Fusion progressive des descendants des réfugiés dans la société américaine. — Disparition de la langue française. — Église de Charlestown.
Il est facile encore aujourd’hui de retrouver les descendants des huguenots dans toutes les provinces de la république des États-Unis, particulièrement à New-York, dans le Maryland, la Virginie et dans les deux Carolines. Ils se distinguent des colons anglais par une sociabilité plus grande, des formes plus expansives, et par une certaine vivacité de caractère et de langage qui contraste avec la roideur britannique. Il est moins aisé de les reconnaître à leurs noms traduits en anglais ou altérés par une prononciation vicieuse. De même qu’en Angleterre, en Hollande et en Allemagne, et par l’effet des mêmes causes, les fils et les petits-fils des réfugiés se fondirent peu à peu dans la société qui avait accueilli leurs pères. Leurs communautés se rattachèrent successivement soit aux Églises presbytériennes, soit à l’Église épiscopale, soit aux Églises réformées hollandaises. La langue française s’effaça à son tour, et avec elle se brisa l’un des derniers souvenirs qui leur rappelaient la patrie de leurs ancêtres. Toutefois, dans les villes où ils étaient assez nombreux pour posséder des églises distinctes, ils conservèrent plus longtemps l’usage de leur idiome national. A Boston on prêchait encore en français à la fin du dix-huitième siècle. A New-York, en 1772, le service divin se célébrait à la fois en français et en anglais, quoique cette communauté fût réunie depuis longtemps à l’Église anglicane. Dans une lettre adressée cette année par les diacres et les anciens à l’Église française de Londres, que les huguenots d’Amérique regardaient comme une Église mère, ils demandèrent expressément un pasteur qui pût leur interpréter l’Évangile dans les deux langues. La colonie de Charlestown a maintenu seule jusqu’à ce jour et la liturgie calviniste dans sa pureté primitive, et l’exercice exclusif du culte public dans la langue que parlaient ses premiers fondateurs.
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