne foi qu’il signa un chèque sans provision, persuadé que le Dieu des miracles réapprovisionnerait son compte juste au dernier moment, selon son habitude. Le résultat – hélas ! – vous le devinez !
Enfin, avez-vous noté que des croyants d’élite, des « héros de la foi » n’ont pas vu se réaliser ce que Dieu leur avait promis (Hébreux 11.39) ? Le Seigneur a ses intentions, qu’il est parfois difficile de cerner. Il nous suffit de savoir « que ses pensées ne sont pas nos pensées », qu’il a toujours de bonnes raisons de ne pas donner suite à telle ou telle demande : Alléluia quand même, puisque Dieu veut le meilleur pour nous.
Les lignes qui précèdent jetteraient-elles le trouble dans l’esprit de nos lecteurs ? Devrions-nous conclure que les promesses de la Bible ne peuvent être prises au sérieux ? Faut-il admettre que Dieu s’engage mais ne tient pas toujours parole ? Certainement pas. Ce qui fait la valeur d’une promesse c’est la personne qui la formule. Je douterai de mon plombier si je sais, par expérience, qu’il n’est pas homme de parole. Mais puisque c’est le Seigneur qui parle dans l’Écriture, je veux lui accorder toute ma confiance. Il est, par excellence, Le Fidèle. Ses paroles sont actes. D’où l’importance de fixer les regards sur Celui qui a fait la promesse, plutôt que de me fier en mes actes de foi. Plus encore, je ne place pas ma confiance dans telle ou telle promesse dont la réalisation m’arrangerait mais je m’abandonne à Dieu, l’auteur de la promesse, me laissant éclairer par Son Esprit. Alors, conscient de Sa souveraineté et préoccupé de Sa gloire, je discernerai :
1) Si oui ou non la promesse qui me vient à l’esprit ou que je viens de lire dans sa Parole me concerne vraiment et si c’est réellement le Seigneur qui me l’inspire (nombreuses sont celles qui ne me sont pas directement destinées, bien qu’il me soit utile de les méditer). Le cas de Jésus tenté au désert nous rappelle que Satan peut nous suggérer une promesse dont la poursuite nous entraînerait dans la rébellion.
2) Je ne croirai à la réalisation d’une promesse que si je suis conscient d’avoir rempli les conditions de son exaucement. Il serait vain de m’approprier le pardon de Dieu (en m’appuyant par exemple sur 1 Jean 1.7) (1) si je néglige de me repentir ou de croire au Seigneur Jésus.
(1) « Si nous marchons dans la lumière… le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1.7).
3) Quand j’aurai l’assurance que telle promesse me concerne, je me garderai d’attendre ou d’exiger une réponse immédiate de la part de Dieu, car en vérité, c’est très exceptionnellement qu’il exauce sur-le-champ. Le Dieu souverain est sage ; et ce n’est pas sans bonne intention à notre égard qu’il tarde à donner la chose demandée. Comme on peut se méprendre en considérant l’ordre de Jésus : « Croyez que vous l’avez reçu » ! Cette parole ne signifie nullement que la chose demandée est entre mes mains dès l’instant où « je crois ». Le « colis a été posté » lorsque j’ai formulé avec foi ma requête. Je suis donc assuré que « le paquet est bien parti » et c’est une bonne raison pour rendre grâces au divin « Expéditeur » pour une si prompte réponse. Maintenant, il me suffit d’attendre qu’on me remette la chose demandée, sans maugréer ni douter si le retard se prolonge. C’est avec confiance, sans m’impatienter, que j’attendrai… « jusqu’à ce que je l’aie reçu ». Ainsi se démontrera ma foi. Toute supplication qui harcèlerait le Seigneur serait déplacée.
4) Ajoutons qu’il serait sage, avant toute requête, de se poser honnêtement plusieurs questions : Ma demande est-elle conforme à la pensée de Dieu ? Est-elle formulée en vue de sa gloire et de l’avancement de son règne ? Ma requête est-elle vraiment inspirée par l’Esprit de sainteté et d’amour ?
Il est si facile d’utiliser les paroles du Seigneur pour satisfaire ses propres ambitions, ses aises ou son égoïsme. Le diable cherche parfois à nous suggérer certaines promesses alléchantes dont la réalisation nous placerait sur le trône. Il sait fort bien que, gonflés d’orgueil, nous ne tarderions pas à nous éloigner du Maître. C’est sans doute en pensant à cela que l’apôtre déclare : « Vous ne recevez pas parce que vous demandez dans de mauvaises intentions : vous ne cherchez qu’à satisfaire votre désir insatiable de plaisir » (Jacques 4.3 — Transcription : A. Kuen).
Dans son livre : « Les lois de la prière percutante » (2), J. Brown nous donne une bonne explication au sujet des prières inexaucées. « Beaucoup de chrétiens s’étonnent de voir leurs requêtes rester sans réponse. La principale raison peut-être, c’est que toutes les promesses que Jésus a données au sujet de l’exaucement de la prière se rapportent toutes au plan du Royaume de Dieu et non pas à celui du monde ; aussi faut-il construire sa vie selon les normes du Royaume de Dieu si l’on souhaite être exaucé… Même si vous allez à l’église chaque dimanche, si vous donnez la dîme, vous pouvez empêcher Dieu de vous répondre parce que vous vivez selon les desseins du monde. Dieu a exprimé cela très clairement dans sa Parole… Le conseil fondamental que je voudrais donner à celui qui tient à ce que sa prière soit exaucée est celui-ci : Vivez avec le Seigneur, avec tout ce que cela comporte… Nous devons rejeter tout ce qui relève du train de ce monde et garder nos cœurs purs ; cela ne signifie pas que nous deviendrons parfaits ; je ne suis pas parfait ; mais cela a trait à notre volonté de glorifier Dieu. Lui obéir et l’aimer dépendent de notre volonté. Si c’est cela votre désir le plus grand, alors vous connaîtrez des prières exaucées. Cela vous rendra joyeux et les gens apprécieront votre compagnie, car vous aurez l’amour de Dieu dans le cœur. Vous deviendrez consolation et joie pour votre entourage. »
(2) « Les lois de la prière percutante » de R.J. Brown. Les Carnets de Croire et servir, n° 46.
D’où le conseil : Vivez près du Seigneur, ne vous lassez pas de le rechercher, consacrez-lui du temps et vous serez gardé par le Saint-Esprit de tout égarement.
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