« L’Éternel a de la bonté pour ceux qui s’attendent à lui » La 3.25.
« Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu. » {Mt 19.17} « Sa bonté atteint jusqu’aux cieux. » {Ps 36.6} « Sa bonté est grande pour ceux qui le craignent. » {Ps 103.11} « Goûtez et voyez que l’Éternel est bon. » {Ps 34.9} Et voici le moyen d’entrer en jouissance de cette bonté de Dieu ; c’est de s’attendre à lui. « L’Éternel est bon » et pourtant ses enfants mêmes l’ignorent souvent car ils n’attendent pas en repos qu’il leur révèle sa bonté ; mais elle se réalise pour tous ceux qui persévèrent dans cette attente de foi. On pourrait dire que ce sont précisément ceux qui sont appelés à attendre qui pourraient douter de, la bonté de Dieu, mais ce doute naît bien plutôt de l’impatience à laquelle on se livre. Ceux qui s’attendent réellement à Dieu n’hésitent pas à dire : « L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui. » Si donc vous voulez éprouver pleinement la bonté de Dieu, appliquez-vous plus que jamais à vous attendre à lui.
Quand on commence à suivre cette voie de confiance en Dieu, le cœur se préoccupe surtout des grâces qu’il en attend. Dieu se sert ainsi de nos désirs et aspirations pour nous amener à vouloir plus encore. Nous ne pensions guère qu’à obtenir tel ou tel don de sa part, tandis qu’il veut se donner lui-même à nous, qu’il veut nous convaincre, nous réjouir de sa bonté. C’est précisément pour cela que souvent il retarde ses dons et prolonge ainsi le temps de notre attente. Son but est d’amener son enfant à le vouloir lui-même. Il veut qu’en recevant ses dons, nous ne nous bornions pas à dire: Que Dieu est bon! mais qu’avant de rien recevoir nous en venions à éprouver « qu’il est bon d’attendre en repos la délivrance de l’Éternel. » {La 3.26} « L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui. »
Quelle vie bénie devient alors cette vie d’attente, cette adoration continuelle d’une âme qui compte sur la bonté de Dieu. À mesure que notre âme s’initie davantage à ce secret-là, chaque exercice d’attente devient pour elle l’occasion de se pénétrer toujours plus de la bonté de Dieu, d’en recueillir le fruit béni avec l’assurance que Dieu pourvoira à tous ses besoins. L’expérience qu’on fait ainsi de la bonté de Dieu donne un nouvel attrait à cette vie d’attente, si bien qu’au lieu de ne recourir au Seigneur que dans les moments de détresse, on aspire à s’attendre à lui continuellement tout le long de la journée. Et lors même que divers devoirs et affaires occupent l’esprit et remplissent les heures, l’âme prend la sainte habitude de continuer à s’attendre à Dieu. Ceci devient pour elle son état habituel et comme une seconde nature.
Cher croyant, ne commencez-vous pas à voir que cette attente à Dieu n’est pas une de ces vertus chrétiennes dont il est bon d’user de temps en temps seulement, mais que c’est là la base même de la vie chrétienne. Oui, c’est là ce qui donne plus de valeur à nos prières, à notre culte, à notre foi, à notre entier abandon au Seigneur, puisque nous nous plaçons ainsi dans une invariable dépendance de Dieu lui-même. C’est bien là ce qui nous amène à jouir sans interruption de la bonté de Dieu. « L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui. »
Laissez-moi donc vous presser encore une fois de prendre le temps et la peine de vous approprier cet élément essentiel de la vie chrétienne. On se contente trop souvent de recevoir les vérités religieuses de seconde main et par l’enseignement humain. Cet enseignement a bien sa valeur sans doute s’il aboutit à nous conduire à Dieu lui-même, s’il produit ce que faisait autrefois la prédication de Jean-Baptiste lorsqu’il cherchait à détacher ses disciples de lui-même pour les envoyer au Christ vivant. Ce qu’il nous faut dans notre vie religieuse, c’est que Dieu tienne plus de place en nous. Nombre de chrétiens sont trop occupés de leurs œuvres. Comme pour Marthe, le service qu’ils désirent rendre à leur Maître les sépare de lui. Ceci ne saurait lui plaire et ne leur est nullement profitable, Plus on a à travailler au service de Dieu, plus aussi il est nécessaire de s’attendre à lui. Alors faire la volonté de Dieu, bien loin d’épuiser, devient bien au contraire, nourriture et breuvage, rafraîchissement et force ! « L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui. » Nul ne peut éprouver à quel degré, il est bon, sinon en s’attendant à lui. Nul ne peut connaître pleinement toute sa bonté avant de s’être confié en lui jusqu’aux dernières limites.
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »