Notes sur les Paraboles de notre Seigneur

XV.
La semence qui croît en secret

Marc 4.26-29

Cette parabole, la seule qui soit particulière à l’évangile de Marc, nous montre, comme celle du Levain, la puissance invisible, secrète, de la parole divine.

« Il en est du royaume de Dieu comme si un homme avait jeté de la semence en terre et que, soit qu’il dormît, soit qu’il fût éveillé, de nuit et de jour, la semence germât et crût sans qu’il sût comment. » Qui est cet homme qui répand la semence ? Est-ce le Fils de l’homme ? ou bien sont-ce tous ceux qui vont prêcher l’Évangile du royaume ? Il y a des difficultés dans l’une et l’autre explication. Si le Seigneur lui-même est le semeur ici, comment expliquer le verset 27 ? On ne peut dire de Lui qu’il ne « sait pas comment » la semence qu’il a répandue germe et croît, puisqu’elle ne peut croître que par la présence continuelle de son Esprit dans les cœurs de son peuple. On ne saurait comparer le Seigneur à un semeur qui, après avoir jeté la semence, s’occupe d’autre chose, sachant qu’il ne peut rien faire de plus pour elle, qu’elle doit vivre de sa propre vie. Ce n’est pas là une représentation exacte de Celui qui surveille constamment son œuvre, car elle ne peut se développer sans sa bénédiction et son active coopération. Le semeur de la parabole représente-t-il plutôt les divers messagers de la vérité ? Le but de la parabole serait-il de leur enseigner que la parole qu’ils prêchent possède sa vie propre, indépendante ? Mais alors le v. 29 crée une nouvelle difficulté ; seul, le maître de la moisson, le Fils de l’homme, peut « envoyer la faucille » recueillir les saints dans la gloire, quand l’œuvre de la foi est parfaite dans leurs cœurs ?

Je ne connais aucun moyen d’échapper complètement à cette difficulté. Selon moi, le semeur, c’est, tout d’abord, le Seigneur Lui-même. L’action de dormir, et d’être éveillé, exprime que le semeur abandonne la semence à elle-même, après l’avoir répandue. Il ne juge pas nécessaire de la surveiller continuellement, après l’avoir confiée à la terre, mais il dort en pleine sécurité, tandis que la semence « germe et croît, sans qu’il sache comment. » Ces derniers mots ne présentent aucune difficulté et sont riches en enseignements précieux, lorsqu’on les applique à ceux qui, sur l’ordre de Christ, répandent la semence de vie éternelle. Ils sont invités à avoir foi en la parole qu’ils prêchent, car elle est une semence de Dieu. Quand elle a trouvé place dans un cœur, ils ne doivent pas s’inquiéter du résultat final, comme si elle ne pouvait vivre que par eux ; Dieu seul peut la faire croître (1 Pierre 1.23-25). Ils doivent se contenter de cette assurance. Le mystère de la vie de Dieu dans un cœur est insondable ; personne ne peut le comprendre. Cette vie se développe graduellement : « premièrement l’herbe, puis l’épi et ensuite le blé tout formé dans l’épi ; » ces paroles doivent être rapprochées de 1 Jean 2.12-14, où l’apôtre classe les fidèles, selon leurs progrès dans la vie spirituelle, en « petits enfants, » « jeunes gens » et « pères » ; les œuvres de Dieu dans la grâce sont aussi diverses que ses œuvres dans la nature. C’est pourquoi les messagers de l’Évangile doivent se contenter de savoir que la parole divine croît d’une manière mystérieuse ; ils doivent confier à Dieu le soin de faire lever la semence, sachant qu’elle est incorruptible et qu’il achèvera son œuvre. Sans doute, ils doivent toujours s’intéresser à l’œuvre commencée et dont ils ont été les instruments ; la terre a besoin de soleil, de pluie et d’autres influences favorables. Mais c’est une chose différente de donner la vie, ou bien de lui fournir un aliment, ce que l’Église doit toujours faire pour ses enfants.

Dans quel sens peut-on dire de Christ qu’il laisse la semence à elle-même ? Il est vrai que la vie spirituelle de l’homme est continuellement surveillée par Celui qui l’a produite, mais il est surtout deux moments dans lesquels Christ intervient : le premier, celui où se dépose la vie divine dans une âme, c’est le temps des semailles ; l’autre, lorsque cette âme est mûre pour le royaume, c’est le temps de la moisson (Job 5.26). Dans l’intervalle, l’œuvre se développe avec le secours de l’Esprit. Nous pouvons appliquer tout ceci à la croissance de l’Église universelle. Le Seigneur, lors de sa première venue en chair, sema la parole du royaume dans le monde, fonda une Église ; ensuite, il disparut ; le ciel le reçut jusqu’à la consommation de toutes choses. Souvent l’Église a imploré son retour, mais en vain ; Il la laisse au sein de la lutte, mais en lui offrant son secours. Il laisse la semence divine croître jour et nuit, sous les orages et le soleil, jusqu’à ce qu’elle produise du fruit à maturité. Lorsque la moisson du monde sera mûre, Il reviendra, réalisant la glorieuse vision de Apocalypse 14.14-16.

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