Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXVII

Sur la Navigation

Artifice étonnant, vaste témérité !
Les mortels se sont fait des maisons vagabondes ;
Et d’un trafic douteux cherchant l’utilité,
Sur le fier élément traversent les deux mondes.

Un vaisseau jusqu’au ciel, par les flots, est porté,
Puis tout à coup il cède au caprice des ondes,
Et jusques dans l’abîme étant précipité,
Il est comme englouti dans les vagues profondes.

Ah ! si l’ardente soif d’acquérir des trésors,
Dangereux aux vivants, inutiles aux morts,
Fait quitter la patrie, et braver la mort même :

Chrétien, ne dois-tu pas, par des projets plus hauts,
Pour gagner les trésors de la gloire suprême,
Quitter les biens du siècle, et braver tous les maux ?


2 : Les Anciens, ignorant la boussole, n’étaient que des enfants dans la navigation. 3 : La convoitise du gain a inventé les navires, dit l’auteur du Livre de la Sagesse. 11 :  Anacarsis disait de ceux qui sont sur la mer, qu’il n’y avait que l’épaisseur d’une planche entre eux et la mort, et il balançait à les compter entre les vivants. 14 : Avec quel travail et quelle peine ne mérite pas d’être acquis le repos qui ne finira jamais ? (St. Augustin)

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