Celui qui entre dans le repos de Dieu se repose aussi de ses œuvres, comme Dieu se repose des siennes. Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là.
Le découragement vous aurait-il saisi au cours de la lecture des chapitres précédents ? En évoquant le passé, sans doute avez-vous dit, avec regrets : « Que de temps perdu ou mal géré ! Comme j’ai été loin d’avoir satisfait aux exigences de Dieu ! Quel gâchis ! » Alors la tentation est grande pour tel ou tel d’entre vous de se culpabiliser et de prendre des résolutions courageuses pour apaiser une conscience en émoi. Certains s’appuieront sur la Bible pour se rassurer : après tout, qui est suffisant pour ces choses (2 Corinthiens 2.16) ? D’autres, les plus dynamiques, s’engageront dans de nouvelles actions et tenteront de rattraper le temps perdu, estimant peut-être que toutes les exigences de Dieu sont remplies là où il y a une grande activité pour lui. Et parce qu’ils sont actifs pour le Seigneur en public, ils se sentiront libres de se montrer égoïstes ou maussades dans leur vie privée.
C’est vrai ! Les exigences de Dieu sont grandes, lui qui nous appelle à une vie de complète consécration et d’entière confiance. En effet, l’Écriture nous enjoint d’abandonner certaines amitiés, nos intérêts propres pour nous « affectionner aux choses d’en haut », de marcher dans le monde comme le Christ y a marché, de chercher premièrement le royaume de Dieu et sa justice, de nous abstenir des convoitises charnelles, d’être bons et compatissants, de ne pas rechercher les premières places, de nous montrer en toutes circonstances doux, humbles et patients. Quel programme ! Devons-nous fatalement échouer ou est-il réellement possible de vivre ces choses ?
Après une confession difficile à formuler, une demoiselle me déclare :
— Vous aurez une bien piètre opinion de moi, après ce que je viens de vous dire !
— L’opinion que j’ai de vous ? Elle est pire que ce que vous croyez.
— Ah !
L’air inquiet de mon interlocutrice me force à poursuivre.
— Mais oui… car il n’y a rien de bon en vous.
Je la rassure cependant en enchaînant :
— ni chez moi, d’ailleurs.
L’apôtre tient le même langage lorsqu’il s’adresse aux chrétiens de Rome : Car je le sais : ce qui est bon n’habite pas en moi. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas (Romains 7.18-19). En précisant : Je le sais (18), Paul démontre qu’il en est très conscient pour en avoir fait la cuisante expérience. Le croyant le plus résolu à racheter le temps par ses propres moyens devra bientôt déchanter et s’avouer vaincu. Il en fera d’autant plus vite la douloureuse expérience qu’il sera plus déterminé à triompher. Comme l’apôtre, il découvrira que le péché prend vie dans son effort d’obéissance (Romains 7.14-24). Captif de la loi du péché (23), il se sait totalement incapable de plaire à Dieu malgré son ardent désir (22). Aussi, vaincu, clame-t-il son désespoir : Malheureux que je suis ! Qui me délivrera… ? Et c’est alors que paraît le Libérateur. Émerveillé, l’apôtre s’écrie : Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ (24-25). Là, il expérimente l’affranchissement tant souhaité. Là, il découvre le Vainqueur. Le croyant devient libre dès lors qu’il désespère de lui-même. Il cesse de s’accuser : n’est-il pas incurable, impuissant à améliorer sa nature égoïste ? Quand je reconnais et accepte cette réalité, mes yeux s’ouvrent et je change d’attitude : je renonce à mes œuvres propres, à mes vaines tentatives de plaire à Dieu et je viens à la source, à Jésus, qui veut opérer en moi ce que je ne puis accomplir.
Il faut nous en convaincre : la délivrance ne viendra pas de nous ! Ce n’est pas nous – mais UN AUTRE – le Sauveur sur lequel le Malin n’a pas de prise – qui nous affranchira et nous rendra capable d’obéir : Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ (1 Corinthiens 15.57). « Dieu nous donne la victoire par Jésus-Christ » signifie qu’il nous donne la victoire DE Jésus-Christ, qu’il nous donne l’humilité DE Jésus-Christ, la justice DE Jésus-Christ, la sagesse DE Jésus-Christ, le discernement DE Jésus-Christ… S’il y a de l’amour, de l’humilité, de la justice, de la fidélité… dans ma vie… ces choses ne sont pas de moi, ne m’appartiennent pas. Ce sont les choses du Seigneur ; c’est son manteau dont il m’a recouvert, c’est sa vie qu’il m’a prêtée, et c’est à lui qu’il faut donner gloire. » (1)
(1) Roland de Pury : Ton Dieu règne (Éd. Languedoc, 1943).
« Quelle détente de corps et d’esprit éprouveraient nombre de chrétiens s’ils pouvaient réaliser leur absolue impuissance en ce qui concerne leur développement spirituel ! Représentez-vous un enfant persuadé que sa croissance dépend de ses propres efforts, et qui organiserait un système de poulies pour étirer ses membres jusqu’à ce qu’il ait atteint les dimensions voulues… Ses tourments seraient inutiles, si même ils n’entravaient pas les progrès tant désirés… Croître dans la grâce est une injonction du Seigneur (2 Pierre 3.18). C’est renoncer à toute confiance en soi-même, à toute force propre, à toute justice propre pour ne compter que sur Dieu. C’est croître comme le lis ou comme l’enfant (Matthieu 6.27, 28), sans effort ni anxiété, par la puissance d’un nouveau principe de vie, déposé par Dieu en nous, qui ne peut faire autrement que de se développer. Le chrétien qui croît de cette manière-là n’est plus absorbé dans l’examen de lui-même, mais dans la contemplation de Jésus, afin d’être transformé en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit (2 Corinthiens 3.18). Demeurons fermement attachés au Cep d’où procède la vie et le Vigneron prendra soin de nous : il émondera, arrosera… afin que nous portions du fruit qui demeure (Jean 15.16) » (2).
(2) H.W.S., Le secret d’une vie heureuse (Éd. Jéhéber).
Il est bon ici de lire et de méditer le récit de la pêche miraculeuse (Luc 5.1-11). Simon et ses compagnons sont tristes et abattus car ils ont travaillé toute la nuit sans rien prendre (v. 5). Des heures perdues ! Alors une question se pose : pourquoi ces hommes ont-ils peiné en vain ? Étaient-ils paresseux ou inexpérimentés ? Au contraire ! Hommes de métier, ils connaissaient bien le lac et ses endroits poissonneux. Faut-il incriminer le matériel ? Était-il défectueux ? Le poisson était-il rare ou inexistant dans ce lac ? Certainement pas. La suite du récit prouve que les filets étaient en bon état et le poisson abondant. Sans doute Jésus voulait-il faire éclater sa puissance aux yeux de ces humbles pêcheurs. Il a permis l’inefficacité des moyens employés pour démontrer l’efficacité de sa présence dans la barque. En observant ces hommes, découvrons les étapes du succès selon Dieu :
Celui qui entre dans le repos de Dieu se repose aussi de ses œuvres, comme Dieu se repose des siennes. Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance (Hébreux 4.10-11).
Le récit précédent nous montre que l’insuccès peut préparer une bénédiction. La pêche manquée a été suivie d’une rencontre avec Jésus. Un croyant a dit qu’il fallait apprendre à « échouer intelligemment ». Il donnait trois conseils pour changer les échecs en succès. Selon lui, il faut :
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