Nos enfants

LEUR APPRENDRE À DONNER

Recommande-leur de faire du bien … d’avoir de la libéralité, de la générosité et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide.

1 Timothée 6.18

J’observe ma petite fille que je viens de conduire au terrain de jeux. Elle va et vient avec son tricycle puis, lasse de pédaler, l’abandonne pour aller s’ébattre sur le sable avec les autres. Apparemment, son véhicule ne l’intéresse plus. Soudain – donc en réalité elle veillait – je la vois se redresser, faire volte-face en changeant de visage et, telle une furie, foncer en criant vers son « cher » tricycle qu’un petit garçon, bien innocemment, contemple avec envie. C’est connu : chez l’enfant, même l’objet le plus méprisé prend une valeur insoupçonnée dès l’instant où quelqu’un s’y intéresse.

En vérité, l’homme possède dès le berceau un sens très vif de la propriété et très tôt se manifeste chez lui la fâcheuse tendance à tout ramener à soi, à s’approprier par la ruse s’il le faut, ce que possède l’autre. Observez l’enfant : Ne se fait-il pas tirer l’oreille pour consentir à prêter un jouet sans valeur qu’il délaisse ordinairement ? Et que de supplications ou de menaces pour récupérer l’objet gentiment prêté quelques instants auparavant ! Ses phrases préférées ne sont-elles pas :

— C’est à moi !

— Tu me le donnes ?

— Je le veux. C’est le mien.

— Puis-je le prendre ?

Chez tout individu – et cela est d’autant plus visible chez l’enfant qui ne sait pas camoufler ses réactions – il y a la disposition à vouloir obtenir sans donner, à posséder ce que détiennent les autres, à entasser des objets pour le seul plaisir de dire : ils m’’appartiennent. Par amour pour les biens eux-mêmes, et non pour les services qu’ils peuvent rendre. Hélas, loin de combattre chez l’enfant l’âpre désir de posséder, trop de parents encouragent la cupidité sans le savoir.


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J’imagine certaines scènes :

Ici, une dame « bouscule » son tout jeune enfant qui, lèvres serrées et mine renfrognée, refuse la cuillerée de nourriture qu’elle lui tend depuis un moment avec insistance mais … sans succès. Alors la maman, apparemment inspirée, menace :

— Joël, si tu ne manges pas ta bouillie, je la donne à ta sœur.

L’argument fait merveille. Le potage, jusque là dédaigné, prend soudain aux yeux du rebelle une valeur inattendue. Ah ! Il ne faudrait pas que la grande sœur ingurgite sa part ! Aussi, brusquement décidé, l’enfant ouvre la bouche et vide l’assiette en un temps record.

Thomas revient de classe, les poches vides. Interrogé, il avoue :

— J’ai donné toutes mes billes à Jacques qui n’a pas d’argent pour en acheter. Elles lui faisaient tellement envie.

Plutôt que de féliciter le fils – ce geste généreux mérite une médaille – la mère s’indigne :

— Comment ? Je t’achète des billes et tu les distribues au premier venu ! Polisson ! Promets-mois de ne plus recommencer.

Enseigner la générosité est chose excellente pourvu que l’on prêche d’exemple. A parents généreux, enfants généreux. D’où l’importance de se montrer devant eux, par les actes plus que par les paroles, détachés des richesses et préoccupés d’offrir. A la maison, gardez-vous de trop parler d’argent, de vous entretenir constamment de bénéfices, d’actions rentables, de bonnes affaires à ne pas manquer, d’investissements qui rapportent gros, d’impôts réglés à contrecœur, de difficultés financières … Parlez plutôt de votre abondance, don du Seigneur. Dites leur que Dieu est généreux à votre égard, même si vos ressources sont modestes.

Il va sans dire qu’il faut veiller à ne pas façonner, par l’exemple d’une largesse mal inspirée, un être dépensier, habitué à jeter l’argent par les fenêtres. Il le deviendra si vous ne lui refusez rien et lui accordez tout ce qu’il désire, sans contrôle et surtout par faiblesse. L’homme généreux est nécessairement économe : il se prive pour offrir davantage.

Comment pourrai-je entraîner mon enfant à donner largement et avec joie ? En imitant telle dame qui, dernièrement rendit visite à sa voisine, maman d’une fillette de l’âge de ses enfants. Avant de partir, elle dit à ses deux filles : « Allez dans votre chambre choisir un jouet que vous apporterez à Françoise. Vous verrez comme elle sera contente » !

A son grand étonnement, l’une et l’autre s’exécutèrent sans se faire prier et revinrent tenant à la main un objet – non dépourvu de valeur – qu’elles destinaient à leur petite camarade. On devine la satisfaction de la maman. Mais bien plus, le visage épanoui et reconnaissant de Françoise recevant leur cadeau dut stimuler les filles à renouveler leur geste.

J’ai vu des chambres encombrées de jouets et de livres de prix ayant appartenu à un fils maintenant à l’armée ou marié à l’autre bout du pays. Que d’objets qui s’empoussièrent, destinés tôt ou tard à la décharge ! Que d’occasions perdues de faire des heureux et surtout d’apprendre à donner ! Beaucoup d’adultes ne savent pas offrir simplement parce qu’on ne les y a jamais incités lorsqu’ils étaient jeunes. C’est pourquoi, lorsque l’occasion se présente, suggérez à votre enfant de se dessaisir d’un dessin ou d’un instrument auquel il tient particulièrement. S’il décide de venir en aide à l’un de ses camarades moins favorisés, réjouissez-vous avec lui en l’approuvant pour son excellente initiative. Quoiqu’il en soit, ne vous lassez pas de lui inculquer de bonnes habitudes et il finira par découvrir « qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ».


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Qui veut intéresser les siens à l’œuvre de Dieu ne dira jamais en soupirant :

— Ah ! Notre pasteur réclame toujours des sous. Ce sont toujours les mêmes qui paient …

Un appel financier est au contraire une excellente occasion de leur parler de la marche de l’église ou des problèmes de la mission. Voyez en famille ce que vous pourriez faire pour atteindre plus vite la cible missionnaire. Sans doute, vos enfants devraient-ils savoir que vous mettez à part, régulièrement, une somme destinée à Celui qui a pourvu avec richesse à tous nos besoins (Philippiens 4.19). Ils pourront ainsi vous imiter plus tard. D’ailleurs, pourquoi ne pas les habituer, de bonne heure, à mettre de côté la dime de leur argent de poche ? Lors d’un culte de famille, Bible en mains, – et sans en faire une loi cependant – étudiez avec eux cette question (dimes et offrandes). Vous serez étonné de constater que ces choses les intéressent vivement.


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Enfin, exigez l’honnêteté. Pas de quartier vis à vis de la fraude, et de toute injustice, grande ou petite. Que vos enfants respectent le bien des autres et de la collectivité. Demandez-leur de restituer ce qu’ils ont dérobé. Montrez-vous déçu et malheureux lorsque le bien public a été saccagé. Évidemment, soyez un modèle sur ce point. Le croyant à l’honnêteté « élastique » ne pourra guère entrainer les siens sur la voie de la droiture et de la justice.

Il vaut la peine d’enseigner l’enfant dès son jeune âge car, avons-nous dit, les habitudes prises dans la prime enfance marquent toute une vie. C’est pourquoi : « Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité et d’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide » (1 Timothée 6.18).

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Etes-vous généreux ou attachés à l’argent et aux choses ? Portez-vous réellement et avec joie l’œuvre de Dieu, sur le plan financier en particulier ? Vos conversations en famille gravitent-elles autour de questions d’argent ? Parlez-vous souvent de la générosité du Seigneur à votre égard ?
  2. Etes-vous préoccupés de faire de votre enfant un être généreux ? Que faites-vous pour cela ? Que pensez-vous des conseils donnés plus haut ? Pouvez-vous en faire votre profit maintenant ? Cherchez comment – pratiquement – vous pourriez inciter vos enfants à « donner avec joie ».
  3. Bénissez en famille Celui qui a pourvu jusque-là à tous vos besoins, Lui qui a donné au monde ce qu’il avait de plus cher : Son Fils unique et bien-aimé.

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