Nos enfants

L’ÂGE DES TEMPÊTES

Restez liés les uns aux autres dans l’harmonie et la paix …

Éphésiens 4.3

L’adolescence est l’âge difficile. Bien plus qu’une époque transitoire entre l’enfance irresponsable et l’âge mûr c’est vraiment « un âge » où le jeune tient à se distinguer des « petits » et du monde des adultes. Il se défend d’appartenir à l’une ou l’autre de ces catégories. Etre traité « en bébé » lui est intolérable bien qu’il ironise en parlant des aînés aux notions jugées par lui dépassées. Pourtant, sous une apparence solide et virile se cache une certaine fragilité et une instabilité inquiète. Il traverse une crise et connaît un vrai remue-ménage intérieur que des parents lucides détectent aisément. L’adolescent étonne par ses « pourquoi » inattendus ; son insolence tranche avec le respect auquel il avait habitué les siens. Il revendique l’indépendance annonciatrice de la séparation qui viendra plus tard et tient parfois des propos qui inquiètent. A cet ébranlement général lié pour une bonne part à la puberté, succèdent un vrai laisser-aller et un comportement étrange. Le plus appliqué se révèle brusquement négligeant, sans doute par bravade. Exubérant en société, il devient mystérieux à la maison. Il se dérobe devant les siens et connaît là sa première solitude. C’est l’âge des discussions âpres, interminables ; visiblement, il tient à avoir le dernier mot et prétend rivaliser avec les adultes qu’il se plaît à choquer, simplement pour s’affirmer. Irrespectueux à l’égard de ceux qui tentent de le raisonner, il s’entendra dire : « On n’a jamais vu ça ! Tu vois ce qu’il ose réclamer et sur quel ton ! Ces jeunes sont d’une malhonnêteté ! Ah non, chez nous ça ne se passera pas comme ça » !

Comme il serait dommage de dramatiser tel écart de langage ou telle attitude excessive. La tempête est là, tout simplement. Il faut en être conscient et veiller avec sérénité. Quand les vagues se soulèvent dangereusement, le calme et la prudence sont nécessaires à celui qui tient la barre. Surtout, pas d’indignation déplacée, d’inutile sermon, rien pouvant servir de détonateur en ces instants critiques ; il en faudrait si peu pour tout casser. Même s’il doit en subir quelque humiliation – peut-être sera-t-il désapprouvé par l’entourage – le chef de famille consentira à laisser aller le « bateau » dans une direction contraire à celle souhaitée … pour le ramener sain et sauf l’instant d’après lorsque la mer sera redevenue d’huile. Le silence d’un père visiblement préoccupé – donc qui n’approuve pas – sera préférable aux sempiternelles remontrances.

Toutefois, il y a des limites qu’un adolescent ne peut franchir. En effet …

1. — La discipline. La famille comme toute collectivité a la sienne. Sauf occasionnellement, le père exigera que tous ses membres se retrouvent autour de la table à l’heure des repas et soient couchés à une heure raisonnable. On ne laisse pas un jeune courir les rues à toute heure de la nuit. J’ai connu des parents, en proie à de folles inquiétudes à cause d’une fille de quinze ans qui ne rentrait guère à la maison avant une ou deux heures du matin – quand elle ne découchait pas – les siens ignorant tout de ses occupations nocturnes. Il fut prouvé plus tard qu’elle n’employait pas son temps à enfiler des perles. Mais comment obtenir le retour d’une gamine à qui l’on a toujours cédé ?

2. — L’argent de poche. Certains parents s’interrogent à ce sujet : Que donner à l’enfant ? Personnellement, je n’ai jamais reçu d’argent de poche dans ma jeunesse et ne pensais même pas que la chose pût se faire. J’étais heureux pourtant et ne manquais de rien. Mais les temps et les habitudes ont changé si bien qu’il serait mal venu de laisser l’adolescent totalement démuni. Compte tenu des circonstances et des ressources de la famille, chacun décidera s’il doit ou non lui donner de l’argent de poche et combien. A ce sujet, il serait prudent : a) De lui verser irrégulièrement des sommes variables (jamais les mêmes ni à échéances fixes) afin qu’il n’ait pas l’impression de recevoir un salaire ; sinon il se croirait autorisé à revendiquer s’il l’estimait insuffisant. L’enfant doit se plier à votre bon vouloir. b) De ne pas lui confier des sommes trop importantes afin qu’il les apprécie davantage : l’argent représente du travail et de la peine. c) De chercher de temps à autre à connaître l’emploi des fonds que vous lui avez remis. Votre contrôle – très occasionnel – le rendra sage. D’autre part, l’enfant apprendra à bien gérer son pécule. En tous cas, ne lui donnez pas l’illusion qu’il n’a qu’à réclamer pour obtenir tout ce qu’il désire.

3. — Les amourettes. Soyez réalistes : le cœur parle dès la pré-adolescence, c’est-à-dire à onze, douze ou treize ans. C’est l’âge des premières émotions lorsque passe la jeune fille ou le jeune homme idéal. Mais choisit-on le compagnon de sa vie à cet âge-là ? Le premier coup de foudre est rarement le bon. Un garçon de quinze ans est si loin d’avoir atteint sa maturité ! S’il s’engageait à ce moment-là, il se trouverait à l’heure du mariage – c’est-à-dire cinq ou six ans plus tard – lié à une personne qu’il ne choisirait plus ; tout simplement parce qu’il aura évolué dans ses goûts et sa notion du mariage. D’où l’inévitable rupture de fiançailles accompagnée de drames qui laissent chez l’un des deux, désarroi et blessure profonde. On ne joue pas avec les cœurs. Il y a des parents naïfs, émerveillés de voir des garçons tourner autour de leur fille ou fiers de constater que leur fils, beau garçon, a du succès auprès du sexe féminin.

Et puis, les longues fiançailles sont-elles souhaitables ? Etes-vous réellement en repos lorsque vous savez l’un des vôtres à toute heure du jour et de la nuit en tête-à-tête avec « quelqu’un » de l’autre sexe sur lequel vous ne savez pratiquement rien ? Etes-vous favorable à un choix bâclé qui engage la vie, donc le bonheur à venir de votre enfant ?

Pour prévenir le pire, certains parents justement inquiets, suggèrent à leur fille d’user de la pilule, lui accordant ainsi le feu vert pour d’éventuelles relations sexuelles. N’est-ce pas une façon de lui conseiller : « Tu peux y aller … mais ne te laisse pas prendre. Surtout, ne déshonore pas la famille ». Et parce qu’on est en si bon chemin, en cas « d’accident » on aura recours à l’avortement … avec bonne conscience par dessus le marché.

Pas de cela ! Si vous flairez quelque liaison prématurée, sans dramatiser mais fermement, demandez à votre enfant d’arrêter là ses fréquentations. Consacrez-lui du temps pour lui fournir, sereinement et avec affection, les raisons de votre attitude. Priez pour lui afin que Dieu dirige son choix le moment venu.

4. — La drogue. Dès ses huit ou dix ans mettez en garde votre enfant contre la drogue et sa « sœur » la cigarette. Ici, je ne juge nullement les fumeurs mais ils reconnaîtront avec moi que le tabac s’impose rapidement comme une drogue … qu’il est en réalité. Que votre enfant fasse sienne la devise de Saint Paul : « Je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Corinthiens 6.12). Parlez-lui des « Compagnons de Daniel » (1), invitez-le à faire partie de ce mouvement, s’engageant à ne jamais toucher à la drogue, sous une forme ou sous une autre. Ici plus qu’ailleurs, prévenir vaut mieux que guérir.

(1) Mouvement chrétien de prévention contre la drogue. Se renseigner au bureau de la « Ligue pour le lecture de la Bible » de votre pays.

Et puis, il y a la voiture, la moto, le sport, la danse, le cinéma … Il n’est pas toujours facile de discerner ce qu’il faut permettre ou non. Dieu vous rendra sage pourvu que vous recherchiez sa gloire et le bien de votre enfant.

L’adolescence se prépare dès le berceau.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Avez-vous des enfants parvenus à l’âge difficile ? Comment réagissez-vous face à leurs exigences pour le moins intempestives ? Leur avez-vous appris à se soumettre lorsqu’ils étaient petits ? Si vous avez été faibles dans le passé, reconnaissez-le ouvertement.
  2. Etes-vous d’accord pour laisser « courtiser » vos adolescents ? Qu’allez-vous faire si vous « flairez » une liaison prématurée ?
  3. Avez-vous donné votre enfant à Celui qui dirige et protège ? Plutôt que de craindre pour l’avenir de tel adolescent particulièrement difficile, bénissez le Seigneur qui saura le garder de l’irréparable.

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