Antoine, s’apercevant que plusieurs se gênaient et se fatiguaient pour lui apporter du pain, voulut leur épargner cette peine. Ainsi donc, après y avoir réfléchi, il pria quelques-uns de ceux qui venaient le visiter de lui apporter un hoyau, une hache et un peu de blé. Quand on lui eut procuré ces choses, il parcourut le voisinage de la montagne ; ayant découvert un petit espace de terre propre à son dessein, il le cultiva, et comme la source lui fournissait de l’eau en abondance pour l’arroser, il l’ensemença et chaque année, renouvelant son travail, il en retirait son pain, se réjouissait de ne plus importuner personne et de ne plus leur être à charge ; mais dans la suite, voyant que plusieurs venaient de nouveau le visiter, il cultiva aussi quelques légumes, afin de procurer à ses visiteurs un léger soulagement dans leur pénible voyage.