Sa présence

AVEC ASSURANCE

« Approchons-nous avec un cœur sincère... puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire… »

(Hébreux 10.22, 19)

Alors que nous étions de passage à Yamoussoukro, l’actuelle capitale de la Côte-d’Ivoire, le missionnaire de la station nous dit en ouvrant la portière de sa voiture :

— Installez-vous, je vous emmène au palais du président.

Et de fait, quelques minutes plus tard nous nous présentions devant l’imposante grille derrière laquelle veille en permanence une garde impeccable mais impitoyable. Pourtant, et à mon étonnement, cet ami n’eut qu’un geste à esquisser pour être autorisé à pénétrer dans la vaste enceinte de cette magnifique construction. Notre chauffeur, qui visitait régulièrement la sœur aînée du président – une vieille dame respectable et très entourée – était assez connu pour avoir ses entrées dans ce lieu interdit.

Ce missionnaire entreprenant me fait tout naturellement penser à notre grand Ami qui, au prix de son sang, a ouvert pour nous définitivement la porte du ciel, le palais divin fermé aux pécheurs. Grâce à lui, nous avons désormais, par la foi, « une libre entrée dans le sanctuaire » ; lui seul a le pouvoir de nous introduire jusqu’en la présence du Père.

En évoquant cette vérité (Hébreux 10.19), je me demande parfois si certains prédicateurs n’ont pas obstrué à plaisir le chemin du sanctuaire en faisant croire à leurs auditeurs que ce chemin est ouvert seulement à ceux qui en sont dignes.

J’ai sous les yeux plusieurs ouvrages de la plume de chrétiens éminents dont le thème est la prière. L’un d’entre eux écrit par exemple : « Pour pouvoir prier… il faut avoir été à l’école du Saint-Esprit… Il faut avoir un cœur de sacrificateur… Il faut se nourrir de la Bible… Il faut avoir appris à déchiffrer le sens des difficultés journalières... Il faut vivre en communion constante avec Dieu… »

Ouf !

Il y a tant de conditions à remplir, tant d’obstacles à lever pour s’attendre à recevoir une réponse de Dieu, la « barre » est placée à une telle hauteur que le lecteur, découragé dès les premières pages, est tenté de renoncer à la prière en s’exclamant : « A quoi bon ? » Certes, il n’est pas inutile de dénoncer ce qui peut retenir le bras de Dieu, mais lorsqu’on traite d’un tel sujet, il est plus stimulant d’imiter l’auteur de l’épître aux Hébreux qui invite tout simplement ses lecteurs, pourtant défaillants, à rechercher sans hésiter la face du Seigneur :

« Approchez-vous avec assurance du trône de la grâce… » (Hébreux 4.16).

« Approchez-vous avec un cœur sincère… avec pleine confiance… » (Hébreux 10.22).

Etc.

N’est-il pas encourageant de savoir que de telles invitations ne sont pas adressées à des croyants chevronnés, remplis de l’Esprit et en tout point agréables à Dieu mais à des chrétiens chancelants, tentés d’abandonner le Seigneur ? Aussi, que nos déficiences ou nos échecs ne soient pas des prétextes pour rester loin de lui. S’il y a quelque infidélité à confesser ou un acte d’obéissance à accomplir, le Seigneur se chargera bien de nous le révéler avant longtemps pourvu que nous le cherchions « avec sincérité » (Psaumes 145.18 ; Hébreux 10.22). Qui s’approche honnêtement du Dieu de lumière ne manquera pas d’être éclairé. Quant à celui qui se plaît dans le désordre, la haine ou le mensonge, je doute fort qu’il ait envie de rechercher la face du Seigneur. Les plus vibrants appels à la prière ne l’atteindront sûrement pas.

Insister sur les conditions à remplir pour être admis dans la présence de Dieu risque de faire croire aux lecteurs qu’il faut être digne de l’accueil du Père pour oser l’approcher, que l’exaucement à nos requêtes se mérite par une vie exemplaire. Mille fois non ! On ne méritera JAMAIS quoi que ce soit de Dieu, surtout pas la faveur d’entrer dans le sanctuaire. C’est une grâce, non une récompense. N’est-ce pas lui qui nous convie à le rencontrer tels que nous sommes ? En reprenant la parole de Colossiens 2.6, nous pouvons dire avec l’apôtre Paul : « Comme vous avez reçu le Seigneur (tels des pécheurs indignes et repentants qui ne comptent que sur sa grâce), approchez-vous de Dieu et empruntez jour après jour le chemin du sanctuaire. »

Méditez sans hâte les textes suivants ; ils vous stimuleront à venir au Seigneur avec assurance :

— « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jean 7.37).

— « Je ne mettrai pas dehors quiconque vient à moi » (Jean 6.37).

— « Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous » (Jacques 4.8).

— « Dieu est fidèle, Lui qui vous a APPELÉS à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur » (1 Corinthiens 1.9).

Un certain enseignement a dépeint le Créateur en père fouettard, impitoyable et sans miséricorde, tenant dans la poussière et loin de lui quiconque trébuche. Alors, persuadé qu’il faut « se sentir » irréprochable pour l’approcher, le croyant se montre toujours craintif, convaincu que ce Seigneur redoutable n’ouvre sa porte qu’aux gens parfaits ou effondrés dans la poussière. D’aucuns déclarent même qu’il n’y a pas de communion possible aussi longtemps que nous « ne marchons pas dans l’obéissance ». Mais allez donc savoir ce que cette expression veut dire ? À cause de son imprécision, le terme d’obéissance recouvre tant de choses qu’il laisse le chrétien, même le plus consacré, dans une constante perplexité. Quand comprendrons-nous que la désobéissance par excellence c’est justement de rester éloigné du Père, de négliger ses appels à nous approcher de lui en comptant sur sa seule miséricorde, conscients de la valeur du sang versé au Calvaire ?

Dieu voudrait tellement nous accorder la grâce d’une vraie communion avec lui ! Et comme il souhaite nous voir partager avec joie son intimité ! Cette faveur est pour nous, pour tous les rachetés (1 Corinthiens 1.9). Faut-il répéter que nous avons « une libre entrée dans son sanctuaire » (le palais céleste) grâce au sang de la Croix ? Alors pourquoi rester éloigné de celui qui donne gratuitement ? La négligence de la prière distend les relations qui nous unissent à lui ; la vie intérieure s’en ressent ; elle s’étiole, dépérit et meurt insensiblement. N’entendrions-nous pas maintenant l’écho d’une plainte douloureuse s’échappant du cœur même de Dieu, du Dieu obligé de nous dire : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie… en abondance » (Jean 5.40). « Toutes nos ressources sont en lui, écrit O. Hallesby (1) et il ne désire rien autant que de les partager avec nous. Mais… nous oublions de prier. Le résultat ? Nous nous mouvons chez nous et au sein de l’église comme des nains spirituellement parlant, des êtres émaciés, affamés, avec juste assez de force pour nous tenir sur nos pieds, mais pas assez pour combattre le péché et servir le Seigneur. »

(1) Prière (Hallesby), Éditeur : Groupes missionnaires.

Dans un petit ouvrage dont je vous recommande la lecture (2), l’auteur imagine un être céleste venant sur la terre parmi les chrétiens évangéliques d’aujourd’hui. « Il pourrait, dit-il, se demander comment nous pouvons nous contenter d’un niveau si bas de notre expérience spirituelle. Après tout, nous avons entre nos mains un message de Dieu qui nous invite à entrer dans une sainte communion avec lui, et plus encore qui nous donne des instructions détaillées pour y parvenir. Après avoir joui intensément d’une communion libre avec Dieu et goûté à la félicité parfaite de sa présence, cet être céleste pourrait-il comprendre l’esprit superficiel et aisément satisfait qui caractérise la plupart des évangéliques d’aujourd’hui ? Et si notre ange hypothétique a connu des âmes ardentes de la trempe de Moïse, d’Ésaïe, de Paul, de Jean ou d’Étienne. il pourrait conclure logiquement que les chrétiens du vingtième siècle sont restés au seuil d’une véritable connaissance de Dieu… »

(2) La vie plus profonde (A.W. Tozer), Éditeur : Carnets de Croire et servir.

Puisque Dieu nous dit avec insistance : « Venez à moi », pourquoi le faire attendre ? Pourquoi rester plus longtemps loin de sa face puisque l’Écriture nous invite à nous approcher avec ASSURANCE de Celui qui nous à aimés le premier (Hébreux 4.16 et 10.22) ?

Questions :

  1. Conscient de mes multiples abandons dont je demande pardon à Dieu, je m’approche « avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir miséricorde et d’être secouru dans tous mes besoins » (Hébreux 4.16).
  2. Je le bénis de m’accorder « une libre entrée » dans Sa présence, non sur la base de mes mérites ou de mes humiliations cependant nécessaires, mais à cause du sang versé à la croix (« au moyen du sang de Jésus », Hébreux 10.22).
  3. Même si je n’éprouve aucune émotion, je crois, selon Jacques 4.8, que le Seigneur s’approche de moi. Alléluia !

Le péché par excellence, avons-nous dit plus haut, est justement celui de se tenir à l’écart, éloigné du Seigneur. Quelqu’un a dit : « Je ne suis pas séparé de Dieu parce que je pèche. C’est l’inverse : Je pèche parce que je suis séparé de Dieu ». Loin de son père qu’il craint, l’enfant peut subir des influences mauvaises et accumuler les bêtises. A ses côtés, il veillera et sera gardé. Le fils prodigue est tombé bien bas parce qu’il était « dans le pays éloigné », hors de la maison paternelle. Près des siens, il n’aurait pas frayé avec les prostituées. Qui se tient dans le sanctuaire (c’est-à-dire dans la présence de Dieu) et contemple le Seigneur est transformé à son image (2 Corinthiens 3.17).

L’enfant qui vient au monde est déjà séparé de Dieu, en conflit avec son Créateur. C’est un triste héritage dont il n’est pas responsable. Mais depuis que le Christ, par l’expiation, a « obtenu la réconciliation » (Romains 5.11) et jeté un pont sur l’abîme qui le tenait éloigné du Dieu de sainteté, l’homme est maintenant responsable et hautement coupable de se complaire dans la séparation. Le péché par excellence, la pire des omissions, c’est justement de ne pas franchir ce pont pour entrer dans le ciel (la porte est ouverte), c’est négliger la réconciliation avec Dieu rendue possible par le sang de la Croix. Refuser le Christ sauveur et son œuvre de rédemption, voilà le péché impardonnable. C’est pourquoi, approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous (Jacques 4.8).

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