Quant à tout ce qui me concerne, Tychique, le frère bien-aimé et fidèle serviteur, et mon compagnon de service dans le Seigneur, vous l’apprendra. Je vous l’ai envoyé pour cela même, pour que vous connaissiez quel est notre état, et qu’il console vos cœurs, avec le fidèle et bien-aimé frère Onésime, qui est des vôtres ; ils vous informeront de tout ce qui se passe ici.
Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, cousin de Barnabas, touchant lequel vous avez reçu des ordres (s’il va chez vous, recevez-le), et Jésus, surnommé Juste, qui sont de la circoncision. Ce sont mes seuls compagnons d’œuvre pour le royaume de Dieu qui m’aient été en consolation. Epaphras, qui est des vôtres, serviteur de Jésus-Christ, vous salue ; il ne cesse de combattre pour vous dans ses prières, afin que, parfaits et pleinement persuadés, vous demeuriez fermes dans toute volonté de Dieu. Car je lui rends ce témoignage, qu’il a un grand travail pour vous, et pour ceux de Laodicée et de Hiérapolis. Luc, le médecin, qui m’est très cher, et Démas vous saluent. Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphas, et l’Eglise qui est dans sa maison. Et lorsque cette lettre aura été lue parmi vous, faites qu’on la lise aussi dans l’Eglise des Laodicéens, et que vous lisiez aussi celle de Laodicée. Et dites à Archippe : Considère bien le ministère que tu as reçu du Seigneur, afin de le bien remplir. La salutation est de ma propre main, Paul. Souvenez-vous de mes liens. La grâce soit avec vous !
Ce sont des salutations, des commissions et des vœux que renferment ces versets qui sont la conclusion de l’Epître. On y peut trouver divers sujets ; nous y choisissons celui-ci : La civilité chrétienne. Ce sont proprement des compliments. L’Apôtre est civil, poli, car le christianisme, qui embrasse tout, embrasse aussi la civilité, la politesse. Il y a une civilité et même une politesse chrétienne, qui est à la charité ce que le culte est à la religion. De même que la religion se mêle à la vie et que le culte s’en sépare, de même la charité enveloppe tous nos rapports avec nos frères et la civilité est l’expression directe, par des paroles ou des symboles, des sentiments que nous avons pour nos frères. C’est, pour ainsi dire, le rituel de la charité. Elle a plusieurs caractères :
- Elle est d’abord sincère, n’exprimant rien qu’elle ne pense ou ne sente, n’exprimant que des sentiments vrais. Il serait triste de n’avoir rien à exprimer ; alors, le seul parti est le silence ; mais si l’âme est chrétienne, elle a quelque chose à dire.
- La civilité chrétienne est ensuite cordiale, car elle a pour principe la charité.
- Elle est de plus sérieuse ; elle n’est pas frivole, et ceci la distingue bien de la civilité humaine, de la politesse mondaine qui, elle, est frivole ; la civilité chrétienne ne perd jamais de vue l’édification selon les exhortations : Que tout se fasse pour l’édification ! (1 Corinthiens 14.26). — Que vos discours servent à l’édification et qu’ils communiquent la grâce à ceux qui les entendent (Ephésiens 4.29). Il faut par conséquent que même les compliments soient pour l’édification et y servent.Ainsi la civilité chrétienne n’exclura pas la franchise, l’exhortation, la correction même. On en voit des exemples dans notre texte.
- Elle est enfin générale, ne faisant acception des personnes que dans les formes ; car dans la forme qui peut varier elle établit certaines distinctions ; mais ce ne sont que des formes de distinction ; au fond, c’est la fraternité. Nous demandons plus que l’affabilité (qui frise souvent le mépris), nous demandons « qu’on rende l’honneur à tout le monde » (1 Pierre 2.17). Il faut honorer non seulement tête à tête, mais les uns devant les autres, et rendre les gens aimables chacun devant les autres, autant que possible. Saint Paul qui avait toutes les délicatesses de la sociabilité la plus exquise, parce qu’il avait « l’amour qui abonde en délicatesse de sentiment » (Philippiens 1.9), quand il parle d’un tiers, le rend recommandable. (Des exemples à prendre dans la pratique de Paul sur la fin de cette lettre aux Colossiens.)