A ceux qui font profession d'être chrétiens

XXII° DISCOURS - NECESSITE D'UN ENSEIGNEMENT DIVIN

« Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu'ils ne croient pas en moi; de justice, parce que je m'en vais à mon Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. »

« J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le Consolateur, l'Esprit de la vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » Jean XVI.7-13.

La doctrine de la nécessité d'une influence divine pour éclairer et sanctifier l'esprit de l'homme est abondamment enseignée dans la Bible et généralement reçue, au moins en théorie, dans toutes les églises orthodoxes. Mais en fait, la connaissance salutaire de l'Evangile, telle que la produit le Saint-Esprit, est rare jusqu'à ce jour parmi les hommes, d'où il résulte que l'influence de l'Evangile aussi est relativement restreinte. C'est à peine si son objet suprême, qui est de produire la sainteté sur la terre, a commencé à se réaliser. La question de savoir si nous avons besoin d'une influence divine pour atteindre ce but est une question capitale; il nous faut savoir aussi dans quelle mesure nous en avons besoin, et pour quels motifs elle est nécessaire. Si nous ne sommes pas au clair sur ces questions, nous serons par là même dans l'incertitude sur tous les sujets qui concernent notre sanctification.

I.

Nous chercherons tout d'abord jusqu'où peut aller la raison humaine dans l'intelligence des choses de Dieu, sans le secours de l'illumination divine.

1. Elle peut comprendre les faits historiques de la religion, exactement comme elle comprend tous les autres faits historiques.

2. Elle peut comprendre les doctrines de l'Evangile.

C'est-à-dire qu'elle est capable de comprendre les vérités abstraites qui sont comme la charpente de l'Evangile ; ainsi l'existence et les attributs de Dieu, l'inspiration et l'autorité divine des Ecritures, etc. Elle comprend ces vérités et les preuves sur lesquelles elles reposent, exactement comme elle comprend toute vérité scientifique.

L'homme peut comprendre la loi de Dieu. Il comprendra qu'elle lui ordonne d'avoir un parfait amour pour Dieu et pour ses semblables. Il saura par expérience ce qu'est l'amour, parce qu'il réprouve pour différents objets; et par cela seul qu'il est un être moral, il pourra comprendre aussi combien est raisonnable la loi qui nous l'ordonne. Il pourra de même reconnaître qu'il est un pécheur et qu'il ne peut être sauvé par ses propres oeuvres; qu'ayant violé la loi, 1a loi ne peut le justifier; et que, s'il doit jamais être sauvé, il ne pourra l'être que par pure grâce.

Je pourrais parcourir toute la théologie et vous montrer que l'intelligence humaine est capable de la comprendre comme un système de vérités abstraites, de l'accepter et de la croire, sur la foi des preuves, comme on le fait en toute autre science. Mais je suis loin d'admettre que laissée à elle-même, la raison puisse parvenir à une connaissance religieuse capable de produire la conversion et la sanctification.

II.

Nous chercherons maintenant ce qui manque à toute connaissance religieuse acquise sans le secours du Saint-Esprit; en d'autres termes, ce qui rend toute connaissance purement humaine stérile au point de vue du salut.

Pour que la connaissance soit utile, elle doit être une vue des choses assez profonde, assez vive, pour produire l'émotion, pour toucher le coeur et déterminer la volonté. Une connaissance purement intellectuelle ne portera jamais l’âme à l'action ; abstraction scientifique, elle n'éveille aucun sentiment, n'excite aucune émotion et ne peut avoir aucune action sur la volonté; elle n'a donc aucune valeur au point de vue du salut: Pour porter le pécheur à aimer Dieu, il faut un haut degré de lumière, capable de produire de fortes émotions ; il faut que les motifs d'obéir à Dieu apparaissent au pécheur d'une manière assez évidente, assez saisissante, pour subjuguer son coeur rebelle et l'amener à résipiscence. Voilà ce que j'appelle une connaissance salutaire de la vérité. Or nul n'a jamais pu ni ne pourra jamais arriver à cette connaissance-là sans l'Esprit de Dieu.

Si le péché n'était pas dans le monde, la connaissance que nous pouvons acquérir par nos seules facultés, serait-elle capable par elle-même de nous porter au bien ? je ne le sais pas. En fait, la connaissance qu'avait Adam dans son état d'innocence n'empêcha pas sa chute. Quoiqu'il en soit, dans le monde tel qu'il est maintenant, l'homme étant tout à fait opposé à la sainteté, cette connaissance est absolument insuffisante. Voici quelques raisons de ce fait :

1. Ici-bas, toute connaissance que nous pouvons avoir par nous-mêmes des choses spirituelles s'obtient par voie d'analogie ou de comparaison.

Notre esprit est enfermé dans un corps, et nos idées se forment d'après les objets extérieurs et par l'intermédiaire des sens. Or, nous ne pouvons jamais obtenir de cette façon une connaissance des choses spirituelles suffisante pour agir efficacement sur notre volonté.

Les types de l'Ancien Testament étaient probablement le meilleur moyen auquel Dieu pût avoir recours pour donner aux Juifs une idée de l'Evangile. Les Orientaux étaient fort accoutumés à se servir de figures, de paraboles et de types, aussi ces moyens d'éducation étaient-ils sans doute, les plus impressifs et les plus efficaces pour faire pénétrer la vérité dans leur esprit. Cependant nous voyons que les idées religieuses qui furent communiquées aux Israélites par cette voie étaient extrêmement imparfaites, et que sans l'illumination divine aucun d'eux n'aurait possédé une connaissance vraiment efficace des vérités du salut.

Il en est de même des mots. Ceux-ci ne sont que des signes qui indiquent les idées; ils ne sont pas les idées, ils n'en sont que des représentations plus ou moins grossières. Il est souvent très difficile, parfois même impossible, de communiquer une idée par la voie du langage. Prenez un petit enfant, essayez de converser avec lui, et vous verrez quelle difficulté vous éprouverez, sur bien des sujets, à faire pénétrer vos idées dans son esprit ; il faudrait en effet qu'il eût quelque expérience des choses dont vous lui parlez, pour que vos idées se communiquassent à lui par les mots que vous employez.

Supposez que cette assemblée ne soit composée que d'aveugles de naissance. Un magnifique tableau est suspendu à la muraille et j'entreprends de vous le décrire. Quel que soit mon langage, je ne parviendrai pas à vous en donner une idée suffisante pour que vous puissiez vous le représenter.

Le langage figuré, les analogies, les ressemblances ne peuvent donner qu'une connaissance imparfaite des choses. Que de fois n'avez-vous pas fait l'expérience suivante : ou vous avait décrit une personne ou une localité si bien que vous pensiez en avoir une connaissance exacte; mais une fois en présence de la réalité, vous avez dû reconnaître que vous vous en étiez fait une idée fausse.

Supposez que nous recevions la visite d'un habitant d'une autre planète où toutes choses seraient établies et organisées d'après un plan tout différent de celui que nous connaissons. Supposons encore que cet étranger reste assez longtemps parmi nous pour apprendre notre langage, puis qu'il entreprenne de nous faire connaître le monde qu'il a quitté. Il est clair que nous comprendrons ce qu'il nous dira d'après nos propres idées et nos propres expériences, et que notre compréhension des choses qu'il nous dira sera fort imparfaite. Il en est de même quant aux descriptions que la Bible nous fait du monde invisible, du ciel et de l'enfer ; les mots qu'elle emploie sont, à eux seuls, incapables de nous donner une idée de ces choses tant soit peu adéquate à la réalité.

2. La méchanceté de nos coeurs est si grande qu'elle pervertit notre jugement.

Quand la perversité d'un homme est telle qu'il ne veut pas être éclairé sur les choses spirituelles, il est clair qu'il ne peut arriver à la connaissance de la vérité sur ces sujets.

3. Les préjugés sont un grand obstacle à la connaissance de la vérité dans les choses religieuses.

Voyez le cas des disciples immédiats de Jésus-Christ. Leurs préjugés juifs concernant le plan du salut étaient si forts, que toutes les instructions de Jésus-Christ lui-même ne purent leur faire comprendre la vérité. Après les avoir enseignés pendant trois ans avec toute la clarté, toute la simplicité et toute la sagesse possibles, il n'avait pas encore réussi à les mettre en possession des premiers principes de l'Evangile. Jusqu'au jour de sa mort, il ne put leur faire comprendre qu'il devait mourir et ressusciter des morts. C'est pour cela, qu'il leur dit dans le dernier entretien qu'il eut avec eux : « Si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. » Le vrai but de son départ était la venue du Saint-Esprit, qui devait leur communiquer la véritable intelligence des paroles que Jésus leur avait dites.

En un mot, sans l'illumination divine, l'homme peut comprendre assez la Bible pour reconnaître qu'il est condamné devant Dieu; mais il ne peut la comprendre assez, pour être sanctifié et sauvé.

Quelle est donc l'utilité de la Révélation ? me demanderez-vous.

Cette utilité est grande. La Bible est aussi claire qu'elle peut l'être. Qui peut douter que notre Seigneur n'instruisait ses disciples avec autant de clarté qu'il le pouvait? Voyez la peine qu'il prend pour illustrer son enseignement par des comparaisons; que son langage est simple; et comme, il s'abaisse au niveau de la plus faible intelligence ! il agit comme un père ou une mère agirait avec son petit  enfant Assurément, cet enseignement fut utile aux disciples, bien qu'il fût insuffisant sans le secours de l'Esprit.

III.

L'Esprit de Dieu seul peut produire en nous l'illumination nécessaire.

La Bible nous dit : « Personne ne peut dire que Christ est le Seigneur, si ce n'est par le Saint-Esprit. » Il est vrai que la divinité de Jésus-Christ, considérée comme abstrait, peut être prouvée, comme toute proposition scientifique, de manière à se faire accepter par tout esprit dégagé de préventions; mais le Saint-Esprit seul peur établir fermement en nous la foi en Jésus-Christ, Dieu Sauveur, de manière à sanctifier notre âme.

Jésus-Christ nous dit aussi : « Nul ne peut venir à moins que le Père qui m'a envoyé ne l'attire, et je le susciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes « Ils seront tous enseignés de Dieu. » Tout homme donc qui a entendu le Père et a été enseigné de lui, vient à moi. » Il est évident que l'attraction dont parle ici Jésus-Christ est l'enseignement du Saint-Esprit.

Nous avons besoin pour apprendre à connaître les choses spirituelles d'un instituteur qui ne soit pas lié aux mots et aux syllabes, qui ne soit pas obligé de parler à notre esprit par l'intermédiaire des sens, et qui puisse apporter dans notre esprit les idées elles-mêmes et non pas seulement les signes des idées.

La manière dont l'Esprit opère cette oeuvre ne nous sera jamais connue en ce monde ; mais le fait qu'il l'opère est indéniable. C'est un fait qu'il nous donne l'idée de choses que nous n'avons jamais expérimentées. Quel est le chrétien qui ne le sache? En est-il un seul qui n'ait pas éprouvé que l'Esprit de Dieu peut lui faire apercevoir instantanément dans un passage des Ecritures des vérités que toutes ses études et tous ses efforts n'auraient jamais pu lui découvrir?

Je supposais tout à l’heure le cas où tous les membres de cette assemblée seraient aveugles et où je leur ferais la description d'un tableau suspendu à la muraille. Supposez maintenant qu'au moment où je me donnerais une peine extrême pour vous faire comprendre le contraste des couleurs, et tout le charme de leurs différentes nuances, vos yeux fussent tout à coup ouverts. Vous verriez alors les choses mêmes que les paroles et les mots auraient été impuissants à vous communiquer. C'est là ce que fait l'Esprit de Dieu et ce que seul il peut faire: il ouvre l'oeil spirituel et apporte à l'esprit les choses spirituelles elles-mêmes dans leur vivante réalité, choses dont les mots, les figures et les comparaisons ne peuvent donner la connaissance.

Il est d'ailleurs évident que seul l'Esprit de Dieu connaît assez les choses de Dieu pour nous en donner une connaissance exacte. « Qui connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? » dit saint Paul. Qu'est-ce qu'un animal peut connaître de ce qui se passe en l'homme? Je puis parler à votre conscience parce que je suis un homme et que je connais les choses de l'homme. De même, la Bible dit encore: « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. » Cet Esprit ayant conscience immédiate des choses de Dieu, possède une connaissance de ces choses qu'aucun autre être ne peut avoir ; et seul il peut nous donner le genre d'instruction dont nous avons besoin.

IV.

Chacun peut obtenir le Saint-Esprit gratuitement.

Il suffit de quelques passages de la Bible pour le montrer Jésus-Christ dit que Dieu est plus disposé à donner le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent que des parents ne sont disposés à donner à leur enfant le pain nécessaire. « Demandez et on vous donnera; cherchez et vous trouverez; heurtez et on vous ouvrira. » « Tout ce que vous demandez en priant, si vous croyez, vous le recevrez. » « C'est pourquoi je vous dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevez, et cela vous sera fait. » (Marc XI :24) Et l'apôtre Jacques dit encore : « Si quelqu'un de vous manque de sa gesse, qu'il fasse demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et ne fait pas de reproches, et elle lui sera donnée. » S'il est vrai que Dieu ait fait ces promesses il est vrai aussi que chacun peut avoir autant d'illumination divine qu'il en a besoin.

V.

Je désire maintenant vous montrer les raisons pour les quelles beaucoup de chrétiens, nonobstant ces divines promesses, ne reçoivent pas toutes les lumières spirituelles qui leur sont nécessaires.

1. Ils ne demandent pas tout ce dont ils ont besoin ou ne le demandent pas avec un désir suffisant.

Ils désirent les choses périssables plus que le Saint Esprit.

2. Ils demandent mal, par des motifs égoïstes.

L'apôtre Jacques dit : « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de fournir vos voluptés. » Si un homme demande par un motif égoïste, c'est-à-dire par toute autre raison que celle de glorifier Dieu, il n'a pas sujet de s'attendre à recevoir l'illumination divine. S'il demande le Saint-Esprit afin d'être plus heureux, de jouir davantage de sa religion, ou d'être plus savant dans les Ecritures, ou afin qu'on le regarde comme un chrétien éminent, ou par quelque autre motif égoïste, il y a là une bonne raison pour qu'il ne le reçoive pas.

3. Ils n'usent pas des moyens nécessaires pour acquérir ce qu'ils demandent.

Si vous négligez votre Bible et que vous demandiez à Dieu de vous donner la connaissance des choses spirituelles, vous tentez Dieu. Dieu donne la connaissance par le moyen de la Bible et par les autres moyens qu'il a donnés pour notre instruction. Si nous ne voulons pas user de ces moyens, pour autant qu'ils sont à notre disposition, nous avons beau prier, nous ne recevrons pas les instructions divines: « La foi vient de ce qu'on entend, et l'on entend au moyen de la Parole de Dieu. »

Il y a ici une différence importante à faire entre ceux qui possèdent les moyens de s'instruire et ceux qui ne les possèdent pas. Je pense qu'on peut recevoir toute l'illumination dont on a besoin pour connaître l'Evangile, malgré. la privation forcée des moyens ordinaires d'instruction. Si, par exemple, un homme se trouve abandonné dans une île déserte, il pourra recevoir directement du Saint-Esprit toute l'illumination dont a besoin. De même en toute autre circonstance où tout moyen extérieur d'instruction manquerait absolument. Plusieurs faits très remarquables qui se sont produits ces dernières années confirment ce que je viens d'avancer. J'ai connu un cas que je regardais comme miraculeux, à l'époque où il s'est produit, et que pour cette raison j'ai rarement cité, sentant que l'Eglise n'était pas préparée à en entendre le récit. Etant évangéliste, je travaillais dans une localité près de laquelle se trouvaient beaucoup d'Allemands. Ils n'avaient reçu que très peu d'instruction et beaucoup d'entre eux ne savaient pas lire. Mais quand l'Evangile leur fut prêché, l'Esprit de Dieu fut répandu sur eux, et un réveil des plus puissants s'en suivit. Bien que l'on fût au temps de la moisson, dès qu'une réunion était convoquée en quelque lieu, tous les habitants du voisinage s'y rendaient en masse, toutes les places étaient prises  et tous étaient suspendus aux lèvres du prédicateur. C'est dans une de ces réunions qu'une Allemande, personne intelligente, mais qui jusqu'alors n'avait jamais su lire, pas même distinguer les lettres, nous raconta avec des larmes de joie l'expérience suivante, qui fut attestée aussi par ses voisins : « Une fois amenée à aimer Dieu, je désirais ardemment pouvoir lire la Bible, et je priai disant : « O Seigneur Jésus, tu peux m'enseigner à lire la Sainte Bible! » et je sentis qu'il le pouvait. Il y avait une vieille Bible dans la maison, je la pris, je l'ouvris, je lus, et c'était justement ce que j'avais entendu lire. Je crus que Jésus m'avait appris à lire; j'allai trouver la maîtresse d'école ; je lus devant elle, et elle me dit que je lisais bien ; dès lors j'ai pu lire moi-même la Parole de Dieu. Béni soit son saint nom!» Cette femme était une personne digne de confiance et jouissant de l'estime de ses voisins. Plusieurs de ceux-ci, des plus respectables, me dirent ensuite qu'ils n'avaient aucun doute que son récit ne fût vrai.

A ce moment, je crus que c'était un miracle; mais depuis les faits qui ont été mis en lumière ces dernières années et qui tendent à démontrer l'indestructibilité de la mémoire, j'ai pensé que le cas de cette Allemande pouvait s'expliquer dans le sens de ces mêmes faits. Dans sa jeunesse, elle avait probablement appris le nom des lettres et leur valeur dans la composition des sons. En réponse à sa prière, le  Saint-Esprit avait vivifié son intelligence et renouvelé ses souvenirs au point qu'elle devint capable de lire sa Bible.

Plusieurs d'entre vous se rappellent les faits établis ici même par le président Mahan, faits qui démontrent que toute impression faite sur l'esprit de l'homme laisse une trace indélébile. Il cita le cas d'une vieille dame qui lorsqu'elle était jeune avait lu une poésie contenant un petit récit. Un jour elle voulut se rappeler cette histoire pour la raconter à quelques enfants ; et, à sa grande surprise, tous les vers de cette poésie revinrent tout à coup à sa mémoire, de sorte qu'elle put les répéter mot peur mot, bien qu'elle n'eût jamais- essayé de les mémoriser. Le Dr Mahan cita encore le cas d'une femme ignorante qui avait été en service chez un savant pasteur. Celui-ci avait l'habitude de lire à haute voix sa Bible hébraïque, en sorte que la servante qui faisait son travail dans la pièce voisine pouvait l'entendre. Comme vous le pensez bien, celle-ci ne comprenait pas un mot de ce que disait le ministre, elle n'entendait que les sons. Or, fort longtemps après, étant sur son lit de mort, cette femme, au grand étonnement de tous ceux qui l'entouraient, se mit à réciter des chapitres entiers d'hébreu et de chaldéen. Les voisins crurent d'abord à un miracle ; mais tout s'expliqua dans la suite.

Il est donc constaté que même un son inintelligible pour celui qui le perçoit peut faire une telle impression sur la mémoire, que fort longtemps après il reparaisse dans l'esprit avec une entière netteté. Je suppose que ce fut le cas de l'Allemande dont j'ai parlé ; Dieu l'exauça en donnant une nouvelle puissance à sa mémoire, en sorte qu'elle put se rappeler la forme des lettres et les sons qu'elles représentent.

4. Une autre raison pour laquelle beaucoup de gens n'obtiennent pas l'illumination divine dont ils ont besoin, est qu'ils contristent l'Esprit de Dieu de différentes manières.

5. Une autre raison encore qui empêche de recevoir la lumière du Saint-Esprit, est la confiance que l'on place dans des instructions et des moyens qui ne sont rien sans l'illumination de l'Esprit de Dieu.

Que de gens qui comptent sur l'enseignement de tel ou tel pasteur, sur des livres, commentaires ou autres, ou sur leurs propres recherches, et qui ne voient pas que toutes ces choses, sans l'Esprit de Dieu, ne peuvent que tuer, jamais vivifier ; condamner, jamais sauver ! Cette erreur est presque partout répandue dans l'Eglise.

Oh ! si les chrétiens pouvaient sentir réellement que tous les moyens ne sont rien sans l'enseignement du Saint-Esprit, comme ils prieraient, comme ils purifieraient leurs mains, comme ils humilieraient leur coeur, jusqu'à ce que le Saint-Esprit descendit pour leur enseigner toutes les choses qui regardent le royaume de Dieu!

6. La confiance en soi-même est encore une raison du fait que connaît si peu l'illumination divine du Saint-Esprit.

Aussi longtemps que ceux qui font profession d'être chrétiens placeront leur confiance dans leur savoir ou dans leur jugement ou dans leur capacité à s'instruire des choses de Dieu, il n'est pas probable que le Saint-Esprit leur accorde d'abondantes lumières.

VI.

Les hommes sont responsables de toute la vérité qu'ils pourraient connaître en la recevant du Saint-Esprit.

C'est une vérité universellement reconnue que chacun est responsable de toute la lumière qu'il pourrait avoir, tout aussi bien que de toute celle qu'il a effectivement. C'est en effet un principe de loi fort élémentaire, une vérité de sens commun, que personne ne peut s'autoriser de son ignorance de la loi pour la violer; car tous sont tenus de la connaître. Il en est de même dans le royaume de Dieu. Si nous avons à notre disposition et les moyens extérieurs d'instruction, et les enseignements intérieurs du Saint-Esprit, et que nous péchions par ignorance, nous ne sommes pas seulement, sans excuse quant au péché particulier que nous avons commis, mais notre ignorance elle-même est un crime. D'une manière générale, elle augmente notre culpabilité.

Nous sommes donc sans excuse si nous ne possédons pas toute la connaissance nécessaire à notre parfaite et immédiate sanctification.

REMARQUES.

1. Vous voyez l'effet que produisent les instructions humaines sur une congrégation dans laquelle ne s'exerce aucune influence divine.

Ces instructions peuvent convaincre l'église de son devoir, mais elles ne produiront jamais la sanctification. Elles ne changeront pas le coeur ; elles l'endurciront. Sans l'influence de l'Esprit de  Dieu, elles ne sont qu'une « odeur de mort pour produire la Mort. »

2. Vous voyez combien il est important de mettre en oeuvre tous les moyens d'instruction religieuse qui sont à notre portée, afin que le Saint-Esprit s'en serve comme de véhicules pour faire parvenir aux âmes l'illumination divine.

Nous n'avons aucune raison pour ne pas user des moyens qui ont été mis en notre pouvoir et pour ne pas mettre en oeuvre toutes nos facultés afin d'acquérir la connaissance des choses religieuses ; nous devons faire tout cela aussi fidèlement que si nous pouvions arriver à la complète intelligence des choses spirituelles sans le secours du Saint-Esprit. « Aide-toi, Dieu t'aidera. » Quand nous nous servons de tous les moyens que Dieu nous donne, nous pouvons nous attendre à ce que Dieu nous éclaire. Mais détourner nos yeux de la lumière en priant Dieu de nous éclairer, c'est tenter Dieu.

3. Ceux qui enseignent les vérités religieuses sans avoir été eux-mêmes enseignés de Dieu, sont « des aveugles conducteurs d'aveugles. »

Aucun degré de savoir, aucune puissance de dialectique, aucune faculté humaine enfin ne feront jamais un bon prédicateur de l'Evangile, tant que l'illumination puissante du Saint-Esprit lui fera défaut. Aveugle est l'homme qui, étant dénué de cette illumination, pense cependant comprendre la Bible; s'il entreprend d'enseigner autrui, il se séduit lui même et séduit les autres : ils tomberont avec lui dans la même fosse.

4. Si quelqu'un enseigne l'Evangile par le Saint-Esprit envoyé du ciel, il sera généralement compris.

Il est possible que ses auditeurs ne le comprennent pas, parce que le Saint-Esprit ne leur a pas été donné comme à lui. Mais dès que le Saint-Esprit agira sur eux, ils le comprendront.

5. Le prédicateur de l'Evangile ne doit jamais se servir d'un texte dont le sens ne lui a pas été enseigné par le Saint-Esprit lui-même.

Ce serait de la présomption. Que jamais personne ne se croie obligé de le faire, car nous pouvons toujours obtenir les enseignements du Saint-Esprit. Je dis cela aussi bien aux moniteurs d'école du dimanche et aux directeurs de classes bibliques qu'aux pasteurs. Si quelqu'un entreprend d'expliquer ce que le Saint-Esprit ne lui a pas enseigné, il est comme l'enfant des rues qui s'aviserait d'enseigner l'astronomie. Parmi ceux qui expliquent l'Evangile, bien peu, je le crains, sentent la nécessité de prier jusqu'à ce qu'ils aient la certitude que le Saint-Esprit les a mis en possession de l'interprétation qu'ils doivent transmettre aux autres. Moniteurs et monitrices ! avez-vous l'habitude de chercher à genoux le sens vrai de la leçon du jour? Ou bien, vous adressez-vous à quelque commentaire, pour aller débiter ensuite de froides banalités, sans avoir rien reçu du Saint-Esprit? Si vous agissez ainsi, laissez-moi vous dire que vous feriez mieux de vous occuper d'autre chose.

Que penseriez-vous d'un prédicateur quand vous sauriez qu'il ne prie pas en étudiant son texte ? Prenez garde ! comment osez-vous enseigner une religion que vous n'avez pas apprise de Dieu ?

6. C'est une grande erreur que commettent les étudiants en théologie lorsque, pour connaître-le sens de l'Ecriture, ils consultent les Pères, les docteurs et toutes les autorités possibles, excepté le Saint-Esprit.

Au lieu d'aller droit à la source de toute lumière, ils vont, le cœur froid, ramasser partout des lambeaux de science qu'ils produisent ensuite dans les églises sous le nom d'enseignement religieux. Il y a de quoi faire frémir.

Tant qu'ils procéderont de la sorte, nous n'aurons pas un corps pastoral vraiment à la hauteur de sa tâche. Ils ont raison d'employer tous les moyens à leur portée pour arriver à la, compréhension des Ecritures ; mais ils ne devraient jamais faire fond sur ce qu'ils trouvent en aucun livre, jusqu'à ce que Dieu lui-même les eût mis en possession de la vérité dont ils- ont besoin.

J'ai pris beaucoup de peine pour faire comprendre cela aux étudiants qui sont sous ma direction et je crois y avoir réussi en quelque mesure. J'aurais mieux réussi sans doute, si j'avais encore plus insisté sur ce point essentiel. Quand j'étudiais la théologie, j'ai passé des heures, je pourrais peut-être dire des semaines, à genoux avec ma Bible ouverte devant moi, travaillant et priant pour arriver à connaître la pensée de l'Esprit. Je ne dis pas cela pour me vanter, mais pour vous montrer que je n'avance point ici des opinions qui seraient nouvelles chez moi; j'ai toujours obtenu mes textes et mes prédications à genoux. Et cependant, j'ai conscience de n'avoir acquis que bien peu de connaissance des choses de Dieu, en comparaison de toute telle que j'aurais si j'avais recouru constamment à la source de toute lumière comme j'aurais dû le faire.

7. Qu'il y a peu de connaissance de la Parole de Dieu dans l'Eglise!

Faites lire à la plupart des chrétiens les Epîtres, par exemple, ils ne sauront pas donner une opinion motivée sur le sens de la dixième partie de leur contenu. Ne vous étonnez pas que l'Eglise ne soit pas sanctifiée. Elle a besoin d'une plus grande somme de vérité. Notre Sauveur disait : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité. » L'Eglise ne saura ce que signifie une entière sanctification que lorsqu'elle aura usé plus largement de ce grand moyen de sanctification. Nos gens ne comprennent pas la Bible; la raison, c'est qu'ils ne sont pas allés à Son auteur pour en avoir l'explication. Quoique ce privilège béni soit à leur portée, et qu'ils puissent tous les jours en user, s'ils le veulent, combien minime est la portion dont ils peuvent dire avec certitude que le sens leur en a été donné de Dieu!

8. Vous voyez combien il est nécessaire que tous nous-nous adonnions de tout notre coeur à l'étude de la Bible sous la direction du Saint-Esprit.

Je vous ai récemment recommandé plusieurs livres, l'Exposition de la Perfection chrétienne de Wesley, les Mémoires de Brainerd Taylor, de Payson, de Mme Rogers et d'autres. J'ai constaté que dans un certain état d'âme de tels livres sont salutaires ; mais ma pensée a toujours été qu'un seul livre devait faire mon étude. Je lis de bons livres occasionnellement, mais le temps et le désir me manquent pour faire beaucoup de lectures, alors que j'ai tant à apprendre de ma Bible. Ce livre béni est pour moi une mine profonde qui devient plus riche à mesure que je l'exploite davantage. Nous devons l'étudier plus que tous les autres livres; nous devons, en le lisant, nous arrêter fréquemment et prier au sujet de ce que nous avons lu; il faut l'étudier ainsi verset après verset, comparant les Ecritures avec les Ecritures, arrêtant notre esprit sur ce que nous avons lu, le méditant dans la prière jusqu'à ce que nous sentions que le Saint-Esprit s'en est servi pour nous remplir d'un esprit de sainteté.

Voulez-vous le faire ? Voulez-vous ouvrir vos coeurs et ne donner aucun repos à Dieu jusqu'à ce qu'il vous ait remplis de sa divine connaissance; voulez-vous SONDER les Ecritures? Les nouveaux convertis et les candidats au ministère m'ont souvent demandé ce qu'ils devaient lire. LISEZ LA BIBLE, leur ai-je dit; et je donnerais volontiers la même réponse cinq cents fois de suite. Hélas ! hélas! la plupart des jeunes pasteurs connaissent moins bien la Bible que leurs autres livres d'étude. Oh ! s'ils avaient l'esprit de James Brainerd Taylor, son amour pour les Ecritures et ses prières pour obtenir l'enseignement du Saint-Esprit, les églises n'auraient plus si souvent à déplorer la stérilité des efforts de tant de jeunes prédicateurs, qui sortent des écoles remplis de science humaine et presque dépourvus des lumières du Saint-Esprit.

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