Propos sur le temps

GAGNER DU TEMPS

Les autres camps partiront dans l’ordre où ils camperont, chacun dans son rang, avec leurs bannières.

Nombres 2.17

Il fallait une certaine dose d’humilité à ce père pour reconnaître, devant ses enfants, qu’il était désordonné… Alors, ce ne fut qu’un cri dans la famille :

— Comment ? Tu ne t’en aperçois qu’aujourd’hui. J’espère que tu classeras tes bouquins dans la bibliothèque, au fond du couloir. C’est la pagaille !

Dans un grand éclat de rire, ce croyant nous avoua qu’il lui avait fallu une semaine entière pour ranger ses affaires et, naturellement, sous les regards amusés de ses enfants.

C’est vrai, le désordre est une faute, un manque d’amour à l’égard de l’entourage obligé de subir à longueur d’année les négligences d’un proche. A maintes reprises, l’Écriture nous donne là preuve que Dieu est un Dieu d’ordre. Le récit de la création en témoigne (Genèse 1-2). Notez aussi avec quel luxe de détails l’Éternel donne ses instructions à Moïse concernant la construction du Tabernacle et l’emplacement invariable de chaque meuble précieux dans le sanctuaire. Il lui fournit aussi, et avec quelle précision, le programme rigoureux des opérations de démontage, de transport et d’érection de la tente d’assignation, ainsi que le choix et le rôle des lévites préposés au service de l’Éternel (Nombres 4). Pensez à ces deux millions de personnes fuyant en toute hâte l’Egypte. Une horde que l’Éternel organisa dans le désert du Sinaï. Il assigna à chaque tribu une place bien définie dans le camp ou dans le convoi lors des déplacements (Nombres 2). Tout était si bien disposé dans le campement israélite que le devin Balaam, en l’apercevant du sommet du Péor, fut saisi d’admiration en voyant la magnifique ordonnance de ses tentes. Au milieu de la steppe, elles lui apparurent semblables à un beau jardin en pleine prospérité : Qu’elles sont belles, tes tentes, ô Jacob !… Elles s’étendent comme des torrents, comme des jardins près d’un fleuve… comme des cèdres le long des eaux (Nombres 24.5-6).

Indiscutablement, l’ordre fait gagner du temps. Beaucoup de temps. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à tant d’heures gaspillées à chercher un document ou un objet abandonné n’importe où. Bien sûr, toute activité entraîne inévitablement du désordre. Personne ne s’étonnera de voir un salon sens dessus dessous lorsque l’épouse promène l’aspirateur entre les meubles déplacés. Une cuisine est vite encombrée à l’heure des repas. Le bureau de la secrétaire peut-il rester parfaitement rangé du matin jusqu’au soir ? La paperasse peut s’accumuler, mais une fois la tâche accomplie, chaque document doit retrouver sa place dans le classeur.

Ici j’évoque un vieux souvenir, inoubliable pour moi. Je fus accueilli par un ami des plus méticuleux. Dans son bureau propre et net, les livres étaient parfaitement alignés sur les rayons. Au cours de notre entretien, il fut appelé au téléphone et me laissa seul un bon quart d’heure. Pour occuper le temps, je m’approchai de la bibliothèque et en tirai un ouvrage que je consultai rapidement. Je le remis sur la bonne étagère, mais pas exactement à sa place, à peine deux ou trois livres plus loin. A son retour, nous reprîmes la conversation, lorsque ses yeux s’arrêtèrent soudain sur l’objet de ma faute. Il fronça les sourcils, se leva brusquement et, sans cesser de parler, se dirigea vers l’ouvrage que j’avais consulté. Il le retira et l’inséra exactement au bon endroit. Ce goût de l’ordre me parut excessif et… cependant, cet ami me donnait là une précieuse leçon dont j’avais rudement besoin. J’étais loin de lui ressembler.

Suis-je déterminé à économiser mes forces et à racheter le temps ? Vraiment résolu à ne plus gaspiller de précieuses minutes à fouiller dans les tiroirs avec humeur ? Alors…

Première règle : Je dois prendre le temps de donner à chaque objet ou document une place bien définie et invariable afin d’avoir le bon réflexe qui permet de le retrouver rapidement.

Deuxième règle : Je dois très consciemment consacrer – si possible une fois pour toutes – le tiroir, l’étagère, le classeur, le placard… à tel objet ou catégorie de documents. Il faut que la mémoire enregistre la place exacte de chaque chose. Que de fois n’ai-je pas cherché le papier que j’avais inséré « machinalement » dans un classeur. Quoiqu’il fut bien rangé, je ne savais trop où le retrouver (1).

(1) Ici, pensez aux personnes âgées qui cherchent leurs lunettes abandonnées n’importe où.

Troisième règle : Tout objet ou papier d’affaire doit être remis à la même place dès qu’il n’est plus utilisé. Le dicton est toujours de saison : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

L’ordre s’apprend, pourvu que je reconnaisse en manquer et sois décidé à acquérir cette vertu. Je prouverai ma détermination en demandant à Dieu et à mon entourage de m’alerter chaque fois que je céderai au laisser-aller.

L’enfant – c’est bien connu des parents – est négligent par nature ; il répugne à la discipline et tout effort le contrarie. Que de mamans découragées qui soupirent :

— Ah ! Mon gamin laisse traîner ses jouets n’importe où. C’est à moi de les ramasser…

— Lorsqu’il rentre de classe, il jette par terre ses vêtements et son cartable ! J’ai beau lui dire de les ranger dans la penderie.

Ou encore :

— La chambre de mon fils est un vrai bric-à-brac. Tout y est pêle-mêle. Impossible d’obtenir qu’il fasse son lit. Je suis toujours sa bonne…

Les parents qui larmoient ainsi cherchent-ils vraiment à corriger leurs enfants en exigeant d’eux ordre et propreté ? C’est une erreur de se décourager après deux ou trois interventions infructueuses, de crier tout en rangeant les affaires du fils qui traînent dans le salon.

— Je lui ai répété plus de vingt fois de plier sa serviette de table et de la mettre à sa place dans le tiroir… c’est en vain.

Non, ce n’est pas en vain, Là comme ailleurs, c’est la persévérance qui paie. C’est pourquoi, Madame, recommencez. Avec fermeté et sans vous lasser. Réclamez encore, et encore, qu’il plie sa serviette. Un jour vous vous apercevrez que votre insistance a porté ses fruits. Ce sera du temps gagné car les bonnes habitudes prises dans l’enfance marquent la vie entière. Oui, exigez sans faiblir que l’ordre règne dans votre maison :

— Jacques, range tes jouets dans leur boîte.

— Accroche ton manteau à la patère dans le hall d’entrée.

— Ne laisse pas traîner tes cahiers sur le bureau. Range-les avec soin dans ton cartable…

Ne prêtez pas l’oreille aux protestations de l’enfant. Il doit y mettre du sien. Qui aime son fils ou sa fille s’appliquera à lui apprendre l’ordre, Plus tard, il vous en sera reconnaissant.

QUESTIONS

  1. Avez-vous de l’ordre ? Qu’en est-il de votre armoire, de votre bureau, de votre cellier, de votre grenier ? Vous arrive-t-il souvent de chercher un objet ou un document ?
  2. Si c’est votre cas, voudriez-vous reconnaître devant votre conjoint ou vos enfants que vous manquez d’ordre et voulez en acquérir ? Confessez à Dieu ce péché particulier.
  3. Votre détermination ne vous entraînerait-elle pas à passer aux actes ? Bénissez le Seigneur qui peut vous rendre capable de discipline.

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