Dans le but de compléter les vues exprimées par Wesley sur la Rédemption, nous croyons devoir reproduire le chapitre de Mr Bahut sur cet important sujet dans son Cours de religion.
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La vie de Jésus-Christ, vie d’obéissance et d’amour, était déjà un sacrifice (Hébreux 10.6-7). Mais ce sacrifice s’achève et se consomme dans sa mort (Hébreux 10.10). La mort de Jésus-Christ est le sacrifice véritable et seul efficace dont les sacrifices mosaïques n’étaient que l’ombre, et qui donne et réalise ce que ceux-là ne faisaient que promettre et représenter (Hébreux 10.11-12).
Dans sa mort, en effet, Jésus-Christ à la fois sacrificateur et victime, se livrant volontairement à ses ennemis, offre à Dieu sa vie innocente et pure afin de faire propitiation pour les péchés des hommes (1 Jean 2.2).
Le plus précieux bienfait de la mort de Jésus-Christ est donc le pardon de nos péchés (Matthieu 26.28). Sa vie est la rançon dont il paie notre délivrance (Matthieu 20.28). Cette vérité, solennellement affirmée par le Seigneur lui-même, enseignée par ses apôtres d’un commun accord (1 Pierre 1.18-19 ; Colossiens 1.19-20 ; 1 Jean 1.7 ; Hébreux 10.19-20 ; Apocalypse 5.9), est le centre même de l’Évangile (1 Corinthiens 15.3).
La rédemption de l’humanité par le sacrifice de Jésus-Christ est un mystère. Mais ce mystère s’éclaircit jusqu’à un certain degré pour notre foi à l’aide des considérations suivantes :
1° Dieu est miséricordieux : en vertu de sa miséricorde, il veut pardonner aux pécheurs. Mais Dieu est saint et juste : en vertu de sa sainteté, il exclut de sa communion le pécheur impénitent ; en vertu de sa justice, il prononce sur lui un jugement de condamnation. Pour que Dieu puisse pardonner au pécheur sans porter atteinte à sa sainteté, il faut que celui-ci rompe définitivement avec le péché et rentre dans l’ordre par l’obéissance. Pour que Dieu puisse pardonner au pécheur sans porter atteinte à sa justice, il faut que celui-ci se soumette humblement et volontairement à la peine qu’il a méritée. Alors le châtiment divin pourra arriver à son terme, parce qu’il aura atteint son but.
2° Autant ces conditions de la réconciliation de l’homme avec Dieu sont nécessaires, autant elles semblent, au premier abord, impossibles à réaliser. Car c’est d’une race pécheresse qu’est exigée la double réparation dont il s’agit, et, pour l’offrir, il faudrait être saint. Une seule issue est ouverte : ce que tous les pécheurs étaient à la fois tenus et incapables de faire, un seul homme saint pouvait le faire, et l’a fait en réalité, au nom et à la place des pécheurs.
3° L’humanité, en effet, forme véritablement une famille, un corps et pour ainsi dire un être collectif, qui s’est personnifié une première fois en Adam, et se personnifie une seconde fois en Jésus-Christ. Comme elle est tombée par l’un, elle se relève par l’autre (Romains 5.19). Car Jésus est plus qu’un homme, il est l’Homme, le second Adam, le Chef et le Représentant devant Dieu de notre race, à laquelle il est uni doublement par sa nature humaine et par son amour (Hébreux 2.11,14). Tout ce qu’il souffre et tout ce qu’il accomplit, il l’accomplit et le souffre au nom de tous et au profit de tous (2 Corinthiens 5.14).
4° Ainsi, vainqueur de la tentation et docile au commandement de Dieu jusqu’à la mort de la croix, Jésus-Christ couvre et répare par sa justice parfaite l’iniquité du genre humain (1 Jean 2.1). Son triomphe sur le péché rend toute victoire possible à tous ceux qui croient en lui (1 Jean 3.5). Le bon plaisir du Père repose sur Jésus-Christ, et pour l’amour de lui, sur ceux qui sont à Jésus-Christ et en Jésus-Christ (Romains 8.1), malgré leur indignité personnelle. C’est le côté actif du sacrifice de Jésus-Christ, l’obéissance ou la satisfaction.
5° Victime volontaire du péché et par sa compassion s’assimilant aux pécheurs, mourant de la mort d’un criminel et plongé dans une angoisse mystérieuse (Matthieu 27.46), Jésus-Christ a souffert en son corps et en son âme les châtiments que le péché avait attirés sur le monde (1 Pierre 2.24 ; Galates 3.13). Par là, la sentence de condamnation que le genre humain avait méritée est proclamée et abrogée en même temps ; la justice divine est manifestée et glorifiée, et la grâce a un libre cours (2 Corinthiens 5.21) ; « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Romains 8.1). C’est là le côté passif du sacrifice de Jésus-Christ : la souffrance ou l’expiation.
Dieu a réconcilié en son Fils le monde avec lui-même ; Jésus-Christ est mort pour tous les hommes (2 Corinthiens 5.19 ; Jean 3.17). Mais ceux-là seuls recueillent le fruit de cette rédemption et de cette réconciliation qui, par la foi, deviennent membres du corps spirituel de Jésus-Christ et s’unissent à son sacrifice en mourant véritablement au péché (Romains 6.6).
C-E. Babut