Priez pour tous les saints. Priez les uns pour les autres. Ils prient pour vous parce qu’ils vous aiment.
Lors d’une convention chrétienne en Belgique, un homme aux cheveux blancs fut invité à monter sur le podium. Il tenait devant lui, contre sa poitrine, un grand registre ouvert. Interrogé sur son contenu, il expliqua avec beaucoup d’humilité : « Sur ce registre sont inscrits plus de mille noms que je présente régulièrement à mon Dieu ».
A l’issue de la réunion, ce frère s’approcha de moi pour me dire : « Vous savez, M. Adoul, depuis longtemps votre nom est là, sur ces feuillets, et je pense souvent à vous devant le Seigneur ».
Inutile de dire combien je fus touché d’apprendre qu’à des centaines de kilomètres un inconnu priait fidèlement pour moi. Je reste persuadé qu’en réponse aux prières de ce chrétien, bien des fois et naturellement à mon insu, le Seigneur est intervenu pour m’éviter quelque faux-pas ou me garder du découragement dans une passe difficile.
Quel précieux ministère que celui d’intercesseur. Je cherche parmi le peuple de Dieu — dit l’Eternel — un homme qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays (ou de l’Eglise, actuellement si attaquée par l’adversaire)… mais je n’en trouve point ! Que cette parole d’Ezéchiel 22.30 secoue notre torpeur et nous pousse à dire, fermement résolus : « Je veux être cet homme dès aujourd’hui et par ta grâce ».
S’il y a un ministère spécifique d’intercession, tout chrétien qui a le souci de ses semblables, croyants ou non, ne manquera cependant pas de les présenter avec foi à son Dieu. Ne sommes-nous pas un royaume de sacrificateurs ? Dans l’Ancienne Alliance le grand prêtre portait sur ses épaules et sur sa poitrine (donc sur son cœur) les noms des 12 tribus d’Israël lorsqu’il entrait dans le sanctuaire et s’approchait de l’Eternel. Comme lui, nous sommes appelés à plaider la cause de nos frères et de nos amis. C’est un service que Dieu demande à chacun de ses enfants. Donc à vous et à moi.
Si vous relisez attentivement les premières lignes des diverses épîtres de Paul, vous serez certainement frappé de voir quelle place importante l’intercession tenait dans sa vie pourtant si remplie, semée d’embûches et de constants périls qui auraient pu le distraire du souci que lui donnait les églises nouvellement fondées. Ce vaillant apôtre — quel exemple ! — ne cessait de prier pour ses enfants spirituels, ainsi que pour ses amis et ses collaborateurs. Ecoutez plutôt :
S’adressant aux membres de l’église d’Ephèse, il écrit : Je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières afin que Dieu vous donne un esprit de sagesse… (Ephésiens 1.16).
Aux chrétiens de Philippes : Je rends grâces à mon Dieu… ne cessant dans toutes mes prières pour vous tous de manifester ma joie au sujet de la part que vous prenez à l’Evangile… (Philippiens 1.4-5).
Les frères de Colosses ne sont pas oubliés : Nous ne cessons de prier pour vous (Colossiens 1.3).
Les Thessaloniciens, eux aussi, sont souvent cités devant Dieu : Continuellement… nous faisons mention de vous dans nos prières (1 Thessaloniciens 1.2) — Nous prions continuellement pour vous (2 Thessaloniciens 1.11).
S’adressant à Timothée, son jeune collaborateur, l’apôtre écrit : Nuit et jour, je me souviens continuellement de toi dans mes prières (2 Timothée 1.3).
Paul intercède même pour des chrétiens qu’il n’a jamais rencontrés. C’est le cas de ceux de Rome dont il suit avec joie et intérêt le progrès dans la foi : Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ au sujet de vous tous. je fais sans cesse mention de vous, demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin le bonheur d’aller vers vous (Romains 1.8, 10).
Le nom de Philémon, un ami très estimé, monte souvent vers Dieu : Je rends continuellement grâces à Dieu, faisant mention de toi dans mes prières… (Philémon v. 4)
Il est des chrétiens, hélas ! qui l’attristent par leur comportement charnel ; cependant, il a la liberté de leur écrire, puisqu’ils font partie de la famille de Dieu et ont du zèle pour l’Evangile : Je rends à mon Dieu de continuelles actions de grâces à votre sujet (1 Corinthiens 1.4).
Quel exemple ! Celui qui était dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, au froid et à la nudité plutôt que de céder à la pitié de soi, avouait : Je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les églises. Qui est faible que je ne sois faible ? Qui vient à tomber que je ne brûle ?… (2 Corinthiens 11.29). Il allait même jusqu’à écrire : Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ (Philippiens 1.8).
Dans les paroles citées plus haut, notez les mots que nous reprenons en caractères gras : Dans toutes mes prières — continuellement ; pour vous tous ; faisant sans cesse mention de vous… Ce travailleur infatigable trouvait du temps pour correspondre avec les églises. Il tenait à s’informer de l’état spirituel de ses enfants qu’il nommait et portait devant Dieu « continuellement ». On peut appliquer à ce serviteur exceptionnel l’expression émise par le Maître : Une mesure serrée et qui déborde (Luc 6.38).
Que de temps gaspillé au cours de notre vie ! Laissons-nous reprendre par l’Esprit de sainteté et offrons-nous maintenant pour être des avocats auprès de notre grand avocat, Jésus-Christ le juste (1 Jean 2.2). L’intercession est UN SERVICE que Dieu réclame de chacun des siens et qu’il récompensera un jour.
Les réunions de prières de l’église sont généralement languissantes et souvent sans objet. N’avez-vous jamais entendu cette phrase adressée au Seigneur au cours de ces rencontres : « Nous te prions pour nos frères qui n’ont pu se joindre à nous, retenus par la maladie ou l’âge avancé » ? Sans doute a-t-on raison d’intercéder pour les malades et les vieillards incapables de se déplacer, mais n’y a-t-il pas des sujets de première importance à mentionner au Seigneur ? Or, si vous relisez les textes cités plus haut, vous constaterez que Paul se préoccupait avant tout de la santé spirituelle de ses enfants. Que d’actions de grâces quand il apprend qu’ils progressent dans l’amour, la foi et l’espérance. Mais quelle tristesse l’envahit lorsque telle église est secouée par les querelles et les divisions, ou menacée par la fausse doctrine !
Soyons honnêtes et reconnaissons qu’on s’occupe assez peu de l’état spirituel des membres de la communauté. On n’ose citer les noms de ceux qui désertent l’église, s’égarent ou se laissent submerger par le travail. Il semble qu’on veuille ignorer ceux qui se montrent critiques, amers, négatifs ou médisants. Des conjoints chrétiens sont en guerre perpétuelle sans qu’on s’en inquiète vraiment… Que de brûlants sujets de prières jamais évoqués !
Reprenez l’Ecriture et considérez ce qui préoccupait l’apôtre Paul lorsqu’il écrivait à ses enfants spirituels… Vous noterez :
1) qu’il tient à savoir si les églises qu’il a fondées progressent dans la foi et l’amour. Et pour être au courant de leur marche, il prend le temps d’écrire à ces diverses communautés. Souvent inquiet de savoir que les tribulations s’abattent sur ces jeunes églises, l’apôtre s’informe pour se réjouir et pour prier. C’est ainsi qu’il écrit aux Thessaloniciens qu’il a dû quitter précipitamment : N’y tenant plus, j’envoyai (Timothée) s’informer de votre foi, dans la crainte que le tentateur vous ait tentés et que notre travail soit réduit à néant (1 Thessaloniciens 3.5).
2) Que souhaite-t-il d’apprendre concernant ses enfants spirituels ?
a) D’abord, qu’ils continuent de prendre une part active à la propagation de l’Evangile et que leur zèle pour proclamer le Christ ne faiblit pas. C’est le cas pour les chrétiens de Philippes : Je rends grâces, leur dit-il… au sujet de la part que vous prenez à l’Evangile. Je demande dans mes prières que votre amour augnente de plus en plus… afin que vous soyez purs et irréprochables, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ à la gloire du Père (1.3, 9-10).
La persécution n’empêche pas ces néophytes de témoigner avec joie de leur foi en Jésus-Christ.
b) L’apôtre tient à savoir si ces chrétiens demeurent et progressent dans la foi au Seigneur Jésus, si la confiance qu’ils portent à leur Maître « au milieu des tribulations » ne se relâche pas mais s’affermit au contraire (2 Timothée 1.3, 4 ; Ephésiens 1.15 ; Colossiens 1.4). Timothée vient de nous arriver de chez vous, dit-il aux chrétiens de Thessalonique ; il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi… de l’œuvre de votre foi (1 Thessaloniciens 3.6 et 1.3).
c) Il veut apprendre aussi que leur amour augmente de plus en plus les uns pour les autres (Philippiens 1.9), plus précisément, l’amour pour tous les saints (Ephésiens 1.15 et Colossiens 1.4), un amour authentique qui se manifeste par des actes : (le travail de votre amour : 1 Thessaloniciens 1.3).
Grande est la joie de Paul lorsqu’il peut écrire : L’amour de chacun de vous tous à l’égard des autres augmente de plus en plus. Ou encore : Ayant entendu parler de votre foi et de votre amour pour tous les saints, je ne cesse de rendre grâces pour vous…
Aux chrétiens de Colosses il tient le même langage : Informés de votre foi et de votre amour, nous ne cessons de rendre grâces. Nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté et soyez agréables au Seigneur portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres. (1.3 et 9-11). etc.
d) Enfin, il souligne à plusieurs reprises sa joie d’apprendre la fermeté de leur espérance. Ces croyants ne vivent pas pour ce monde et son clinquant ; leurs yeux restent fixés sur Jésus et « le royaume qui vient ». La recommandation qu’il adresse aux chrétiens de Colosses est aussi valable pour nous : Cherchez les choses d’en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu, affectionnez-vous aux choses d’en haut et non à celles qui sont sur la terre (Colossiens 3.1, 2).
Qu’en est-il de notre intercession ? N’est-elle que vaine sympathie ou est-elle réelle préoccupation de voir nos amis et frères en la foi vivre toujours plus près du Seigneur ? Qu’en est-il de nos réunions de prières où l’on ne paraît guère soucieux des progrès spirituels des membres de l’église ? Qu’on ne s’étonne pas alors de voir ces rencontres désertées et parfois supprimées. Dans un petit cercle de prière, pourquoi a-t-on tant de scrupules à mentionner les noms de frères qui s’égarent ou perdent pied ? Est-ce la peur de juger qui oblige à rester dans le vague et à ne rien attendre de précis du Seigneur ? Juge-t-on le prochain lorsqu’on veut son bien et son épanouissement ? Aussi, les occasions de rendre grâces à Dieu pour les prières exaucées sont-elles plutôt rares pour ne pas dire inexistantes. Et pour cause ! Vous ne recevez pas parce que vous ne demandez pas (Jacques 4.2). Si Paul ne cessait de rendre grâces, c’est parce que Dieu accueillait ses prières et répondait favorablement à son inlassable intercession. Plutôt que de réclamer vaguement « le réveil » de l’Eglise — mais sait-on au moins ce que cela veut dire ? — nommons ceux qui ont un urgent besoin d’être relevés, encouragés ou ramenés sous la houlette du bon Berger.
Offrons-nous aujourd’hui pour prendre rang parmi les intercesseurs fidèles. Pourquoi n’inscririons-nous pas dans notre Bible la liste des membres de notre communauté — pasteurs et anciens y compris — dont nous présenterions régulièrement les noms à notre Dieu. Cette bonne habitude nous permettra de les mieux connaître, de nous sentir plus proches d’eux et de découvrir plus précisément leurs besoins afin d’y répondre éventuellement. Intercéder, c’est aimer ; c’est servir le Seigneur, c’est travailler à l’unité de ses enfants. A cette liste s’ajouteront les noms des nouveaux convertis ainsi que les noms de nos voisins, de nos amis, de nos familles, de tel missionnaire ou évangéliste… La tâche ne manquera pas à qui veut s’adonner à ce beau ministère. Soyons d’authentiques sacrificateurs et plaidons sans relâche la cause de nos frères, à la gloire du Seigneur.
Surtout, n’oublions pas que nous sommes au service de Dieu chaque fois que nous prions avec foi et persévérance pour notre prochain. Que Dieu nous saisisse et permette que nos réunions de prières soient le lieu où l’on combat réellement, pour sa gloire et l’avancement de son règne.
Priez les uns pour les autres (Jacques 5.16).
Ils prient pour vous parce qu’ils vous aiment (2 Corinthiens 9.4).
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