« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour » Jean 15.10
Il nous est très clairement enseigné ici la place que les œuvres bonnes doivent occuper dans la vie du croyant. Christ, le Fils bien-aimé, demeurait dans l'amour du Père. Il gardait ses commandements, et c'est pourquoi il demeurait dans son amour. De même le croyant, indépendamment des œuvres, reçoit Christ et est en lui ; il garde ses commandements et ainsi il demeure dans son amour. Le pécheur, lorsqu'il vient à Christ, cherche à se rendre agréable par des œuvres, mais la voix de l'Évangile proclame : « Ce n'est pas par les œuvres » (Eph. 2.9). Lorsqu'il est en Christ et que la chair cherche à faire mauvais usage de ces paroles : « Ce n'est pas par les œuvres », la voix de l'Evangile proclame tout aussi fort : « Nous avons été créés en Jésus Christ pour des œuvres bonnes » (Eph. 2.10). Pour le pécheur qui ne connait pas encore Christ, les œuvres peuvent constituer un obstacle majeur qui l'empêche de réaliser l'union avec le Sauveur. Au chrétien qui est en Christ, les œuvres apportent force et bénédiction car c'est par elles que la foi est rendue parfaite (Jac. 2.22), l'union avec Christ cimentée et l'âme établie et enracinée de plus en plus profondément dans l'amour de Dieu. « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera » (Jean 14.23). « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ».
Il est facile de comprendre la relation entre le fait de garder les commandements de Christ et celui de demeurer dans son amour. Notre union à Jésus Christ n'est pas une question de pensée ou de sentiment, mais une union réelle et fondamentale du cœur et de la vie. La vie sainte de Jésus avec ce qu'il ressent et ce qu'il désire est insufflée en nous par le Saint Esprit. Le croyant est appelé à penser, sentir, vouloir exactement ce que Jésus pense, sent et veut. Il souhaite participer non seulement à la grâce mais aussi à la sainteté de son Seigneur, ou plutôt il découvre que la sainteté est la beauté suprême de la grâce. Vivre la vie de Christ c'est, pour lui, le seul moyen d'être délivré de l'esclavage d'une volonté personnelle corrompue.
Le croyant ignorant ou paresseux fait une grande différence entre les promesses et les commandements de l'Ecriture. Il se repose volontiers sur les premières et en fait sa nourriture. Mais celui qui cherche réellement à demeurer dans l'amour de Christ, attache autant de prix aux commandements. Tout autant que les promesses, ils sont pour lui une révélation de l'amour divin, un guide vers une expérience plus profonde de la vie divine, une aide bénie sur le chemin d'une union plus intime avec le Seigneur. Il comprend que l'harmonisation de notre volonté avec Sa volonté est l'un des principaux éléments de notre communion avec Lui. La volonté est la faculté centrale dans la personne divine comme dans la personne humaine. La volonté de Dieu est la puissance qui gouverne le monde moral aussi bien que le monde naturel. Comment pourrions-nous être en communion avec lui si sa volonté ne fait pas notre joie ? Tant que le salut n'est, pour le pécheur, rien de plus qu'une sécurité personnelle, l'accomplissement de la volonté de Dieu ne le tourmente pas. Mais dès que l'Écriture et le Saint Esprit lui révèlent en quoi consiste réellement le salut : la restauration de la communion avec Dieu et de la ressemblance avec lui — alors il sent que la loi la plus belle et la plus normale est celle-ci : garde les commandements de Christ et ainsi tu demeureras dans son amour. Au plus profond de son âme, il donne son accord aux paroles de son Seigneur bien-aimé qui fait dépendre entièrement l'effusion du Saint-Esprit, la communion du Père et du Fils avec le croyant, de l'observation par celui-ci des commandements (Jean 14.15, 16, 21, 23).
Il y a encore un autre élément qui prépare le croyant à comprendre plus profondément cette vérité et à l'accepter du fond du cœur : c'est de cette façon et pas autrement que Christ lui-même demeure dans l'amour du Père. Dans la vie que Christ a menée sur terre, l'obéissance a été une réalité très sérieuse. La puissance méchante et ténébreuse qui a conduit l'homme à se révolter contre Dieu est venue le tenter, lui aussi. En tant qu'homme, les propositions du diable visant à sa propre satisfaction ne le laissaient pas indifférent. Pour pouvoir les refuser, il lui a fallu jeûner et prier. Dans la souffrance aussi, il a été tenté. Il parle de ne pas rechercher sa volonté propre comme d'un abandon qu'il doit renouveler sans cesse. Il a fait de l'obéissance aux ordres de son Père l'objet précis de sa vie et c'est ainsi qu'il est demeuré dans son amour. Ne nous dit-il pas : « Je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul parce que moi, je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8.28-29). Il nous ouvre ainsi la seule voie vers la bénédiction d'une vie vécue sur terre dans l'amour du ciel. Et lorsque l'Esprit provenant du Cep coule dans les sarments, garder les commandements est l'un des éléments les plus constants et les plus élevés de la vie qu'il inspire.
Croyant, si tu veux demeurer en Christ, applique-toi à garder ses commandements. Serre-les avec amour dans ton cœur. Ne te contente pas de pouvoir t'y reporter dans ta Bible mais qu'ils soient gravés sur la table de chair de ton cœur par une étude attentive, par la méditation et la prière, par l'acceptation fervente, par l'enseignement de l'Esprit. Ne te contente pas de retenir quelques-uns des commandements, ceux qui sont le plus habituellement reçus par les chrétiens, alors que les autres restent méconnus ou négligés. Il est certain que les privilèges de la nouvelle Alliance ne doivent pas nous maintenir en deçà des saints de l'Ancien Testament qui proclamaient : En tout je considère tous tes statuts comme droits (Ps. 119.128). Vous pouvez être sûrs qu'il y a, dans la volonté du Seigneur, beaucoup de choses que vous n'avez pas encore comprises. Faites vôtres, pour vous et pour tous les croyants, la prière de Paul pour les Colossiens : « que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle » (Col. 1.9) et celle d'Epaphras qui ne cesse de combattre « afin que, parfaits et pleinement convaincus de la volonté de Dieu, vous teniez ferme » (Col. 4.12). Rappelez-vous qu'un des plus puissants facteurs de votre croissance spirituelle, c'est la connaissance profonde de la volonté de Dieu à votre égard. Ne vous imaginez pas que la consécration entière soit l'achèvement ; ce n'est que le commencement d'une vraie vie de sainteté. Voyez comment l'apôtre Paul enseigne tout d'abord aux croyants à offrir leurs corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu (Ro. 12.1), puis il enchaîne immédiatement, au verset suivant, en leur expliquant en quoi consiste une vie livrée sur l'autel : « être transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait ». Le renouvellement par le Saint Esprit conduit progressivement notre esprit à croître dans la ressemblance de Christ. Alors notre perception spirituelle s'affine, notre âme acquiert, dans la crainte du Seigneur, la sainte faculté de saisir rapidement la signification des commandements du Maître et leur application à la vie quotidienne, d'une façon qui reste cachée pour beaucoup de chrétiens. Que ces commandements habitent richement en vous ! Gardez-les cachés au fond de votre cœur et vous trouverez le bonheur promis à l'homme « qui trouve son plaisir dans la loi de l'Eternel, et qui médite sa loi jour et nuit » (Ps. 1.2). Par amour, vous assimilerez les commandements dans votre être intérieur comme une nourriture céleste. Ils ne vous sembleront plus une loi hostile et extérieure à vous mais une puissance vivante qui, transformant votre volonté, l'harmonisera parfaitement avec tout ce que votre Seigneur désire.
Et gardez votre vie dans l'obéissance. Votre vœu solennel a bien été, n'est-ce pas, de ne plus tolérer le moindre péché ? « Je jure, et je le tiendrai, d'observer les ordonnances de ta justice » (Ps. 119.106). Lutte sérieusement, dans la prière, pour te tenir parfaitement et complètement dans la volonté de Dieu. Demande-lui sincèrement de te révéler tout péché secret en toi — ou tout ce qui ne serait pas en parfaite harmonie avec la volonté de Dieu. Avance avec la lumière que tu as, fidèlement, pieusement, t'abandonnant dans une consécration sans réserve afin d'obéir à tout ce que le Seigneur a dit. Quand Israël fit ce vœu (Ex. 19.8; 24.7), ce ne fut que pour le rompre presque immédiatement. La nouvelle Alliance donne la grâce de faire un vœu et de l'accomplir (Jér. 31.31-33). Veillez à ne pas désobéir, même dans les toutes petites choses. La désobéissance endort la conscience, assombrit l'âme, engourdit nos énergies spirituelles — c'est pourquoi, garde les commandements de Christ avec une obéissance totale. Sois un soldat qui ne demande rien d'autre que les ordres de son chef.
Et s'il arrive que, par moment, un commandement semble pénible, rappelle-toi seulement qui en est l'auteur. Ce sont les commandements de Celui qui t'aime. Ils sont tous amour, ils viennent de son amour, ils te conduisent à son amour.
Chaque fois que tu abandonnes quelque chose pour garder ses commandements, que tu sacrifies quelque chose en les gardant, cela te conduit un peu plus loin dans l'union avec la volonté, l'Esprit, l'amour du Sauveur. En retour tu obtiendras une double récompense : tu entreras davantage dans le mystère de son amour, tu vivras davantage en conformité avec sa vie. Et tu apprendras à apprécier ces mots comme un précieux trésor : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, COMME j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour ».