Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte…
Comme nous l’avons signalé au chapitre intitulé « Quatre bonnes raisons », le terme grec traduit par « racheter » dans l’expression « rachetez le temps » (Éphésiens 5.16) signifie plus exactement « acheter en épuisant jusqu’aux dernières possibilités les occasions qui me sont offertes ». C’est dire que chaque événement, bon ou mauvais, agréable ou pénible, devrait être pour moi justement une occasion à saisir pour pratiquer le bien et rendre un témoignage authentique à Jésus-Christ, en paroles ou en actes.
La Bible nous fournit de nombreux exemples.
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Citons ici le cas de Joseph (lire Genèse 39.21 à 40.4). Injustement incarcéré, le jeune homme pouvait légitimement gémir et se poser en victime devant ses compagnons d’infortune. Au lieu de s’attarder sur ses malheurs et de céder ainsi à la pitié de soi, il observe et sert, sans en mépriser aucun, les prisonniers dont il a la surveillance (39.22). Il n’y a rien de tel que de se donner aux autres pour échapper à ses propres problèmes. Dans ce cachot obscur et malodorant, le fils de Jacob a réellement « des yeux qui voient ». En effet, il décèle l’inquiétude dans le regard de certains détenus : Joseph vint au matin vers eux, les regarda et les vit tout tristes (Genèse 40.6). Ainsi, l’occasion lui est-elle donnée d’entamer la conversation avec eux et de s’informer sur ce qui les accable, La suite du récit rapporté dans la Genèse nous révèle les conséquences de ce simple entretien : deux ans plus tard, Joseph gravira d’un coup le sommet de la hiérarchie, devenant un instrument de salut pour sa propre famille.
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Dans les chaînes comme sur les routes, Paul sait fort bien utiliser son temps. En prison à Philippes et ensuite à Rome, l’apôtre ne gémit pas. Il a d’autres choses à faire. En tout cas, il préfère chanter les louanges de Dieu, impressionnant à salut des gens au passé chargé. A Rome, en particulier, il peut dire : Dans tout le prétoire et partout ailleurs, il est devenu manifeste que c’est pour le Christ que je suis dans les chaînes : la plupart des frères, confiants dans le Seigneur en raison de mes chaînes, ont beaucoup plus de hardiesse pour annoncer sans crainte la parole de Dieu (Philippiens 1.13-14). Sa réclusion ne le laissera pas inoccupé. Disposant de beaucoup de temps, l’apôtre le mettra à profit pour rédiger de précieuses lettres destinées à ses enfants spirituels. Dieu nous a conservé plusieurs de ses épîtres, d’une valeur inestimable pour l’évangélisation et l’édification des croyants. Il est certain que le ministère de l’apôtre a été, en définitive, aussi fructueux durant sa captivité que lors de ses voyages missionnaires.
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Une dame, dont la conversion est assez récente, me raconte l’étrange occasion de témoignage qu’elle vient d’avoir au téléphone avec un inconnu qui s’est trompé de numéro. Il y a tant d’angoisse dans cette voix, elle est si désespérée que, dans l’enthousiasme du premier amour, cette dame saisit la balle au bond. Elle engage spontanément la conversation et improvise une brève « cure d’âme ». Et de fait, mis en confiance, l’homme lui ouvre son cœur : « Justement, lui dit-il, il fallait à tout prix que je parle à quelqu’un. » La dame ne se fait pas prier. Elle ne raccrochera pas sans lui avoir raconté sa propre expérience et parlé du merveilleux changement qui s’est produit en elle depuis que Jésus est entré dans sa vie.
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Je m’’entretiens avec un serviteur de Dieu. Un jour, circulant en voiture, il aperçoit, étendue sur le sol, une personne renversée par un cycliste. Il stoppe aussitôt et se porte au secours du blessé. Il le ramène chez lui, rassure son épouse, se rend plusieurs f vent, le visite et s’informe de son état de santé. On devine l’accueil de ces gens, impressionnés par tant de gentillesse et d’égard. L’occasion sera bientôt donnée à ce pasteur de leur parler de Jésus et de les recevoir dans l’église qu’il vient de fonder. Encore une occasion qui n’a pas été perdue.
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Une dame âgée, femme de prière et servante du Seigneur, apprend qu’au rez-de-chaussée de son immeuble une pauvre jeune fille ruinée par la drogue est alitée depuis quelques jours. La chrétienne va frapper à sa porte, tenant à la main une belle fleur. Cette marque d’affection ne peut laisser insensible la demoiselle qui, peu après, s’ouvre à l’Évangile. Plus tard, elle entraînera ses copains dans le salon de la dame pour assister à une étude biblique aux participants d’aspect inhabituel.
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Un client vient se plaindre à un commerçant chrétien au sujet d’une marchandise défectueuse qu’il lui a vendue.
— Je reconnais vous avoir mal servi, avoue le marchand. J’aurais dû vérifier plus sérieusement ce que je vous ai remis. Je vais vous remplacer cela tout de suite.
— Ah ! Vous pouvez parler ! Pour un chrétien, c’est pas glorieux !
— Hélas oui ! Je ne suis pas irréprochable et vous comprenez sans doute pourquoi j’ai besoin d’un Sauveur qui enlève mes fautes et me pardonne. Et vous aussi, cher ami, vous avez besoin d’un Sauveur…
Je crois me souvenir qu’à la suite de cette conversation le client, touché et convaincu par tant de franchise, se tourna vers le Christ.
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C’est en Alsace. Je me trouve dans un bus, en compagnie d’une chrétienne. Alors que nous roulons, je la vois soudain se lever et se diriger vers deux hommes qui parlent bruyamment avec force éclats de rire. La dame s’entretient quelques minutes avec ces hommes, qui finissent par se taire, un peu confus. De retour à sa place, elle me confie : « Ces gens blasphémaient dans leur dialecte. Je suis allée les reprendre, leur dire qu’il était grave de salir le nom du Seigneur et qu’ils devraient plutôt s’occuper de leur âme. »
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Il va de soi que rien ne m’interdit de créer des occasions de témoignage, et même de les provoquer en visitant des personnes éprouvées, des malades, des chômeurs découragé… que sais-je encore ? Dieu nous donnera de l’imagination si nous sommes bouillants pour lui. Un comportement à contre-courant inspirera certainement à ceux qui nous voient vivre, réflexion et désir de comprendre. Si j’entreprends de réparer mes torts commis dans le passé, si je tiens coûte que coûte à rester fidèle à la parole donnée (Celui qui marche dans l’intégrité… ne se rétracte pas, s’il a fait un serment à son préjudice, Psaumes 15.4) ou refuse de mentir quitte à essuyer des pertes et à subir la désapprobation de mes proches… pensez-vous que mon entourage restera indifférent ? Tôt ou tard, il réclamera des explications que je m’empresserai de fournir en parlant de ma joie d’appartenir au Seigneur et de ma crainte de lui déplaire.
C’est bien vrai, les occasions ne manquent pas de pratiquer le bien et de rendre un témoignage authentique à Jésus-Christ, mais hélas, tant de choses nous empêchent de les saisir. Par exemple :
Laissons-nous alerter par le Saint-Esprit. Reconnaissons, s’il le faut, notre lâcheté ou notre égoïsme, ou plus encore notre relâchement spirituel. Si nous éprouvons peu d’intérêt pour le Royaume, humilions-nous en venant à la source : le Christ doit nous saisir afin que nous nous donnions pleinement à lui et à son règne.
Plus que jamais, rachetons le temps.
QUESTIONS