Aberdeen
Chère sœur en Christ,
Je sais que vous avez à cœur les intérêts de votre patrie éternelle, et que vous ne faites pas de la tente que vous habitez pendant votre exil une demeure permanente. Cette vie est sans proportion avec celle que notre Seigneur nous a conquise par ses souffrances et qu’Il nous tient en réserve : Notre espérance serait vaine, si elle n’apercevait rien au delà des eaux qui nous séparent de notre véritable héritage, et si elle demeurait comme clouée à cette maison de boue qui nous abrite à cette heure. Je ne suis pas surpris, ma chère sœur, que vous considériez comme une bénédiction ces jours trop courts dont vous avez dû voir le dernier. Il est bon que ceux qui courent dans la lice n’aperçoivent le prix qu’au moment du départ ; il se peut même qu’ils ne l’apprécient que lorsqu’ils le tiennent en main. Quand notre Seigneur vient chez les siens, ses visites sont d’une douceur infinie ; Il les enveloppe de son amour, et alors même que vous n’auriez peut-être pas choisi la voie où Il vous a engagée, suivez-la toutefois. Les voies du bien-aimé de nos âmes ne sont pas les nôtres, chère sœur, mais elles nous sont. toujours bonnes.
Ne considérez les choses de la terre que comme de belles fleurs semées sous vos pas sur la route du ciel. Il vous suffira d’en respirer le parfum de temps en temps. Vous ne pouvez rester stationnaire, ni perdre une journée à regarder ce qui se passe dans ce monde. Faites vos comptes, que tout soit réglé quand viendra l’heure de franchir le passage de la mort.
Votre logement est prêt, Christ, votre précurseur, ne l’a pas oublié. Ainsi donc cherchez cette chose dont vous ne pouvez pas vous passer. En retirant à Lui votre mari, Jésus lui a préparé une place au ciel près de Lui. L’amour que vous portiez à la créature a été brisé brusquement pour apprendre à la créature que Dieu seul est digne de posséder vos affections, vos chagrins, vos pertes, vos tristesses, la mort même, et tout ce que vous redoutez le plus, hormis le péché. Christ sait ce qu’Il doit faire de toutes nos souffrances. Il les place sur la croix avec les siennes, afin que, dans toutes nos afflictions, nous venions à Lui. Grâce Lui soit rendue de ce qu’Il nous a fait connaître ces rudes compagnons qui nous mènent à Lui. Apprenez à voir vos plus grands biens dans les maux, et à chercher hors de l’agitation du monde la paix et la joie dans une douce communion avec Jésus. On reçoit plus souvent de doux messages du Sauveur au sein des tentations, qu’en suivant un sentier doux et uni. Rendons grâce à Dieu pour toutes ses croix.
En faisant le compte de nos voies, nous savons bien reconnaître que la sainteté est un grand gain. Les armateurs d’un navire chargé d’or éprouvent une grande joie à le voir entrer au port. Notre Seigneur Jésus, et nous aussi avec Lui, nous avons un bâtiment chargé d’or qui arrive à pleines voiles. Il est des hommes tellement occupés des convoitises de cette vie qu’ils vendent à vil prix leur part du chargement. Occupez-vous d’acquérir une part de ce vaisseau, puis ne la vendez ni ne la donnez pour rien au monde. Les croix de Christ sont belles et lumineuses, et, quelque sombres qu’elles nous paraissent maintenant, elles rayonneront de gloire dans les cieux. Le ciel est placé au sommet de la croix, la main qui la soutient est celle de Jésus. Considérons donc comme le sujet d’une grande joie quand nous tombons en diverses tentations sous le regard de Celui qui est puissant pour nous aider. Or donc, en vous recommandant aux tendres miséricordes de notre Seigneur et à sa grâce, je reste votre affectionné et dévoué frère.
S. R.