« Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour comme ...je demeure dans son amour ». Jean 15.9-10
Christ a enseigné à ses disciples que demeurer en lui, c'est demeurer dans son amour. L'heure de sa Passion est proche, il ne pourra plus guère leur parler. Ils ont certainement quantité de questions à lui poser sur ce que signifie : demeurer en lui et dans son amour. Il prévient leur demande et leur présente SA PROPRE VIE comme le meilleur commentaire de son commandement. Désirent-ils un exemple et des règles pour demeurer dans son amour ? — qu'ils regardent comment Jésus demeure dans l'amour du Père. A la lumière de son union avec le Père, leur union avec lui va s'éclairer. Sa vie dans le Père est la loi de leur vie en lui.
Cette pensée est si élevée que nous pouvons à peine la saisir et pourtant elle est si clairement révélée qu'il est impossible de la mettre de côté. N'avons-nous pas lu dans Jean 6.57 « comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi ». Et la prière du Sauveur est si claire : « Qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi » (Jn. 17.22). C'est l'union bénie de Christ et du Père et sa vie en lui qui doivent orienter tout ce que nous pensons et attendons quant à notre vie et notre habitation en Lui.
Pensons d'abord à l'origine de la vie de Christ dans le Père. Ils étaient UN — unité de vie, unité d'amour. C'est là que son habitation dans le Père est enracinée. Bien qu'il vécût sur la terre, il savait qu'il était un avec le Père, que la vie du Père était en lui et que son amour reposait sur lui. Sans cette certitude, il lui aurait été absolument impossible de demeurer dans le Père et dans son amour. Et c'est ainsi, seulement ainsi que nous pouvons demeurer en Christ et dans son amour : en sachant que nous sommes un avec lui, par une unité de nature. Par sa naissance, il est devenu homme, il a pris votre nature afin de pouvoir être un avec vous. Par votre nouvelle naissance, vous êtes devenus un avec lui, rendus participants de sa nature divine. L'anneau qui vous relie à lui est aussi réel et aussi étroit que celui qui le relie au Père — c'est l'anneau de la vie divine. Vous pouvez vous réclamer de lui aussi sûrement, aussi légitimement qu'il se réclamait du Père. Votre union avec lui est aussi étroite.
Et parce que c'est l'unité de la vie divine, c'est aussi l'unité de l'amour infini. Dans sa vie d'humiliation sur cette terre, le Sauveur a goûté quelle bénédiction et quelle force cela peut être de se savoir l'objet d'un amour infini et de demeurer le jour durant dans cet amour. Par son propre exemple, il vous invite à apprendre que là se trouve le secret du repos et de la joie. Vous êtes un avec lui, abandonnez-vous maintenant à son amour. Ouvrez vos yeux et votre cœur à cet amour qui rayonne et vous presse de toutes parts. Demeurez dans son amour.
Pensez maintenant à la manière dont Christ demeure dans l'amour du Père car cela doit être aussi la loi de votre vie. « J'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour » (Jean 15.10). Sa vie fut une vie de soumission et de dépendance, et pourtant une vie extraordinairement bénie. Pour notre nature orgueilleuse et égoïste, l'idée de dépendance et de soumission s'identifie à l'idée d'humiliation et de servitude ; dans la vie d'amour que vivent le Père et le Fils et à laquelle nous sommes invités, c'est au contraire le secret de la bénédiction. Le Fils ne craint pas de perdre quoi que ce soit en abandonnant tout au Père car il sait que le Père l'aime et ne peut dissocier son intérêt de celui de son Fils bien-aimé. Il sait que la communication par le Père de tout ce qu'il possède est tout aussi complète que sa propre dépendance à l'égard du Père. C'est pourquoi, quand il dit : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit faire au Père », il ajoute immédiatement : « et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait » (Jean 5.19-20). Le croyant qui étudie la vie de Christ en y voyant le modèle et la promesse de ce que la sienne peut être, apprend à discerner que : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5) ne fait qu'ouvrir la voie à « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Ph.4.13). Il apprend à se glorifier de ses faiblesses, à se plaire dans les infirmités, les privations, les angoisses pour Christ, car « quand je suis faible, c'est alors que je suis fort » (2Co. 12.9-10). Il s'élève au-dessus de la tonalité habituelle à tant de chrétiens qui parlent de leur faiblesse en s'y résignant. Pour lui, il a appris de Christ que, dans la vie de l'amour divin, se vider de soi-même et sacrifier sa volonté propre est le plus sûr moyen d'obtenir tout ce que nous pouvons souhaiter ou vouloir. Pour le chrétien comme pour Christ, la dépendance, la soumission, le sacrifice de soi sont le chemin béni de la vie. Comme Christ a vécu au travers de son Père et en lui, le croyant vit au travers de Christ et en lui.
Comme cette vie de Christ dans l'amour du Père est glorieuse ! Parce qu'il s'est donné lui-même totalement pour la gloire du Père et pour faire sa volonté, le Père l'a couronné de gloire et d'honneur. Il l'a désigné comme son seul représentant ; il l'a fait participer à sa toute-puissance et à son autorité ; il l'a élevé en le faisant asseoir avec lui sur son trône comme Dieu. Ainsi seront élevés ceux qui demeurent dans l'amour du Christ. Lorsque Christ nous trouve disposés à confier à son amour notre personne et nos intérêts, à lui abandonner avec confiance le soin de nos désirs et de notre honneur, si nous mettons notre gloire à reconnaître et pratiquer en toutes choses notre absolue dépendance de lui, si nous sommes heureux de n'avoir d'autre vie qu'en lui, alors il fait pour nous ce que le Père a fait pour lui. Il fait reposer sa gloire sur nous afin que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en nous et en lui (2Th. 1.12). Il nous reconnait comme ses dignes et véritables représentants, il nous revêt de sa puissance, il nous admet dans son conseil, il permet à notre intercession d'influencer la manière dont il gouverne l'Eglise et le monde, il exerce à travers nous son autorité et son influence sur les hommes. De tels croyants sont les seuls en qui son Esprit puisse habiter, les seuls instruments qu'il recherche pour accomplir son œuvre divine. Qu'elle est bénie la vie de l'âme qui demeure dans l'amour du Christ, comme il demeure dans l'amour du Père !
Croyant, demeure dans l'amour de Christ. Etudie sa relation avec le Père et considère-la comme le gage de ce que la tienne peut devenir. Ta vie en lui peut être aussi bénie, aussi puissante, aussi glorieuse que sa vie dans le Père. Accepte avec foi cette vérité qu'enseigne l'Esprit et elle fera disparaître toute trace de crainte : il est impossible que demeurer en Christ puisse être un souci ou un effort pénibles ! A la lumière de Sa vie dans le Père, que cette union avec lui devienne à tes yeux un repos béni, une source débordante de joie et de force. Demeurer dans son amour, son puissant amour qui te sauve, te garde, te comble de la même façon que Christ demeurait dans l'amour du Père — l'immensité même de cette invitation nous montre bien que cela ne peut pas être un travail à accomplir par nous-mêmes. Pour nous comme pour lui, cela ne peut résulter que du débordement spontané de notre vie intérieure et de l'action puissante de l'amour qui vient d'en haut. Une seule chose est nécessaire : prenons le temps d'étudier la vie divine dans l'amour, vie dont le Christ a déployé l'image devant nous. Que nos âmes, en paix devant Dieu, contemplent cette vie de Christ dans le Père jusqu'à ce que la lumière du ciel nous illumine et que nous entendions la voix de notre Sauveur vivant et bien-aimé murmurer pour nous, à notre oreille, ce qu'il a enseigné à ses disciples. Que nos âmes écoutent en paix, que toute autre pensée fasse silence jusqu'à ce que ces mots aient pénétré notre cœur : « Mon enfant, je t'aime comme le Père lui-même m'a aimé. Demeure dans mon amour comme je demeure dans l'amour du Père. Ta vie sur terre, en moi, sera le parfait reflet de ma vie dans le Père ».
Et si cette idée vient traverser ton esprit : Certainement, c'est trop grand pour moi ; cela pourrait-il être vrai ? — rappelle-toi seulement que la grandeur de l'objet qu'il a en vue justifie la grandeur du privilège. Christ a été la révélation du Père sur cette terre. Il n'aurait pas pu l'être s'il n'y avait pas eu la plus parfaite unité, la plus entière communication au Fils de tout ce que le Père possède. Il a pu l'être parce que le Père l'aimait et qu'il demeurait dans son amour. Les croyants sont la révélation de Christ sur cette terre. Ils ne peuvent l'être que s'il y a unité parfaite, afin que le monde sache qu'il les aime et qu'il les a envoyés. Ils peuvent l'être parce qu'en vérité Christ les aime de cet amour infini qui se donne avec tout ce qu'il possède et parce qu'ils demeurent dans cet amour.
Seigneur, montre-nous ton amour. Que nous puissions comprendre, avec tous les saints, l'amour qui surpasse toute connaissance (Eph. 3.18-19). Seigneur, montre-nous au travers de ta propre vie bénie ce que signifie demeurer dans ton amour. Et cette vision remportera la victoire : il ne nous sera plus possible de rechercher, ne fût-ce qu'un seul moment, une autre façon de vivre que de demeurer dans ton amour.