Propos sur le temps

LA PREMIÈRE HEURE (1)

Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre,Jésus se leva et sortit pour aller dans un lieu désert où il se mit à prier.

Marc 1.35

(1) Comme le laisse entendre la parabole des ouvriers (Matthieu 20.1-16), la première heure est celle qui vient sitôt après le lever du soleil.

C’est l’heure importante. Sans doute la plus importante, car elle conditionne la journée tout entière. Jésus la tenait pour précieuse, lui qui se retirait à l’écart pour prier alors qu’il faisait encore très sombre (Marc 1.35). Selon Alfred Boegner (2), l’heure du matin est « la meilleure de toutes », et il en donne les raisons : « Au réveil, l’esprit est tout prêt à s’élever vers Dieu. Plus tard, les préoccupations, les soucis et les plaisirs de la journée ont étendu leur voile entre l’âme et son Dieu. Dès le lever, on entre de plain-pied dans la prière, sans peine. Plus tard, on ne l’obtient qu’au prix d’un vigoureux effort. » C’est pourquoi, il n’est pas inutile, la veille, de programmer son lever en prévoyant un temps suffisant pour rencontrer le Seigneur avant de partir au travail ou de vaquer à ses occupations.

(1) Pensées du matin d’Alfred Boegner (Fischbacher, 1913).

Imitons notre Modèle en donnant une large place à la prière. Notre vie intérieure en sera affermie. Les hommes de Dieu à l’action puissante ont été à l’école du lever matinal. Sois prêt de bon matin, était-il ordonné à Moïse, tu monteras dès le matin sur le mont Sinaï (Exode 34.2). Évidemment, pas de lever matinal sans discipline. Je ne puis être prêt pour un vrai face-à-face avec Dieu si je traîne le soir. Un chrétien zélé recommandait de ne jamais veiller au-delà de 22 heures. De son côté, Georges Muller écrivait : « Mon expérience personnelle est que, si je n’ai pas la quantité de sommeil nécessaire, ma joie et ma force spirituelle en sont fortement compromises. Lorsque le chrétien est en déplacement, il devrait autant que possible s’abstenir de voyager la nuit ou éviter que ce repos nécessaire ne lui manque. Faute de quoi, il sera incapable de se livrer avec des forces fraîches, soit d’esprit, soit de corps, à la prière matinale, à la méditation et à la lecture de la Bible. Alors il se ressentira au cours de la journée des effets funestes de cette lacune. » Dans la chrétienté, les hommes ou les femmes qui ont laissé des traces durables attribuaient leurs dons et leur autorité à l’excellente habitude de consacrer les premières heures de la journée à leur Maître.

Il est banal de dire ici que Satan pèse de tout son poids pour nous priver de ce temps précieux de communion et de ressourcement. Se lever tôt régulièrement ne va pas sans luttes sans détermination et sans prière. Mais Dieu qui nous attend veut nous rendre forts pour cela, lui qui, chaque matin, éveille notre oreille (Esaïe 50.4). « La bataille est perdue ou gagnée, déclarait un vieux chrétien, dans les brèves minutes qui suivent le réveil, et avant que ne bougent le pied ou la main. »

Un médecin donnait le conseil suivant : « Réveillez-vous complètement. Il vaut mieux terminer ses ablutions et s’habiller avant de se mettre à genoux. Certains éprouvent le besoin de faire une courte promenade dans l’air frais du matin ou d’exécuter quelques exercices physiques avant d’ouvrir la Bible. Simplement pour se dérouiller. » A chacun de découvrir comment il peut le mieux se préparer au recueillement. Et si l’on a tendance à sommeiller encore, il est bon de changer de position, d’aller et de venir dans sa maison. Oswald Smith nous raconte son expérience : « Autrefois, dès que je voulais prier, le sommeil semblait s’emparer de moi… Pourquoi ? Parce que je m’agenouillais, fermais les yeux et appuyais la tête contre mes bras. Il y a des années maintenant que j’ai pris l’habitude de marcher en priant. Dans mon bureau, j’ai fait des centaines de kilomètres. En marchant ainsi de long en large, je ne m’assoupis plus et mon esprit est tout à fait en éveil. J’ai expérimenté que lorsque je me mets à genoux pour prier en silence, une dizaine de minutes me paraissent des heures. Quand je prie tout en marchant, le temps semble voler. Ainsi, j’ai pu passer des heures en prière et j’ai découvert que l’heure du recueillement matinal est une source de force et de réconfort. Les problèmes sont résolus avant que je les affronte. Dieu entend, et il exauce. Je ne connais pas de joie plus grande que celle de rencontrer mon Sauveur chaque matin. »

Voici encore quelques réflexions tirées des Pensées du matin : « Au réveil, que votre première pensée consciente soit pour votre Sauveur. C’est pour lui que vous vous levez tôt. Il vous attend. Il a intercédé pour vous durant les heures de la nuit. Sans relâche. Autant que possible ne mettez rien entre le réveil et la prière, pas même une lecture, pas même une conversation. Se lever tôt, c’est inaugurer sa journée par une victoire. Se lever tard, c’est la commencer par une défaite. Se lever tôt, c’est donner à l’esprit le pas sur la chair. Se lever tard, c’est accorder autorité à la chair… Si je me lève tôt, je place ma journée sous le regard de Dieu, je lui parle avant de parler aux hommes, j’entends sa voix avant d’entendre aucun des bruits de la terre. Je puis, sous son regard, ordonner ma journée… je puis me pénétrer de sa volonté. Le lever matinal est le secret de toute force spirituelle. »

Surtout, ne soyons pas pressés dans notre recueillement, même si les minutes que nous pouvons y consacrer sont comptées. Que notre grande activité ne soit pas non plus un prétexte pour escamoter notre rencontre avec Dieu. Tôt levé, Luther mettait à part au début de chaque journée trois heures pour la prière et la méditation des Écritures. Georges Muller, dont nous avons déjà cité le nom, était un homme fort occupé. Malgré cela, il affirmait consacrer beaucoup de temps – des heures – à son culte personnel. « Toutefois, précise-t-il, je vis dans l’esprit de prière. Je prie en marchant, en me couchant, en me levant. Et mes prières sont toujours exaucées. Elles l’ont été des milliers de fois. Lorsque je suis convaincu que je prie pour une bonne chose, je continue à prier jusqu’à ce que je l’aie obtenue. Je ne cesse jamais. Des milliers d’âmes ont été ainsi sauvées. J’en rencontrerai des multitudes dans le ciel… »

Le recueillement devrait devenir tel un entretien avec Dieu, une conversation vivante, bénie. Mais gardons-nous de faire, seuls, « les frais » de cette conversation. Je dois aussi observer le silence devant lui – un silence chargé de ferveur et d’attente – pour entendre sa voix. Quelle grâce alors si Dieu se révèle à moi ! N’est-ce pas son désir ? Sans doute est-il inutile de lutter des heures et dans les larmes pour le « sentir » près de nous. N’avons-nous pas été rapprochés par le sang du Christ (Éphésiens 2.13) ? Croyons-le en nous abandonnant à lui. Au lieu de nous employer à faire le vide en notre esprit, dirigeons nos pensées sur sa Personne. Demandons-lui d’illuminer le texte biblique que nous avons sous les yeux. Restons ouverts, attentifs à sa voix. Si je prends le temps d’écouter mon Seigneur, ces rencontres matinales deviendront pour moi un besoin et une joie.

Signalons cependant le danger qui guette tout chrétien sérieux : c’est celui de faire de la prière une loi ; de lui accorder une valeur méritoire en se persuadant qu’on ne peut être béni si l’on ne consacre pas des heures à cette discipline. Non ! La bénédiction ne se mesure pas au temps passé à genoux. Ce qui importe, ce ne sont pas « nos prières » – que valent-elles après tout ! – mais le Seigneur qui les exauce. Compter sur nos prières, c’est se confier dans l’homme, dans nos œuvres propres (la prière est une œuvre), c’est regarder à elles et non à Dieu. Détournons nos regards de nous-mêmes et de notre action pour les fixer sur Jésus seul, « le consommateur de la foi ».

Mais peut-être vous lamentez-vous en constatant votre manque de ferveur ? Alors, dites-le simplement au Seigneur qui connaît fort bien votre problème. Vous ne le surprendrez pas en lui révélant votre situation ; il la connaît et il lui plaît que vous vous attendiez à lui. Surtout n’essayez pas, à coup de résolutions ou de supplications, de transformer votre sécheresse de cœur en ferveur. Vous perdriez votre temps et vous attristeriez Dieu. « Entrez dans le repos » de vos efforts en cessant de vous culpabiliser. Ce que vous ne pouvez faire, Jésus l’accomplira si vous vous attendez à lui. Si quelqu’un a soif (de vraie communion avec le Seigneur), qu’il vienne à moi et qu’il boive… des fleuves d’eau vive couleront de son sein… (Jean 7.37).

Au lieu d’en faire un prétexte pour rester loin de Dieu, apportez-lui votre manque d’intérêt pour la prière, vos négligences dans ce domaine. Il faut en finir avec ce passé déjà expié sur le Calvaire. Croyez que le Seigneur vous prend en charge et bénissez-le pour son œuvre en vous : « C’est lui qui le fera. » Pourvu que vous le vouliez.

Pensée : Économisez le temps de la prière et vous manquerez de temps pour votre tâche ordinaire.

QUESTIONS

  1. Avez-vous l’habitude de vous lever tôt pour rencontrer le Seigneur ? Sinon, êtes-vous résolu à commencer chacune de vos journées par un temps suffisant de prière et de méditation de la Bible ?
  2. Voulez-vous fixer, la veille au soir, l’heure de votre lever, afin d’avoir un moment de culte personnel avant de partir au travail ? C’est important.
  3. Croyez-vous que Dieu puisse réchauffer votre cœur et vous accorder la grâce de lui consacrer avec joie la première heure de vos journées ?

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