Mon Dieu, je ne puis porter mes regards ou mes pensées autour de moi, sans y trouver-des êtres pauvres, souffrants, sans connaissance, déshérités de tous les biens qui sont accumulés sur ma tête. Je suis en santé, et tant d’autres sont malades ! J’ai du pain, et tant d’autres en manquent ! Je te connais, et tant d’autres t’ignorent ! et cependant, si prospère au milieu de ces êtres misérables, je n’en suis pas étonné ! Cela me paraît tout simple, et je frémis à la pensée que cet ordre pourrait être renversé, que c’est moi qui pourrais être dans un hospice, moi sans asile, moi mendiant ! Qu’ai-je fait pour être mieux traité que tant d’autres qui valent mieux que moi ? Rien, et toute ma prospérité n’a réussi qu’à me durcir le cœur ! Oh ! mon Dieu, je tremble à cette pensée, et je me dis que peut-être la coupe de ta patience va déborder, et ta juste indignation se répandre comme un fleuve de feu sur ton indigne serviteur ! Mon Dieu, ne permets pas que je méconnaisse plus longtemps les appels de tes bienfaits. Donne-moi de courir au secours de mes frères ; de dépenser, au service de ceux qui souffrent, cette santé, ces biens, cette influence que tu m’as donnés, pour les administrer à ta gloire et à leur soulagement. Donne-moi de me rappeler que tout cela ne m’appartient pas, que je n’en suis que l’économe, que le refuser, c’est dérober mon maître. Ou plutôt, mon Dieu, donne-moi des pensées plus douces ; fixe en moi le souvenir de ces paroles de mon Sauveur : « Toutes les fois que vous faites cela pour l’un de ces plus petits, vous le faites à moi-même. » Enfin, Seigneur donne-moi d’user généreusement de ces trésors que la rouille consume et qui, dans deux jours, me seront retirés pour me laisser paraître devant toi, dépouillé de tout ce qui ne sera pas esprit, amour et sainteté.