[1] Mais la foi à notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ se répandait déjà chez tous les hommes : l'ennemi de leur salut s'efforça de la devancer dans la ville des Césars pour s'en emparer. Il y conduisit Simon dont nous avons déjà parlé, et grâce aux habiles supercheries de cet homme qu'il secondait, il entraîna dans l'erreur un grand nombre de Romains. [2] Nous tenons ceci de Justin qui vécut peu après les apôtres et s'illustra dans l'exposition de notre doctrine. Je dirai de lui en temps opportun ce qui convient. Voici ce qu'il dit dans sa première apologie de notre doctrine adressée à Antonio :
[3] « Après l'ascension du Seigneur au ciel les démons inspirèrent à certains hommes de se dire dieux. Non seulement vous ne les avez pas poursuivis, mais vous leur avez décerné des honneurs. Simon, samaritain du bourg de Gitthon, qui sous l'empereur Claude faisait, avec l'aide des démons, des merveilles de magie a été regardé comme dieu dans votre ville impériale de Rome. Il a été honoré d'une statue comme une divinité, sur le Tibre, entre les deux ponts, avec cette inscription latine « Simoni Deo sancto », c'est-à-dire « A Simon Dieu saint. » [4] Presque tous les Samaritains et quelques-uns chez d'autres peuples croient en lui et l'adorent comme leur premier dieu. Ils appellent sa première pensée une certaine Hélène qui le suivait alors partout et qui auparavant était attachée à une maison de débauches, à Tyr en Phénicie. »
[5] Voilà ce que dit Justin, et Irénée est d'accord avec lui. Au premier livre de son ouvrage Contre les hérésies, il expose ce qu'était cet homme aussi bien que sa doctrine impie et sacrilège. Mais il est superflu de le rapporter ici. Il est loisible à qui le voudra de trouver encore ce qui concerne chacun des hérésiarques qui vinrent après lui avec leur début, leur vie, les principes de leurs dogmes mensongers et leurs entreprises à eux tous ; tout cela dans le livre indiqué d'Irénée est traité avec soin. [6] Nous y apprenons que Simon fut le premier chef de toute hérésie ; ceux qui, depuis cette époque jusqu'à nos jours, suivent son erreur, feignent de pratiquer la philosophie des chrétiens faite de tempérance et si célèbre auprès de tous pour la pureté qu'elle impose à la vie ; mais ils retombent bientôt dans le culte superstitieux des idoles qu'ils avaient paru laisser. Ils vénèrent les écrits et les images de Simon et d'Hélène, sa compagne, dont nous avons parlé ; à tous les deux ils témoignent leur culte par l'usage de l'encens, des sacrifices et des libations. [7] Quant à leurs pratiques plus secrètes dont le seul récit, disent-ils, étonne et, selon l'expression consacrée chez eux, produit la stupeur, elles sont en effet vraiment stupéfiantes, pleines d'égarement d'esprit et de folie. Non seulement leur nature ne permet pas d'en donner la description, mais quiconque se respecte ne peut les raconter de vive voix tant l'obscénité et l'indicible y dépasse les bornes. [8] Tout ce qu'on peut imaginer de plus honteux et de plus souillé a été dépassé par l'abominable hérésie de ces gens qui abusent de misérables femmes chargées véritablement de toutes les turpitudes.