La guérison de ce démoniaque, second miracle de ce genre raconté par les évangélistes, n’offre rien de particulièrement remarquable ; cependant il renferme quelques traits spéciaux. Ce qui le distingue surtout, c’est le témoignage rendu à Jésus par l’esprit impur, et le refus de Jésus d’accepter ce témoignage. Ce récit a son parallèle dans Actes 16.16-18.
Notre Seigneur enseignait, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue de Capernaüm ; le peuple était frappé de l’autorité de sa doctrine. Il n’était pas puissant en paroles seulement, mais aussi en œuvres ; son Père céleste lui fournit ici l’occasion de produire une impression plus profonde sur ses auditeurs. « Il se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur ; » cet esprit impur reconnaissait qu’un plus puissant que lui était là ; conscient du danger qui menaçait le royaume des ténèbres, il s’écria : « Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. » La terre n’a pas reconnu son Roi ; mais le ciel et l’enfer lui rendent témoignage : « Les démons croient aussi et ils tremblent. »
Mais pourquoi ce témoignage rendu par l’esprit à Jésus ? Il est étrange que le malin esprit proclame la présence de Celui qui est venu pour détruire l’empire du diable ; nous nous serions plutôt attendus à ce qu’il aurait nié ou terni la gloire de Christ. On ne peut pas dire que l’esprit rendit témoignage malgré lui, contraint par la puissance supérieure de Christ, puisque le Sauveur repoussa ce témoignage ; il faut donc envisager la parole de l’esprit comme un cri de terreur, ayant pour but de détourner un châtiment. Cette parole pouvait aussi être destinée à faire du tort à Jésus ; en effet, la vérité ne tomberait-elle pas en discrédit, si l’esprit de mensonge lui rendait témoignage ? C’est pourquoi le Seigneur ne permit pas ce témoignage. « Jésus le menaça, disant : Tais-toi, et sors de cet homme. » Il pourrait sembler que l’esprit malin n’obéit pas immédiatement à l’ordre de Christ, puisqu’il est dit, dans le verset suivant, qu’« il poussa un grand cri » en sortant du possédé ; mais, en réalité, il obéit à l’ordre de Jésus ; il ne parla plus ; ce grand cri était un cri de rage et de souffrance. Il « sortit de cet homme en l’agitant avec violence (Marc 9.26). Lorsque le diable ne peut retenir sa proie, il cherche à la détruire.