Contre Apion - Flavius Josèphe

LIVRE I

CHAPITRE XXIV

Les calomnies à l'adresse des Juifs. Raison générale.

(219) Il me reste encore à traiter un des points essentiels annoncés au début de ce traité[1] : montrer la fausseté des accusations et des propos injurieux par lesquels on s'est attaqué à notre race, et invoquer contre ceux qui les ont écrits leur propre témoignage. (220) Que beaucoup d'autres peuples aient subi le même sort par l'inimitié de quelques-uns, c'est un fait connu, je pense, de ceux à qui la lecture des historiens est plus familière. (221) D'aucuns, en effet, ont essayé de salir la noblesse des peuples et des villes les plus illustres et de diffamer leur constitution, Théopompe celle d'Athènes, Polycrate celle de Lacédémone ; l'auteur des Trois cités — ce n'est pas Théopompe, comme certains le croient — a aussi déchiré Thèbes[2]. Timée également a, dans ses Histoires, beaucoup diffamé ces cités et d'autres encore[3]. (222) ils s'attachent surtout aux personnages les plus célèbres, les uns par envie et par malveillance, d'autres dans la pensée que ce langage nouveau les rendra dignes de mémoire. Auprès des sots ils ne sont point déçus dans cette espérance, mais les esprits au jugement sain condamnent leur grande méchanceté.

[1] Plus haut, §§ 3-4 et 59.

[2] Théopompe avait la réputation d’un écrivain âpre et médisant (maledicentissimus scriptor, Nepos, Alcib., 11) mais sa malveillance s’était exercée particulièrement contre Athènes ; tout au plus, en sa qualité de victime des démocrates, avait-il jugé sévèrement les démagogues athéniens (cf. C. Müller, FHG, I p. LXXV). Le Τριπολιτικός, plus souvent appelé Τρικάρανος, était un pamphlet contre Athènes ; Sparte et Thèbes, œuvre du sophiste Anaximène, qui l’avait faussement mis sous le nom de Théopompe (Pausanias, VI, 18). Quant à Polycrate, on ne sait s’il faut y voir l’auteur d’ailleurs inconnu de Λακωνικά dont Athénée (IV, 139 D=FHG., IV 480) cite une description de la fête des Hyacinthies, ou, comme le croit C. Müller, le sophiste athénien du IVe siècle, auteur d’un pamphlet célèbre contre Socrate.

[3] Timée devait à sa médisance, particulièrement contre les rois, le surnom de [grec] que lui donna Istros.

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