L’histoire de la Bible

ACTUALITÉ DU LIVRE QUI DOMINA L’HISTOIRE

20. LA BIBLE SUR ORBITE, DEVANT UN MILLIARD DE TÉLÉSPECTATEURS

« Le ciel et la terre passeront, mais Mes paroles ne passeront point » 1

1 Matthieu 24.35.

Durant toute sa vie, Voltaire (1694-1778) s’était moqué du christianisme :

« Je viens de relire quelques pages de la Bible. Vraiment, ce livre n’est plus pour notre temps. Il a fallu douze hommes pour propager le christianisme, l’erreur christocale. Je prouverai qu’un seul suffit pour l’éteindre. Et dans cent ans, la Bible sera l’almanach de l’an dernier ! »

Ainsi raisonnait le grand penseur du 18e siècle. Mais son assurance l’abandonna devant les affres de la mort. En proie à la plus vive angoisse, il supplia ceux qui l’entouraient : « N’y a-t-il personne pour me dire ce qui vient après ? » La pensée de l’éternité peut paraître absente dans l’esprit de l’incrédule ; elle le tourmente pourtant, surtout lorsqu’il s’apprête à franchir le seuil de l’au-delà.

L’histoire s’est chargée de démentir les audacieuses prévisions de Voltaire quant à la Bible. Que dirait-il donc s’il apprenait qu’aujourd’hui environ 200 millions d’exemplaires des Ecritures — dont 5 millions de Bibles complètes — sont diffusés dans le monde chaque année ? Comment réagirait le philosophe en constatant le rôle déterminant de la Parole de Dieu au siècle de l’électronique ? Que dirait-il, face aux techniciens de l’astronautique qui respectent Dieu et remettent le vieux Livre à la place d’honneur ? A l’occasion du Vol d’Apollo 8, il y eut une émission télévisée transmise en direct dans le monde entier ; après avoir tourné autour de la lune pour la première fois dans l’histoire, les cosmonautes lurent quelques versets du premier chapitre de la Genèse. L’administration postale des Etats-Unis marqua l’événement par l’émission d’un timbre commémoratif où figurent les premiers mots de la Bible : “Au commencement Dieu…»



Un aspect de l’actualité : la conquête de l’espace. Ici, le départ d’une fusée au Cap Kennedy.

La réaction ne se fit pas attendre : la Société Athéiste américaine rédigea une protestation enjoignant la NASA d’éviter que ses performances techniques ne servent aux fins de propagande religieuse. 250 000 signatures appuyèrent cette requête. Cependant, il y eut contre-réaction. Les promoteurs d’une émission radiophonique diffusée d’une station de Californie prirent une initiative inverse : en un temps record, ils rassemblèrent plus de 2,5 millions de signatures ; cette nouvelle pétition engageait la NASA à continuer de rendre honneur au Créateur lors des expériences spatiales. Aussi, les astronautes chrétiens affirmèrent-ils à nouveau leurs convictions en matière de foi, relevant ainsi le défi des cosmonautes soviétiques ; l’un d’eux, ne s’était-il pas exprimé en ces termes : « Je n’ai jamais rencontré Dieu tandis que j’étais sur orbite, par conséquent Il n’existe pas » ?



Le module lunaire rejoint la cabine Apollo.

En juillet 1969, les premiers hommes foulaient le sol de notre satellite naturel. Le module lunaire avait à peine rejoint le vaisseau spatial que les trois héros à nouveau réunis ouvraient la Bible, à la vue de près d’un milliard de téléspectateurs. Après leur exploit, ils avaient à cœur d’attribuer à Dieu la gloire qui Lui revenait : ils lurent dans le Psaume 8 :

« Quand je contemple les cieux, ouvrage de Tes mains,
La lune et les étoiles que Tu as créées :
Qu’est-ce que l’homme, pour que Tu te souviennes de lui ?
Et le fils de l’homme, pour que Tu prennes garde à lui ? » 2

2 Psaume 8.4-5.



Les astronautes ouvrirent cette Bible devant un milliard de téléspectateurs. Elle avait été offerte à la Nasa par l’Association des Gédéons, dont elle porte l’insigne. Cette Œuvre place des Bibles dans les chambres d’hôtel et d’hôpital en de nombreux pays.

Les événements contemporains se chargent de souligner la permanence du message biblique. L’actualité confère une dimension nouvelle à de nombreux passages prophétiques. Notre génération a été témoin de l’implantation d’Israël au Moyen-Orient, fait prédit par les prophètes, les apôtres, et surtout par Jésus-Christ lui-même. Bouleversements politiques, guerres, conflits sociaux, émancipation des peuples, soulèvements, nationalisme, désagrégation morale, occultisme, séductions, telles sont les caractéristiques annoncées par la Bible pour cette période mouvementée de l’histoire, coïncidant avec la fin des opportunités offertes par la grâce divine. De plus, la Parole de Dieu décrit les circonstances de demain, établissant une liste de signes précurseurs qui, aujourd’hui déjà, font réfléchir ceux que l’actualité préoccupe : formation de blocs sociaux, politiques, financiers, économiques, religieux ; apparition de dictatures préparant l’avènement du super-homme, qui bientôt régira le monde ; accroissement de la corruption, du vice, de la violence, des libertés excessives, du crime, de l’incrédulité, de l’endurcissement du cœur ; fréquence des rappels à l’ordre du Créateur permettant des catastrophes naturelles, des tremblements de terre, des famines, des épidémies ; enfin, déclin de la foi, refroidissement de la charité, apostasie de la chrétienté, multiplication des pseudo-charismes et des fausses doctrines, développement de l’œcuménisme et du syncrétisme, tous deux générateurs de la future religion universelle de l’Antichrist.



Signe des temps : l’implantation d’Israël au Moyen-Orient (cp. Matthieu 24.32).



Vestiges de la Guerre des Six Jours. La Bible annonce que la Palestine redeviendra un champ de bataille (cp. Zacharie 12.3 ; Ezéchiel 38 et 39).

L’homme moderne ne peut demeurer indifférent devant la précipitation des événements. Anxieux, il s’interroge. L’avenir et le spectre de la mort le hantent. Il est vrai que, souvent, il se livre au matérialisme où à un excès de distractions pour oublier ses véritables préoccupations. Mais il arrive aussi que ses perplexités le poussent à rechercher le Dieu de la Bible. Ecrivains ou journalistes, politiciens ou chefs d’Etat, speakers de radio ou présentateurs de télévision citent l’Ecriture sainte. La presse à sensation organise des reportages sur des sujets bibliques. Même dans le monde du théâtre, de l’opéra, du film ou du disque, les plus grands succès enregistrés ces dernières années ont tiré leurs idées maîtresses de l’Evangile. Bien sûr, il s’agit le plus souvent de véritables profanations du message inspiré. Des acteurs très capables, mais irrégénérés, ne sauraient communiquer le message divin ; en effet, il faut l’Esprit de Dieu pour saisir les choses de Dieu 3.

3 1 Corinthiens 2.14.



Signe des temps : cyclone et raz de marée au Bengale.
« Il y aura de grands tremblements de terre… il y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel. »
(Luc 21.11)

Cependant, l’intérêt du public pour ce genre de spectacles prouve que l’homme moderne a besoin de Dieu. Parce qu’il n’a pas trouvé dans l’Eglise l’amour et la paix qui émanent de Jésus-Christ, il se tourne vers un Evangile déformé, croyant y découvrir la réponse à ses aspirations spirituelles. La Bible n’est plus pour lui un ouvrage mystérieux et inaccessible : dans sa sincère recherche de la vérité, il prétend connaître l’Ecriture et en juger. Il y a donc, malgré tout, espoir pour cet homme qui refuse encore de devenir le rouage impersonnel d’une mécanique universelle :

« J’ai exaucé ceux qui ne demandaient rien,
Je me suis laissé trouver par ceux qui ne Me cherchaient pas ;
J’ai dit : Me voici, Me voici !
A une nation qui ne s’appelait pas de Mon Nom.
J’ai tendu Mes mains tous les jours vers un peuple rebelle,
Qui marche dans une voie mauvaise,
Au gré de ses pensées. » 4

4 Esaïe 65.1-2.



Editions actuelles des saintes Ecritures.

L’âge de l’électronique n’a pas étouffé la connaissance de la Bible. Il est vrai que la nouvelle théologie s’était permis de disséquer et critiquer le texte sacré. Mais dès la fin du 19e siècle une cohorte de serviteurs de Dieu ont résolument tourné le dos à ces méthodes outrageantes, se laissant instruire et transformer par l’Ecriture. Aussi ont-ils élaboré progressivement une véritable science de la Bible ; celle-ci est aujourd’hui mise à disposition de tous les croyants, sous forme d’une multitude de publications fort édifiantes : Bibles à références, concordances, dictionnaires bibliques, commentaires analytiques du texte, manuels d’étude des livres sacrés, cahiers de culture biblique, etc. C’est là une richesse spirituelle inestimable, l’aboutissement de recherches persévérantes. Des hommes saisis par Dieu ont consacré leur vie entière à cette cause. Un héritage infiniment précieux est donc proposé à la génération nouvelle, pour lui permettre de découvrir à son tour la puissance, la beauté, la transcendance et l’autorité des Ecritures. Jamais, au cours des âges, tant de trésors spirituels n’ont été offerts aux croyants désireux de se laisser enseigner par la Bible.



Peut-être votre Bible…

Il importe ici de faire mention spéciale de la Bible commentée par le Dr C.I. Scofield (1843-1921). Après la parution de plusieurs éditions des Ecritures pourvues de commentaires destructifs pour la foi, produits du rationalisme, il convenait de relever le défi par une édition pourvue de notes explicatives posant les bases de la doctrine chrétienne. La Bible Scofield (éditions de 1909, 1917 et 1967) déposa de profondes empreintes dans la mentalité du monde évangélique anglo-saxon, y engendrant de solides convictions. Traduite récemment en espagnol, en allemand et en japonais, elle est actuellement préparée en français, ce dont on ne peut que se réjouir.

A la fin du siècle dernier, Dwight L. Moody fonda le premier institut biblique à Chicago. Depuis, de nombreuses écoles bibliques s’ouvrirent, pour former des évangélistes, colporteurs, pasteurs ou prédicateurs laïcs en les pénétrant du message d’un seul Livre. Dans les pays anglo-saxons, certains séminaires théologiques ont conservé une doctrine saine, ce qui n’était plus le cas en Europe occidentale. Aussi l’établissement de facultés évangéliques fondamentalistes au niveau universitaire doit-il être considéré comme un événement d’importance survenu en notre génération.

Notre époque voit donc la multiplication des moyens divins pour préparer les évangélistes de notre génération. Une rencontre personnelle avec le Dieu de la Bible, assortie d’une connaissance approfondie du texte sacré acquise au cours d’années d’études dans les écoles, instituts ou facultés bibliques, sont les éléments indispensables à la formation des serviteurs du Seigneur pour notre temps. Ils deviennent ainsi les porte-parole de Dieu, en un monde vacciné contre les formes religieuses traditionnelles. Et lorsque leurs voix proclament le « ainsi dit l’Eternel » par la puissance du Saint-Esprit, l’Evangile pénètre encore dans les cœurs, et ceux-ci s’ouvrent à la grâce divine.

Des livres entiers pourraient être consacrés aux périlleuses aventures des envois de Bibles, parvenant providentiellement à destination en période de guerre. Lorsque, de 1940 à 1944, l’Europe ployait sous la botte nazie, l’Action Biblique a eu le privilège d’assister à de tels miracles. Pour diverses raisons, Dieu permit que la Suisse échappât au conflit ; l’une d’elles fut certainement l’impression de la Bible entreprise dans un élan de foi en faveur des pays occupés ou dévastés.

Le prophète avait dit :

« Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, l’Eternel,
Où J’enverrai la famine dans le pays,
Non pas la disette du pain et la soif de l’eau,
Mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Eternel. » 5

5 Amos 8.11.



Un centre de diffusion des Ecritures : la Maison de la Bible, siège central de la Société Biblique de Genève.

La Société Biblique de Genève, fondée en 1940 par H.E. Alexander, fut suscitée pour combattre la famine de la Parole de Dieu survenue en Europe durant la 2e Guerre mondiale.



En pleine deuxième Guerre mondiale, alors qu’aucune marchandise ne passait la frontière franco-suisse, un wagon rempli de Bibles quitta Genève pour Paris. Ici, les précieux ballots sont sur le quai de départ.

Alors que le trafic ferroviaire entre la Suisse et la France était complètement paralysé, un wagon entièrement réservé à l’Ecriture sainte passait la frontière. Quand le gouvernement collaborationniste de Vichy exerçait un contrôle serré sur les publications importées en France, l’Ecriture sainte bénéficia d’un passe-droit ; en ces jours d’antisémitisme effronté, elle aurait pu être assimilée à un livre juif, mais le responsable de la censure prit parti pour le Livre des livres : « La Bible, je la connais, je l’ai achetée autrefois sur les boulevards de Paris… » Et nous avons mieux compris pourquoi les équipes de l’Action Biblique avaient été conduites à se rendre dimanche après dimanche, pendant des années, sur les grandes artères parisiennes pour proposer la Parole de Dieu !



La Maison de la Bible de Paris, demeurée ouverte durant toute la guerre. Elle a été, pendant des années, le seul centre de diffusion des Ecritures en France.

Caisses de Bibles protégées dans les bombardements ; colis de Nouveaux Testaments et Evangiles parvenant miraculeusement à destination après de nombreux détours ; protection divine au cours des perquisitions de la Gestapo ; préservation de vies précieuses de serviteurs de Dieu subissant les camps de concentration ; ces récits poignants sont émaillés d’exploits souverains du Seigneur. Ils ne sont cependant que le maillon d’une chaîne d’interventions divines manifestées sur toute la surface de la terre pour mettre l’Ecriture sainte à disposition des populations. Comme la cime la plus élevée d’un massif montagneux, la Bible domine les événements contemporains, prouvant toujours qu’elle demeure le Livre du jour.



Radstock House, siège de la Société de Distribution des Ecritures (Scripture Gift Mission) à Londres. Cette Œuvre remarquable diffuse dans le monde entier des millions de fragments bibliques en de nombreuses langues.

C’est comme si la longue histoire de la Bible au travers des siècles s’épanouissait vers son triomphe universel. Tout esprit qui réfléchit de façon objective doit admettre la prépondérance de l’Ecriture sainte sur les œuvres philosophiques ou idéologiques de notre époque. Les livres de Karl Marx, les Pensées de Mao peuvent obtenir momentanément un certain succès, au point de battre des records dans leurs tirages, mais ils ne sauraient contester à la Bible la place de best-seller qu’elle occupe à titre permanent. Il est des éditions modernes dont les chiffres de tirage dépassent tout ce que l’on a enregistré jusqu’ici dans l’histoire de la Bible. Un récent rapport édité par l’une des sociétés bibliques parlait même du plus grand impact des Ecritures en Europe depuis Luther et la Réforme. Chaque génération y revient pour découvrir à son tour son message vivifiant. En nos temps de pollution spirituelle, d’émanations fétides et malsaines exhalées par le sous-monde, la lecture de la Bible est un tonique faisant respirer l’air pur des cimes de la gloire divine.

Bien entendu, l’homme moderne désire que les exemplaires de la Parole divine soient présentés selon les goûts du jour : qualité d’impression, disposition du texte, formats pratiques, reliures aux teintes vives, jaquettes de style publicitaire.

Il faut aussi s’adapter aux mentalités les plus diverses. Les Bibles d’une langue du sud-est asiatique se vendaient mal, parce qu’elles étaient reliées en noir. L’agent de la société biblique découvrit que la superstition locale attribuait des pouvoirs maléfiques à la couleur noire. Il fit arracher les couvertures des Bibles, puis les relia en jaune, teinte symbolisant la joie et l’espérance. En trois mois, 5000 Bibles trouvèrent acquéreurs.

Des Evangiles en langue du Népal ont remporté un succès extraordinaire. Pourquoi ? En raison de leurs illustrations de paysages himalayens. Or, les indigènes sont très sensibles aux beautés de leur patrie. Ils sont donc devenus rapidement des lecteurs assidus de la Parole divine grâce à sa présentation extérieure.



L’impression de la Bible : chaque rotation du cylindre permet le tirage de 32 pages. Ici, l’édition populaire de la Bible française (imprimerie C.J. Wyss S.A., Berne).

Fait plus important encore, il faut constamment retraduire la Bible. Les langues modernes évoluent vite. Chaque année, des termes nouveaux s’ajoutent au vocabulaire, tandis que certains mots désuets disparaissent et ne sont plus du tout compris des générations montantes. La plupart des excellentes versions du début du 20e siècle auront été révisées, voire même remplacées avant l’an 2000. Aujourd’hui, le langage choc et le style journalistique l’emportent sur la prose classique. Pour que des jeunes ne qualifient pas le texte biblique de suranné, il importe que des traducteurs le revalorisent, exprimant les mêmes vérités sous une forme moderne, les dépouillant de toute lourdeur de syntaxe et de tout ce qui peut paraître archaïque dans les constructions de phrases. Un très grand effort a déjà été entrepris dans ce domaine. Les véritables amis de la Bible ne peuvent que se réjouir de voir le texte biblique exprimé dans le vocabulaire de la nouvelle génération, et présenté de façon attrayante.



La même presse, du côté opposé : un spécialiste vérifie l’encrage.

Très heureusement, des éditions bibliques sont apparues ces dernières années sous la forme d’excellentes paraphrases. Leurs auteurs ne prétendent pas traduire littéralement l’original, mais l’exprimer en un style actuel. Il s’agit donc d’interprétations très suggestives. A titre d’exemples, citons en anglais : la « Living Bible », préparée par Kenneth Taylor, qui se répand sur une très large échelle dans le monde entier ; en français : « Lettres pour notre temps », nouvelle transcription des Epîtres de Paul, par A. Kuen.

Toutefois, la recherche de l’équivalence dynamique des termes comporte certains dangers. Sous le louable prétexte de rendre le texte plus compréhensible, l’on ne doit pas altérer le sens des phrases et des expressions bibliques, surtout lorsqu’elles définissent les fondements de la doctrine chrétienne. En italien, un jeu de mots des plus suggestifs souligne cet impératif : il ne faut pas que les traduttori (traducteurs) deviennent des traditori (traîtres). Effectivement, des réviseurs même bien intentionnés peuvent trahir la pensée divine, affaiblir ou modifier le sens des vérités bibliques, en cherchant à les rendre plus accessibles au public. Il est des termes néo-testamentaires qui sont irremplaçables dans leur signification évangélique et dynamique ; à titre indicatif, les mots repentance, conversion, justification, régénération, sanctification correspondent à des expériences définies dans le développement de la vie spirituelle. Toute substitution malheureuse peut semer la confusion dans les esprits et voiler le sens que l’Ecriture donne à de telles expressions. Certaines formes impropres, voire irrespectueuses, apparaissent hélas dans quelques récentes traductions du Nouveau Testament en langage moderne, qui font ainsi preuve de compromis et de faiblesse inquiétante dans la transmission du message inspiré.



La Bible dans une grande exposition : Exposition Coloniale, Paris 1931. 11 022 Bibles vendues en six mois. Une véritable percée s’opère dans le public, dans la métropole comme dans la « France d’outre-mer ». Grâce à l’Exposition Coloniale et une ample diffusion des Ecritures en France, la Bible n’est plus un livre inconnu…

Certains fauteurs de troubles sont allés encore plus loin en tordant le sens des Ecritures, poussant l’audace jusqu’à éditer leur bible falsifiée où ils déforment subtilement le texte pour corroborer leurs hérésies. La bible des Témoins de Jéhovah, traduite en de nombreuses langues, en est un tragique exemple. Les Mormons et les Scientistes ont même proposé leur enseignement à la place de l’Ecriture, en faisant croire qu’il s’agissait de la Bible.



La Bible dans un marché de banlieue (Saint-Ouen, au nord de Paris).

L’on ne saurait trop insister sur le danger des commentaires d’inspiration rationaliste, publiés en marge du texte biblique. Déjà au début du siècle, des Bibles annotées avaient été éditées par les adeptes de la nouvelle théologie en pays protestants. Les adjonctions au texte suscitent le doute dans les esprits, et agissent comme un levain jeté dans la farine de l’Ecriture ; finalement, elles discréditent l’ensemble de son message. Malheureusement, ces vingt dernières années ont vu apparaître une nouvelle calamité : les milieux catholiques, jusqu’alors pénétrés d’un certain respect des choses saintes, ont produit à leur tour des éditions bibliques dont les notes sont truffées de rationalisme. On l’a constaté notamment dans les récentes parutions de Bibles en fascicules, attrayantes par leur présentation, mais nocives par leurs commentaires destructeurs de la foi.

Une autre menace pèse sur le sort des futures traductions bibliques. Notre siècle a vu l’essor de l’œcuménisme, qui s’efforce de supprimer les barrières séparant les diverses fractions du christianisme. Le dialogue interconfessionnel a engendré des versions œcuméniques des Ecritures. En attendant la Bible complète élaborée conjointement par des commissions catholiques et protestantes de l’unité, plusieurs livres de l’Ancien Testament ainsi que le Nouveau Testament sont déjà sortis de presse en français ; deux éditions paraissent simultanément : une première, publiée conjointement par un éditeur catholique et un éditeur protestant, pourvue d’abondantes notes explicatives où s’expriment les opinions théologiques les plus diverses et de graves critiques rationalistes ; la deuxième, où l’on n’a ajouté au texte que des parallèles et des indications techniques, proposée par les sociétés nationales affiliées à l’Alliance Biblique Universelle.

Les Bibles œcuméniques réincorporent les Apocryphes aux livres canoniques, les faisant figurer entre les deux testaments, ce qui ne manquera pas de produire une certaine confusion dans les esprits. Enfin, ces éditions ne peuvent que confirmer le mobile qui les a fait naître et refléter les idées du mouvement dont elles sont issues : ou bien, les diverses confessions feront des concessions sur les points doctrinaux qui leur sont essentiels ; ou bien l’on cherchera à adapter le texte biblique aux credo les plus divergents, en le dépouillant de toute expression susceptible de heurter les conceptions et les susceptibilités représentées au sein de l’œcuménisme. Il est vrai que ces travers seront surtout apparents dans les notes accompagnant le texte, mais l’on ne saurait minimiser ce danger. Il est indéniable que le catholicisme officiel n’est pas prêt à démolir les épaisses murailles dressées au Concile de Trente il y a quatre siècles, et que les descendants de la Réforme ne sont que trop enclins à renier le message qui fit la force des réformateurs.



La Bible dans une foire moderne : Paris 1972.

Alors que le texte est correctement traduit, certaines annotations de la Bible œcuménique sont déconcertantes (TOB), et en particulier des préfaces introduisant chaque livre biblique. La Révélation y est présentée comme une mosaïque de fragments hétéroclites compilés par des hommes bien intentionnés, mais livrés à leurs seules ressources. Les promoteurs de la TOB ne négligent aucune indication technique, littéraire ou historique. Mais, un élément déterminant est tragiquement absent dans leur exposé de l’histoire des textes : celui de l’inspiration des Ecritures, communiquant la pensée divine dans sa pleine vérité, puis la préservant de toute altération dans la rédaction des écrits sacrés.

Autrefois, la nouvelle théologie du protestantisme sapait la foi : le rationalisme catholique prit la relève ; aujourd’hui, l’œcuménisme saisit le prétexte des progrès de l’exploration scientifique du texte biblique pour l’entacher du libéralisme théologique le plus irrévérencieux.

Devant la parution imminente des versions œcuméniques, la sentinelle doit reprendre sa trompette ; nous reprenons à notre compte les proclamations du prophète et de l’apôtre :

« Que celui qui a entendu Ma Parole rapporte fidèlement Ma Parole.
Pourquoi mêler la paille au froment ? dit l’Eternel.
Ma Parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Eternel,
Et comme un marteau qui brise le roc ? » 6

6 Jérémie 23.28-29.

« Nous ne falsifions point la Parole de Dieu, comme font plusieurs ; mais c’est avec sincérité, mais c’est de la part de Dieu, que nous parlons en Christ devant Dieu. » ? 7

7 2 Corinthiens 2.17.

Les caractéristiques de notre époque tourmentée ont été annoncées par la prophétie biblique. Sur le plan religieux, le Nouveau Testament a prédit le déclin de la piété et la recrudescence des fausses doctrines. Or, l’apostasie peut fort bien se manifester dans des tentatives d’altération du texte sacré. Il importe donc de reprendre le flambeau que les témoins d’autrefois ont si courageusement porté. Sans céder d’un pouce sur le plan de la doc- trine, ils ont enduré les plus vives souffrances pour nous transmettre une Bible intacte, exacte et sans déformation. Un seul mot d’ordre peut nous convenir aujourd’hui, celui que les prisonnières de la Tour de Constance ont gravé il y a deux siècles : RÉSISTER. L’écho de cette parole traverse les âges pour s’imposer à nos esprits :

Non, ce n’est pas ta lourde grille
Ni ton mur noir,
Sombre Tour, funèbre bastille,
Que j’aime à voir,
Mais ces traits qui par une femme
Furent sculptés,
Ce mot qui recouvre un long drame :
RÉSISTEZ !

Quand elle vit, la Cévenole
Aux cheveux blancs
Qui soutenait par sa parole
Les cœurs tremblants,
Qui relevait par son courage
Les volontés,
Portant écrit sur son visage :
RÉSISTEZ !

Quand elle vit, la femme austère,
La mort de loin,
Elle voulut que cette pierre
Fût son témoin,
Et pour prévenir après elle
Les lâchetés,
Elle écrivit sur la margelle :
RÉSISTEZ !

En ce temps-là, dans son Versailles
Le roi riait,
Tandis qu’ici, sous ces murailles,
La foi priait.
L’un écrivait dans une fête :
Persécutez !
L’autre écrivait, baissant la tête :
RÉSISTEZ !

Et c’est toi qui fus la plus forte,
Vaillante foi !
Depuis longtemps la femme est morte,
Et mort le roi.
Et pendant que sceptre et couronne
Sont emportés,
Dans la Tour, ce vieux mot rayonne :
RÉSISTEZ !


R. Saillens, évangéliste en France, 1855-1942

L’Ecriture nous exhorte à nous souvenir de la nuée de témoins qui nous ont précédés, pour courir à notre tour dans la carrière qui nous est proposée, ayant les yeux sur Christ, le Chef de notre foi 8. Le cantique ci-dessous fut inspiré des récits des martyrs covenantaires qui, au 17e siècle, arrosèrent de leur sang le sol de l’Ecosse. Cet appel est particulièrement actuel.

8 Hébreux 12.1-2.

Seigneur, fais-nous suivre les traces
De ces vrais témoins d’autrefois
Qui, bravant les haines et les menaces,
Ont su T’honorer par leur foi.
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !

Sans crainte, ils ont donné leur vie
Plutôt que de Te renier ;
Ils ont triomphé de l’apostasie,
Sans fléchir, sans jamais céder !
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !

Sur le roc de Ton divin Livre,
Ils ont affermi leur esprit,
Choisissant de souffrir et de Te suivre
En obéissant à tout prix.
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !
Ils ont défendu l’Evangile
Contre les assauts de l’erreur,
Opposant une foi ferme et virile
A l’ennemi lâche et trompeur !
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre 

Dans un monde qui se fourvoie
En de multiples compromis,
Sans dévier, ils ont suivi Ta voie,
Vivant ce que la Bible dit !
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !

Rends-nous vigilants et fidèles,
Honorant Ton Nom ici-bas,
Recommandant Ta parole éternelle
Par notre vie et nos-combats !
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !

Si les autres sans Toi s’unissent
Pour édifier leur Babel,
Même seuls, nous serons à Ton-service,
Témoins jusqu’aux portes-du ciel !
        Pour Ta seule gloire et Ta vérité,
        Apprends-nous, Seigneur, à combattre !


H.E. Alexander (1884-1957) fondateur de l’Action Biblique et des Maisons de la Bible



Diffusion des Ecritures par une voiture biblique en Italie.

L’Ecriture sainte est un don de Dieu accordé à l’humanité. Sa préservation et sa transmission au travers des âges laissent entrevoir l’action cachée, mais déterminante, du Tout-Puissant qui a voulu qu’elle nous parvienne intacte. A l’heure de l’explosion démographique contemporaine, la Bible est plus accessible que jamais, grâce aux perfectionnements de la technique et à l’essor des mass-média. Tout cela n’est pas pour plaire à Satan, l’adversaire de Dieu et l’ennemi des âmes. Ne pouvant prévenir la multiplication de la Parole divine orale ou écrite, il cherche à en perturber la communication ou à en altérer le message. Il est possible de désamorcer une charge de dynamite en coupant la mèche ; de même, l’on peut neutraliser l’effet explosif de la Parole de Dieu en insufflant le doute dans les esprits. Nous vivons une heure grave, où d’indignes spéculateurs soustraient aux âmes le testament spirituel qui leur était destiné ; le texte sacré leur parvient tronqué ou tendancieusement interprété, et nous courons peut-être vers l’époque où les lecteurs ne pourront l’obtenir qu’enveloppé dans la gangue nocive des commentaires fallacieux.

Heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Le « ainsi dit l’Eternel » se fait encore entendre :

« La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole de Christ. » 9

9 Romains 10.17.



Une librairie biblique à Madrid affiliée à l’Action Biblique.

Quels que soient les obstacles dressés par les hommes, la Parole divine dispose aujourd’hui de mille et un moyens pour se frayer un chemin jusqu’aux multitudes qui l’attendent : elle désire les mettre au bénéfice de la grâce céleste et du salut éternel en Jésus-Christ. Objectif du dernier chapitre de notre étude : démontrer que la Bible n’est pas seulement actuelle pour la collectivité humaine, mais qu’elle répond personnellement et directement aux besoins de l’homme d’aujourd’hui, comme elle a répondu à ceux de l’homme d’hier et répondra à ceux de l’homme de demain.

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