« Tu as conduit par ta miséricorde ce peuple que lu as racheté. Tu l’as conduit, par ta force à la demeure de ta sainteté. La douleur a saisi les habitants de la Palestine, car Tu introduiras ton peuple que Tu as acquis, et Tu le planteras sur la montagne de ton héritage. » Ainsi chante Moïse, après le glorieux passage de la mer llouge (Exode 15.13 et sq.) ; le Dieu qui fait de pareils exploits saura conduire son peuple au but désiré et l’introduire dans la terre promise, après l’avoir rendu vainqueur de tous ses ennemis. — Mais il faut auparavant que les Israélites soient soumis à une salutaire discipline et purifiés de tout élément impur, car qui sont-ils et d’où viennent-ils ? Ce sont en partie des gens charnels, qui, malgré le souvenir du bâton des exacteurs, regretteront bientôt l’Egypte et ses potées de chair ; ils viennent à peine de quitter le pays idolâtre où ils ont passé toute leur vie. Voilà pourquoi ils ont besoin du désert. Ils ont besoin de se sentir pauvres, dénués de tout ; d’être réduits à Dieu seul ; d’apprendre à se confier en lui et à lui obéir ; il faut qu’ils éprouvent la bonté, la sagesse de l’Éternel, et qu’ils sachent quel est le Dieu qu’ils ont le bonheur d’avoir pour Dieu (Deutéronome 8.2-5,14-18).
[Osée 2.14, signale aussi ce but éducatif des quarante ans dans le désert. Il annonce que les Israélites auront encore, à la fin de leur histoire, quelque chose d’équivalent au séjour dans le désert, un temps pendant lequel ils seront sevrés de leurs idoles, « après quoi je les attirerai et je leur parlerai selon leur cœur. » Voyez également Auberlen : « Révélation divine, » I. p. 109. Dans le désert, Israël est seul avec son Dieu. Point de nourriture, — la manne. Point de routes, — la colonne de nuée et de feu. Dieu est l’unique ressource de son peuple.]
Au premier jour du troisième mois, — tel est du moins le sens le plus probable de Exode 19.1 — les Israélites arrivent au pied du mont Sinaï, où l’Éternel va fonder la théocratie (Exode 15.18) et manifester dans un acte solennel la sainteté qu’il vient de déployer déjà en délivrant son peuple (Exode 15.11 ; Psaumes 77.14-16). Il annonce à la maison de Jacob qu’il l’a choisie pour être son plus précieux joyau, bien que toute la terre lui appartienne ; il lui ordonne de se purifier ; puis quand les Israélites sont ainsi préparés à la rencontre de leur Dieu, il leur donne la loi qui fait d’eux la nation sainte, « et c’est ainsi, s’écrie Moïse dans son cantique de bénédiction (Deutéronome 33.5), que l’Éternel devient leur Roi ! » Après la promulgation de la loi, des sacrifices solennels scellent l’accord qui vient de se conclure entre Dieu et le peuple (Exode ch. 24). Deux choses marchent de front dans toute cette histoire : l’amour de Dieu qui choisit librement Israël pour être son peuple (Ézéchiel 16.8), et la redoutable sainteté de ce Dieu et de sa loi (Hébreux 12.18 et sq.). Dès ce jour, c’en est fait, Israël est un peuple privilégié sous le double rapport de la grâce et du jugement. La grâce a commencé par lui ; par lui commencera le jugement.