Comme nous voulons procéder avec ordre dans la preuve des premières vérités de la religion, nous ne ferons que tirer nos avantages du principe que nous venons d’établir, qui est la vérité de l’existence de Dieu : cette vérité nous conduira d’abord aux autres par une chaîne de conséquences légitimes et naturelles.
Nous établirons premièrement l’idée de Dieu, en supposant la vérité de son existence. Nous prouverons en second lieu la nécessité d’une religion en général, par la simple idée de Dieu. La nécessité d’une religion bien établie nous conduira ensuite aux principes de la religion naturelle ; enfin, l’inutilité de la religion naturelle, depuis que les hommes en ont abusé par un effet de leur corruption, nous conduira à la connaissance d’une révélation ajoutée à celle de la nature, et qui répare les désordres du genre humain, que la corruption avait produits.
Voilà les quatre degrés par lesquels nous devons conduire l’esprit du lecteur dans cette section. Nous y avons à combattre ceux qu’on nomme déistes, qui peuvent se partager en quatre ordres : ceux qui se font une idée bizarre de la divinité ; ceux qui, ayant une idée de Dieu qui avait paru d’abord assez juste, lui attribuent de ne prendre aucune connaissance de ce qui se fait sur la terre ; ceux qui, tenant que Dieu se mêle des affaires des hommes, s’imaginent qu’il se plaît dans leurs superstitions et dans leurs égarements ; et enfin ceux qui reconnaissent que Dieu a donné aux hommes une religion pour les conduire, mais qui en réduisent tous les principes aux sentiments naturels de l’homme, et qui prennent tout le reste pour fiction. On verra l’extravagance de ces quatre sortes d’incrédules, par l’opposition des quatre principes dons nous avons parlé.