« La jalousie met un homme en fureur ».
Une jeune épouse, mariée depuis peu, me déclare :
– Toujours inquiète, je pleure lorsque mon mari est loin de la maison, au travail ou en voyage. Je me dis : Il va rencontrer des femmes plus jolies que toi et il ne manquera pas de s’intéresser à elles. Aussi, je lui fais des reproches chaque fois qu’il rentre avec quelque retard. D’ailleurs, aux diverses rencontres de l’église, je l’observe et constate qu’il est particulièrement aimable avec les filles de la paroisse. Je le lui fais remarquer mais il ne comprend pas. C’est terrible ! Je ne vis pas lorsque nous sommes séparés et je pleure souvent … et souvent, il me trouve en larmes …
Ici, je refuse de donner raison à la jeune épouse, justement parce qu’elle est mariée de fraîche date. Il ne fait aucun doute que ses soupçons ont pour origine la crainte, la peur d’être supplantée, préférée et finalement abandonnée.
La jalousie peut avoir trois causes au moins :
a) Ou bien elle est le produit d’une crainte maladive, séquelle d’un passé douloureux. Qui a souffert dans un foyer brisé par l’adultère sera inévitablement marqué par ce drame et aura sans doute la hantise que pareil malheur ne l’atteigne un jour.
b) Ou bien, elle est le fruit empoisonné d’une certaine éducation ou de l’influence exercée par une mère (ou un père) jalouse et éprouvée qui a cru devoir, et à maintes reprises, avertir ainsi sa fille :
— Tu sais, ma chère, tous les hommes sont les mêmes. Ils ne peuvent pas croiser une belle femme sans la convoiter, sans désirer coucher avec elle. Les hommes sont changeants et l’on ne peut guère se fier à eux. Quand tu te marieras, suis bien mon conseil : Surveille ton mari de près …
c) Ou bien ces soupçons naissent-ils chez une personne qui a la tendance de se sous-estimer, qui doute d’elle-même et de ses moyens et finalement ne se croit pas à la hauteur de sa position d’épouse. Elle se juge sévèrement, défavorablement en disant par exemple : « Je ne suis pas assez jolie pour lui, pas assez attrayante, assez intelligente, assez avenante ou douée. Certainement, mon mari me le reproche mais il ne veut rien me dire … » Dans ce climat de suspicion, une coïncidence, un geste, une parole, un fait anodin, bref, un rien, prennent une valeur de preuve, aussi la situation va-t-elle se dégradant au fil des jours.
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Je pense encore à tel mari qui abandonnait son travail plusieurs fois dans la journée pour se rendre chez lui à l’improviste dans le but de surprendre sa femme qu’il soupçonnait d’infidélité. D’ailleurs, bien à tort, cette épouse aux grandes qualités étant réputée honnête et irréprochable par tous ses voisins. Hélas ! Ce foyer devait être, à La longue, irrémédiablement ruiné.
La jalousie fait un travail de sape : elle mine le conjoint soupçonneux, empoisonne l’atmosphère de la maison et finalement divise les époux. Je sais qu’il est humain et juste qu’une femme possédant toutes les preuves de l’infidélité de son mari – lequel a été pris sur le fait – réagisse violemment à son égard et éprouve dans son cœur une profonde jalousie. L’amour est exclusif et n’acceptera jamais que le « bien-aimé » se donne à une autre personne. C’est dans ce sens que l’Écriture parle de ce sentiment : « L’amour est fort comme la mort. La jalousie est inflexible comme le séjour des morts. Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de l’Éternel. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour … Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison, il ne s’attirerait que le mépris. (Cantique des Cantiques 8.6-7). L’Éternel n’est-il pas un « Dieu jaloux » ? Pourrait-il supporter un instant que soit dirigée sur un autre – donc un faux dieu – l’adoration qui lui est due, à Lui seul ? Mais à côté de cette « sainte jalousie », il en est une autre, coupable et injustifiée, qu’il faut dénoncer impitoyablement. C’est celle qui ne repose que sur des soupçons, des déductions gratuites ou des interprétations plus ou moins fondées.
Qui soupçonne à priori l’infidélité la trouvera partout, surtout là où elle n’est pas ce qui est tragique. Les soupcons conditionnent inévitablement celui qui les nourrit. Interrogez le jaloux, quel qu’il soit : il vous déclarera posséder à l’encontre de son conjoint des preuves formelles, nombreuses, irréfutables de sa culpabilité … et il n’en démordra pas. Il est sûr, parfaitement sûr ! D’ailleurs, il vous citera avec force détails toute une collection de faits qui, naturellement, ne vous convaincront qu’à moitié. Mais allez le lui dire ?
Etes-vous jaloux ? Soupçonnez-vous votre conjoint ? Alors refusez d’ajouter foi à « vos preuves » multiples. Quoique sincère, vous vous trompez. Vous pouvez vous tromper. La jalousie fait trop de mal pour que vous n’acceptiez pas l’éventualité de vous tromper. Et si vous accusiez à tort votre mari ? Vous ruineriez votre vie et votre foyer … pour rien.
Sachez-le. Si vous êtes habituellement jaloux, vous attristez le Saint-Esprit. Vous péchez contre Dieu et les vôtres. Vous n’aimez pas … car « l’AMOUR – le vrai – ne soupçonne pas le mal » (1 Corinthiens 13.5). Qui aime repousse l’idée même de l’infidélité. Il la refuse aussi longtemps qu’il n’a pas vu l’acte coupable. Et encore, hésite-t-il à admettre la chose. Qui soupçonne à tout bout de champ et épie l’autre pour le surprendre en quelque faute démontre qu’il n’aime pas vraiment son conjoint puisqu’il se méfie de lui et lui prête de mauvaises intentions.
Etes-vous rongé par la jalousie ? Alors que vos yeux s’ouvrent sur le mal, tout le mal que vous commettez. Réclamez la lumière de Dieu. Toute sa lumière. C’est Satan qui vous anime. C’est pourquoi dénoncez vos suppositions malveillantes, refusez vos injustes soupçons. Plaidez coupable en demandant « la purification par Son sang » et le Dieu de la délivrance et du pardon interviendra pour votre bonheur et le salut de votre foyer en danger de chavirer.
Je sais qu’il y a des maris inconscients et imprudents qui cherchent « le bâton pour se faire battre ». Ils affichent une familiarité excessive du côté de l’autre sexe et se moquent des remarques justifiées de leur épouse. Si vous ne tenez pas à ce que l’on vous soupçonne sans motif, soyez réservés, évitant tout ce qui a « l’apparence du mal » et accordant toute votre attention aux propos de celle qui vous est associée.
De l’autre côté, il y a des maris paralysés par la crainte de fournir à leur épouse jalouse de nature un semblant de prétexte à exploser. Ils n’osent faire un pas dans la rue ou rentrer au logis dix minutes en retard. N’est-ce pas affreux de devoir se surveiller sans cesse, sans être jamais certain de ne pas avoir commis le geste qui déclenchera une scène ? Toujours sur le qui-vive, ils s’interrogent avec inquiétude : « Pourvu qu’elle n’interprète pas de travers ma démarche de tout à l’heure, la parole que je lui ai dite en la quittant, mon absence d’hier soir ? Prudence et sagesse dans nos relations avec des personnes de l’autre sexe ne signifie nullement que nous devions leur tourner le dos systématiquement par crainte d’être soupçonnés. L’amour exige que l’on résiste au conjoint jaloux … avec fermeté. Il ne s’agit pas de l’encourager au mal ou d’être sa victime. « Je ne me laisserai asservir par rien … » déclare l’apôtre (1 Corinthiens 6.12 b). Pas même par les soupçons de l’autre. Ni pour avoir la paix – et quelle paix ? – avec mon mari ou ma femme. Il va de soi que le conjoint soupçonné d’infidélité doit avoir l’assurance qu’il a tout fait pour ne pas l’être, qu’il est habituellement réservé dans ses relations : alors il pourra, affectueusement mais fermement, tenir tête à celle qui l’accuse, sans se laisser émouvoir par des larmes qui voudraient l’assujettir. Et si la tension monte entre les époux, la victime sera sage de s’ouvrir à ses frères en la foi.
Etes-vous de tempérament jaloux ? Soupçonnez-vous chez l’autre des pensées de convoitise, une infidélité naissante ? Sans preuves cependant, mais fondées sur des craintes ou des suppositions ? Alors acceptez d’en finir avec ce travers qui ne fait de bien à personne. Mettez un terme à vos scènes de ménage, à vos larmes et à vos stupides supplications. Sachez-le, la jalousie fait des ravages. Chez vous et chez les vôtres. Soupçonner est un péché. C’est le plus sûr moyen de jeter dans les bras d’une autre celui que vous prétendez aimer.
DIALOGUE
1. — ELLE : Si vous soupçonnez l’infidélité, ne seriez-vous pas poussée par la crainte d’être supplantée ? Pouvez-vous expliquer d’où vient cette crainte ? N’a-t-elle pas ses racines dans votre enfance difficile ? Parlez de ce problème à votre mari, sans passion.
2. — LUI : Si votre épouse vous soupçonne, pouvez-vous assurer que vous n’avez pas éveillé ses craintes par votre imprudence ou une trop grande familiarité avec les femmes ? N’y a-t-il pas certains domaines dans lesquels vous devriez réviser votre façon de voir et d’agir ? Reconnaissez-le devant Dieu.
3. — ELLE et LUI : Humblement, apportez vos difficultés à Celui qui pardonne et veut vous libérer de tout soupçon pour une joie plus grande dans votre foyer.