Verset 26 : « Que faire donc, frères ? Lorsque vous vous assemblez, les uns où les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l'édification. »
Τί | οὖν | ἐστιν, | ἀδελφοί ; | |||
ti | oun | estin, | adelpho ? | |||
Que | faire | donc | frère ? | |||
(littéralement : Quoi donc, frères ? ou : Qu'en est-il donc, frères ?) |
ὅταν | συνέρχησθε, | ἕκαστος | ψαλμὸν | |||
hôtan | synerchesthé, | hékastos | psalmon | |||
lorsque | vous vous réunissez | chacun (de vous) | (2) un psaume |
ἔχει, | διδαχὴν | ἔχει, | ἀποκάλυψιν | ἔχει, | ||||
échei ? | didachên | échei | apokalypsin | échei ? | ||||
(1) a-t-il ? | un enseignement | a-t-il ? | une révélation | a-t-il ? |
γλῶσσαν | ἔχει, | ἑρμηνείαν | ἔχει· | |||
glôssan | échei ? | hermêneian | échei | |||
une langue | a-t-il ? | une interprétation | a-t-il ? |
πάντα | πρὸς | οἰκοδομὴν | γινέσθω. | |||
panta | pros | oïkodomên | guinesthô | |||
(1) (Que) tout | (3) pour (en vue de) | (4) l'édification | (2) se fasse |
Verset 27 : « En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent chacun à son tour, et que quelqu'un l'interprète » ;
εἴτε | γλώσσῃ | τις λαλεῖ, | ||
eité | glôssêï | tis lalei | ||
(1) si | (3) en une langue [étrangère] | (2) quelqu'un parle |
κατὰ δύο τὸ πλεῖστον |
kata duo ê to pleiston |
(4) par deux ou au maximum |
τρεῖς, καὶ ἀνὰ | μέρος, | καὶ εἷς | διερμηνευέτω· | |||
treis, kaï ana | méros | kaï heis | diermêneuétô | |||
trois, et (chacun) | à son tour | et que | l'un traduise |
Verset 28 : « s'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'église, et qu'on parle à soi-même et à Dieu ».
ἐὰν δὲ | μὴ | ᾖ | διερμηνευτής, | σιγάτω | ||||
éan dé | mê | êï | diermêneutês | sigatô | ||||
si pourtant | il | n'y a | pas de traducteur, | qu'il garde le silence |
ἐν | ἐκκλησίᾳ, | ἑαυτῷ | δὲ | λαλείτω | ||||
en | ekklêsiaï | héautôï | dé | laleitô | ||||
dans | l'assemblée | (3) à lui-même | (2) au contraire | (1) qu'il parle |
καὶ τῷ | θεῷ. | |
kaï tôï | ||
(4) et à | Dieu |
Verset 29 : « Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent ».
προφῆται | δὲ | δύο ἢ τρεῖς | λαλείτωσαν | |||
prophêtaï | dé | duo ê treis | laleitôsan | |||
(1) (que) les prophètes | (2) d'ailleurs | (4) deux ou trois | (3) parlent |
καὶ | οἱ ἄλλοι | διακρινέτωσαν· | ||
kaï | hoö alloï | diakkrinétôsan | ||
et (que) | les autres | jugent |
Verset 30 : « et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise ».
ἐὰν | δὲ | ἄλλῳ | ἀποκαλυφθῇ | καθημένῳ, | ||||
éan | dé | allôï | apokalyphthêï | kathêmé,,nôï | ||||
(1) si | (2) cependant | (4) à un autre | (3) il est révélé (quelque chose) | (5) qui est assis |
ὁ πρῶτος | σιγάτω. | |
ho prôtos | sigatô | |
(que) le premier | se taise |
Verset 31 : « Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés ».
δύνασθε | γὰρ | καθ' ἕνα | πάντες | προφητεύειν, | ||||
dynasthé | gar | kath' héna | pantés | prophêteuein | ||||
(2) vous pouvez | (1) car | (5) chacun à son tour | (3) tous | (4) prophétiser |
ἵνα | πάντες | μανθάνωσιν | καὶ | πάντες | παρακαλῶνται. | |||||
hina | pantés | manthanôsin | kaï | pantés | parakallôntaï | |||||
pour | que tous | apprennent | et (que) | tous soient | avertis (ou : exhortés). |
Verset 32 : « Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ».
καὶ | πνεύματα | προφητῶν | προφήταις | |||
kaï | pneumata | prophêtôn | prophêtaïs | |||
(1) d'ailleurs, | (2) les esprits | des prophètes | (4) aux prophètes |
ὑποτάσσεται, |
hypotassétaï |
(3) sont soumis |
Verset 33 : « car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix ».
οὐ γάρ ἐστιν | ἀκαταστασίας | ὁ θεὸς | ||
ou gar estin | akatastasias | ho théos | ||
(1) parce que (3) n'est pas | (4) (un Dieu) de désordre | (2) Dieu |
ἀλλὰ εἰρήνης. |
alla irênês |
(5) mais de paix. |
Verset 40 : « Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre ».
πάντα | δὲ | εὐσχημόνως | ||
panta | dé | euschêmonôs | ||
(1) tout | (2) pourtant | (4) avec bienséance |
καὶ | κατὰ | τάξιν | γινέσθω. | |||
kaï | kata | taxin | guinesthô | |||
(5) et | avec | ordre (selon l'ordre) | (3) doit être fait. |
Dans cette partie finale du chapitre, Paul met l'accent sur un principe fondamental : celui de l'ordre et de la bienséance dans l'assemblée. Il a terminé son argument à partir du verset 25. Maintenant, il donne des conseils pratiques pour le déroulement des rencontres de l'église.
En dépit de la plupart des versions existantes, il me semble que nous devons lire le verset 26 comme une longue question, ou plutôt, une série de questions. Sans cela, nous faisons dire à l'apôtre ce qui me paraît un non-sens, comme si chaque croyant devait tout faire lui-même : « chacun à un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation »... ce qui n'est certainement pas la pensée de l'apôtre. Il est évident que la traduction que j'offre est parfaitement légitime car, en grec, les formes affirmative et interrogative sont généralement les mêmes, comme ici. De plus, comme nous l'avons déjà remarqué, la ponctuation n'avait pas encore été inventée à cette époque-là. D'ailleurs, cette phrase — ou plutôt, cette série de petites phrases — s'intègre bien mieux dans l'argument de Paul si nous lui reconnaissons un sens interrogatif. Ainsi, nous lirons :
« Quoi donc, frères ? Lorsque vous vous réunissez, est-ce qu'en fait chacun a un psaume, un enseignement, une révélation (c'est-à-dire, sans doute : une prophétie), une langue, une traduction ? »
La réponse à cette question est évidemment : non. Dans l'assemblée, chacun peut contribuer pour sa part à condition que Dieu l'inspire ! Mais il serait inconcevable que chaque frère et chaque sœur fasse toutes ces choses en une seule réunion !
Ah ! Je sais qu'il existe, c'est vrai, un grand nombre d'églises où la responsabilité de toutes les activités de la communauté reste entre les mains d'un seul homme ! Mais même lui ne peut tout faire à la fois. Paul concevait l'église en tant qu'équipe où chaque membre avait sa place indispensable. Dans une véritable équipe, il ne peut y avoir ni parasites, ni paresseux : tout le monde est engagé à fond dans une action commune. Il en est de même pour l'église selon ce que notre Seigneur Jésus nous a enseigné dans Matthieu 18, Marc 9 et Jean 13. Et les plus grands sont ceux qui servent !
Il y a d'autres églises où chacun veut en effet apporter sa contribution, mais dans des conditions de confusion et de désordre qui traînent le nom de Christ dans la boue. Que Dieu nous donne la vitalité de l'église apostolique avec, en même temps, le bon ordre sur lequel les apôtres insistaient sans cesse !
Paul clarifie sa pensée en faisant suivre sa question par un commandement précis :
« Que tout se fasse pour l'édification ! »
La valeur du don individuel ne consiste pas dans l'exploitation du don, mais dans l'édification de la communauté. Voilà pourquoi Paul insiste sur la nécessité pour chacun de restreindre ses impulsions, par décence, par respect pour ses frères, et de ne pas se mettre en avant ; il dit de parler, d'annoncer les oracles de Dieu, avec une entière sincérité, avec conviction, même avec autorité si le Saint-Esprit met une parole sur son cœur ; mais il doit reconnaître que son frère, lui aussi, peut avoir un message à livrer de la part de Dieu. Il faut savoir s'attendre les uns aux autres, ou plutôt, s'attendre tous à Dieu pour le bien de tous.
Tout doit être contrôlé, vérifié selon la Parole de Dieu. Comme le dit Jean dans sa première épître (1 Jean 4.1-3) :
« N'ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu ; car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. »
C'est pourquoi, selon Paul, le message du prophète, lui aussi, doit être soumis à ce même contrôle : « que les autres jugent », dit-il ; ou, mieux traduit : « que les autres pèsent » ce qui est dit. Il veut qu'ils fassent comme ses auditeurs de Bérée qui « examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu'on leur disait était exact » Actes 17.11-12. Reconnaissons-y un commandement de Dieu.
D'ailleurs, celui qui prêche doit être à tout instant prêt à écouter un autre si celui-ci reçoit une lumière divine essentielle sur la question que l'on traite (1 Corinthiens 14.30). Cela ne signifie évidemment pas que n'importe qui peut interrompre à tout instant et encore moins si l'interruption ne porte pas sur le sujet traité !
Or, si les prophéties doivent être contrôlées, à combien plus forte raison les langues !
Quant aux langues, Paul insiste sur une traduction. Voici, par exemple, un frère venu de Bithynie, qui désire de tout son cœur partager avec l'assemblée la pensée que Dieu a mise sur son cœur... Eh bien, dit Paul, qu'il parle, mais uniquement si quelqu'un dans l'assistance est prêt à le traduire en grec. Voilà, par contre, un autre frère, originaire de Galatie, qui ferait mieux de se taire complètement puisqu'il n'y a personne dans l'assistance qui soit capable d'interpréter son message.
« Que tout se fasse, dit Paul au verset 40, avec bienséance et avec ordre ! »
Car, dit-il au verset 33, « Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix. »
Tout ce qui n'édifie pas la communauté doit être exclu de l'emploi du temps. Personne n'a le droit de confondre ses désirs ou ses idées personnels avec l'élan du Saint-Esprit. Quand un homme dit de son action : « C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas le retenir, il fallait que je parle », nous pouvons soupçonner un manque de cette maîtrise de soi-même qui est un aspect intégral du fruit de l'Esprit Galates 5.22. Par contre, dit Paul, « les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (verset 32).
La différence entre l'action de l'Esprit de Dieu et celle des esprits démoniaques, c'est que l'action de l'Esprit de Dieu est accessible au contrôle de la Parole de Dieu ; celui qui parle par le Saint-Esprit est entièrement conscient de ce qu'il fait et entièrement maître de son propre esprit. Le fait de sa soumission à l'autorité de l'Esprit de Dieu, n’enlève rien à l'homme de sa dignité humaine, de sa liberté en tant qu'être fait à l'image de son Créateur. Les esprits de Satan, par contre, cherchent à posséder un homme au point de lui enlever sa volonté et son humanité.
Un dernier point à noter avant de passer à la conclusion de Paul à la fin de son chapitre 14 : il nous dit que tous les croyants peuvent prophétiser successivement (verset 31). Nous ne sommes évidemment pas tous prophètes, mais tous nous pouvons, à l'occasion, apporter une exhortation à nos frères. Il faut pourtant remarquer que l'apôtre n'en dit pas autant à l'égard du « parler en langues ». Il reconnaît l'existence du don ; mais il n’enseigne nulle part la nécessité de parler « en langues » ; il ne dit même pas que cela soit souhaitable pour chacun. Ses écrits ne contiennent pas un seul commandement de parler « en langues ». Si le « parler en langues » était obligatoire ou même avantageux pour tout croyant, l'Esprit de Dieu nous l'aurait dit textuellement. Or, il n'en est rien. Ceux qui enseignent autre chose, doivent tenir compte de cette parole du Seigneur Jésus-Christ : « C'est en vain qu'ils m'honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d'hommes » Matthieu 15.9
Dans ce court passage, l'apôtre se permet une digression sur la place de la femme dans l'assemblée. Cette question n'entre pas dans le sujet que nous étudions, nous le laissons donc de côté et passons directement aux versets 36 à 40, où Paul apporte la conclusion à son argumentation sur la place du don des langues dans l'église.
Toutefois, si Paul ajoute ces versets, c'est parce qu'il connaît la prédisposition du sexe féminin pour la communication avec les puissances occultes.
« Est-ce de chez vous que la Parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à vous seuls qu'elle est parvenue ?
Si quelqu'un croit être prophète ou inspiré, qu'il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur.
Et si quelqu'un l'ignore, qu'il l'ignore. »
Verset 36
ἢ | ἀφ' ὑμῶν | ὁ λόγος | τοῦ θεοῦ | ἐξῆλθεν, | ||||
ê | aph'hymôn | ho logos | tou théou | exêlthên | ||||
est-ce en fait | de chez vous | que la Parole | de Dieu | est sortie ? |
ἢ | εἰς ὑμᾶς | μόνους | κατήντησεν; | |||
ê | eis hymas | monous | katêntêsen ? | |||
ou alors | est-ce à vous | seuls | qu'elle est parvenue ? |
Verset 37
Εἴ τις | δοκεῖ | προφήτης εἶναι | ἢ πνευματικός, | |||
ei tis | dokei | prophêtês einai | ê pneumatikos | |||
si quelqu'un | se croit | prophète | ou spirituel, |
ἐπιγινωσκέτω | ἃ γράφω ὑμῖν | ὅτι | ||
épignôskéto | ha graphô hymin | hoti | ||
(1) qu'il comprenne bien | (3) que les choses que je vous écris | (2) que |
κυρίου |
kyriou |
(3) du Seigneur c'est-à-dire : du Seigneur Jésus |
ἐστὶν | ἐντολή | |
estin | entolê | |
(1) sont | (2) le (ou : un) commandement |
Verset 38
εἰ | δέ τις | ἀγνοεῖ, | ἀγνοεῖται. | |||
ei | dé | agnoei | agnoeitaï | |||
mais | si quelqu'un | ne (le) reconnaît pas, | c'est qu'il n'est pas lui-même reconnu [de Dieu] |
Une réprimande
Nous ressentons clairement, en lisant ces trois versets, une certaine impatience, un avertissement de la part de l’apôtre. Il reproche aux chrétiens de Corinthe un orgueil spirituel qui les amène à se croire les seuls dépositaires de la Parole de Dieu ; il discerne chez eux une attitude sectaire, comme si les origines de l'Évangile venaient de Corinthe, et comme si cette église était la seule à en avoir reçu la révélation complète (verset 36).
Il leur fait comprendre que l'enseignement qu'il vient de leur donner dans ce chapitre n'était pas son opinion personnelle seulement, mais en réalité un « commandement du Seigneur ». Cette expression est significative. Le mot « commandement » traduit le grec entolê qui s'applique presque exclusivement dans la Bible aux commandements de Dieu dans la loi de Moïse et à ceux du Seigneur Jésus dans le Nouveau Testament.
L'insistance de Paul sur le fait que son enseignement est un commandement « du Seigneur » renforce l'autorité divine de son enseignement dans ce chapitre. Le mot « Seigneur » traduit le grec kyrios, employé généralement sans article dans la Bible, comme ici, en tant que titre de Dieu. Pour les Juifs de l'Ancien Testament, le grec kyrios correspondait au nom sacré du Créateur (hébreu : Yahvé, dont la forme hybride « Jéhova » est une altération). Il est très significatif que les apôtres, eux-mêmes Juifs, n'hésitèrent pas dans le Nouveau Testament à appeler Jésus par ce même titre : kyrios (sans article), par lequel ils reconnaissaient sa divinité. Paul se réclame donc d'une autorité exceptionnelle pour ce qu'il enseigne sur la question que nous traitons. Nous ferions bien de ne pas le prendre à la légère.
L'apôtre ajoute :
« Si quelqu'un ne veut pas reconnaître (ou : ne reconnaît pas) [que cet enseignement est un commandement du Seigneur], c'est qu'il n’est lui-même pas reconnu [c'est-à-dire, sa propre autorité n'est pas reconnue par le Seigneur : il parle, non par l'Esprit de Dieu, mais par la chair]
Voilà, je crois, le sens véritable du verset 38, que la plupart des versions ne semblent pas avoir entièrement saisi.