Ces deux derniers chapitres de la Lettre se divisent, au point de vue de leur origine, en trois parties d’inégale longueur : 1° une sorte d’appendice chronologique, qui comprend tout le ch. 21 ; 2° un second appendice (22.1) ; 3° tout le reste du ch. 22, relatant l’histoire de la transmission du texte.
1° L’appendice chronologique.
Cet appendice nous donne de précieux renseignements, sur la date du martyre de Polycarpe, qu’on peut fixer ainsi au samedi 22 ou 23 février de l’année 155 ou 156, vers 2 heures de l’après-midi.
Sur l’exactitude de ces renseignements et leur confirmation par les découvertes archéologiques récentes, voir l’importante dissertation de Lightfoot, Apost. Fathers.
Remarquons que la Lettre des Smyrniotes commence par une suscription d’une frappante analogie avec celle de la Ire Épître de Clément aux Corinthiens. Or le chapitre 21 se termine par une doxologie calquée sur celle de cette même Épître de Clément.
De cet encadrement du tout entre une suscription et une doxologie finale empruntées toutes deux à la même source, n’est-il pas naturel de conclure que le chapitre 21, doxologie comprise, est du même auteur que le début et le corps de la Lettre, et qu’il n’est en réalité qu’un simple post-scriptum ajouté par l’auteur à sa Lettre ?
2° Deuxième appendice.
Cet appendice ne se trouve ni dans le ms. de Moscou ni dans la version latine. La doxologie qu’il contient est évidemment le fruit d’une retouche postérieure. Mais, cette doxologie mise à part, rien n’empêche de croire que ce post-scriptum soit de l’époque même du martyre. Peut-être est-il l’œuvre des Philoméliens, qui l’auraient ajouté en transmettant la Lettre des Smyrniotes à d’autres chrétientés. Sur ce point, nous sommes réduits à de simples conjectures.
3° Histoire de la transmission de la Lettre.
Ce troisième morceau se compose lui-même de deux parties : la première (22.2) est censée écrite par un certain Socrate ou Isocrate. Quant à la deuxième (22.3), elle a pour auteur le faux Pionius, comme il nous le déclare lui-même. Or cet écrivain est connu pour son peu de scrupule à invoquer des documents oui n’ont jamais existé. Il ne serait donc pas impossible que la première partie de ce troisième appendice, attribuée à Socrate, fût aussi de Pionius. En tout cas, cette histoire de la transmission des manuscrits, depuis Irénée jusqu’à Pionius, en passant par Caïus et Socrate, ne doit pas être prise au sérieux.
Ces mêmes remarques s’appliquent à l’appendice du manuscrit de Moscou, qui n’est que la reproduction un peu allongée des paragraphes 2 et 3 du chapitre 22.