Préparation évangélique

LIVRE III

CHAPITRE VIII
DE LA CONFECTION DES STATUES ET DES IDOLES CHEZ LES ANCIENS

« L’érection des idoles ou simulacres des dieux est un usage qui paraît remonter fort loin dans les siècles ; car nous voyons Eresichton ériger à Délos la première statue de bois en l’honneur d’Apollon, pour être portée dans ses fêtes solennelles. Nous voyons aussi dans le même temps les peuples de l’Attique élever à Minerve, protectrice de leur ville, une idole de bois, que les Athéniens conservent encore aujourd’hui avec un soin religieux.

Callimaque nous apprend encore que les habitants de Samos avaient une idole de bois en l’honneur de Junon…

… Piros, le premier qui éleva un temple à Junon dans l’Argolide, consacra sa fille Callithye comme prêtresse, et érigea à la déesse une statue d’un poirier qu’il avait coupé dans la forêt de Tirynthe, et dont il fit une gracieuse image de Junon. Quant à la pierre, elle n’était point en usage pour les statues des dieux : d’abord, parce qu’elle est dure et difficile à travailler, ensuite parce qu’elle est un corps sans vie. Dans l’or et l’argent, les anciens ne voyaient qu’une terre stérile, corrompue, décolorée par la putréfaction, et au sein de laquelle l’action du feu avait produit comme des meurtrissures et des taches. L’ivoire, ils s’en servaient quelquefois, mais c’était comme par le plaisir de jeter de la variété dans leur œuvre (Plutarque). »

Longtemps avant lui, Platon était persuadé qu’il n’y a rien de vénérable, rien qui soit en rapport avec la nature divine dans l’or, l’argent, la pierre, l’ivoire ou toute autre substance matérielle et inanimée ; car voici ce que nous lisons dans son livre des Lois.

« La terre, dit-il, et le foyer domestique, voilà pour tous les hommes les vrais temples des dieux. Que personne ne s’imagine donc de leur en élever d’autres. L’or et l’argent qui brillent dans les autres villes, soit chez les particuliers, soit dans les temples, ne sont qu’un objet propre à exciter la convoitise ; l’ivoire venant d’un corps qui a perdu la vie n’est pas une offrande digne de la sainteté des dieux. Le fer et l’airain sont propres à faire des armes pour les combats. »

Il y a là, ce me semble, de quoi renverser les fondements du système des allégories, tel que nous l’a exposé Porphyre. Cependant, poursuivons encore l’examen de ce système ; citons encore textuellement son auteur.

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