Les collines, qui forment la limite septentrionale de la plaine de Jisréel, s’étendent en ligne presque droite de l’Est à l’Ouest, de la vallée du Jourdain à la Méditerranée, et leurs pentes du côté du Sud plongent dans la province attribuée à la tribu de Zabulon. Presque au centre de cette chaîne de collines, on rencontre une sorte de brèche dans les rochers calcaires dont elles sont formées. C’est l’entrée d’une petite vallée. Lorsque le voyageur laisse la plaine, il gravit un sentier âpre et étroit, bordé d’herbes et de fleurs. La scène qui s’offre à ses yeux n’a rien ici de sublime et d’écrasant, mais elle est infiniment belle et pittoresque. Au-dessous de lui, à sa droite, la vallée s’élargit graduellement jusqu’à ce qu’elle atteigne l’étendue d’un quart de mille. Le fond du vallon est divisé par des haies de cactus, et partagé en petits champs et en jardins. Après les pluies du printemps, cette vallée présente un spectacle plein d’une paix indicible, et se revêt des teintes de la verdure la plus riche. Près du sentier, à une faible distance les unes des autres, sont deux sources. Les femmes qui viennent y puiser de l’eau sont douées d’une exceptionnelle beauté. Les petits pâtres grossiers, au vif regard, assis ou jouant sur les murs qui les entourent, revêtus de leur costume oriental aux couleurs brillantes, sont la race la plus heureuse, la plus fière, que le voyageur ait jusqu’alors rencontrée. Peu à peu la vallée s’ouvre pour devenir une sorte de petit amphithéâtre de montagnes que quelques-uns supposent être le cratère d’un volcan éteint. Là enfin, attaché aux pentes légèrement incurvées de la colline qui s’élève jusqu’à une hauteur de cinq cents pieds environ au-dessus des maisons, vous admirez, semblables à une poignée de perles dans une coupe d’émeraude, les toits plats et les étroites rues d’un petit village oriental. Ici une église, les habitations massées d’un couvent, le minaret léger d’une mosquée. Là, une source claire et abondante. Partout des maisons bâties de pierres blanches, et des jardins sur lesquels les branches des oliviers et des figuiers répandent leur ombre bienfaisante et où les fleurs aux couleurs brillantes de l’oranger et du grenadier se détachent dans leur éclat. Au printemps, du moins, tous les environs du village se revêtent d’un charme indéfinissable. Les colombes roucoulent dans les rameaux. La huppe vole avec rapidité, le rollier à la robe d’un azur brillant, l’oiseau le plus commun et le plus gracieux de la Palestine, voltige comme un saphir ailé sur les champs émaillés de fleurs innombrables. Ce petit village, c’est En-Nâzirah, Nazareth, où le Fils de Dieu, le Sauveur des hommes a passé trente années de sa vie mortelle. Nazareth — En Sarid — la fontaine de Sarid — ou Netser la branche, signification qui amène St Jérôme à le comparer à une rose ouverte et à l’appeler « la fleur de la Galilée ». C’est ici le village où Jésus résida pendant toute son existence terrestre à l’exception de trois années, et dont le nom, alors méprisable, fut inscrit sur la croix du Rédempteur ; le village qu’il ne dédaignait pas de rappeler lorsqu’il parla, le jour de l’apparition de Damas, au persécuteur Saül. Le long du sentier étroit qui y conduit son pied divin s’est posé bien souvent, car c’est le seul chemin par lequel, en revenant de Jérusalem, il pouvait atteindre la demeure de son enfance, de sa jeunesse et de son âge mûr (V. Farrar Life of Christ, p. 41) (G.R.)