Théologie Systématique – III. Dogmes Purs

II
Conditions évangéliques du Salut

1. La foi et la régénération

Il existe des conditions du salut. — Réduites à deux : la foi et la régénération. — Sens large : foi et charité. — Quelquefois séparées, (l’une supposant l’autre) ou fractionnées.

Le salut, quoique gratuit, n’est point inconditionnel (les observations de la section précédente le démontreraient à elles seules). L’Evangile n’est pas seulement un pardon ; il est une réhabilitation. Le Ciel qu’il nous ouvre est saint comme le Dieu qui le remplit de sa présence et de sa gloire ; et la voie nouvelle qui y conduit les rachetés de Christ est sainte aussi. La réconciliation emporte et le don de Dieu à l’homme et le retour de l’homme à Dieu. Cela ressort de l’esprit général des Écritures et d’une foule de textes formels. Christ n’est l’auteur du salut que pour ceux qui lui obéissent. (Hébreux 5.9).

Il est bien évident qu’il y a quelque chose à faire de la part de l’homme ; car Dieu veut que tous soient sauvés (1 Timothée 2.4). Jésus-Christ est mort pour tous, et cependant tous ne parviennent pas à la vie ; il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus (Matthieu 20.16).

Il faut tout au moins aller à Christ, et le premier pas pour aller à lui est le renoncement, qui implique et emporte tout, au fond (Luc 9.23).

La question qui se pose ici est celle des conditions du salut, expression que certaines directions théologiques ont rejetée ou comme inexacte ou comme dangereuse, mais qui revient sous une forme ou sous l’autre, quand on ne pousse pas jusqu’à l’antinomianisme absolu. Nous appelons « conditions du salut » ce qui est exigé de l’homme pour qu’il soit fait participant des promesses et des grâces évangéliques. Ainsi entendu, ce terme, ou tout au moins l’idée qu’il exprime entre de force dans tous les systèmes.

Il est manifeste qu’il y a des obligations à remplir pour avoir part aux biens promis, ou, en d’autres termes, qu’il existe des conditions de salut.

Indiquons ce que sont ces conditions ; nous les réduisons à deux : la foi et la régénération, comprenant sous ce dernier terme la conversion et la sanctification, l’ensemble du développement spirituel.

Elles se montrent l’une et l’autre dans des passages qu’on peut considérer comme résumant la doctrine du salut (Marc 1.15 ; Actes 20.21). D’autres textes analogues sont ceux où le christianisme pratique est ramené à la foi et à la charité, sommaire et accomplissement de la loi (Matthieu 22.40). Cette classification, fréquente dans saint Paul (1 Corinthiens 13.2-13 ; Galates 5.6 etc.), est indiquée ailleurs, par exemple 1 Jean 3.23.

Souvent il n’est parlé que de la foi ou de la régénération, l’une supposant toujours l’autre : la foi, Marc 16.16 ; Jean 3.15-16,36 etc ; la régénération, Jean 3.3-6 ; Actes 11.18 (Cf. Actes 16.31).

Quelquefois les deux conditions sont, en quelque sorte, fractionnées, et c’est à certaines parties de chacune d’elles qu’est liée la promesse. Ainsi, quant à la foi, nous avons la foi en Dieu (Romains 4.3 ; Hébreux ch. 11, etc.) ; la foi en Jésus-Christ, passages innombrables…

… la foi en Jésus-Christ venu en chair (1 Jean 4.2.3) ; foi au sang de Christ ; foi à l’Évangile. — Quant à la régénération, nous avons la repentance (Luc 24.47 ; Actes 3.19 etc.) ; la sanctification (Sermon de la Montagne) ; le pardon des offenses (Matthieu 6.12-15 ; Jacques 2.13) ; l’aumône (Luc 11.41 ; 12.33 etc.) ; les bonnes œuvres en général (Romains 2.7 ; 1 Timothée 6.18-19).

Ces formes de langage, dont a tant abusé la polémique des partis, s’expliquent par la manière inartificielle des écrivains sacrés, qui relèvent en chaque occasion, dans le fond général de la doctrine évangélique, le point particulier qu’ils tiennent à faire ressortir, parce que ce point emporte alors tout le reste. C’est un de ces mille cas où l’esprit des textes doit en éclairer la lettre, et les vues d’ensemble les expressions et les assertions fragmentaires.

Il serait inutile de nous arrêter à établir que la foi se pose comme, indispensable condition du salut, tant les textes sont nombreux et formels. L’Évangile est tout entier dans cette parole du Seigneur : Dieu a tellement aimé le monde, etc. (Jean 3.16). Mais si nous pouvons tenir pour reconnue la nécessité de la foi, il faut dire quelques mots de sa nature.

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