Preuves de l’efficacité de la prière, par le révérend W. S. Plumer D. D., L. L. D.
L’auteur de ce volume m’a prié d’écrire quelques lignes sur la prière, pour démontrer par des faits, tant anciens que modernes, que toute demande faite avec foi est invariablement exaucée.
Toutes les religions ont fait usage de la prière. Ces religions ont pu perdre, avec le temps, le souvenir des plus grandes vérités, s’allier à l’immoralité, donner lieu à des cultes absurdes et même impies ; mais aucune n’a jamais renoncé à l’acte de la prière, sans cesser aussitôt d’être une religion.
Il est impossible d’exagérer la valeur de la prière. Pendant plus de trente-cinq ans, j’ai vu de près des hommes de foi, aussi bien que des incrédules, arriver en présence de la mort ; j’en ai vu mourir de tout âge et de toute condition, mais je n’en ai pas rencontré un seul qui regrettât d’avoir consacré trop de temps à la prière ; tandis que j’en ai entendu beaucoup qui regrettaient amèrement de ne s’être pas assez souvent approchés du Trône des miséricordes.
Une piété qui ne prie pas ne peut pas être réelle. Quiconque n’a pas faim et soif de Dieu, quiconque n’aspire pas à entrer en communion intime avec Lui, demeure entièrement étranger à la vraie vie spirituelle.
La prière est efficace. Elle a une grande influence sur Dieu. Elle détourne de justes et sévères châtiments et appelle de grandes bénédictions. Elle est la puissance la plus considérable dont l’homme dispose, et les faits qui le prouvent abondent dans tous les temps.
Avant tout, l’Ecriture le déclare et l’affirme de la manière la plus positive : « Invoque-moi aux jours de l’adversité ; je te délivrerai et tu me glorifieras. — Quiconque demande, reçoit ; quiconque cherche, trouve, et l’on ouvre à quiconque heurte. — La prière du juste, faite avec foi, est d’une grande efficace. » — Quiconque est familiarisé avec nos Saints Livres sait combien les promesses faites à la prière sont claires, nombreuses et illimitées.
Mais l’Ecriture Sainte fait plus : elle donne de nombreux exemples d’exaucement. Qu’on lise, pour preuve, l’histoire d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, de Josué, de David, d’Asa, d’Elie, d’Elisée, d’Esaïe, d’Ezéchias, de Mardochée, de Néhémie, de Saint Paul, de Silas, et de tant et tant d’autres.
La gloire de l’Eternel n’est-elle pas, en effet, tout aussi intéressée à ce que la prière inspirée par son Esprit reçoive une réponse, qu’à la continuation de l’ordre qu’il maintient par sa Providence dans l’univers ? Lorsque nous demandons à Dieu d’écouter des requêtes conformes à sa volonté, nous lui demandons de manifester sa propre gloire et de consolider son propre règne.
D’ailleurs, rien de ce qui nous concerne ou nous touche n’est trop minutieux aux yeux du Tout-Puissant. Il y a cent ans, environ, qu’un homme venait s’établir dans l’ouest de la Pensylvanie. Il possédait une pièce de terrain et certaines provisions de diverse nature ; mais il était loin de tout débouché et l’argent était rare. Comme il avait une nombreuse famille, il tomba dans la gêne. Il devait plus de dix dollars à ses fournisseurs, et il n’avait pas payé ses impôts. Que faire ! Il promit de donner le premier argent qu’il recevrait. Il offrit même de livrer ses provisions et son blé ; mais personne ne se présenta pour les acheter. Impatientés, ses créanciers le forcèrent à fixer un jour auquel ils pussent recevoir leur argent sans plus de retard. Il rentra chez lui dans une grande affliction. Vers le commencement de l’automne, un de ses voisins l’aida à construire un filet dont ils devaient avoir les profits à tour de rôle. Le jour où l’argent devait être livré approchait rapidement, et une faillite eût été, à ses yeux, une atteinte portée à l’honneur de la religion. Le pauvre homme ne prenait pas grand’chose avec son filet, car le poisson ne redescendait pas la rivière. Enfin, désespéré et ne sachant plus que faire, il passa toute une journée en prière. Vers le soir, le temps se rafraîchit, mais il continua à prier. De toute la nuit, il ne ferma pas les yeux. Après minuit, il alla vers la la rivière, et il s’aperçut que le poisson arrivait. Cela l’encouragea à persévérer dans sa prière, et vers le matin il avait réussi à remplir son canot de poisson. Aussitôt il se mit à descendre le courant jusqu’à Pittsburg, où il vendit sa pêche, paya ses impôts et toutes ses autres dettes, et put même rapporter de quoi mettre sa famille à l’aise. On comprendra avec quelle reconnaissance il rendit grâces à Celui qui l’avait si fidèlement exaucé. Le filet avait été jeté à l’endroit où se trouve aujourd’hui la première écluse de la rivière de Y… Les descendants de cet homme vivent encore, et c’est de leur propre bouche que j’ai recueilli ce trait.
Dieu entend et exauce aussi les prières des petits enfants. En 1835, ma santé étant sérieusement menacée, on me conseilla les voyages, et j’allai dans la Nouvelle-Angleterre, où je nouai plusieurs relations qui me sont devenues précieuses. Je rencontrai, entr’autres, dans la maison d’un chrétien dont la piété était remarquable, un petit garçon qui gagnait sa vie en utilisant de son mieux les heures de liberté que lui laissait son école. Je m’intéressai à lui et j’obtins sa confiance. Bientôt, il m’exposa ses petits projets et me raconta sa manière de faire. Son but était de parvenir à une carrière honorable. Il ne faisait point profession d’avoir un nouveau cœur, mais il priait plusieurs fois par jour et me disait qu’il était sûr d’être exaucé. Tôt ou tard, pensait-il, Dieu l’entendrait et viendrait à son secours. Je ne pus que l’encourager à persévérer dans ses prières, et je ne doute pas qu’il ne l’ait fait. Pendant bien des années, je n’en entendis plus parler ; mais j’ai appris, il n’y a pas longtemps, qu’il est devenu l’une des lumières du barreau, à …, dans le Nord-Ouest.
Un enfant qui possédait encore sa mère disait un jour à un autre enfant, qui avait perdu la sienne :
— « Comment fais-tu sans une mère à laquelle tu puisses raconter tous tes chagrins ?
— Avant de mourir, ma mère m’a montré à Qui je devais m’adresser, répondit le pauvre petit orphelin. Je m’adresse au Seigneur Jésus. Il était l’ami de maman, et Il est aussi le mien.
— Mais, répliqua l’autre, Jésus est tout là-haut dans les cieux ; Il est bien loin et Il a bien des choses à faire. Peut-Il laisser tout cela de côté pour faire attention à toi ?
— Je ne sais pas, dit l’orphelin ; tout ce que je sais, c’est qu’il a dit qu’il le ferait, et cela me suffit. »
L’orphelin avait raison. L’oreille du Seigneur est tout aussi attentive aux prières de l’enfant, et même du plus petit enfant, qu’à celles des docteurs en théologie et des sénateurs.
Puissions-nous l’enseigner à tous nos enfants, et puissent-ils le croire !
Au mois de mai de 1858, je me rendis à la réunion de prière de Fulton Street. Un homme d’humble apparence, qui venait de se convertir à Christ, se leva et rendit grâce à Dieu de l’œuvre qu’il avait opérée dans son cœur en le convertissant. Il dit qu’il avait précédemment demandé les prières de l’assemblée en faveur de sa pieuse mère, devenue folle, afin que le Seigneur lui rendît le libre usage de sa raison et qu’elle pût elle-même bénir Dieu du changement survenu dans son fils, comme aussi pour qu’il pût, de son côté, la remercier de ce qu’elle lui était restée fidèlement attachée dans ses prières pendant les jours de son incrédulité. « Votre prière, dit-il, est déjà à demi exaucée, car ma mère a cessé de divaguer et son état s’améliore chaque jour. J’espère la voir bientôt complètement rétablie. »
Cet exemple m’en rappelle un autre, que j’emprunte au XVIIe siècle. Richard Cook, homme très pieux, était allé demeurer dans une maison attenant à celle qu’occupait M. Baxter pendant son séjour à Kidderminster. Peu de temps après, il fut saisi d’une tristesse profonde qui dégénéra en folie. On l’entoura des soins les plus prompts et les plus éclairés, mais ce fut en vain. Richard Cook était fou ! Ce malheur suggéra à quelques personnes la pensée de se réunir, afin de jeûner et de prier ensemble en faveur de ce malade. Mais M. Baxter, qui regardait ce genre d’aliénation comme irrémédiable, les en dissuada, parce qu’il craignait que l’insuccès de leurs prières ne tournât au préjudice de la religion et n’en éloignât les gens du monde. Dix ou douze ans se passèrent ainsi, années de douleur et de souffrance morale pour le pauvre Richard Cook. A la fin, pourtant, ces mêmes personnes pieuses, ne voulant plus se laisser arrêter par aucune considération, se rendirent dans la maison du malade pour jeûner et prier ensemble. Elles se réunirent ainsi une fois par quinzaine, pendant plusieurs mois, sans apercevoir d’amélioration. Elles continuèrent de lutter avec le Seigneur, et enfin les souffrances du malade s’apaisèrent, sa santé physique se rétablit et sa raison reparut. « Aujourd’hui, dit M. Baxter, il se porte parfaitement bien, et depuis son rétablissement, qui remonte à plusieurs années, il a toujours joui de la plénitude de ses facultés. »
N’avez-vous pas lu dans l’Evangile ces paroles : Cette espèce de démon ne peut être chassée que par le jeûne et la prière ? (Matthieu 17.21. — Marc 9.29) Que signifient ces paroles ?
L’Esprit de Dieu nous est indispensable dans toutes choses, et le Seigneur nous l’accorde toujours en réponse à nos prières, pour qu’il conduise nos pensées dans une direction saine. Le rév.d D.r W. Nevins, de Baltimore, avait prié pendant des années pour être rendu capable d’écrire un bon traité. Vers la fin de sa vie, il possédait le sentiment intime que Dieu l’avait exaucé, et quiconque lit ses traités est obligé de partager cette conviction. — Il avait demandé peu de chose, et il avait reçu abondamment.
Dieu exauce toute prière qui concorde avec sa volonté. John Welch, gendre de John Knox et aïeul du rév.d James Paine, de Somerville (Tenn.) et du rév.d H. Paine, de Holly-Springs (Mississ.), avait coutume de dire : « Je ne comprends pas qu’un chrétien puisse rester toute une nuit au lit sans se lever pour prier ! » Cet homme remarquable, se voyant banni de son pays à cause de l’Evangile, se rendit maître de la langue française en quatorze semaines, et se trouva capable de prêcher si correctement dans ce nouvel idiome, que plusieurs églises de France lui adressèrent vocation. — Si nous consentions à étudier un peu moins en athées et un peu plus en chrétiens, nous ferions de plus rapides progrès.
Dans son journal, Philippe Henri parlait ainsi d’une journée qu’il voulait consacrer à l’étude : « J’ai oublié, en commençant, de te demander expressément et explicitement ta grâce, ô mon Dieu ! Aussi, les roues du chariot ont marché en conséquence. Pardonne-moi cette omission, Seigneur, et garde-moi dans le sentier de mon devoir. »
On disait un jour à un pasteur très actif : « Si ce n’était que vous faites aller la charrue pendant que vous êtes dans votre cabinet, vous ne moissonneriez pas ainsi du haut de la chaire. Je connais deux hommes, dans les Etats du centre, qui prétendent que s’il est une chose dans laquelle ils aient été secourus de Dieu en réponse à leurs prières, ce sont bien leurs études. Le vieux Thomas Boston nous donne, dans son autobiographie, le secret du succès de ses travaux, lorsqu’il raconte qu’ayant eu à consacrer beaucoup de veilles à l’étude, il ouvrait sa Bible hébraïque, en demandant à Dieu de faire passer son sommeil. Longtemps avant lui, David s’était aussi écrié : « Enseigne-moi tes statuts ! ouvre mes yeux, pour que je puisse contempler les merveilles de ta loi ! » Quand Salomon demanda la sagesse, il montra bien que ce qu’il désirait par-dessus tout, c’était que l’Eternel bénit ses études. — Que ceux qui étudient, prient donc.
Les peuples aussi ont reçu d’éclatantes délivrances en réponse aux prières, et les exemples en sont nombreux et très frappants. Au temps de la reine Elisabeth, ce sont les prières que les chrétiens d’Angleterre ont fait monter vers Dieu qui ont causé la perte de cette terrible flotte espagnole, nommée l’Armada. En 1746, ce sont les prières de nos ancêtres qui ont fait périr par une tempête la flotte de quarante vaisseaux que la France envoyait, sous la conduite du duc d’Anville, contre les colonies américaines. Les deux chefs de cette redoutable expédition avaient été tellement surpris et abattus par la soudaineté de ce désastre, que tous deux se suicidèrent de désespoir.
Mais Dieu peut aussi délivrer son peuple lorsqu’il est menacé, sans détruire pour cela ses ennemis. Leclerc nous apprend qu’en 1672 les Hollandais, craignant une attaque par mer, firent faire des prières publiques pour obtenir la délivrance, et il arriva que la marée qu’attendaient les ennemis pour opérer une descente fut retardée de douze heures. Cette circonstance, on ne peut plus extraordinaire, força les assaillants à remettre leur attaque à une meilleure occasion, qui ne se présenta pas, parce qu’une tempête vint ensuite les disperser et les rejeter au large.
Les institutions fondées en vue d’alléger les souffrances humaines ont été aussi l’objet d’exaucements très remarquables. Nous en trouvons un exemple frappant dans l’histoire de l’orphelinat de Halle, fondé par Francke. Son école n’avait point de fonds qui lui appartinssent en propre. En 1696, il n’avait plus le moyen de maintenir son institution au-delà d’une semaine. Comme on en était à manger presque le dernier morceau de pain, mille écus lui parvinrent de la part d’un inconnu. Dans d’autres circonstances non moins critiques, il reçut vingt, trente, quarante écus, en réponse à ses prières. « Une autre fois, dit-il, toutes nos provisions étaient épuisées ; mais je m’adressai au Seigneur, et en priant je fus vivement frappé de la quatrième demande de l’oraison dominicale : Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Mes pensées s’arrêtèrent plus particulièrement sur le mot aujourd’hui, parce que ce même jour nous étions dans un grand besoin. Comme j’étais encore en prière, la voiture d’un ami s’arrêta devant ma porte, et il me fit remettre quatre cents écus ! »
Et qui, plus que le pasteur, a besoin de prier ? Chalmers avait raison de dire : « Un pasteur ne peut espérer des fruits de son ministère que lorsqu’il aura perdu toute confiance en lui-même ; lorsqu’il n’espérera plus rien de l’énergie de ses expressions, et qu’il aura appris qu’un homme peut être puissant pour attirer l’attention, puissant pour charmer l’imagination, puissant pour réduire au silence les contredisants, et néanmoins impuissant pour renverser les forteresses. Les apôtres se sentaient autorisés à remettre le soin de distribuer les aumônes entre les mains de gens choisis exprès pour cette charge ; mais ils n’osaient pas abandonner la tâche de la prière et de la prédication. Bien plus, ils n’osaient rien entreprendre de ce qui pouvait partager leur attention et diminuer leur zèle pour ces deux activités. Ils disaient : « Nous nous consacrerons exclusivement à la prière et au ministère de la Parole. (Actes 6.4) — Un prédicateur qui ne prie pas est donc entièrement nul et impuissant au point de vue spirituel.
J’ai connu un pasteur qui ne voulait pas exhorter les pécheurs à la prière. Un accident arriva à son propre fils, et tandis que le chirurgien s’efforçait avec douceur de lui porter un secours aussi efficace que possible, ce petit garçon donnait un libre cours à ses méchantes passions par des jurements et des malédictions. Un voisin, qui était témoin de cette scène, ne put s’empêcher de dire : « Quand on n’encourage pas les enfants à prier, il faut s’attendre à ce qu’ils blasphèment. »
Il est certain qu’en exhortant les hommes à prier, nous devons les pousser à le faire en sincérité de cœur et non d’une manière hypocrite, par la foi et non dans l’incrédulité. Mais, quiconque ne voudra se résoudre à prier que lorsqu’il sera bien sûr de posséder un cœur rempli de toutes les grâces nécessaires pour prier, peut être tout aussi certain de s’en aller en enfer avant d’avoir seulement commencé sa prière. Il est également vrai que tous les trésors de l’alliance de grâce sont promis aux vrais croyants, et que l’incrédulité rend de nul effet toutes les promesses de salut. Mais qui pourra démontrer par des preuves tirées de la religion naturelle ou de la religion révélée, que Dieu ne veut ni entendre ni exaucer les cris de détresse de ses créatures ? Ses tendres compassions ne sont-elles pas au-dessus de toutes ses œuvres, même ici-bas ? N’entend-il pas le cri des petits du corbeau et ceux du jeune lion ? et un homme ne vaut-il pas bien plus que beaucoup d’oiseaux ou de bêtes des champs ? Le Seigneur n’invite-t-il pas les hommes, en tous lieux, à venir à Lui ? Oui, certainement ! et il y a même plus que cela, car dans le psaume 107 il rappelle par deux fois sa réponse miséricordieuse aux prières de deux classes d’hommes notoires par leur dépravation.
La première de ces classes est celle des insensés, gens qui sont ainsi désignés à cause de leurs vices dégradants et de leur dévergondage. Les insensés, en effet, tombent dans l’affliction par suite de leurs propres iniquités et de leurs transgressions. « Leur âme a en horreur toute nourriture spirituelle, et ils touchent aux portes de la mort éternelle. C’est alors qu’ils crient à Lui du fond de leur détresse, et qu’aussitôt le Seigneur les délivre de leurs angoisses. Il leur envoie sa Parole ; Il les guérit et les délivre de leurs tombeaux. Oh ! s’ils voulaient bénir l’Eternel pour toutes ses gratuités et pour toutes ses œuvres merveilleuses en faveur des fils des hommes ! » (Versets 17-21.)
L’autre classe est celle des marins, qui furent de tout temps immoraux et impies : « Ceux qui descendent sur la mer dans des navires, faisant commerce parmi les grandes eaux ; qui voient les œuvres de l’Eternel et ses merveilles dans les lieux profonds. Car, Il commande et fait comparaître le vent de tempête qui élève les vagues de la mer. Ils montent aux cieux, ils descendent aux abîmes ; leur âme se fond d’angoisse. Ils branlent et chancellent comme un homme ivre, et toute leur sagesse leur manque. Alors, ils crient à l’Eternel dans leur détresse, et il les tire hors de leurs angoisses. Il arrête la tempête, la changeant en calme, et les ondes sont apaisées. Puis, ils se réjouissent de ce qu’elles sont tranquilles, et Il les conduit au port qu’ils désiraient. Oh ! s’ils voulaient bénir l’Eternel pour toutes ses gratuités et pour toutes ses œuvres merveilleuses envers les fils des hommes ! » (Versets 23-31.)
Si Dieu peut entendre les cris que de pareils hommes poussent dans leur angoisse, il peut certainement entendre les supplications de toute sorte de pécheurs qui s’adressent à Lui en divers lieux de la terre. Sur le premier de ces passages, Scott dit : « La perte des forces physiques et celle de l’appétit sont accompagnées, en pareil cas, de souffrances extrêmes, et la mort doit se présenter à l’imagination épouvantée sous sa forme la plus terrible. Dans de tels moments, les plus impies s’adressent parfois à Dieu, et, quoique leur prière ne leur soit arrachée que par l’excès de la détresse et l’horreur instinctive de la destruction, néanmoins Dieu l’entend et leur rend les forces et la santé d’une manière inespérée. »
Un grand nombre de personnes m’ont assuré, d’ailleurs, que Dieu entend et exauce la prière de ceux qui sont en détresse. En voici un exemple : Il y a plus de vingt-cinq ans, je fus appelé à faire les obsèques d’une dame âgée qui demeurait dans une plantation de la Virginie. Comme je chevauchais en tête du convoi funèbre pour le conduire jusqu’au cimetière de la famille, je me trouvai bientôt au milieu de steppes dans lesquelles j’avais besoin d’un guide. En conséquence, le gendre de la défunte vint se mettre à la tête de notre colonne, près de moi. J’appris de lui (ce que d’autres me confirmèrent dans cette localité et ailleurs) qu’il était né de parents respectables, qu’il avait reçu une excellente éducation commerciale, et qu’il avait rempli dans une banque l’office d’agent-comptable. Insensiblement, il s’était laissé aller à contracter des habitudes d’intempérance qui affligeaient profondément tous ceux qui l’entouraient, et il avait fini par tomber dans un état tellement désastreux, qu’un lundi matin, en se réveillant d’une orgie de plus de trente-six heures, la vue de la nature, toute joyeuse et parée des premiers feux de l’aurore, l’avait rempli d’une insurmontable tristesse ; tandis que, le soir même, un orage effroyable étant venu à éclater, il se sentait tellement à l’unisson avec ce spectacle épouvantable, qu’il eût volontiers, à ce qu’il racontait, hurlé de joie et frappé des mains, quand bien même la terre tout entière eût été broyée sous le feu du ciel. Plus tard, il promit solennellement de se corriger, mais il viola sa promesse. Une autre fois, il fit un serment plus solennel encore d’abandonner son vice : le malheureux ne sut que se parjurer de nouveau. Il en était venu au point de ne pouvoir tenir ses comptes à la banque qu’après avoir bu toute une pinte d’eau-de-vie ! Dans son désespoir, il voulut se suicider, et il prit du laudanum ; mais son estomac était déjà tellement malade qu’il refusa de supporter ce poison et le rejeta. Trop déshonoré désormais pour conserver son poste, il dut s’en démettre, et, dans l’espoir de se guérir de sa fatale habitude, il s’embarqua pour les Indes. Quelques mois plus tard, il revenait chez lui toujours dans le même état. Il va sans dire que pendant tout ce temps il avait vécu sans prier. Un jour, en se promenant seul dans les champs, l’idée lui vint qu’il existait un Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui pouvait entendre son cri de détresse et le secourir. Il se mit donc à prier fréquemment chaque jour, afin d’être gardé contre la tentation de boire des liqueurs fortes. Il ne demandait que cette seule grâce.
Il y avait neuf mois que cet homme persévérait à prier ainsi, malgré des chutes nombreuses et répétées, lorsque je le rencontrai, comme je viens de le dire. Je me mis alors à lui parler de la perversité de son cœur, et je m’appliquai à lui démontrer que la tempérance était bien loin d’être la seule chose dont il avait besoin. Je lui parlai de la nouvelle naissance, du pardon des péchés, du sang de Jésus-Christ et de l’œuvre du Saint-Esprit. Ces vérités le surprenaient considérablement. Je l’exhortai à continuer de prier et à demander avant tout les grâces de l’Evangile. Il me promit de le faire. Peu après, j’allai le voir et je passai plusieurs heures avec lui. Il priait plus que jamais pour se défaire de son ivrognerie, mais il priait aussi pour le salut de son âme. Quelques semaines plus tard, l’espérance chrétienne commença à poindre dans son cœur et à le réjouir. Quand sa santé se fut rétablie et qu’il fut devenu sérieusement chrétien, sa piété reproduisait plusieurs des caractères de celle de Jean Newton. Il trouva un emploi lucratif dans une autre banque, devint une source de bénédictions pour sa famille, et, après douze ans d’une vie renouvelée, pleine d’humilité et d’amour pour son Sauveur, il mourut de la mort des bienheureux.
Des centaines de personnes dignes de foi, parmi lesquelles se trouvent trois pasteurs éminents, dont un réside à New-York, un autre à Philadelphie et le troisième à Saint-Louis, reconnaîtront ici l’histoire de John Ennes, de Brick-House, près de Pétersburg (VA.). J’ai obtenu, il y a quelque temps, de sa pieuse veuve (aujourd’hui entrée dans la gloire) la permission de faire usage de ces faits, qui peuvent encourager à la prière et contribuer à la gloire de Dieu.
Les grands réveils ont toujours éclaté en réponse à des prières extraordinaires. Le réveil survenu au temps d’Esdras, alors que lui et d’autres prêchaient depuis le matin jusqu’au milieu du jour à une multitude de cinquante mille âmes rassemblée devant une des portes de Jérusalem, avait été précédé par un temps de componction et de prière que nous trouvons mentionné au chapitre 9 de Daniel, où il dit lui-même : « Je tournai ma face vers le Seigneur mon Dieu et me mis à le chercher par des prières et des supplications, avec jeûne, sous le sac et sous la cendre. Avant qu’il eût cessé de prier, Gabriel lui apparut pour lui annoncer qu’il avait été exaucé « dès le commencement de sa prière ». C’est aussi par la prière que ce grand réveil se propagea, ainsi que nous l’apprend le récit d’Esdras.
Le réveil mémorable qui éclata au jour de la Pentecôte avait été précédé également de réunions de prière, pour lesquelles l’Eglise entière s’était assemblée durant dix jours. (Actes 1.4-14 ; 2.1) Le même moyen assura l’extension de ce réveil. (Actes 2.41-47) Mais tous ces détails sont trop connus pour que nous nous y arrêtions plus longtemps.
John Livingston, l’ancêtre de la famille Livingston des Etats-Unis, était l’un des plus habiles prédicateurs que l’Ecosse ait produits. Jamais, depuis les temps apostoliques, aucun orateur n’a prêché avec autant de puissance et de succès que celui-là.
« Une foi sincère, dit-il, jointe à d’ardentes prières et à un désir constant de la gloire de Dieu et du bien des âmes, jointe surtout à un cœur sanctifié et à une conduite chrétienne, sera toujours du plus grand secours pour bien prêcher. Il y a souvent dans la prédication quelque chose d’indéfinissable, qu’on ne saurait attribuer ni à la nature du sujet ni à celle des expressions, qui, sans qu’on sache comment, exerce une douce violence sur le cœur, le touche et le pénètre, et qui procède directement du Seigneur. Le seul moyen que l’orateur ait pour obtenir cette puissance consiste à se placer sous l’influence de l’Esprit de Dieu. »
Plus loin, il dit encore : « Je n’ai prêché en toute ma vie que deux sermons que je voudrais réellement pouvoir relire. Le premier avait été prêché un lundi après la communion, à Shotts, et l’autre un lundi après la communion, à Holywood. Dans ces deux occasions, j’avais passé la nuit entière à converser et prier avec quelques chrétiens, et j’étais monté en chaire sans plus de préparation qu’à l’ordinaire. D’ailleurs, mon langage était d’ordinaire plutôt calculé pour les gens simples et d’humble condition, que pour les auditeurs instruits et cultivés. »
John Brown rapporte qu’à ce sermon prêché à Shotts, cinq cents personnes avaient été converties.
Le réveil qui commença à Enfield (Massachussetts), le 8 juillet 1741, à la suite d’un sermon du premier président Edwards sur ces paroles : « Leurs pieds glisseront en temps opportun », a été regardé pendant longtemps comme le plus remarquable dans notre histoire. L’impression produite par les vérités éternelles était d’une puissance écrasante. Un grand nombre de personnes, qui ne connaissent pas les détails de ce mouvement religieux, s’étonnent qu’un résultat pareil ait été produit par un seul sermon. Mais il est certain que quelques chrétiens de la localité, craignant que Dieu, dans son juste courroux, ne passât outre sans bénir leur église, étaient restés toute la nuit précédente en prière.
Le grand réveil de 1857 et 1858 dans les Etats-Unis a commencé et s’est développé uniquement en réponse aux prières. En septembre 1857, un des synodes de l’Ouest en invita trois autres à se rencontrer avec lui en conférence, pour prier et s’entretenir du besoin d’un réveil dans l’Eglise. Cette conférence a été tenue, et jamais les habitants de ces contrées n’avaient été témoins d’une pareille réunion. Après celle-là, il en vint d’autres ; on établit dans les villes et dans les villages des réunions de prière, et cela presque simultanément dans toute l’étendue des Etats-Unis. Près d’un million de commerçants abandonnaient, à une certaine heure du jour, toutes leurs affaires, pour se rendre à la maison de prière. Et cette œuvre a grandi et grandira toujours, jusqu’à ce que ces réunions soient désertes, ou qu’elles tombent dans le formalisme et la propre justice, ou bien encore qu’elles dégénèrent en un moyen de se mettre en évidence.
Mais des faits non moins nombreux et incontestables prouvent que souvent Dieu s’est plu à honorer d’une réponse les prières qui lui étaient faites par un seul de ses serviteurs, en vue du réveil de son peuple et de l’avancement de son règne. Il y a environ vingt-cinq ans que, dans un troupeau isolé, vivait un ancien dont nous omettons ici le nom à dessein, et qui était animé d’une piété humble et pleine de simplicité. Il était vivement frappé par la pensée du prix des âmes et du danger auquel les pécheurs sont exposés, et il priait avec une persévérance et une ardeur particulières. Depuis quelque temps, son église se trouvait privée de pasteur et de toute espèce de prédication. Aussi, quand il reçut la visite d’un ministre chrétien des environs, il s’écria : « Que je suis heureux de vous voir ! J’ai beaucoup prié pour que vous vinssiez ici et pour que Dieu bénît l’œuvre de vos mains. J’ai passé des moments où il me semblait que je mourrais si Dieu ne répandait bientôt son Saint-Esprit sur nous. » Cette même semaine, un réveil remarquable, qui a produit beaucoup de fruits permanents, s’est manifesté, et ce ministre, qui vit encore et qui prêche l’Evangile dans cette localité, raconte lui-même ce trait comme une preuve que Dieu exauce les prières individuelles.
Voici un autre exemple qui n’est pas moins surprenant, et dont j’ai été témoin oculaire, lorsque je n’avais guère que vingt ans. Le capitaine James Mac-Clung avait épousé la sœur du D.r Samuel Campbell, qui épousa à son tour la sœur du rév.d D.r Archibald Alexander. A l’époque où je fis la connaissance du capitaine, il résidait sur la rivière du Sud, dans le comté de Rockbridge (VA.), à une lieue environ de Fairfield. Il me disait souvent qu’il croyait avoir été appelé, dans sa jeunesse, au saint ministère, et qu’il avait commis un grand péché en n’obéissant pas. Je partage encore ce sentiment. Il possédait le don de la prière à un point rare, et semblait être extraordinairement rempli du Saint-Esprit. En 1822, le Seigneur commença à faire sentir sa présence dans plusieurs églises du comté de Rockbridge ; mais les deux églises de Timberridge et de Fairfield paraissaient être laissées en dehors de ce mouvement. A l’approche de la communion, je fus invité par quelques bons amis à visiter Fairfield. Je m’y rendis un jour de dimanche et j’y entendis quelques bonnes prédications ; mais je n’aperçus aucun signe de réveil, sauf chez le capitaine Mac-Clung et un ou deux autres membres. Le samedi suivant, j’assistai à une réunion de prière, sans y remarquer de preuves extraordinaires de la présence de Dieu. Après la séance, la plupart se retirèrent et allèrent se coucher comme de coutume. Mais le capitaine Mac-Clung partit à pied, pour se rendre à sa demeure. La route traversait une forêt, et le soleil se levait déjà, que notre voyageur n’était pas encore rentré chez lui. Il avait passé toute la nuit en prière. La réponse se manifesta le jour même. Le pasteur prêcha comme je ne l’avais jamais entendu prêcher auparavant, et comme je ne l’ai entendu prêcher qu’une ou deux fois depuis. Jamais je n’ai vu l’œuvre de Dieu faire de pareils progrès, en un seul jour, dans une si petite congrégation. Le visage du prédicateur brillait « comme le visage d’un ange », et sa voix, d’ordinaire assez faible, aurait pu être entendue à une grande distance, lorsqu’il exposait avec une solennité, une netteté et une puissance terrible, les droits que Dieu a sur les âmes pour le temps et pour l’éternité. On a unanimement attribué les abondantes bénédictions de cette journée aux prières faites la veille, et surtout à celles du capitaine James Mac-Clung, dont le nom a dû rester en honneur dans cette contrée si favorisée.
Dans la biographie du rév.d Elisha Macurdy, écrite par le D.r Elliott, il est fréquemment fait mention d’un habitant de l’ouest de la Pensylvanie, nommé Philippe Jackson et surnommé l’ancien qui prie. Cet homme était ignorant au dernier point, il ne savait pas même lire ; mais les choses changèrent bien quand Dieu eut renouvelé son cœur et lui eut inspiré le désir de connaître les vérités de la foi. L’une des dernières allocutions du pasteur Macurdy contient les paroles suivantes : « Mes chers frères, je ne puis plus parler longtemps. Je me bornerai à vous rappeler un seul point, duquel dépend la prospérité de l’église ; ce point, c’est la piété. Il y a quarante ans, la piété de l’église était active et vigilante. Ceux qui la conduisaient se faisaient un devoir de converser, en toute occasion, avec ceux qui n’en faisaient pas partie. Les pasteurs n’étaient pas les seuls à s’en occuper ; les anciens, tout spécialement, s’en faisaient une obligation. Je me souviens, entr’autres, de l’un d’entr’eux, qui ne pouvait pas lire la Bible lorsqu’il fut reçu dans l’église. Cependant, à lui seul, ce serviteur a plus fait pour la cause de Christ que plusieurs pasteurs ensemble. Il était le principal promoteur du réveil qui eut lieu il y a quarante ans. En toute circonstance, son habitude était de s’adresser directement aux pécheurs, et, comme Jacob, de lutter ensuite avec Dieu, en répandant son cœur dans la prière. Que de fois ne nous sommes-nous pas agenouillés, lui et moi, dans les fourrés, à l’écart, pour demander au Seigneur de faire descendre son Esprit sur l’église entière ! Ce que je désire donc, c’est que les anciens et tous les frères imitent cet homme, s’ils veulent que Dieu répande son Esprit. Mes frères, réveillez-vous ! Parlez aux pécheurs avec sympathie, avec effusion, souvent, et Dieu répandra ses bénédictions. Je ne doute pas qu’il ne soit prêt à le faire, si nous voulons être fidèles à notre devoir. » — Un seul homme peut être en bénédiction à toute une communauté. Un seul Philippe Jackson, dans chaque localité, suffirait pour changer la face du pays, et pour le remplir de joie.
C’était en se rendant un jour à Buffalo, pour une réunion, que M. Macurdy et Philippe Jackson s’étaient rencontrés pour la première fois. Ce dernier était l’un des principaux anciens de l’église de Cross-Roads. Après s’être parlé un instant, ils continuèrent à faire route ensemble, en s’entretenant de sujets religieux. Ils se comprenaient, parce qu’ils étaient animés du même esprit, puisé à la même source. Ils se sentirent bientôt à l’aise l’un vis-à-vis de l’autre, et s’ouvrirent leur cœur sans réserve. Philippe avait un fils incrédule et dévergondé, dont le salut le préoccupait vivement. Il mit M. Macurdy au courant et le pria de s’écarter de la route avec lui, dans le bois, afin qu’ils pussent prier tous deux pour sa conversion. La proposition fut aussitôt acceptée, et, une fois parvenus au milieu d’un épais fourré, le vieil ancien et M. Macurdy s’agenouillèrent côte à côte. Ce dernier répandit son âme devant Dieu en faveur de ce fils impie. Peu de temps après, le jeune Jackson devint très sérieux et finit par se convertir. Pendant le reste de sa vie, son père attribua toujours cet heureux résultat à la prière faite avec M. Macurdy dans les bois, et cette circonstance avait fait naître dans son cœur un très grand attachement pour lui. Ceci se passait à l’époque du grand réveil, au commencement de ce siècle.
Un pasteur zélé, qui vit encore, raconte ce qui suit : « Une mère chrétienne, appartenant à mon troupeau, et dont le mari était un homme très dissipé, avait un fils dans une école militaire de l’Est. Ce jeune homme était fort capricieux et entêté, et semblait désireux de quitter cette carrière pour chercher fortune sur les mers. Cette mère priait ardemment pour que Dieu voulût bien diriger son fils, surtout en ce qui concernait son salut. Une nuit, elle combattit par la prière jusqu’à la pointe du jour en faveur de son enfant, car elle n’avait pas de ses nouvelles depuis quelque temps et craignait qu’il ne lui fût arrivé quelque chose de fâcheux. Comme on le sut plus tard, il avait, en effet, quitté l’école le jour auparavant, dans l’intention de s’engager à New-York sur un vaisseau marchand qui devait mettre à la voile le lendemain. Mais, cette même nuit, il ne put dormir ; il éprouvait une vague inquiétude dont il ne pouvait se rendre compte. Une puissance irrésistible l’attirait, malgré lui, vers la demeure de sa mère. Il résista, il lutta toute la nuit contre cet appel mystérieux, mais ce fut en vain : il fallut céder. Au lever du jour, il se rendit auprès du capitaine du bâtiment, rompit son engagement et partit aussitôt pour se rendre chez lui. Quelle ne fut pas la surprise de sa mère en le voyant paraître ! Il trouva toute la communauté occupée aux réunions quotidiennes de prière. Sa mère voulut l’y conduire, mais le nom seul de ces réunions lui inspirait une répugnance insurmontable. Quelques jours se passèrent pendant lesquels il se garda bien d’y mettre le pied. Un matin, cependant, il alla frapper à la porte du pasteur, et lui demanda avec larmes ce qu’il devait faire pour être sauvé. Le pasteur lui dit d’aller à Christ. Ce soir-là, ne pouvant trouver de repos, il se releva vers minuit et se présenta à la porte de la chambre de son père, le suppliant de vouloir bien prier pour lui. Le père l’accueillit fort mal ; il lui reprocha durement de venir l’importuner ainsi pendant son repos, et comme celui-ci insistait de plus en plus, il finit par s’emporter et le menaça de toute sa colère s’il ne se retirait à l’instant. Le jeune homme rentra dans sa chambre, la douleur dans l’âme ; mais il ne se rebuta point et ne cessa ses recherches que lorsqu’il eut trouvé Christ. Plus tard, quand tous ces faits furent mis au jour, on reconnut que la nuit pendant laquelle cette mère avait combattu pour son fils, était justement celle où il avait perdu le repos et le sommeil, au point d’être forcé de rompre son téméraire engagement. Un autre pasteur racontait dernièrement le trait suivant, à une réunion de prière du synode de Pittsburg : « A l’époque de mon installation, peu après la fin des services, l’un des anciens de l’église dont je venais d’être nommé pasteur vint à moi et me dit, en me serrant les mains avec chaleur : Vous souvenez-vous qu’il y a quelques années vous passâtes la nuit dans la ville de ? Au moment de vous mettre au lit, un homme qui occupait une chambre voisine vous demanda pourquoi vous vous couchiez sans prier. Je suis cet homme. Après vous avoir ainsi parlé, je demandai à l’Eternel de vous convertir et de faire de vous un ministre de sa Parole. Et voilà ! ajouta-t-il, Dieu a entendu ma prière. Je vous presse la main et vous êtes mon pasteur ! »
C’est ici le témoignage que nous rendons à Dieu,
à savoir :
que dans toutes les générations
IL ENTEND LA PRIÈRE.