Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ?
Une voix sort de la foule rassemblée autour de Jésus :
– Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage (Luc 12.13-16).
Le maître refuse. Energiquement.
Dans la famille israélite, le fils aîné recevait une double portion d’héritage mais avait la charge d’entretenir la mère et les sœurs non mariées (Deutéronome 21.17). Succédant au père défunt, il devait procéder à la distribution des biens de la famille entre les autres frères (le reste étant divisé en parts égales).
Pourquoi cet auditeur réclame-t-il sa part d’héritage ? Aurait-il tout dépensé et s’attend-il à ce que Jésus use de son autorité pour inciter son frère à lui verser une somme supplémentaire ? L’aîné, peu honnête, aurait-il frustré son cadet d’une partie des biens qu’il devait recevoir ? Certainement pas.
Le refus de Jésus de prendre fait et cause pour le plaignant est visiblement une réponse à cette interrogation. En mettant en garde ses auditeurs contre l’avarice, le Maître laisse entendre que son interlocuteur est possédé par l’amour des richesses. Les gens avides d’« espèces sonnantes et trébuchantes » se croient toujours dupés dans les transactions ou les partages. Ils prétendent être lésés et soupçonnent volontiers la malhonnêteté chez les autres. Parce qu’ils se croient victimes même des honnêtes gens, ils réclament toujours. Les avares sont pointilleux et détestables en affaires.
Etes-vous dans la perspective d’un prochain héritage ? Tant mieux mais… prudence ! Soyez fermement résolu à ne rien faire, à ne rien exiger qui soit susceptible de déclencher un conflit, d’entraîner une irrémédiable rupture avec l’un des vôtres. Harmonie d’abord, même si je dois être lésé dans le partage, même si je ne puis obtenir ce que j’escomptais recevoir ! Je veux être prêt à renoncer… à la belle pendule ou à la commode Louis XV que je convoite depuis longtemps. Je refuserai d’user de ruse pour parvenir à mes fins et me ferai un devoir de « considérer les intérêts » de ceux qui prennent part à ce partage (Philippiens 2.4). Ainsi, j’aborderai sereinement une séance qui, trop souvent se termine par des brouilles. Il est certain que cette attitude ne m’empêchera pas de faire connaître clairement mes désirs, ni d’insister avec calme pour obtenir ce qui me revient de droit, aussi longtemps qu’on voudra bien m’écouter. Naturellement, je me garderai de proclamer que je suis prêt à me ranger parmi les frustrés, ce serait tenter les autres et encourager certaines rapacités.
C’est lors d’un partage d’héritage que je puis mesurer la profondeur des liens qui m’unissent à « mes bien-aimés ». Si je suis appelé à y prendre part, je me préparerai avec prière, fermement décidé à obéir à l’injonction de l’apôtre Autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes (Romains 12.18). A fortiori, avec les membres de ma famille.
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L’Ancien Testament évoque longuement la distribution des terres de Canaan, répartition qui s’accomplit sans la moindre « bavure ». Lisez les chapitres 13 à 21 du livre de Josué et notez de quel luxe de précautions s’est entouré le chef d’Israël pour mener à bien cette opération délicate. Le partage fut équitable, sans erreur et accepté de tous. Seule, la tribu d’Ephraïm, mécontente de son lot, releva l’exiguïté de son territoire. Motif inexact puisqu’il lui restait à occuper la montagne d’Ephraïm toujours en friche (17.14-18). Les plaintes de ses proches (Josué était justement de la tribu d’Ephraïm) démontraient hautement son impartialité : il n’avait nullement favorisé les siens. Ce détail nous parlera si nous sommes tentés de marquer une préférence pour l’un de nos enfants (le fils chrétien par exemple à qui l’on fait la part trop belle au préjudice de celui qui résiste à l’Evangile). Je revois telle famille définitivement déchirée à cause d’un testament lésant le non-croyant.
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Si vous devez rédiger un testament veillez à utiliser un langage clair et précis, ainsi que des formules simples n’autorisant aucune ambiguïté. Et si l’héritage est d’une certaine importance, demander conseil à un homme de loi, chrétien de préférence (1).
(1) Ici on peut recommander la brochure de M. Gendrel : « Le Testament du Chrétien ».
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