« Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous comme si c’était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? » (Ac 3.12)
Aussitôt que le paralytique eut été guéri à la porte du temple par Pierre et Jean, « tout le peuple étonné accourut vers eux. » Pierre qui voit attribuer ce miracle à leur puissance et leur piété se hâte de rétablir la vérité en s’écriant que c’est à Jésus que revient toute la gloire de ce miracle, que c’est en lui qu’il faut croire.
Pierre et Jean étaient sans contredit pleins de foi et de piété, peut-être même étaient-ils les serviteurs de Dieu les plus saints et les plus fervents de leur temps, car sans cela, le Seigneur ne les aurait pas choisis pour opérer cette guérison.
Toutefois ils savent que cette sainteté ne vient pas d’eux-mêmes, qu’elle est le don de Dieu par le Saint-Esprit. Ils pensent si peu à eux-mêmes, qu’ils ignorent leur propre sainteté, et ne savent qu’une chose, c’est que toute force procède de leur Maître. Ils se hâtent donc de déclarer qu’ils ne sont rien dans cette affaire, que c’est le Seigneur seul qui vient d’agir là. Voilà le but de la guérison divine ; elle doit être une preuve de la puissance de Jésus, témoigner aux yeux des hommes de ce qu’il est, proclamer sa divine intervention et attirer à lui les cœurs. « Ce n’est pas notre propre puissance ou notre piété. » Ainsi doivent parler ceux que le Seigneur emploie à secourir leurs semblables par le moyen de leur foi.
Il n’est pas inutile d’insister là-dessus à cause de la disposition des croyants à se figurer parfois le contraire. Ceux qui ont recouvré la santé en réponse à « la prière de la foi, » à « la prière fervente du juste, » risquent de donner une trop grande attention à l’instrument employé par Dieu, à s’attacher à la pensée que c’est la piété de l’homme qui a été efficace. Sans doute la prière de la foi est le fruit d’une piété réelle, mais ceux qui la possèdent sont les premiers à dire qu’elle ne vient ni d’eux, ni d’aucun effort de leur part. Ils redoutent de dérober au Seigneur la moindre parcelle de la gloire qui lui revient, car ils savent qu’en le faisant, ils obligeraient leur Dieu à les priver aussitôt de ses grâces. Tout leur désir est de voir les âmes bénies par leur moyen entrer en communion directe et toujours plus intime avec le Seigneur Jésus lui-même, puisque c’est là le résultat que doit amener leur guérison. Aussi répètent-ils avec conviction ces mots ; « non pas par notre propre puissance ou notre piété. »
Ce témoignage de leur part est nécessaire pour répondre aux accusations erronées des incrédules. Il faut que l’Eglise de Christ entende prêcher clairement que c’est à cause de sa mondanité et de son incrédulité qu’elle a perdu ce don de l’Esprit et que c’est à ceux qui ont consacré leur vie à Dieu avec foi et obéissance, que le Seigneur le rend. Cette grâce ne peut reparaître au milieu de nous sans être précédée par un renouvellement de foi et de sainteté. Mais alors, s’écrie le monde, et avec lui un trop grand nombre de chrétiens-Vous prétendez donc posséder une foi et une sainteté d’un ordre supérieur, vous vous croyez plus saints que les autres ! À de telles accusations, il n’est d’autre réponse à donner que la parole de Pierre. C’est là ce qu’il faut répéter devant Dieu et devant les hommes et confirmer par une vie de profonde et réelle humilité. « Non pas par notre propre puissance ou notre piété. » « Non point à nous, ô Éternel ! non point à nous, mais à ton nom, donne gloire à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité. » (Ps 115.1)
Ce témoignage est encore nécessaire en face de notre propre cœur et des ruses de Satan. Tant que, par suite de l’infidélité de l’Eglise, le don de guérison n’est accordé que rarement, les enfants de Dieu qui ont reçu cette grâce courent le risque de s’enorgueillir, de se figurer avoir en eux quelque chose d’exceptionnellement méritoire. L’ennemi n’oublie pas de les poursuivre de ses attaques, et malheur a eux s’ils l’écoutent ! Ils connaissent ses ruses diaboliques, voilà pourquoi ils doivent prier sans cesse le Seigneur de les garder dans l’humilité, véritable moyen d’obtenir toujours plus de grâces. S’ils persévèrent dans l’humilité, ils reconnaîtront que plus Dieu bénira leur intervention, plus aussi ils seront pénétrés de la conviction que c’est Dieu seul qui agit par eux, et qu’à lui seul revient toute la gloire. « Non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (1Co 15.10) Tel est leur mot d’ordre.
Enfin ce témoignage a son utilité pour les âmes, faibles et avides de salut qui voudraient voir en Christ leur Guérisseur. Elles entendent parler de pleine consécration et d’obéissance entière, mais elles s’en font une fausse idée. Elles pensent qu’il s’agit d’acquérir un haut degré de connaissance et de perfection et elles deviennent la proie du découragement. Non, non. Ce n’est point « par sa propre puissance ou par sa piété, » qu’on obtient de telles grâces, c’est par une foi toute simple, une foi d’enfant qui sait ne posséder ni puissance, ni sainteté propres, et qui s’abandonne de tout son cœur à celui qui est fidèle et dont la toute puissance peut accomplir sa promesse. Oh! ne cherchons pas à être, à faire quoi que ce soit par nous-mêmes. C’est seulement quand on sent son incapacité et qu’on s’attend uniquement à Dieu et à sa Parole qu’on réalise la manière glorieuse dont le Seigneur guérit la maladie « par la foi en son nom. »