Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXIII

Sur l’Arc-en-ciel

Le bel astre du jour, dans le sein de l’orage,
Nous forme tout à coup ce lumineux tableau,
Et, tout à coup aussi, le couvrant d’un rideau,
Il dérobe à nos yeux son inconstant ouvrage.

De ce peintre brillant la toile est le nuage ;
Ses rayons réfléchis lui servent de pinceau :
Il prend pour ses couleurs, l’or, l’azur, le feu, l’eau ;
Et la vapeur commence et finit cette image.

Fragiles ornements, éclat faible et trompeur,
Passagères beautés, filles de la vapeur,
Des faux biens d’ici bas vous peignez l’inconstance.

Par les mêmes couleurs, et par les mêmes traits,
Vous imprimez la crainte, et donnez l’espérance ;
Vous annoncez la guerre, et vous marquez la paix.


2 : Les péruviens étaient si charmés de la beauté de cette image, qu’ils l’adoraient ; et les caraïbes insulaires la nomment assez plaisamment le Panache de Dieu. 14 : La guerre est l’orage, et la paix est l’assurance contre le déluge.

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