Nos enfants

LES CONDUIRE À JÉSUS

Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.

Hébreux 2.13

C’est pour eux que je prie.

Jean 17.9

CONDUIRE L’ENFANT À JÉSUS

Et Jésus appela les petits enfants et dit : « Laissez-les venir à moi ».

Luc 18.16

Une maman, soucieuse du salut de son enfant, me demande de le rencontrer :

— Depuis quelques temps notre fils se montre rebelle. Il refuse de nous écouter lorsque nous lui parlons de Jésus. Consentiriez-vous à vous entretenir avec lui ?

J’accepte volontiers, en précisant toutefois que je n’ai rien d’un convertisseur. Le jour venu, la dame m’amène le « rebelle » en le chapitrant devant moi avant de me le confier :

— Tu sais, j’ai demandé à ce monsieur de te parler sérieusement car tu me fais de la peine. Tu résistes aux appels de la grâce … Ton cœur est noir et doit être purifié si tu veux aller au ciel.

Ce « patois », je le sens, exaspère l’enfant et le ferme à tout entretien valable, d’autant plus difficile à mener que maman reste à nos côtés, impassible et sévère. Sans doute veut-elle me jauger et voir si je serai à la hauteur de ma tâche. Ma profession n’est-elle pas de gagner des âmes ? Gare à moi si j’échoue et la déçois dans son attente.

Alors j’ai une folle envie de dire au gamin :

— Viens donc avec moi faire une partie de ballon.


♦   ♦

Certes, l’intention de vouloir conduire son enfant à Jésus est louable car il serait navrant qu’un chrétien se désintéressât du salut des siens. J’imagine la joie d’un père et d’une mère pouvant déclarer à la gloire de Dieu : « Tous nos enfants sont au Seigneur ». Incontestablement, pour eux ce cadeau est l’un des plus beaux venant du ciel. A cause de cela même, les parents zélés son tentés de forcer les décisions, de « fabriquer » des conversions sans lendemain dont le triste résultat est d’éloigner à jamais ceux que l’on prétendait justement conduire au Sauveur. D’où quelques précautions à prendre ou erreurs à éviter :

1. — La première erreur est de faire de la décision de son enfant une question de prestige devant les membres de la communauté. Telle maman harcèlera son rejeton, fera pression sur lui pour être en mesure d’annoncer autour d’elle en se rengorgeant : « Ma fille s’est convertie de bonne heure … Mon fils a une vocation : il veut être missionnaire en Afrique … Voyez mon dernier comme il marche bien : il rend témoignage à l’école et se montre zélé pour Christ … »

Pas de cela ! Demandez-vous pourquoi vous tenez si fort à ce que votre enfant s’abandonne au Seigneur. Est-ce pour en tirer gloire ? Dans ce cas votre insistance malsaine, à coup sûr maladroite, l’agacera et le fermera à l’Évangile. Laissez-vous sonder par Dieu et, si vous discernez que l’orgueil vous inspire, humiliez-vous « vous efforçant d’entrer dans le repos » (Hébreux 4.11). L’heure de Dieu viendra.

2. — La deuxième erreur est de vouloir convertir son enfant pour qu’il devienne plus docile, moins exigeant, se détourne d’un chemin dangereux et surtout cesse de perturber la vie familiale. Il est vrai qu’une nouvelle naissance authentique entraîne un grand changement chez un être humain, jeune ou adulte. Cependant, il serait également malsain d’œuvrer pour que l’atmosphère du foyer devienne plus agréable. Ne devrions-nous pas rechercher plutôt la seule gloire de Dieu et le bien spirituel de l’enfant ? Éclairés par l’Esprit de vérité, assurons-nous que tel est notre souci, en confiant notre fardeau au divin Consolateur.

3. — La troisième erreur est de croire qu’un entretien de quelques minutes poussera l’enfant dans les bras de Jésus, comme par un coup de baguette magique. Ce serait ignorer que toute décision est précédée d’un travail intérieur, d’un temps de lutte plus ou moins long qu’il ne faut surtout pas escamoter. C’est l’Esprit-Saint qui doit amener l’enfant à capituler lucidement devant le Maître. Dieu s’est-il hâté d’envoyer Ananias au devant de Saul « en crise » à Damas (Actes 9.9) ? Malgré la vision qui le jeta tout tremblant sur le sol, le persécuteur lutta trois jours et trois nuits avant de se décider pour le Fils de Dieu (Philippiens 3.7-8).

N’attendez pas fébrilement la conversion de votre enfant. Ne court-circuitez pas le Saint-Esprit en prétendant brûler les étapes. Votre part est de déposer la bonne semence dans son jeune cœur. Celle du Seigneur est de la faire germer. N’inversez pas les rôles.

4. — La quatrième erreur est d’user de son ascendant, de faire pression sur l’enfant pour qu’il se décide plus vite. Vous ne pouvez l’obliger à suivre le Christ. Nul ne devient disciple par contrainte, malgré soi. Respectez donc la liberté des vôtres. N’abusez pas non plus de la candeur des petits qui ne demandent qu’à croire : « L’Évangile, a dit Vinet, est l’immortelle semence de la liberté ». La seule contrainte est celle de l’amour et l’amour respecte toujours l’autre et sa personnalité. Les parents dominateurs ne sont pas ceux qui réussissent le mieux dans le domaine spirituel. Dieu n’a pas cherché à contraindre Saul par l’évidence. La lumière fulgurante qui l’arrêta sur le chemin de Damas ne devait-elle pas le forcer à suivre le Christ ? Non ! Au « que veux-tu que je fasse » de l’homme bouleversé – donc pas vraiment lucide – a répondu la voix du ciel : « Laisse-toi conduire à la ville ». Autrement dit : Vas-y réfléchir, peser le pour et le contre et faire un choix libre et lucide. Et c’est lucidement et délibérément que le futur apôtre en vint « à regarder toute chose comme de la boue afin de gagner Christ » (Philippiens 3.7-8). A ses disciples émerveillés par ses prodiges, Jésus donna l’occasion de se déterminer : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vou en aller ? » (Jean 6.67). « Si la perfection d’un être est d’aimer, écrivait le théologien Godet, sa gloire est d’être aimé »… délibérément, s’entend.

5. — La cinquème erreur est à l’opposé de la précédente. En effet, le danger serait grand de tomber – par réaction – dans l’autre extrême et sous prétexte de respecter l’enfant, se dire par exemple : « Moi, ne ne parle pas de Dieu aux miens et ne leur demande nullement d’assister à un service religieux le dimanche matin. Je me refuse d’exercer sur eux la moindre contrainte et veille à ne pas les influencer en matière de foi. Lorsqu’ils seront en âge de se déterminer, ils choisiront eux-mêmes leur religion » … Langage absurde, indique de parents chrétiens. Parler ainsi serait oublier deux choses : d’abord que les athées n’ont pas semblables scrupules. Qui le leur reprochera ? Et puis que l’homme, pour faire le bon choix, doit avoir reçu le bon enseignement. Pour choisir il faut être informé. Or, faussement respecté, le jeune ignorera tout de l’Évangile lorsqu’il se rendra au collège ou à l’université. Là, il côtoiera des copains déjà endoctrinés, et tendra l’oreille aux propos de professeurs chevronnés qui ne se priveront pas de lui inculquer – avec brio de surplus – des idées souvent négatives à l’égard de la foi. Privé de l’enseignement conforme à l’Écriture, l’adolescent ne pourra pas choisir librement « la voie du Seigneur » pour la raison bien simple qu’il ne la connaitra pas. Aussi tombera-t-il comme un fruit mûr dans le piège des doctrines en vogue sans pouvoir discerner le vrai du faux. Qui sera responsable de cet égarement ? Sans aucun doute les parents faussement scrupuleux qui ont ignoré ou négligé la recommandation de l’apôtre : « Pères élevez vos enfants en les instruisant selon le Seigneur » (Éphésiens 6.4). Ne laissez pas aux autres le soin d’enseigner la Bonne Nouvelle à ceux qui vous ont été confiés.

En définitive, la meilleure façon de conduire les nôtres à Jésus c’est, non seulement de prier pour eux sans relâche et avec foi, mais surtout et d’abord, de nous consacrer pleinement à Lui : « Observe les lois de l’Éternel ton Dieu afin que tu sois heureux et tes enfants après toi » (Deutéronome 4.40). Le croyant au cœur partagé ne pourra se réclamer d’aucune promesse ni convaincre l’enfant qui a soif d’authenticité.

Si tous vos enfants sont disciples de Jésus, n’en tirez aucun mérite ; c’est une grande faveur de Dieu. Et si un foyer-ami ne peut en dire autant, ne soupçonnez pas chez les parents quelque défaut d’éducation. Encouragez-les plutôt à persévérer dans la prière, et vous avec eux.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Etes-vous vraiment soucieux du salut de vos enfants ? Si oui, quels sont les motifs qui vous incitent à les « pousser » vers Jésus ?
  2. Y a-t-il parmi les vôtres un enfant qui se montre hostile à l’Évangile et refuse peut-être de vous accompagner à l’église ? Que faites-vous alors pour le gagner à Jésus-Christ ? L’avez-vous enseigné sans exercer de pression sur lui ? Les vôtres vivent-ils dans une atmosphère spirituelle et heureuse ?
  3. Bénissez le Seigneur pour l’œuvre qu’il a déjà accomplie chez tel ou tel de vos enfants. Confiez-lui les autres en réclamant de lui toute sagesse pour les conduire à Jésus.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant