J’en viens maintenant à quelques-uns des enseignements que nous fournit tout ce qui a été dit.
Nous l’avons maintenant, quoique d’une manière bien imparfaite, suivie dans tous ses développements, depuis son commencement à la chute de l’homme jusqu’à sa consommation à la fin du monde. Nous avons vu comment Dieu a travaillé à la construction de ce grand édifice : une suite d’œuvres admirables l’élèvent toujours plus de siècle en siècle jusqu’à ce que la dernière pierre ait été posée ; et à présent considérons combien est grande cette œuvre ; si quand les hommes contemplent quelque grand édifice, ils admirent sa magnificence, combien plus ne devons-nous pas admirer ce grand édifice de Dieu qu’il a édifié dans la suite des âges ? Il y a trois choses entre celles qui nous ont occupés, qui montrent plus particulièrement la grandeur de l’œuvre de la rédemption.
1° La grandeur des événements particuliers et des dispensations providentielles par lesquelles elle a été accomplie. Combien sont grandes ces choses que Dieu a faites, bien qu’elles ne soient que des portions de cette grande œuvre ! Quelles grandes choses ont été faites dans le monde en vue de préparer la voie pour la venue de Christ afin de racheter son peuple, et quelles grandes choses il a faites en l’accomplissant ! Quelle chose admirable se passa pour mettre Christ en état d’accomplir sa rédemption, savoir son incarnation ! Il fallut que Dieu devînt homme. Et quelles grandes choses furent faites pour l’accomplir ! Celui qui était Jéhovah, l’Éternel, vécut sur cette terre pendant trente-quatre ou trente-cinq ans dans une condition humble et méprisée, passa sa vie dans le travail et la souffrance, et finit par mourir sur la croix ! Et quelles grandes choses Dieu n’a-t-il pas accomplies pour faire porter ses fruits à la rédemption chrétienne ! Dans ce but, il ressuscita des morts, monta aux cieux, et toutes choses lui furent assujetties. Combien de grands miracles ont eu lieu ! que de grandes révélations n’y a-t-il pas eu dans le monde, et combien de plus grandes n’y en aura-t-il pas encore, le tout en vue de cette œuvre !
2° Le nombre de ces grands événements, au moyen desquels Dieu a poursuivi cette œuvre, montre sa grandeur. Ces grandes révolutions sont si importantes qu’elles remplissent plusieurs siècles. Des événements remarquables, qui commencèrent à l’œuvre de la création, furent accomplis en six jours ; mais les grandes dispensations, au moyen desquelles l’œuvre de la rédemption se poursuit, sont si nombreuses qu’elles embrassent une période d’au moins six ou sept mille ans, comme nous sommes en droit de le conclure d’après la Parole de Dieu. Déjà, avant le déluge, il s’accomplit de grands événements en vue de cette œuvre ; le monde fut détruit par le déluge, mais l’Église de Dieu fut préservée, toujours dans l’intérêt de l’œuvre de la rédemption ; et, après le déluge, quelles grandes choses Dieu fit pour peupler de nouveau le monde ; ensuite tout ce qui concerne la construction de Babel, la dispersion des nations, le raccourcissement de la vie humaine, la vocation d’Abraham, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, et toute cette suite de dispensations providentielles concernant Abraham, Isaac, Jacob et Joseph ; ses miracles en Egypte et à la mer Rouge dans le désert, et en Canaan du temps de Josué, et enfin cette longue suite de dispensations providentielles de siècle en siècle en faveur du peuple d’Israël.
Quelles grandes choses Dieu ne fit-il pas alors qu’il bouleversa si souvent le monde avant la venue de Christ, afin de préparer cette œuvre ! Quelles furent étonnantes celles qui se passèrent du temps de Christ et plus tard, quand le royaume de Satan fut renversé dans l’empire romain et quand l’Église fut préservée, au milieu des ténèbres du moyen-âge, et qu’enfin la Réformation arriva ! Et que de grandes choses auront encore lieu alors que les beaux jours de l’Église arriveront, que Christ viendra pour le jugement dernier, alors que le monde sera détruit et que l’Église entière sera transportée dans les cieux.
3° Le glorieux résultat de toute cette œuvre, la destruction complète et éternelle des méchants et la gloire parfaite des justes. Considérons encore une fois cet édifice, maintenant que tout est terminé et qu’il a reçu la dernière pierre. Il était magnifique du temps des apôtres, plus glorieux encore du temps de Constantin, et sa gloire augmentera encore plus après la chute de l’Antéchrist ; mais à la consommation de toutes choses sa gloire dépassera encore tout ce que l’on aura vu précédemment ; il apparaîtra à ce moment dans sa plus grande magnificence, comme une construction haute et élevée, dont le sommet atteint les cieux des cieux, édifice digne du grand Dieu, du Roi des rois.
De tout ce qui a été dit, nous pouvons conclure que la rédemption est la plus grande de toutes les œuvres de Dieu qui nous ont occupé, et que c’est en vue d’elle que toutes les autres ont été accomplies ; on voit clairement, d’après ce qui a été dit, qu’elle est la principale des œuvres providentielles de Dieu et que toutes les autres lui sont subordonnées. Nous voyons que toutes les révolutions du monde doivent servir à la réalisation de ce grand dessein. Cela montre combien l’œuvre de la rédemption est plus grande que celle de la création, parce que celle-ci n’est qu’un moyen en vue de l’autre qui est le vrai but, de même qu’on bâtit une maison pour s’en servir ; mais la rédemption est le résumé de toutes les œuvres providentielles de Dieu, toutes lui sont subordonnées ; aussi l’œuvre de la nouvelle création est plus excellente que celle de l’ancienne. Il arrive toujours que quand Dieu abolit une chose ancienne pour faire place à une nouvelle, celle-ci est plus excellente que la première. Ainsi, le temple dépasse le tabernacle en gloire, la nouvelle alliance éclipse l’ancienne, la dispensation de l’Évangile. celle de Moïse, le trône de David celui de Saül, le sacerdoce de Christ celui d’Aaron, la nouvelle Jérusalem l’ancienne, et ainsi la nouvelle création surpasse de beaucoup la première.
Dieu ne s’est servi de la création que pour favoriser cette entreprise ; c’est dans ce but qu’il a créé l’humanité, les anges, la terre et les cieux. Dieu créa le monde pour procurer une épouse et un royaume à son Fils, et la création entière est en travail pour amener l’établissement du royaume de Christ ainsi que les noces spirituelles de Christ et de son Église. Il est si vrai que la rédemption est la plus grande des œuvres de Dieu que toutes les autres n’en sont qu’une partie ou qu’un appendice, et qu’elles s’y rapportent d’une manière ou d’une autre. Ainsi, tous les décrets de Dieu, de façon ou d’autre, font partie de cette alliance ou de rédemption qui eut lieu entre le Père et le Fils dès avant la fondation du monde. Chaque décret de Dieu se rapporte, d’une façon ou d’une autre, à cette alliance, et puisque cette œuvre de la rédemption est si grande, nous ne devons pas nous étonner que les anges désirent voir jusqu’au fond ; nous ne devons pas non plus nous étonner que l’Écriture en fasse tant de cas, qu’il en soit tant question dans les parties historiques, dans les prophéties, dans les cantiques de la Bible ; car l’œuvre de la rédemption est le grand sujet de ses doctrines, de ses promesses, de ses types, de ses chants, de l’histoire qu’elle rapporte et de ses prophéties.
Cela nous apprend comment Dieu est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de toutes choses. Tels sont les caractères et les titres qui lui sont souvent attribués dans l’Écriture : « Qui est celui qui a opéré et fait ces choses ? C’est Celui qui a appelé les âges dès le commencement. Moi, l’Éternel, je suis le premier, et je suis avec le dernier (Ésaïe 41.4). » Et l’Écriture lui donne surtout ces titres alors qu’elle parle de la Providence en tant qu’elle se rapporte à la grande œuvre de la rédemption dans laquelle elle se résume (Ésaïe 44.6-7 ; 48.9-12). Aussi quand Christ révèle à son disciple Jean les grand événements à venir qui se rapportent à son Église et à son peuple, il se révèle souvent sous ce caractère : « Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, dit le Seigneur, qui est, qui était et qui est à venir, le tout-puissant (Apocalypse 1.8). » Et encore : « Et j’entendis derrière moi une grande voix comme est le son d’une trompette, disant : Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier (Apocalypse 1.10-11). » Comme l’alpha est la première et l’oméga la dernière lettre de l’alphabet grec, cela revient à dire qu’il est le premier et le dernier, le commencement et la fin : « Il me dit aussi : Tout est accompli, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin (Apocalypse 21.6). — Or, voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi pour rendre à chacun selon son œuvre ; je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin (Apocalypse 22.12-13). »
Nous avons vu dans quel but Dieu commença les dispensations providentielles à l’origine des générations humaines et comment il a continué d’agir toujours conformément au même plan, et comme tout finalement aboutit à Dieu ; c’est pourquoi nous pouvons nous écrier avec l’Apôtre. « O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impossibles à trouver (Romains 11.33). — Car de Lui et par Lui et pour Lui sont toutes choses. A Lui soit gloire éternellement ! Amen (Romains 11.36). »
Nous avons vu comment d’autres choses ont pris fin les unes après les autres, comment les états, les empires et les royaumes ont été réduits à rien, même les plus puissants d’entre eux. Nous avons vu combien de fois le monde a été bouleversé et qu’il le sera encore d’une manière plus remarquable ; nous avons vu comment il a été détruit une première fois par l’eau et comment il le sera par le feu ; mais Dieu reste toujours le même à travers tous les siècles : il était avant le commencement du présent ordre de choses, et il sera après qu’il aura pris fin (Psaumes 102.25-26). Dieu est ainsi Celui qui est, qui a été et qui sera.
Nous avons vu, dans diverses circonstances, comment tous les autres dieux périssent. Ceux des nations environnant Canaan et ceux de l’empire romain sont tous détruits, et leur culte a été depuis longtemps renversé. Nous avons vu comment l’Antéchrist, qui s’est lui-même appelé un dieu sur terre ; comment Mahomet, qui réclama des honneurs religieux ; comment tous les dieux des païens dans le monde entier sont destinés à être détruits. Nous avons vu aussi comment Satan, le grand dragon, cet ancien serpent qui s’est donné comme le Dieu de ce monde, sera jeté dans l’étang de feu pour y souffrir une punition éternelle ; mais Jéhovah demeure, son royaume est un royaume éternel, et il n’y aura pas de fin à sa domination. Nous avons vu quels grands changements ont eu lieu dans le monde, mais Dieu ne change pas : il est le même hier, aujourd’hui et éternellement.
Nous avons commencé à la source du fleuve des dispensations providentielles, nous l’avons suivi dans tous ses contours, et nous sommes enfin venus à son embouchure ; de même qu’il commença en Dieu, il finira en lui. Dieu est l’Océan infini dans lequel il se déverse ; la Providence est semblable à une immense roue dont la circonférence est si haute qu’elle est effrayante, et la gloire du Dieu d’Israël la domine, comme cela est représenté dans la vision d’Ezéchiel. Nous avons suivi la révolution de cette roue, et de même qu’elle était venue de Dieu, elle est retournée à Lui. Tous les événements de la Providence sont comme les anneaux d’une chaîne : le premier part de Dieu et le dernier ramène à Lui.
Nous pouvons voir, par ce qui a été dit, comment Christ a la prééminence en toutes choses. Car il est le grand Rédempteur et, par conséquent, comme la rédemption est le résumé des œuvres providentielles de Dieu, elle montre que la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ est au-dessus de toute chose, au milieu de tout et en tout. Le fait que Dieu voulait que le monde servît à son Fils pour l’œuvre de la rédemption est une des raisons pour lesquelles il le créa par son moyen (Éphésiens 3.9-12). Ce qui a été dit montre comment tous les desseins de Dieu sont en Christ et comment il est avant tout et après tout ; tout subsiste en lui, est gouverné par lui, toutes choses sont pour lui (Colossiens 1.15-18). Dieu a placé son Fils premier-né au-dessus des rois de la terre, et il a placé son trône au-dessus de leurs trônes. Dieu a toujours maintenu son royaume, tandis que les autres se sont écroulés ; il reste le premier après tous les autres, malgré la grande opposition qu’il a rencontrée pendant tant de siècles. Tous les autres royaumes tombent ; mais le sien est le dernier, et il ne cède jamais la place à aucun autre.
Nous voyons que, malgré tous les changements et pour tant que les ennemis de Christ s’enorgueillissent, il règne néanmoins toujours avec un pouvoir sans contrôle et au milieu d’une gloire immense. Son peuple se trouve à la fin complètement sauvé et rendu heureux, et tous ses ennemis deviennent le marche-pied de ses pieds, et aussi Dieu donne le monde en héritage à son Fils.
Cela nous montre également l’enchaînement, l’ordre et la beauté des œuvres de la Providence de Dieu. Si nous considérons les événements d’une autre manière, tout nous apparaîtra confus : ce sera comme le bruit de vagues agitées ; ces choses nous apparaîtront comme si les révolutions se succédaient par pur hasard, sans but déterminé ni certain. Mais si nous considérons les événements de la Providence dans le sens sous lequel l’Écriture nous les présente, ils nous apparaissent dans un ordre parfait, tous dirigés vers un même but, vers lequel ils tendent, avec une suite et une harmonie parfaites ; les roues de la Providence ne sont pas tournées par un hasard aveugle, mais elles sont pleines d’yeux tout à l’entour, comme Ezéchiel les représente, et elles sont guidées par l’Esprit de Dieu ; elles vont où l’Esprit va. Les diverses œuvres de la Providence, à travers tous les âges, finissent, par se rencontrer comme autant de lignes se réunissent en un seul centre.
L’œuvre de la Providence de Dieu est une, comme celle de la création. Les événements providentiels ne sont pas comme autant d’œuvres distinctes, indépendantes, mais ils sont plutôt les diverses parties d’une même œuvre, d’un plan régulier. Ils sont tous unis, exactement comme les divers compartiments d’un édifice : il y a plusieurs pierres, plusieurs pièces de bois ; mais le tout est tellement lié et bien arrangé, qu’il n’y a qu’un seul édifice ; la fondation est la même, et tout s’unit à la fin et se lie lorsqu’on pose la dernière pierre qui couronne l’édifice.
On peut très bien comparer la Providence de Dieu à une rivière ayant des affluents innombrables, qui prennent leurs sources dans des pays différents, à une grande distance les uns des autres, et qui tous tendent vers la même embouchure. Après une course très diverse et en apparence opposée, ils se réunissent tous à mesure qu’ils s’approchent toujours plus de leur fin commune, et finalement ils se déchargent tous dans un même océan par une seule embouchure. Les différents affluents de cette rivière peuvent nous sembler être en confusion, par suite de notre vue bornée qui ne nous permet pas d’embrasser l’ensemble. Un homme, qui ne voit qu’un ou deux affluents à la fois, ne peut pas dire vers quel point ils se dirigent. Leur cours semble être très tortueux, et chaque affluent paraît se diriger dans un sens particulier ; si nous considérons la chose à distance, il paraît y avoir des obstacles sans nombre, des rochers, des montagnes et des entraves de tous les genres, qui doivent les empêcher de jamais s’unir et de se rendre à l’Océan ; mais si nous suivons leur cours, nous voyons qu’ils finissent tous par s’unir et par se jeter dans le même grand océan ; pas un ne manque.
De tout ce qui a été dit, nous pouvons conclure que les Écritures sont la Parole de Dieu, parce qu’elles seules nous apprennent quels sont les desseins de Dieu dans ses œuvres. Il est hors de doute que Dieu poursuit quelque projet et exécute quelque plan au moyen des diverses révolutions et changements qui s’accomplissent de siècle en siècle dans le monde. Il est très raisonnable de supposer qu’il y a quelque grand dessein auquel la Providence subordonne tous les grands changements qui ont lieu dans le monde ; que toutes les révolutions, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, ne sont que les diverses portions d’un même plan, et qu’elles concourent toutes à amener le grand événement que le tout puissant Créateur et Gouverneur du monde a en vue ; et que le plan ne sera pas fini, ni le dessein complètement réalisé, avant la fin du monde et avant que la dernière révolution ait eu lieu.
Or, rien ne nous fait connaître quel est ce plan et ce dessein de Dieu dans ses œuvres, si ce n’est la sainte Écriture ; rien d’autre ne prétend donner une exposition complète des œuvres de la Providence depuis le commencement jusqu’à la fin, ni nous apprendre que tout au commencement vint de Dieu, ni nous dire dans quel but elles existent, comment elles ont été réglées dès le commencement, comment elles se succéderont jusqu’à la fin du monde, quel sera le résultat, comment alors tout sera en Dieu. Les Écritures seules ont pour mission de nous montrer un plan régulier dans toutes les révolutions que Dieu ordonne de siècle en siècle. Nous ne pouvons puiser à aucune autre source la connaissance du but que Dieu s’est proposé en faisant ces choses ; ce qu’il fait, ce qu’il fera, ce qu’il poursuit, ce qu’il se propose. Aucun autre livre ne prétend montrer, avec clarté et certitude, comment le monde a commencé, ni nous enseigner la vraie origine des choses. Les Écritures seules nous montrent comment Dieu a gouverné le monde d’une manière régulière dès le commencement, comment il le gouverne jusqu’à la fin, en prophétisant d’avance toute une suite d’événements à venir. Les dieux, les prophéties et les docteurs des païens n’ont pas pu répondre à la sommation que l’Éternel leur a faite : « Qu’on les amène, et qu’ils nous déclarent les choses qui arriveront ; déclarez-nous ce que veulent dire les choses qui ont été auparavant, et nous y prendrons garde et nous saurons leur issue, ou faites-nous entendre ce qui est prêt à arriver (Ésaïe 41.22-23). »
Il paraît juste et convenable que les êtres intelligents et rationnels du monde aient quelque connaissance des projets et des plans de Dieu dans ses œuvres ; car il est certain que cela les intéresse beaucoup plus que les bêtes brutes ou la création inanimée. Les révolutions, au moyen desquelles Dieu accomplit ses grands desseins, passent surtout au milieu d’eux et concernent leur état. C’est pourquoi il est nécessaire qu’ils en sachent quelque chose, surtout puisque Dieu a donné à ces créatures rationnelles la faculté de le voir dans ses œuvres, afin qu’elles découvrent sa gloire en elles et qu’elles lui rendent l’honneur qui lui est dû. Mais comment peuvent-elles voir la gloire de Dieu dans ses œuvres, si elles ne savent pas ce qu’il se propose par leur moyen et si elles n’ont pas connaissance du but qu’il a en vue ?
De plus, il est convenable que l’humanité ait quelque connaissance des desseins de Dieu dans le gouvernement du monde, parce que l’homme a été créé capable de concourir à l’accomplissement de ces desseins, d’avancer son exécution et d’agir comme son ami et son sujet. Il est par conséquent raisonnable de supposer que Dieu a donné aux hommes quelques révolutions pour les en informer ; mais il n’y a que la Bible qui le fasse, c’est la Bible qui le fait. Dans ce livre, nous apprenons quelle fut la première origine des choses. Elle nous donne un récit des plans de Dieu dans ses œuvres, depuis le commencement, à travers tous ces siècles restés inconnus pour tous les autres historiens ; elle nous dit ce que Dieu se propose dans l’ensemble, quel est son grand but, comment il a formé tout son plan, et les grandes choses qu’il accomplira. Nous trouvons en elle un compte-rendu digne de Dieu, qui met tout-à-fait en évidence la gloire de ses perfections, sa majesté, sa sagesse, sa sainteté, sa grâce et son amour, et, par-dessus tout, son exaltation au-dessus de toute chose, comme le premier et le dernier.
Elle nous montre les diverses portions de l’œuvre providentielle. Comme tout se lie dans un cadre régulier, magnifique ! Nous avons un exposé de tout le plan providentiel, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, soit dans l’histoire, soit dans les prophéties, et il nous est dit comment tout aboutira à la soumission des ennemis de Dieu, au salut et à la gloire de son Église, et à l’établissement du royaume éternel de son Fils.
Quelle révélation rationnelle et excellente n’est pas celle-là ! Quel livre excellent que la Bible, qui renferme tant de choses qu’ignorent tous les autres livres du monde ! Quels caractères elle possède de sa divinité ! Un livre que le grand Jéhovah a donné à l’humanité pour son instruction, et sans lequel nous aurions été laissés dans les ténèbres et dans la confusion.
D’après ce qui a été dit, nous prouvons la grande majesté de Dieu et son pouvoir dans cette œuvre de la Rédemption. Son pouvoir glorieux se manifeste, en ce qu’il maintient l’Église pendant si longtemps, qu’il poursuit son œuvre, qu’il la soutient, souvent alors qu’elle n’est que comme une petite étincelle ou comme un lumignon fumant encore, alors que les pouvoirs de la terre et de l’enfer sont combinés pour la détruire. Et néanmoins Dieu ne leur a jamais permis de l’éteindre complètement, et il finira par lui donner la victoire. Dieu manifeste sa force dans la faiblesse de son Église, en faisant triompher son peuple de la terre et de l’enfer, bien qu’ils ne soient que comme de petits enfants ; de sorte qu’ils fouleront aux pieds le lion et le serpent, le jeune lion et le dragon. Le pouvoir glorieux de Dieu se manifeste, en ce qu’il triomphe de tant d’ennemis puissants au moyen de ce Sauveur qui fut un jour un enfant dans une crèche, et qui eut l’apparence d’un homme pauvre, faible et méprisé ; il les vainc, et triomphe d’eux par leurs propres armes : la croix.
La glorieuse majesté de Dieu se manifeste en conquérant, les uns après les autres, tous ces ennemis puissants de l’Église, en triomphant de Satan, cet esprit puissant et orgueilleux, et de toute son armée infernale, en le renversant après qu’il s’est vanté pendant longtemps d’être le Dieu de ce monde pour plusieurs siècles, et qu’il a fait tout son possible afin de se maintenir dans son royaume.
Le pouvoir de Dieu se manifeste d’une manière éclatante en triomphant de Satan, précisément quand il s’est établi dans le plus puissant et le plus fort empire païen qu’il y ait jamais eu, l’empire romain. Christ, notre Michel, triompha de lui ; le diable fut précipité ; il n’y eut plus de place dans le ciel pour lui ; il fut précipité sur la terre, et ses anges le furent avec lui. Son pouvoir se montre de nouveau d’une manière glorieuse quand il triomphe de l’opposition que Satan lui a faite au moyen de cette combinaison, la plus formidable de toutes, le royaume de l’Antéchrist, qui servit tellement à mettre au jour son orgueil, sa ruse et sa cruauté. Surtout dans les derniers efforts qui précédèrent immédiatement sa chute ; son royaume visible reçut un coup fatal, qui fut suivi d’une ruine universelle dans le monde entier. C’est ainsi que le glorieux pouvoir de Dieu se manifeste, en triomphant du diable à diverses époques, après lui avoir laissé beaucoup de temps pour se fortifier autant que possible. Il fut renversé dans son empire romain, après s’être fortifié pendant longtemps dans toutes les parties du monde, depuis la fondation de Babel. Son royaume fut renversé d’une manière plus complète et plus universelle, après qu’il eut eu le temps de se fortifier pendant plusieurs siècles en fondant ces deux grands royaumes, celui de l’Antéchrist et celui de Mahomet, et en avançant sa cause dans le monde païen. Nous avons vu comment le royaume des ennemis de Dieu, qui paraissaient si forts qu’il semblait impossible de les détruire, a pourtant l’air de se fondre, à l’apparition de Dieu, comme la graisse des agneaux devant le feu, et d’être chassé çà et là, comme la paille par le tourbillon.
Ces puissants empires de l’Antéchrist et de Mahomet qui, pendant tant de siècles, ont paru si prospères, et qui ont subjugué le monde, quand Christ apparaîtra, disparaîtront comme une ombre, et s’évanouiront eux-mêmes, comme les ténèbres dans une chambre au moment où on y introduit la lumière. Que sont les ennemis de Dieu dans sa main ? Comme leur grande force s’affaiblit quand il se lève, et comme ils paraîtront faibles tous ensemble au jour du jugement ! C’est ainsi que nous pouvons appliquer les paroles du cantique de Moïse : « Ta droite, ô Éternel, s’est montrée magnifique en force ; ta droite, ô Éternel, a froissé l’ennemi (Exode 15.6) ! » Et combien grande se montre la majesté de Dieu, eu révolutionnant le monde de temps à autre pour accomplir son dessein, et en finissant par détruire les cieux et la terre, afin d’avancer la gloire de son royaume !
Ce qui a été dit nous montre la grande sagesse de Dieu. Cette sagesse éclate à la création du monde, formé pour un si excellent usage et pour accomplir une œuvre si admirable. Elle brille aussi en ce qu’il fait sortir tant de bien de tant de mal, et se sert de la chute et de la ruine de l’humanité, en elle-même si déplorable, comme d’une occasion pour accomplir une œuvre si étonnante que l’est celle de la rédemption, et pour introduire ses élus dans un état de bonheur si parfait. Et comme la sagesse de Dieu se montre dans cette longue série de révolutions dans le monde, en faisant sortir tant d’ordre de la confusion, en déjouant les machinations les plus habiles dont Satan se glorifie, et en les faisant tourner de manière à rendre le triomphe de son Fils d’autant plus glorieux ! Combien est admirable la sagesse de Dieu, alors qu’il fait aboutir finalement tous les divers changements et les divers bouleversements dans le monde, à une période si glorieuse, et alors qu’il dirige si bien les divers rouages de la providence de sa main habile ; de sorte qu’ils concourent tous, comme les divers rouages d’une machine remarquable, à amener un si beau résultat, la manifestation de la gloire divine, le bonheur de son peuple et la fondation du royaume éternel et glorieux de son Fils.
Ce qui a été dit nous montre la permanence de la connaissance et de la fidélité de Dieu envers son peuple. Il n’oublie jamais son héritage ; il se rappelle toujours son alliance de grâce avec eux à travers toutes les générations. A présent nous pouvons voir la vérité des paroles de notre texte : « Car la teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les dévorera comme la laine ; mais ma justice demeurera à toujours, et mon salut dans tous les âges (Ésaïe 51.8). » Et à présent nous connaissons l’explication de ce nom sous lequel Dieu se révèle à Moïse : « Et Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis (Exode 3.14). » Je suis le même que quand je formais alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, et je serai toujours le même. Je tiendrai mon alliance pour toujours ; je me suffis à moi-même, je suffis à tous ; je suis immuable.
Présentement aussi, nous voyons la vérité des paroles Psaumes 36.5-6 : « Éternel, ta gratuité atteint jusqu’aux cieux, ta fidélité jusqu’aux nues. Ta justice est comme de hautes montagnes ; tes jugements sont un grand abîme. » Et, quand nous considérons ce qui a été dit, nous ne devons pas nous étonner d’entendre le Psalmiste, dans le Psaume 136, répéter si souvent : « Car sa miséricorde demeure à toujours ! » Il semble qu’il soit en extase en contemplant la perpétuité de la miséricorde de Dieu envers son Église ; il se réjouit en y pensant, et il semble ne pouvoir assez la proclamer. Célébrons nous-mêmes, avec un semblable plaisir et une égale joie, la durée éternelle de la miséricorde et de la fidélité de Dieu envers son Église et envers son peuple ; que cela nous encourage au milieu des circonstances difficiles dans lesquelles l’Église peut se trouver, au milieu des agitations et du bruit du monde, et en présence des menaces des ennemis de l’Église. Prenons courage, et demandons, d’une manière sérieuse, ces choses glorieuses que Dieu a promis d’accomplir pour son Église.
Cela nous enseigne que l’Église chrétienne est une société très heureuse de fidèles ; toute cette grande œuvre est pour eux. Christ l’a entreprise pour eux ; c’est en vue d’eux qu’il la poursuit, et cela, parce qu’il les a aimés d’un amour éternel. C’est pour eux qu’il renverse les états et les royaumes ; c’est pour eux qu’il ébranle le ciel et la terre : il leur sacrifie des hommes et jusqu’à des peuples entiers. Du moment qu’ils sont devenus précieux aux yeux de Dieu, ils ont été rendus honorables ; aussi commence-t-il par leur donner le sang de son propre fils, et après cela il sacrifie, dans leur intérêt, celui de tous leurs ennemis.
C’est pour eux qu’il a créé le monde, c’est pour eux qu’il le détruira ; c’est en vue d’eux qu’il a formé les cieux et qu’il a fait de ses anges des esprits administrateurs. C’est pourquoi l’Apôtre dit : « Que personne donc ne se glorifie dans les hommes ; car toutes choses sont à vous. Soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu. » Qu’heureux est ce peuple qui a été racheté d’entre les hommes pour être les prémices offertes à Dieu et à l’Agneau, et qui, dans tous les siècles, l’a pour sa protection et son secours. « O que tu es heureux, Israël ! Qui est le peuple semblable à toi, lequel ait été gardé par l’Éternel, le bouclier de ton secours et l’épée par laquelle tu as été hautement élevé ? Tes ennemis seront humiliés, et tu fouleras de tes pieds leurs lieux les plus hauts (Deutéronome 33.29). »
Que ceux qui triomphent en ce moment, que les ennemis de l’Église s’enorgueillissent tant qu’il leur plaira, c’est là le peuple qui finira par triompher. Le dernier royaume lui appartiendra et il ne passera pas à d’autres. Nous avons vu à quel heureux résultat tout doit finalement aboutir, quelle doit être la gloire des fidèles, et comment ils doivent en jouir pour toujours, après que le royaume du monde aura pris fin, que la terre aura disparu, que les montagnes auront été englouties dans le profondeurs de la mer, ou mieux, dans l’abîme où était la mer, et après que cette terre aura été dissoute. O peuple heureux, heureuse société ! ils auront bien sujet de chanter, pendant toute l’éternité, les louanges de Celui qui les a aimés et qui les aimera pendant toute l’éternité.
Et enfin, cela montre l’extrême malheur de tous les méchants, de tous ceux qui ne sont pas en communion avec Christ. Vous qui êtes dans ce cas, qui que vous soyez, vous n’avez ni lot ni part dans cette affaire. Tout cela ne vous profite en rien ; cela ne sert au contraire qu’à augmenter votre crime, et le malheur auquel vous êtes exposés n’en devient que plus terrible. Vous êtes de ceux contre lesquels Dieu, dans le cours de cette œuvre, montre tant de colère ; du nombre de ces ennemis qui doivent devenir le marche-pied de ses pieds, et être gouvernés avec un sceptre de fer et mis en pièces.
Vous appartenez à la semence de ce serpent, et toute cette grande œuvre a été entreprise dans le but de lui briser la tête. Pour si glorieuses que soient les choses que Dieu fera pour son Église, elles ne le seront pas pour vous si vous persévérez dans votre condition présente. Les plus beaux jours de l’Église ont toujours été les plus tristes pour les méchants et les impénitents. Chaque fois qu’il y a de glorieuses promesses faites à l’Église, il y a de terribles châtiments dénoncés contre les méchants ses ennemis (Ésaïe 66.14). De même, alors qu’il y a eu de remarquables délivrances pour l’Église, il y a eu aussi de redoutables jugements contre ses ennemis.
Quand Dieu délivra les enfants d’Israël de la servitude d’Egypte, il déploya d’une manière remarquable sa colère contre Pharaon et les Egyptiens. Quand il les introduisit dans le pays de Canaan, sous la conduite de Josué, pour les mettre en possession de cet excellent pays, il fit tomber ses jugements contre les Cananéens. Quand ils furent délivrés de la captivité de Babylone, les Babyloniens devinrent les objets de la vengeance divine. Quand les gentils furent appelés et les élus de Dieu sauvés par la prédication des apôtres, Jérusalem et les Juifs persécuteurs furent détruits d’une manière terrible. Je pourrais faire la même observation à l’occasion de la gloire accordée à l’Église dans les jours de Constantin, au renversement du royaume extérieur de Satan lors de la chute de l’Antéchrist et au jour du jugement. Dans toutes ces circonstances, et particulièrement dans la dernière, il y a eu ou il y aura une grande manifestation de la colère céleste contre les méchants. Et c’est à cette classe d’hommes que vous appartenez.
Dieu, à la vérité, se servira de vous dans cette œuvre, mais ce sera à la gloire de sa justice et non de sa miséricorde. Vous êtes du nombre de ces ennemis de Dieu réservés pour le triomphe glorieux de Christ qui les vaincra et les punira. Vous êtes de ceux qui seront consumés avec ce monde méchant après !e jour du jugement, quand Christ et son Église triompheront et monteront aux cieux. Que tous ceux qui sont ainsi hors de Christ considèrent sérieusement ces choses, qu’ils ne fassent pas comme ces habitants insensés de l’ancien monde qui ne tinrent aucun compte des avertissements de Noé lorsqu’il leur annonçait que Dieu allait envoyer le déluge ; qu’ils ne ressemblent pas aux gens de Sodome qui ne crurent pas aux paroles de Lot, lorsqu’il leur annonça que Dieu détruirait leur ville, qui ne voulurent pas fuir la colère qui s’approchait et qui furent ainsi consumés dans cette terrible destruction.
Et maintenant je terminerai ce sujet par la solennelle déclaration contenue dans le dernier chapitre de l’Apocalypse : Ces paroles sont certaines et véritables. Bienheureux celui qui les garde. Or voici, je viens bientôt (dit Jésus-Christ) et ma récompense est avec moi pour rendre à chacun selon son œuvre. Que celui qui est injuste soit injuste encore, et que celui qui est souillé se souille encore, et que celui qui est juste soit plus juste encore, et que celui qui est saint soit sanctifié encore. Bienheureux sont ceux qui font ses commandements, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie et qu’ils entrent par la porte dans la cité. Mais les chiens, les empoisonneurs, les fornicateurs, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et commet fausseté seront laissés dehors. Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Certainement je viens bientôt. Amen. Oui Seigneur Jésus, viens !