Si l’on fait abstraction des épîtres que rapportent parfois les Actes apocryphes des apôtres dont elles font partie, il n’existe relativement qu’un très petit nombre d’épîtres apocryphes. C’est un genre d’écrits où l’imagination trouvait moins de matière à s’exercer, et qu’il était aussi plus difficile de faire passer pour authentiques.
Des fragments en partie encore inédits d’une Épître des apôtres ont été récemment découverts en copte et en latin. On y trouve un récit de la résurrection de Notre-Seigneur et de la délivrance de saint Pierre. M. Harnack en fixerait la composition entre 150-180.
On possède une Épître de saint Paul aux Laodicéens, rédigée sans doute pour répondre au passage de l’Epître aux Colossiens, Col.4.16. Notre plus ancien texte actuel est en latin. C’est une composition fort médiocre de fond et de forme, qui n’a probablement rien de commun avec l’Épître aux Laodicéens dont parle le canon de Muratori. Elle n’a pas d’attestation sûre avant le ve siècle.
Le même canon de Muratori signale une Épître de Paul aux Alexandrins forgée par les marcionites. Toute trace en est perdue. En revanche, nous possédons une lettre des Corinthiens à saint Paul et une (troisième) Épître de Paul aux Corinthiens, qui faisaient partie primitivement des Actes de Paul, et ont, par conséquent, été écrites en grec. Il n’en reste plus que des traductions latines et une traduction arméniennec. Les Corinthiens dénoncent à Paul des doctrines gnostiques qui tâchent de s’introduire chez eux. Paul leur répond en réaffirmant l’enseignement qu’il leur a donné. Ces lettres ont joui, dans les Églises de Syrie et d’Arménie, de la plus grande autorité. Elles datent, comme les Actes de Paul, des environs de l’an 170.
c – A. Carrière et S. Berger, La correspondance apocryphe de saint Paul et des Corinthiens, Paris, 1891.
Quant aux quatorze lettres latines de la correspondance entre Sénèque et saint Paul (huit lettres de Sénèque, six de saint Paul) que nous avons conservéesd, il est certain qu’elles sont des faux et l’œuvre d’un auteur fort médiocre. La pensée en est pauvre, le style rude et inexpérimenté. Sont-elles les mêmes que celles dont a parlé saint Jérôme dans le De viris illustribus, 12 ? La plupart des critiques l’admettent et en reportent conséquemment la composition aux années 360-380 au plus tard. D’autres pensent qu’elles sont plus récentes. Elles reposent, en tout cas, sur la croyance qu’il a existé entre saint Paul et Sénèque des relations dont rien n’établit la réalité. Sénèque a pu entendre parler des chrétiens, mais il n’a certainement rien emprunté de leur doctrine.
d – Voir Ch. Aubertin, Étude critique sur les rapports supposés entre Sénèque et S. Paul, Paris, 1857 ; Sénèque et S. Paul, Paris, 1869 ; G. Boissier, La religion romaine d’Auguste aux Antonins, tome ii.