Le servir dans sa présence

BÂTIR

Que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu.

1 Pierre 4.10

L’apôtre Paul compare l’Eglise a un édifice en perpétuelle construction (Ephésiens 2.20-22), immense bâtisse dont les premières pierres ont été posées il y a 2000 ans un jour de Pentecôte. Depuis que les chapelles et les églises ont été érigées, les chrétiens sont tentés de confondre leurs lieux de culte avec ce temple inachevé qu’est l’Eglise. Du temps des apôtres une telle confusion n’était guère possible puisque les chrétiens se réunissaient dans les maisons. Notez ici qu’il n’est pas fait mention de bancs ou de chaises dans cet édifice unique en son genre. A l’intérieur, rien pour s’asseoir et écouter un sermon ; pas de chaire pour le prononcer ou de tronc pour recevoir les dons. Dans ce temple — l’Eglise est un temple — aucun être n’est installé le cantique à la main ; on voit seulement des hommes ou des femmes sur les échelles et les échafaudages en train de manier la truelle ou de poser des pierres. Car, de fait, chaque membre de l’Eglise est — ou devrait être — un bâtisseur. Jeunes ou vieux, hommes ou femmes se doivent de prendre une part active à cette construction afin qu’elle soit achevée et fin prête pour la venue en gloire de notre Seigneur.

Bâtisseurs ! Oui, mais avec Dieu car, en réalité, c’est lui qui édifie l’Eglise. Nous sommes à ses côtés de simples ouvriers, conscients d’être ouvriers avec lui, mais jamais ouvriers sans lui (1 Corinthiens 3.9). Dans sa grâce, Dieu nous associe à cette œuvre colossale, lui qui pourrait fort bien se passer de nos services. Ici, le Seigneur est un peu comparable à un promoteur qui aurait passé contrat avec divers entrepreneurs chargés chacun de bâtir certaines parties du bâtiment. En tout cas, le Maître d’œuvre c’est Dieu qui se charge de nous fournir « le ciment et les outils », de nous former, de nous diriger, de nous communiquer forces et compétences pour travailler selon ses directives dans cette immense et glorieuse entreprise. Et c’est sur ce travail d’édification que chaque ouvrier sera jugé et récompensé. Un sérieux motif pour servir de notre mieux et avec zèle le divin architecte. Serons-nous de simples spectateurs ou d’infatigables ouvriers ? La question est posée ; à chacun d’y répondre.

Une chose étonne : En s’adressant à l’église de Corinthe, Paul ne cite que deux catégories d’ouvriers alors qu’il y en a quatre en réalité. En effet…

– Il y a ceux qui bâtissent avec de l’excellent matériel, ou plus précisément, avec des matériaux précieux : de l’or ou de l’argent que le feu du jugement ne consumera pas (1 Corinthiens 3.12). A de tels serviteurs, la récompense est assurée. Ce sont certainement eux qui œuvrent dans l’amour et la soumission, en étroite communion avec le Père.

– Il y a la foule de ceux qui bâtissent avec du vent, ou plus exactement avec du bois, du foin ou du chaume que le feu du jugement détruira sans laisser de traces (12). Ces ouvriers-là, des chrétiens charnels centrés sur eux-mêmes, seront sauvés mais perdront leur récompense malgré le zèle déployé. Que cette vérité nous fasse réfléchir et nous incite à œuvrer de la bonne manière.

– Il y a ceux qui ne bâtissent pas. Paul les ignore car ils ne produisent rien. Simples spectateurs, totalement passifs, ils se réjouissent pourtant de voir la construction avancer. Ils bénissent Dieu en apprenant que l’Evangile progresse et que des miracles se produisent ici et là. L’œuvre de Dieu n’est pas leur affaire puisqu’il y a, sur les échelles, des frères qui travaillent sans désemparer. L’essentiel, aux yeux de ces spectateurs, c’est de se savoir « couverts par le sang de Christ » et en route pour le ciel. Ils ont enterré leur don et refusé, par paresse ou dureté de cœur, d’entrer dans le champ de Dieu pour y accomplir leur tâche avec joie aux côtés des autres. Cette catégorie de « membres » d’église paraît être — hélas ! — la plus nombreuse. Ces gens-là n’auront pas de place dans la Jérusalem céleste puisque Jésus dit : Le serviteur inutile, Jetez-le dans les ténèbres du dehors (Matthieu 25.30). Certains ont comparé les chrétiens improductifs à « l’appendice », ce petit organe dont on ne sait trop à quoi il sert, mais qui peut produire de violentes crises, les « crises d’appendicite » qui font hurler de douleur quand elles n’entraînent pas la mort du patient lorsque l’ablation de ce diverticule vient trop tard. Il est reconnu que les paresseux sont encombrants, critiques et négatifs. Des poids morts dans les communautés. Mais attention ! Nous ne visons pas ici ces fidèles intercesseurs qui travaillent dans le secret et qu’on serait tenté de juger et de classer dans cette troisième catégorie parce que leur activité reste cachée !

– Il y a une quatrième catégorie « d’ouvriers », les « mauvais ouvriers » dont parle l’Ecriture. Non seulement ils ne bâtissent pas, mais ils démolissent. Ce sont les pires, les diviseurs qui seront sévèrement jugés. Après avoir mentionné les « divisions » dans la liste des œuvres de la chair, l’apôtre conclut : Ceux qui commettent de telles choses n’hériteront pas le royaume de Dieu (Galates 5.21). Cette pensée redoutable est digne d’être méditée sérieusement car Dieu n’est pas un homme pour mentir. Le chef de l’Eglise est tellement attaché à l’unité de son corps qu’il en parle avec insistance à son Père dans sa dernière prière dite sacerdotale : Je leur ai donné (à ceux qui croiront en moi) la gloire que tu m’as donnée afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé (Jean 17.22, 23). Contrairement à ce que nous aurions écrit, l’apôtre Paul, dans ses exhortations du chapitre 4 des Ephésiens, fait passer l’unité des enfants de Dieu avant la sainteté de leur conduite (unité : versets 2 à 16 — sainteté : versets 17 et suivants). C’est une bonne chronologie. En effet, le propriétaire d’une maison pense d’abord à boucher les fissures et à s’assurer de la cohésion des matériaux avant de laver le sol ou de peindre les murs. Diviser est donc chose grave.

Les entrepreneurs qui construisent une maison dite traditionnelle, doivent mener de front une double action. Ils mandent une première équipe d’ouvriers dans les campagnes pour ramasser des pierres et les amener sur le chantier, tandis qu’une deuxième équipe s’active à poser et à cimenter ces pierres les unes aux autres pour édifier les murs.

Bâtisseurs, nous le sommes aussi (Paul cite quatre fois le verbe bâtir dans 1 Corinthiens 3.10-14). Nous appartenons aux deux équipes à la fois et sommes ainsi chargés d’accomplir la double mission signalée plus haut avec les compétences que Dieu a jugé bon de nous accorder. Le chrétien va au devant des perdus (il est un pêcheur d’hommes) pour les conduire à Jésus par ses paroles et ses actes. S’ils se courbent sous l’action du Saint-Esprit, ils deviennent alors des pierres vivantes, rapprochées les unes des autres par le sang de Christ et agrégées à l’édifice qu’est l’Eglise. Les nouveaux convertis, nés de nouveau, font désormais partie du corps de Christ. Mais la tâche du chrétien ne s’arrête pas là. Il a, en même temps, le souci et la mission de consolider ces « nouvelles pierres ». Comment cela ? En aidant les néophytes à prendre leur place dans la famille chrétienne et en les portant devant Dieu, fidèlement, jusqu’à ce qu’ils deviennent à leur tour des colonnes dans l’Eglise. Les encouragements, les avertissements parfois, l’intercession fidèle, un enseignement adéquat et, surtout, l’affection fraternelle attacheront plus fermement au Seigneur les convertis de fraîche date… Aller chercher les pierres et les consolider sont deux tâches de première importance qui exigent vigilance et fidélité. Quelqu’un a dit : « diriger les âmes converties est une œuvre plus délicate que le travail destiné à les convertir. Ce n’est pas tout d’ouvrir la porte de devant aux incroyants ; il faut aussi fermer celle de derrière ». L’Eglise n’est pas un couloir.

Première mission : aller chercher des pierres. Si nous ne sommes pas tous qualifiés pour prêcher l’Evangile du haut d’une estrade, nous pouvons cependant, tous, devenir des gagneurs d’âmes. Quiconque est préoccupé des perdus ne pourra rester inerte devant ceux qu’il côtoie. Dieu lui fournira de multiples occasions pour parler du Sauveur et son témoignage sera d’autant plus favorablement reçu qu’il aura, dans son entourage, la réputation d’être un homme humble et bon, rayonnant la joie du Saint-Esprit. Un chrétien triste n’est pas convaincant.

Certains enfants de Dieu, craintifs, se persuadent qu’ils ne sont pas compétents pour annoncer Jésus. Pour justifier leur silence, ils affirment que l’essentiel est de rendre un bon témoignage par une vie sans reproche. Ils oublient qu’il y a des incroyants altruistes à la conduite exemplaire qui ne sont pas pour autant des témoins du Christ. A l’inverse, les chrétiens bavards et sans complexe qui assènent l’Evangile à un entourage qu’ils choquent sans vergogne par leur comportement égoïste ou malhonnête, sont en réalité de piètres évangélistes, du genre repoussoir. Ils desservent plutôt la cause du Christ. Le message doit être confirmé par le vécu.

Alors, que faire pour établir le contact avec les incroyants ?

1. D’abord, s’offrir au Seigneur pour le servir, sans recherche de soi, mais avec le désir d’être un vase purifié, propre à toute bonne œuvre. Se rappeler ici le conseil de Jean (1 Jean 1.9).

2. Se persuader que Dieu a un chemin pour chacun. L’erreur est de vouloir emprunter celui des autres, de copier ce qu’ils font, de se croire obligé de les imiter. Demandons à Dieu qu’il réchauffe notre cœur et nous ouvre les yeux pour discerner les occasions de témoignage qu’il nous donne.

3. Regarder le prochain avec espérance, sachant que la plupart des personnes que nous côtoyons sont des créatures en route vers l’enfer. Cette pensée doit être entretenue ; elle nous « poussera » à parler en temps et hors de temps de celui qui cherche les perdus.

4. Prier pour les voisins ou les habitants de notre immeuble. Intercéder fidèlement en leur faveur en demandant au Père « de les attirer à lui » et de faire de nous, le moment venu, les instruments de leur salut. De nous intéresser ainsi aux autres nous amènera à veiller jalousement sur notre conduite dans notre foyer comme devant nos voisins ou nos collègues de travail.

5. Saisir les moindres occasions pour rendre service autour de nous. Entourer et soutenir ceux qui sont éprouvés. Visiter les malades, donner du temps aux personnes seules, relever celles qui sont accablées, sont des actes de bonté qui réjouissent le Dieu d’amour, lequel nous exhorte dans sa parole à ne pas nous lasser de faire le bien (Galates 6.9). Dans ce domaine, le travail ne manque pas.

6. Donner à nos voisins un évangile, un calendrier, un livre convenant à leur situation ou à leurs besoins. Il y a des ouvrages destinés à des personnes dans le deuil, à des dépressifs, à des gens en recherche… La page imprimée a plus d’impact qu’on le croit. Nous avons eu les preuves qu’elle peut être un instrument de salut dans la main de Dieu.

7. Ecrire des lettres. Sans faire du prêchi-prêcha, il est possible, par la correspondance, d’atteindre des incroyants où des chrétiens éprouvés, peut-être ébranlés dans leur foi. Nous pensons ici à telle personne qui s’est sentie appelée à écrire à des affligés, à des malades ou à des déprimés pour les soutenir et les relever. Les lettres affectueuses qu’elle a reçues en retour l’ont vivement encouragée à poursuivre ce ministère. Pourquoi ne limiteriez-vous pas ? Quelle joie d’apprendre qu’à la lecture de nos lignes, un tel a été béni et peut-être gagné à Jésus-Christ.

8. Payer un camp ou une colonie de vacances à un enfant d’une famille dans le besoin. On ne regrettera pas son argent s’il en revient du camp visité par le Saint-Esprit. Utilisons notre argent pour la propagation de l’Evangile. Il n’y a pas de meilleur placement. Nous pensons à telle personne qui a été invitée, tous frais payés, à se rendre à une des conventions de Guebwiller. Et c’est là qu’elle a rencontré le Christ et s’est consacrée à son service.

9. L’agriculteur qui ensemence son champ attend la moisson avec patience. Imitons-le et n’exigeons pas des résultats immédiats. D’ailleurs, les fruits de notre travail ne sont pas pour nous. Laissons-les à Dieu et veillons à ne pas tirer gloire de nos « succès » qui pourraient s’avérer éphémères. Et puis, ne nous décourageons pas si le terrain où nous témoignons paraît dur et apparemment improductif ; l’essentiel est de lancer la semence, « de jeter son pain » à la face des eaux. Avec le temps nous le retrouverons (Ecclésiaste 11.1).

10. Lisez 1 Pierre 2.12 et attardez-vous sur l’expression : au jour où Dieu les visitera. Méditez cette phrase en la mémorisant. Elle vous apaisera et stimulera votre patience.

Consolider les pierres vivantes.

Il est si facile par des critiques, des rapportages, des propos maladroits ou des brusqueries, de blesser un jeune frère, et donc, de le dresser contre soi, de l’éloigner d’un frère ou d’une sœur, et même de la communauté. Chaque tension ou rupture est une lézarde dans le mur de l’édifice. C’est pourquoi, veillons les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres (Hébreux 10.24). Et avant tout, renchérit Pierre, ayons les uns pour les autres une ardente charité (1 Pierre 4.8).

Que nos actes, nos paroles, nos attitudes et nos « charismes » servent à l’édification de l’Eglise (1 Corinthiens 14.12).

QUESTIONS

  1. Dans l’église, êtes-vous acteur ou spectateur ? Dans quelle catégorie d’ouvriers vous situez-vous ?
  2. Etes-vous soucieux de témoigner autour de vous par la parole ? Priez-vous pour les incroyants que vous côtoyez tous les jours et dont vous devriez vous préoccuper du salut ?
  3. Que devriez-vous faire pour aider tel nouveau converti à s’intégrer dans la communauté et à s’y sentir à l’aise ?

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