Mon Dieu, je te rends grâces de la communion de sentiments et de pensées que tu as établie entre tous tes enfants. Oui, Seigneur, elle m’est infiniment douce, parce qu’elle fortifie ma foi et me donne des amis dans toutes les contrées, dans tous les siècles. Béni sois-tu d’avoir mis un écho dans mon cœur pour retentir à la Parole de Jésus, de Paul, de Pierre, de Jean, et de tous les frères qui m’ont laissé l’expression de leurs pensées. En les lisant, il me semble que je vis en eux, qu’ils revivent en moi ; que je les connais, qu’ils m’ont connu, et que déjà nous nous donnons la main. Fais-moi donc trouver le temps de méditer les paroles de ceux que tu as déjà rappelés à toi, et l’occasion d’entendre ceux qui peuvent, encore, de vive voix, m’entretenir de ta bonté. Donne-moi de chercher, en tous, ce qui m’édifie, de supporter ce qui m’étonne, de redresser avec douceur ce qui me semble dévié, et que jamais l’aigreur ne vienne altérer cette précieuse communion. Mais, hélas ! nous aimons souvent mieux contredire qu’applaudir, mieux discuter que sentir. Nous aimons à porter la cognée de la dispute où nous devrions verser l’huile de l’onction, pourvu que le résultat de nos efforts soit de nous donner raison ! Oui, Seigneur, cet être capable de jouir de la communion des saints, est le même qui se plaît à disputer avec les saints ! cet être qui cherche la vérité et l’édification est le même qui, par vanité, tord la vérité et ruine l’édification ; et cet être contradictoire, c’est moi, moi qui te demande d’enlever de mon cœur cette susceptibilité orgueilleuse, pour me laisser jouir en paix de la sainte communion avec tous les chrétiens. Hélas ! Seigneur, ma prière, aujourd’hui comme tant d’autres fois, a commencé par une action de grâces et elle finit par un aveu ! Eh bien ! je t’en remercie encore, c’est me faire du bien que de m’apprendre à me connaître ; découvre-moi, Seigneur, toutes les plaies de mon cœur, les unes après les autres, et viens ensuite y verser le baume de ton pardon, afin qu’un jour, complètement guéri et sanctifié, je n’aie plus qu’à te rendre grâce dans un éternel alléluia !