Prophétie de Jésus-Christ. Son abaissement jusqu’à la mort de la croix, sa glorification, l’étendue de son royaume jusqu’aux extrémités de la terre, et la durée perpétuelle de celui-ci.
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| 2 | Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu laissé Sans ton secours, quand je suis oppressé, Loin de ta face, hélas, quand j’ai poussé Ma triste plainte ? | 
| 3 | Le jour, ô Dieu, je t’invoque avec crainte, Sans qu’à mes cris réponde ta voix sainte ; Même la nuit, je gémis sous l’étreinte De la douleur. | 
| — 2 — | |
| 4 | Tu es pourtant le Saint et la splendeur QuʼIsraël loue, et qui fais son bonheur. Il te plut là quʼon chantât ton honneur, Ta gloire immense. | 
| 5 | Nos pères ont en Toi eu confiance, Ils ont sur Toi fondé leur assurance, Et tu leur as donné la délivrance Par ta bonté. | 
| — 3 — | |
| 6 | Ils imploraient, leur fardeau fut ôté ; Ils espéraient en ta fidélité, Ils ont reçu, loin dʼêtre rebutés, Ta grâce prompte. | 
| 7 | Et moi, je suis un ver que tout surmonte, Bien moins quʼun homme, et des hommes la honte ; Le peuple croit tout ce quʼon lui raconte Sur moi déjà. | 
| (Pause) — 4 — | |
| 8 | Quiconque voit à quel point tu mʼabats Vient se moquer et ne sʼen cache pas ; Ils font la moue et, de haut et de bas, Hochent la tête. | 
| 9 | « Ah ! disent-ils, il cherche sa retraite Auprès de Dieu, il lui fait sa requête ; Que Dieu lui donne une santé parfaite Sʼil lʼaime tant ! » | 
| — 5 — | |
| 10 | Tu mʼas tiré de ma mère pourtant, Et mʼas rempli dʼespoir en me mettant Sur sa poitrine ; ainsi jʼeus à lʼinstant Une nourrice. | 
| 11 | Je vis le jour ; ta sainte main tutrice Me recueillit, sortant de la matrice ; Tu me prouvas être mon Dieu propice Quand je suis né. | 
| — 6 — | |
| 12 | Ne te tiens pas de moi si éloigné Quand le péril de si près mʼa cerné, Sans que personne ait voulu me donner Secours ou grâce. | 
| 13 | De forts taureaux mʼentourent et menacent ; Taureaux puissants de Basan, terre grasse, Pour mʼassiéger mʼont suivi à la trace En me pressant. | 
| — 7 — | |
| 14 | Ils rôdent comme un lion menaçant Après sa proie en fureur rugissant, Gueule sur moi sans abri languissant Ouverte toute. | 
| 15 | Je suis pareil au tissu quʼon égoutte ; Mes membres ont leurs jointures dissoutes ; Comme la cire en moi fond goutte à goutte Mon cœur fâchéa. | 
| (Pause) — 8 — | |
| 16 | Mon corps comme la tuile est asséché ; Jʼai le palais à la langue attaché ; Proche est la tombe où tu veux me coucher, Réduit en cendre. | 
| 17 | Déjà les chiens mʼencerclent pour me prendre, Des criminels je ne peux me défendre Ils sont venus pour transpercer, pour fendre Mes pieds, mes mains. | 
| — 9 — | |
| 18 | Je peux compter mes os secs et malsains Au grand plaisir des cruels inhumains Qui nʼont pour moi que des regards hautains, Et des critiques. | 
| 19 | Soldant mon bien sur la place publique, Ils se sont dit : reste encor la tunique ; Jetons les dés, que le sort nous indique. Qui donc lʼaura. | 
| — 10 — | |
| 20 | Mais Toi, Seigneur, Toi, ne tʼéloigne pas, Tu es ma force et ton secours viendra. Oui, viens encor me prendre entre tes bras Qui me rassurent. | 
| 21 | Défends mon âme en ces heures si dures Contre lʼépée et toutes ses blessures, Contre le chien, les griffes, les morsures De lʼenragé. | 
| — 11 — | |
| 22 | Toi qui peux seul répondre à lʼaffligé, Délivre-moi, reviens me protéger ; Buffles, lions me tiennent assiégé, Bêtes cruelles. | 
| 23 | Jʼannoncerai à mes frères fidèles Ton Nom très haut, tes vertus immortelles Dans lʼassemblée où ta louange est belle, Parlant ainsi : | 
| (Pause) — 12 — | |
| 24 | Vous tous croyants, louez donc Dieu ici, Fils de Jacob, louez son nom aussi ; Vous tous, enfants dʼIsraël, donnez-lui Votre âme entière. | 
| 25 | Car il entend lʼhomme dans la misère Et, lʼéclairant de sa vive lumière, Il a montré sa bonté singulière En sa faveur. | 
| — 13 — | |
| 26 | Devant ton bon peuple amassé, Seigneur, Jʼirai chanter un hymne en ton honneur Et mʼacquitter des vœux que fit mon cœur Dans la détresse | 
| 27 | Le pauvre vient manger avec largesse Et, cherchant Dieu, le bénira sans cesse ; Vous qui nʼavez dʼespoir quʼen sa promesse, Vos cœurs vivront. | 
| — 14 — | |
| 28 | En y pensant, tous se convertiront, Ils reviendront à Dieu, le serviront, De tous pays il se prosterneront, En ta présence | 
| 29 | Car ils sauront quʼà ta Divine essenceb Seule appartient règne et magnificence. Tu es des cœurs humains par excellence Vrai conquérant. | 
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| 30 | Avec le riche et les gens de haut rang, On pourra voir le malade accourant ; Tous les mortels qui sans Toi sont néant Te rendront gloire. | 
| 31 | Puis leurs enfants prêt à servir, à croire Sʼinclineront, et en tout territoire De père en fils il sera fait mémoire Du Tout-Puissant. | 
| — 16 — | |
| 32 | Dans ce royaume à jamais florissant On viendra dire à chaque enfant naissant Ce que Dieu fit pour l’homme en agissant Dans son histoire. | 
a Fâché. Sens fort : consterné.
b Divine essence : nature divine